Le livre de Laurent Binet « HHhH » avait marqué les esprits, obtenant le prix Goncourt du premier roman en 2010. Il était prévisible qu’un film suive… Il est vrai qu’on ne peut trouver meilleur scénario que ce fait d’arme glorieux de 1942, quand deux résistants tchécoslovaques éliminèrent Reinhard Heydrich, bras droit d’Himmler ( « son cerveau » selon cet acronyme de titre ), et architecte de la solution finale des Juifs. Le plus haut gradé allemand abattu par la résistance…
L’exploit de Jan Kubis et de Joseph Gabcik est célébré comme il se doit à Prague où l’on visite la crypte où les deux résistants furent acculés par les Allemands. Pourquoi pas, en effet, faire un film pour leur rendre hommage ?
Le cinéma a quelque chose de magique, quand vous vous retrouvez dans une petite salle d’art et d’essai. 6 ou 7 spectateurs tout au plus. Deux copines ensemble et, pour le reste, des personnes seules disséminées dans la salle minuscule qui, pour le coup, en devient grande.
Vous ne les connaissez pas, mais pour autant vous ressentez comme une vibration avec ces rares spectateurs. Une communion intellectuelle. Un sentiment d’appartenance à une même communauté. La confrérie virtuelle des amateurs d’images prêts à passer deux heures devant un film iranien ou d’un film argentin dont personne n’a entendu parler. Les doux dingues qui s’éloignent du box office pour trouver les émotions d’un cinéma intimiste inconnu. Ils acceptent le risque d’être déçus, du moment que le film les plonge dans un autre monde.
Un nouveau film argentin qui traverse l’Atlantique, c’est souvent la promesse d’un bon moment de cinéma. Gagné ! Ce « citoyen d’honneur » est un film caustique qui constitue une belle réflexion sur la création littéraire. Un film assez surprenant car il n’est pas démonstratif et fait passer des messages avec une jolie économie de moyens.
Cet écrivain Prix Nobel rentrant pour la première fois dans le village reculé de son enfance, c’est le choc classique d’un monde rural plouc mais sincère de coeur, avec un citadin torturé ayant une haute estime de lui. Continuer la lecture de Retour compliqué à la maison…→
Passionnant ! Ce film est passionnant… Avec des moments de forte intensité. De ceux qui vous font aimer le cinéma. Et pourtant, l’histoire est complexe, il faut rentrer dans l’histoire, se plonger dans une réalité politique américaine différente de la nôtre ( privilégier peut-être, à cet égard, la version VF pour une meilleure compréhension ). Le métier de lobbyiste est peu connu chez nous, quoi qu’ils soient très présents, notamment auprès des instances européennes. Mais on comprend vite les enjeux, d’autant que cette femme se bat pour un projet consensuel de limitation des ventes d’armes ( limitation au demeurant réduite aux criminels et aux dérangés psychiatriques : une évidence chez nous, mais pas dans le pays du 2nd amendement, article de la constitution qui autorise le port d’armes ). Voilà le décor posé…
Notre cinéma semble un peu en panne quand il reprend des films récents, juste pour le principe de faire un remake plus moderne. Le précédent « Sac de billes » de Jacques Doillon datait pourtant de 1975; il n’était même pas en noir et blanc. Bizarre, bizarre.
