Archives de catégorie : Litterature

Le Chemin des Estives

D’où me vient cette passion pour la randonnée ? Après « Blanc » de Sylvain Tesson, me voici embarqué dans une nouvelle aventure, propice à l’apaisement de l’âme et de l’esprit, « le chemin des Estives » de Charles Wright. Un livre remarquable et lumineux !

Il est vrai que mon prochain départ sur les routes de St Jacques a pesé dans ce choix. Mais il y a une autre raison tout simple dans cette adhésion : le lavage de l’esprit qu’offre ce merveilleux livre, par petite lapée de lectures à haute teneur en réflexions et en spiritualité. Une spiritualité légère, non invasive, pleine de tact, d’humour et de profondeur. Ce livre vous embarque dans une folle aventure intérieure, à la suite de l’auteur et de son compagnon, partis dans presque 700 kms de randonnée, d’ouest en est, en plein massif central. Un parcours original, comme on peut le voir, qui les conduira d’Angoulême aux confins de l’Ardèche. Avec pour grande spécificité, un pari audacieux et puissant consistant à partir sans argent, ni victuailles pour vivre pendant un mois de la générosité d’autrui. Quel parcours initiatique !

Il faut une sacrée dose de foi dans l’homme pour user ainsi son corps sans certitude de manger, ni de se laver au terme de l’étape. C’est sans doute le stade ultime de la randonnée récréative et spirituelle qui attire de plus en plus de nos contemporains sur les chemins de pèlerinage de St Jacques. Autant le dire tout de suite, c’est un éblouissement total, un moment unique de grâce qui réveille les vieux ressorts rouillés et enfouis en nous du christianisme. Sans prosélytisme et avec la plus totale élégance. Ce livre est tout, sauf un manifeste religieux.

C’est au contraire la vie, l’insouciance, le crédo en la générosité de l’autre, l’abandon total aux faisceaux lumineux de sa bonne étoile. Le tout dans une nature forestière et rocailleuse, puissante et séductrice, dans la région la moins peuplée de France, souvent la moins connue… Le récit est celui de très belles rencontres avec des inconnus généreux qui partagent leur repas et se livrent le temps d’une soirée. Mais c’est celui aussi des rebuffades et des déconvenues auprès de personnes surprises dans leur confort et qui refusent d’ouvrir leur porte à l’étranger qui a faim. Quel stoïcisme il faut pour vivre une telle expérience !…

« Le Chemin des Estives » est bluffant tout au long de ses pages. Le lecteur connaît la même incertitude que ses deux héros sur la suite de l’aventure. C’est une randonnée qui se partage totalement… En plus, l’auteur Charles Wright y fait preuve d’une grande culture, avec de multiples références culturelles. L’ossature du récit repose sur les émotions de deux grands voyageurs du passé, Arthur Rimbaud, le poète en quête d’ailleurs, et le religieux Charles de Foucauld qui se frottera plus que tout autre à la différence. Assurément de beaux prédécesseurs dans la quête de soi.

Charles Wright réussit le carnet de voyage absolument parfait. Il nous fait partager son esprit avec humour et modestie, tout en nous élevant dans la réflexion sur nous-mêmes. Un partage qui va jusque dans sa passion pour les vaches qu’il nous transmet de manière inattendue. Il est vrai qu’elles ont été les principales spectatrices de ses exploits. Des supportrices improbables qui ont vu passer ces deux pieds nickelés avec bienveillance, sans les juger. Je partage leur nonchalance pour dire que ce livre est un grand livre.

Kessel et Druon, les Partisans…

Quelle belle idée que ce livre, passionnant de bout en bout, qui célèbre la mémoire de deux monstres sacrés de notre littérature. Deux hommes, Joseph Kessel et Maurice Druon qui étaient apparentés – je l’ai découvert – oncle et neveu avec vingt ans d’écart, mais très proches l’un de l’autre jusqu’au décès du plus âgé. Deux hommes que la guerre a réunis dans une même lutte, dans le camp de la France libre, et qui les a conduits un jour du printemps 1943 à composer ensemble « le chant des partisans » qui est quasi un deuxième hymne national.

L’académicienne Dominique Bona raconte avec passion et beaucoup de bienveillance le destin hors-norme de ces deux apatrides d’origine russe qui deviendront Français pur sucre. Kessel l’aventurier globe-trotter, alter-mondialiste avant l’heure, auteur de romans souvent flambloyants d’exotisme, fidèle à ses origines juives et sensible à l’avenir d’Israel. Druon qui a adopté le nom de son beau-père et avec lui la religion catholique, esthète de la langue française qui a construit un parcours académique plus classique en magnifiant superbement l’Histoire de France jusqu’à devenir un ministre de la culture sous Pompidou.

