Archives de catégorie : Cinema

« La la Land » : l’ode à l’amour

Il était une fois un pays imaginaire où tout était beau. Les paysages y étaient magnifiques, avec des camaïeux de couleur qu’on retrouvait dans les robes des filles; Il y régnait la joie, la beauté et l’optimisme. Les couples y étaient heureux et très accordés; les ami(e)s étaient des modèles du genre; les inconnus dansaient sur les voitures; la complicité transcendait toutes les relations humaines… Ce pays magnifique qui s’appelait La la Land était, en fait, le pays de l’amour. Le pays qui apparaît à vous quand vous avez fait une belle rencontre. Le pays que vous voyez avec les lunettes roses du bonheur intérieur. Un territoire de la vie, hélas un peu trop évanescent, dont on voudrait retrouver la terre plus souvent.

Le jeune et génial réalisateur français Damien Chazelle part à la découverte des terres du bonheur avec cette comédie musicale légère et aérienne qui remplit les salles du monde entier. Continuer la lecture de « La la Land » : l’ode à l’amour

« Live by night » : le canasson se rêve pur-sang

« Il y a des similitudes avec « Il était une fois en Amérique », nous dit Ben Affleck de son dernier film. C’est beau l’auto-satisfaction d’un réalisateur, mais n’est pas Sergio Leone qui veut. Et « Live by night » est très loin du chef d’oeuvre qu’il essaie de copier. Il ne suffit pas de travailler soigneusement le décor, les costumes et les vieilles bagnoles pour capter toute l’essence des films de gangsters. Ce qui compte d’abord, c’est le scénario.

Et là où Sergio Leone avait travaillé douze années sur son histoire, Ben Affleck nous égare entre Boston et Tampa, avec une grosse salade mixte d’Irlandais, de Ritals, de Cubains et de Ku Klux Klan. Quelle idée Continuer la lecture de « Live by night » : le canasson se rêve pur-sang

« Your Name » : douceur sucrée japonaise…

Depuis la découverte de Miyazaki, je suis fan des dessins animés japonais. Il s’en dégage toujours une poésie créatrice; c’est souvent beau, parfois très beau, en général très très beau… La palette de couleurs y est plus vraie que la réalité même.

Dans « Your Name », l’image est pareillement d’une beauté saisissante. Le paysage d’automne, les reflets de l’eau dans une rivière, les scintillements de météorites, tout est d’une harmonie subtile. On est subjugué de voir vivre une nature si proche, alors qu’elle est née sous le simple jeu de crayons. Le réel a été littéralement capturé par le croquis. Croquis qui ne s’arrête pas là, puisqu’il entreprend également de traduire les rêves en images. Avec le même bonheur… Sublime ! Continuer la lecture de « Your Name » : douceur sucrée japonaise…

« Dalida » : une vie à la Maupassant…

« Je fais de mon mieux pour être heureuse, mais la mort rode autour de moi ». La vie de Dalida résumée en une phrase… Lisa Azuelos nous raconte l’histoire de cette chanteuse qui a marqué son époque et dont les chansons continuent de flotter dans l’air. L’histoire peu banale d’une grande égyptienne venue en France pour faire un carton dans la chanson.

L’histoire d’une femme, avant d’être une vedette. Une femme malheureuse qui aura vu les trois hommes de sa vie se suicider. Dalida est un monument de la chanson. Pourquoi ne pas voir ce nouveau biopic ?… Continuer la lecture de « Dalida » : une vie à la Maupassant…

« Nocturnal Animals » : dérangeant…

« Nocturnal Animals » est un drôle d’animal. Ce film vous prend à la gorge dès la bande annonce ( assurément la palme de l’originalité ! ) et vous plonge dans une atmosphère particulière à la David Lynch, ce qui est un compliment. L’Ouest aride du Texas avec des personnages un peu déjantés. A la caméra, Tom Ford, le beau gosse de la mode, ex-patron du design de Gucci, qui a développé sa propre marque éponyme. C’est son deuxième film, et il faut bien lui reconnaître un certain talent dans ce second métier. Chaque scène semble très travaillée au niveau de l’image. La touche toute en sensibilité du maître. Mais c’est dans un style minimaliste, avec la caméra proche des personnages, comme pour capter leur essence.

A l’appui de cette belle technique, un casting quasi parfait, avec Continuer la lecture de « Nocturnal Animals » : dérangeant…

« Rogue One » : les étoiles à la sauce Disney…

Rogue One, c’est le film-surprise que l’on n’attendait pas. Un film qui ne s’ajoute pas à la numérologie classique des Star Wars, mais crée un raccord entre deux épisodes. On commence le diagramme à l’horizontale, ce qui promet à terme un schéma aussi complexe qu’un gêne humain quand la grande machine commerciale de Walt Disney aura délivré tous les films qu’attendent les fans. La machine à cash est en marche.