Mais si l’objectif est de remettre au goût du jour un roman puissant que beaucoup de jeunes ne connaissent pas pour la plupart, alors ce film a toute sa légitimité. L’histoire est de celles qui marquent les esprits. L’histoire vraie de deux garçons que la guerre va faire grandir à toute vitesse. Ils sont juifs et essayent d’échapper à la pieuvre nazie. Ils vont vivre des moments très intenses… Continuer la lecture de Des bigaros aux vifs éclats…→
« Manchester by the sea » : le film est sorti depuis longtemps. Mais il tient toujours l’affiche, ce qui permet de rattraper un oubli. Il fait partie des films à voir !…
Autant le dire tout de suite, il vaut mieux être en forme et de bonne humeur pour aller voir ce film. Le film n’est pas gai. La faute au personnage principal – joué superbement par Casey Affleck – qui promène sa tristesse tout au long du film. Un homme touché par un drame et qui ne s’en relève pas…
Un Scorsese est comme un grand vin; on l’observe avec respect, en se demandant si ce sera un grand crû. L’appellation est contrôlée, l’origine noble, la déception quasi exclue… Mais quand même, on devine que ce « Silence » adapté du livre du Japonais Shusaku Endoo, est un défi pour un réalisateur, aussi grand soit-il. Et puis, pour parler du Christ et de foi, il faut une sacrée audace à une époque où les idoles s’appellent Kim Kardashian et Kanye West !…
Il était une fois un pays imaginaire où tout était beau. Les paysages y étaient magnifiques, avec des camaïeux de couleur qu’on retrouvait dans les robes des filles; Il y régnait la joie, la beauté et l’optimisme. Les couples y étaient heureux et très accordés; les ami(e)s étaient des modèles du genre; les inconnus dansaient sur les voitures; la complicité transcendait toutes les relations humaines… Ce pays magnifique qui s’appelait La la Land était, en fait, le pays de l’amour. Le pays qui apparaît à vous quand vous avez fait une belle rencontre. Le pays que vous voyez avec les lunettes roses du bonheur intérieur. Un territoire de la vie, hélas un peu trop évanescent, dont on voudrait retrouver la terre plus souvent.
Le jeune et génial réalisateur français Damien Chazelle part à la découverte des terres du bonheur avec cette comédie musicale légère et aérienne qui remplit les salles du monde entier. Continuer la lecture de « La la Land » : l’ode à l’amour→
« Il y a des similitudes avec « Il était une fois en Amérique », nous dit Ben Affleck de son dernier film. C’est beau l’auto-satisfaction d’un réalisateur, mais n’est pas Sergio Leone qui veut. Et « Live by night » est très loin du chef d’oeuvre qu’il essaie de copier. Il ne suffit pas de travailler soigneusement le décor, les costumes et les vieilles bagnoles pour capter toute l’essence des films de gangsters. Ce qui compte d’abord, c’est le scénario.
Depuis la découverte de Miyazaki, je suis fan des dessins animés japonais. Il s’en dégage toujours une poésie créatrice; c’est souvent beau, parfois très beau, en général très très beau… La palette de couleurs y est plus vraie que la réalité même.
Dans « Your Name », l’image est pareillement d’une beauté saisissante. Le paysage d’automne, les reflets de l’eau dans une rivière, les scintillements de météorites, tout est d’une harmonie subtile. On est subjugué de voir vivre une nature si proche, alors qu’elle est née sous le simple jeu de crayons. Le réel a été littéralement capturé par le croquis. Croquis qui ne s’arrête pas là, puisqu’il entreprend également de traduire les rêves en images. Avec le même bonheur… Sublime ! Continuer la lecture de « Your Name » : douceur sucrée japonaise…→
« Je fais de mon mieux pour être heureuse, mais la mort rode autour de moi ». La vie de Dalida résumée en une phrase… Lisa Azuelos nous raconte l’histoire de cette chanteuse qui a marqué son époque et dont les chansons continuent de flotter dans l’air. L’histoire peu banale d’une grande égyptienne venue en France pour faire un carton dans la chanson.
L’histoire d’une femme, avant d’être une vedette. Une femme malheureuse qui aura vu les trois hommes de sa vie se suicider. Dalida est un monument de la chanson. Pourquoi ne pas voir ce nouveau biopic ?… Continuer la lecture de « Dalida » : une vie à la Maupassant…→
« Nocturnal Animals » est un drôle d’animal. Ce film vous prend à la gorge dès la bande annonce ( assurément la palme de l’originalité ! ) et vous plonge dans une atmosphère particulière à la David Lynch, ce qui est un compliment. L’Ouest aride du Texas avec des personnages un peu déjantés. A la caméra, Tom Ford, le beau gosse de la mode, ex-patron du design de Gucci, qui a développé sa propre marque éponyme. C’est son deuxième film, et il faut bien lui reconnaître un certain talent dans ce second métier. Chaque scène semble très travaillée au niveau de l’image. La touche toute en sensibilité du maître. Mais c’est dans un style minimaliste, avec la caméra proche des personnages, comme pour capter leur essence.
