
C’est toujours attractif de voir des faits de société sous un angle nouveau. « Rapaces » innove en mettant en avant la presse de caniveau, du style « Détective » qui se repaît des faits divers avec un sensationnalisme poussé jusqu’à l’écoeurement. Des journalistes mal-aimés donc qui disent pratiquer « un journalisme d’investigation », tout en subissant le diktat nauséeux de leur comité de rédaction.
Samuel ( très bon Sami Bouajila ) a une haute idée de son métier, et quand il enquête, c’est en complément de la Police. Il veut faire avancer la vérité… Dans un crime abject qui semble être le fait de plusieurs personnes, il a l’imprudence d’associer sa fille Ava ( parfaite Mallory Wannecque ) en stage au sein de son journal. L’enquête avance donc dans la direction d’un crime passé qui présente des similitudes avec le dernier meurtre.
« Rapaces » est assurément un film d’atmosphère. Il distille lentement une tension croissante à partir d’images de campagne, porteuses d’une sourde menace, tel qu’on peut le ressentir dans des régions américaines reculées. Sauf que l’action se passe là dans un village du Nord de chez nous, avec un indicateur d’anxiété croissante représentée par les aiguilles d’une radio CB, de plus en plus dans le rouge au fur et à mesure que l’ennemi est proche. La tension explose tout d’un coup pour atteindre un paroxysme total dans un lieu public. N’en disons pas plus…
Le suspens est très fort, et cela faisait longtemps que je n’avais pas connu dans un film français une telle anxiété. C’est une vraie réussite de vibrer à ce point autour d’images, comme autrefois avec « le salaire de la peur ». Hélas, l’intrigue retombe vite, trop vite… On aurait aimé un dénouement se prolongeant un peu pour continuer à suer sur son fauteuil. En tout cas, « Rapaces » renouvèle bien un genre qu’on ne voit plus guère sur nos écrans. Rien que pour cela, il mérite le détour…