Reconnaissons que le groupe Disney a parfaitement compris les ressorts de fonctionnement des films de Lucas. Nous sommes parfaitement en territoire connu, et l’intensité est aussi forte que les 7 épisodes initiaux. Bref, c’est un grand succès… Continuer la lecture de « Rogue One » : les étoiles à la sauce Disney…

« Seul dans Berlin », seul contre le mal

Son réalisateur est un play boy suisse. Sa principale actrice est une anglaise shakespearienne. Son histoire est celle de deux courageux Allemands. Et le film se revendique franco-germano-britannique. Joli cocktail européen !… Il n’est pas gage de succès, pour autant, car le film n’aura pas tenu longtemps à l’affiche. D’ailleurs, je l’ai vu dans une petite salle de la rue Mouffetard, un cinéma à l’ancienne qui semble ne pas avoir changé depuis les années 50.

« Seul dans Berlin » est une histoire comme je les aime. Un drame solidement enraciné dans son époque, en l’occurence l’Allemagne des années de guerre, dans un pays totalement possédé par la pieuvre nazie. L’histoire d’un couple qui Continuer la lecture de « Seul dans Berlin », seul contre le mal

The Civil War : naissance d’une nation…

La « Guerre de Sécession » racontée par Arte, c’est un très grand moment de télévision. J’en avais surpris des bribes sur la chaîne, et tellement séduit par cette émission, avais acheté le lot de quatre DVD sous le titre « The Civil War, un film de Ken Burns ».

Mais en découvrant que cette émission est maintenant sur You Tube, je ne peux m’empêcher d’en donner le lien.

C’est le documentaire le plus réussi que je n’ai jamais vu. Un document riche de photos et d’images, parfaitement documenté, présentant la problématique de l’esclavage avec émotion, puis les différentes étapes du conflit pendant les quatre longues années qu’il a duré. Le récit est d’un lyrisme incroyable. Il montre Continuer la lecture de The Civil War : naissance d’une nation…

« Allies » : un melting pot du cinéma d’antan

Le doute au sein d’un couple. Hitchcock l’a déjà bien traité avec son formidable « Soupçons », ou dans « l’Ombre d’un doute » qui concernait une relation plus familiale entre un oncle et sa nièce. Ce film « Alliés » qui capitalise outrancièrement sur ses deux acteurs vedettes, veut compliquer la chose, avec deux acteurs agents-secrets dont l’un est peut-être un traître. Un « M. et Miss Smith » new look, sauf qu’Angelina Jolie a cédé la place à Marion Cotillard. Voilà pour le scénario un peu usé qui est loin d’égaler Hitchcock.

Mais « Alliés » se laisse voir malgré tout, du fait d’un couple glamour avec notamment une Marion Cotillard étincelante. Mais aussi grâce à Continuer la lecture de « Allies » : un melting pot du cinéma d’antan

Cinglant comme une balle…

Mel Gibson nous revient avec ce film « Tu ne tueras point » qui s’apparente à une résurrection pour le réalisateur-acteur le plus détesté d’Hollywood. L’homme est connu pour ses convictions religieuses de choc, mais aussi – c’est moins glorieux – pour quelques faits divers violents et autres saillies antisémites.

Pour retrouver les faveurs du box-office, Mel Gibson joue tout en finesse, avec un film certes aux connotations bibliques, mais qui est aussi surtout un film de guerre divertissant célébrant la mémoire d’un héros américain, comme il y en eut peu. Mieux encore, Continuer la lecture de Cinglant comme une balle…

Pas très glamour « La fille du train »

La « Fille du Train » symbolise bien les thrillers d’aujourd’hui. Cela commence de manière classique avec une indiscrétion saisie à bord d’un train de banlieue qui longe de belles villas. Un peu comme « Fenêtre sur cour » d’Hitchcock. Mais la comparaison s’arrête là, car l’héroïne est une femme. En plus, une femme au bout du rouleau, qui picole comme un trou et a tendance à être dangereusement obsessive. C’est la nouvelle marque de fabrique que de privilégier des anti-héros, pas très propres sur eux et définitivement fragiles face aux événements qu’ils découvrent ( on pense au récent « Remember » ). L’autre constante réside dans des scénarios très alambiqués baignant dans une violence ordinaire, avec des personnages particulièrement torturés. Acceptons a priori ces parti-pris qui sont le reflet de notre époque.

D’ailleurs objectivement, on passe un assez bon moment devant cette « fille du train ». Continuer la lecture de Pas très glamour « La fille du train »

« Le Fils de Jean » : sublissime !…

Quel beau moment de cinéma !… Sans doute le film le plus subtil de ces dernières années, un film où le silence et les sous-entendus vous susurrent des mots aussi sûrement que de longs discours. La recherche du père est une expérience qui parle à tous. Qu’il soit proche avec souvent des zones d’ombre ou qu’on ne le connaisse pas, le père reste pour chacun une boussole, ou pour ainsi dire un marqueur de l’existence. Le réalisateur Philippe Lioret parle tout en finesse de cette relation au père avec l’histoire de Matthieu, jeune divorcé se découvrant par hasard une famille au Quebec. Le scénario nous embarque alors dans une prise de contact en pointillé où l’enfant naturel est sommé de respecter le premier cercle familial. Le malaise s’instaure petit à petit, lié au silence imposé au jeune Français. Il finit par se sentir étranger à sa famille. Avant de faire une découverte qui va le bouleverser… Continuer la lecture de « Le Fils de Jean » : sublissime !…