Rogue One, c’est le film-surprise que l’on n’attendait pas. Un film qui ne s’ajoute pas à la numérologie classique des Star Wars, mais crée un raccord entre deux épisodes. On commence le diagramme à l’horizontale, ce qui promet à terme un schéma aussi complexe qu’un gêne humain quand la grande machine commerciale de Walt Disney aura délivré tous les films qu’attendent les fans. La machine à cash est en marche.
Reconnaissons que le groupe Disney a parfaitement compris les ressorts de fonctionnement des films de Lucas. Nous sommes parfaitement en territoire connu, et l’intensité est aussi forte que les 7 épisodes initiaux. Bref, c’est un grand succès… Continuer la lecture de « Rogue One » : les étoiles à la sauce Disney…→
Son réalisateur est un play boy suisse. Sa principale actrice est une anglaise shakespearienne. Son histoire est celle de deux courageux Allemands. Et le film se revendique franco-germano-britannique. Joli cocktail européen !… Il n’est pas gage de succès, pour autant, car le film n’aura pas tenu longtemps à l’affiche. D’ailleurs, je l’ai vu dans une petite salle de la rue Mouffetard, un cinéma à l’ancienne qui semble ne pas avoir changé depuis les années 50.
« Seul dans Berlin » est une histoire comme je les aime. Un drame solidement enraciné dans son époque, en l’occurence l’Allemagne des années de guerre, dans un pays totalement possédé par la pieuvre nazie. L’histoire d’un couple qui Continuer la lecture de « Seul dans Berlin », seul contre le mal→
La « Guerre de Sécession » racontée par Arte, c’est un très grand moment de télévision. J’en avais surpris des bribes sur la chaîne, et tellement séduit par cette émission, avais acheté le lot de quatre DVD sous le titre « The Civil War, un film de Ken Burns ».
Mais en découvrant que cette émission est maintenant sur You Tube, je ne peux m’empêcher d’en donner le lien.
C’est le documentaire le plus réussi que je n’ai jamais vu. Un document riche de photos et d’images, parfaitement documenté, présentant la problématique de l’esclavage avec émotion, puis les différentes étapes du conflit pendant les quatre longues années qu’il a duré. Le récit est d’un lyrisme incroyable. Il montre Continuer la lecture de The Civil War : naissance d’une nation…→
Le doute au sein d’un couple. Hitchcock l’a déjà bien traité avec son formidable « Soupçons », ou dans « l’Ombre d’un doute » qui concernait une relation plus familiale entre un oncle et sa nièce. Ce film « Alliés » qui capitalise outrancièrement sur ses deux acteurs vedettes, veut compliquer la chose, avec deux acteurs agents-secrets dont l’un est peut-être un traître. Un « M. et Miss Smith » new look, sauf qu’Angelina Jolie a cédé la place à Marion Cotillard. Voilà pour le scénario un peu usé qui est loin d’égaler Hitchcock.
Mel Gibson nous revient avec ce film « Tu ne tueras point » qui s’apparente à une résurrection pour le réalisateur-acteur le plus détesté d’Hollywood. L’homme est connu pour ses convictions religieuses de choc, mais aussi – c’est moins glorieux – pour quelques faits divers violents et autres saillies antisémites.
Pour retrouver les faveurs du box-office, Mel Gibson joue tout en finesse, avec un film certes aux connotations bibliques, mais qui est aussi surtout un film de guerre divertissant célébrant la mémoire d’un héros américain, comme il y en eut peu. Mieux encore, Continuer la lecture de Cinglant comme une balle…→