« Une vie entre deux océans » : beau, mais sans âme…

« Une vie entre deux océans » est un très beau film. Beau au sens de l’esthétique de l’image. La photo est très travaillée. Quasi envoûtante. Les paysages de mer plongent tout le film dans une réelle ambiance où la dureté des éléments s’ajoute à la solitude, ressentie comme un poids. C’est d’abord un film d’atmosphère. Les jeux d’acteurs sont à l’unisson, avec un Michael Fassbender peu bavard, une Rachel Weisz désespérée et des seconds rôles denses et mutiques. Seule la jeune et mutine Alicia Vikander apporte un éclair de joie et d’humanité dans ce paysage, avant qu’elle ne se fasse rattraper par la mauvaise fortune de l’existence.

Tout cela ferait donc un excellent film, si Continuer la lecture de « Une vie entre deux océans » : beau, mais sans âme…

Le cinéma a son héraut ( et son héros )

unknown imagesBertrand Tavernier est un grand cinéaste. Réalisateur du merveilleux « la Vie et Rien d’autre » et du savoureux « Coup de Torchon », ce lyonnais passionné de cinéma depuis l’enfance est une encyclopédie vivante du 7ème Art. Il préside l’Institut Louis Lumière à Lyon, ce qui- en plus de sa filmographie superbe –  lui donne toute légitimité pour parler du cinéma français. Alors quand il lance un documentaire « Voyage à travers le cinéma français », les cinéphiles n’ont d’autres choix que de se précipiter pour communier avec lui autour de leur passion.

Bertrand Tavernier aborde le cinéma au travers de son expérience personnelle. Son premier film, vu à 6 ans, l’a marqué au point de lui imprimer durablement des images en mémoire. C’était un film de Jacques Becker. On commencera donc par Jacques Becker ! Et pendant trois heures et quinze minutes, nous voilà partis pour une immersion totale dans le meilleur de notre cinéma national. Continuer la lecture de Le cinéma a son héraut ( et son héros )

Ingrid : belle pour l’éternité, et plus encore…

Voulez-vous oublier tous vos soucis et retrouver des émotions passées de la jeunesse ? Allez voir « Les Enchainés » sur grand écran, le film sublime d’Alfred Hitchcock.

Ce film d’espionnage au Brésil avec Ingrid Bergman et Cary Grant est sans doute le film qui révèle le plus la passion du réalisateur anglais pour les actrices. Notamment Ingrid Bergman qui fut sans doute – avant même Grace Kelly – l’actrice préférée du grand Hitchcock.

Ingrid Bergman y est étincelante. Comment ne pas en tomber amoureux ? 34 ans après sa mort, elle continue à ensorceler le spectateur avec un visage d’ange et un sourire espiègle qui ferait fondre la banquise, plus sûrement que toutes les molécules de gaz de l’activité humaine. « Notorious » ( dans sa version originale ) est de ces films qui n’ont pas vieilli. Le jeu de séduction entre les deux acteurs est toujours d’une stupéfiante modernité. Continuer la lecture de Ingrid : belle pour l’éternité, et plus encore…

« Frantz » : doux comme la soie…

Quel joli film !… « Frantz » est tout à la fois la douceur, la paix et la sensibilité rassemblées dans un film. Un film intimiste au plus près de son époque qui raconte une très belle histoire de réconciliation entre Français et Allemands, encore sous le choc de la grande boucherie de 14-18. Adrien ( Pierre Niney plus vrai que nature en homme des années 20 ) vient, en effet, en Allemagne se recueillir sur la tombe d’un ami allemand. Il va y trouver Anna ( Paula Béer, étonnante de naturel ) sa fiancée éplorée, et des parents qui n’arrivent pas à se résoudre à la disparition de leur fils. Mais Adrien cache quelque chose, et l’attirance qu’éprouve Anna pour le Français va rendre les choses encore plus difficiles.

François Ozon réalise un petit chef d’oeuvre avec ce film, d’une image épurée, dans un noir et blanc limpide. Continuer la lecture de « Frantz » : doux comme la soie…

« La Couleur de la Victoire » : un film tellement nécessaire…

Quel champion !… Jesse Owens a tout du héros et il était étonnant qu’on ne lui ait pas déjà rendu hommage. Voilà l’injustice rattrapée, et il me plaît que ce film ait été, en partie, financé par un Français, amoureux du sport, Luc Dayan. L’histoire de Jesse Owens dépasse les meilleurs scénarios de fiction : un noir petit fils d’esclave, discriminé dans son pays pour sa couleur de peau, va devenir un des plus complets champions des années 30 pour finir par remporter quatre médailles d’or aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936. Devant des nazis qui enrageaient de voir ce « sous-homme » truster les podiums… Le film est un vrai biopic, fidèle aux souvenirs du champion. Il fait mieux parfois, Continuer la lecture de « La Couleur de la Victoire » : un film tellement nécessaire…