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Blanc, comme un trait de génie

« Blanc », voilà un petit bijou de livre qui me semble promis à un joli parcours dans toutes nos librairies et bibliothèques de France. Un livre qui se veut le récit de courses en montagne. Allons donc, c’est mieux que cela !… C’est un cheminement, un voyage intérieur de trois alpinistes philosophes, pour qui l’ascension est d’abord une élévation spirituelle. D’ailleurs, le livre se sirote lentement par petites lapées, comme une infusion de sagesse. Chaque chapitre de deux ou trois pages représente une journée d’ascension. Rien de plus répétitif que la montée et la descente sur des champs de neige, avant la nuitée au refuge. Le récit devrait être ennuyeux, il est tout au contraire lumineux.

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LE GRAND MONDE : ETINCELANT !

Pierre Lemaître est l’Alexandre Dumas de notre époque. Découvrir un de ses nouveaux romans est à coup sûr se donner un plaisir de littérature. Il a un savoir-faire sans pareil pour brosser un décor et dépeindre des personnages complexes, avec toutes leurs subtilités. Ces personnages qui vivent devant nous sont plus réels que nature. Pas étonnant que les réalisateurs se battent pour en faire des films. Il y a un souffle épique dans ces récits.

L’intérêt principal à mes yeux est le contexte historique, toujours bien rendu. Ici la fin de la guerre, marquée notamment par le conflit colonial en Indochine. Un contexte peu souvent utilisé en littérature ( j’ai quand même en mémoire « un Américain bien tranquille » de Graham Green ). Ces dernières années de présence française sont passionnantes, par leur côté crépusculaire. L’insouciance et le fatalisme des colons, la pression montante des viets et les tentatives de recours à des sectes « indépendantes », tout cela constitue une toile de fond très colorée pour des aventures humaines.

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L’INCONDUITE D’UNE FEMME DEBRIDEE

Je suis passé plusieurs fois devant ce roman affiché parmi les meilleures ventes de la Fnac. Mais un rien m’interdisait de l’acheter, ce côté sulfureux, cette liberté de ton, ce caractère graveleux qui, à mes yeux, apparente ce genre de littérature à des livres à lire d’une seule main, à côté de la boite de Kleenex. Heureusement mon Kobo a levé mes dernières préventions, en m’autorisant un achat purement digital. Je ne l’ai pas regretté…

Emma Becker est une jeune femme affranchie des siècles d’assujettissement des femmes aux règles des bonnes moeurs et de la décence. A la douce dictature aussi de la retenue qui met beaucoup des désirs féminins sous un étouffoir. Cette femme a choisi de passer librement quelques mois dans un bordel, dans cette ville de Berlin qu’elle habite depuis quelques années ( expérience racontée dans un autre livre « la Maison », lecture too much pour moi ). Dans « l’inconduite », elle raconte sa vie d’après, de femme et de mère, vivant en couple, mais libertine et débridée autour des choses du sexe.

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AMOUREUX DU JAPON

Les ouvrages de la collection des dictionnaires amoureux ne se valent pas tous. L’exercice est, il est vrai, une gageure. Un dictionnaire, par essence, prétend à l’exhaustivité et à l’universalité. Alors qu’une déclaration d’amour est éminemment personnelle et subjective. Difficile dans ces conditions de trouver le juste tempo qui satisfera d’autres amoureux. Mais dans le cas du Japon, j’ai plongé avec enthousiasme. Ma passion du pays est telle que j’étais sûr d’y trouver le plus petit commun dénominateur des aficionados du pays du Soleil Levant. Bingo !!!… En l’espèce, « le dictionnaire amoureux du Japon » est une encyclopédie, forte de 1266 pages, qui rend compte amoureusement de toute la densité d’un pays.

L’auteur Richard Collasse est un ancien dirigeant de Chanel au Japon. Il parle couramment japonais, a épousé une japonaise et grenouille au Japon depuis plus de cinquante ans. C’était assurément le mieux qualifié pour raconter un pays, d’autant qu’il le connaît bien. Sa passion pour son pays d’accueil va loin. Il connaît sa culture, son histoire, mais aussi ses coutumes et traditions, et peut raconter mille anecdotes de son parcours personnel. D’une certaine façon, il est entré dans l’âme du pays.

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L’AIR était tout en Feu

Après le passionnant « Eté des quatre rois », Camille Pascal s’attaque à un autre sujet historique, la Fronde en 1718 de grands seigneurs contre la régence de Philippe d’Orleans, alors que Louis XV était encore tout jeune. En fait, il s’agit surtout de l’agitation de deux bâtards de Louis XIV, reconnus par le vieux roi vieillissant comme « princes », sous l’influence de leur préceptrice, la dernière favorite, Madame de Maintenon : le duc du Maine ( bossu et boiteux ) et le duc de Toulouse ( le premier ayant épousé une authentique princesse, petite-fille du Grand Condé, la duchesse du Maine ). Des Princes qui se savaient peu légitimes dans un autre règne que celui de leur géniteur, et se sont mis à comploter avec l’Espagne en espérant inverser les ordres de succession, en cas de disparition prématurée du jeune Louis XV.

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La petite histoire des perdants

Dès qu’il est sorti, ce livre m’a parlé… Un livre racontant les soldats perdus, ces soldats qui livrent une dernière bataille, alors qu’ils savent qu’elle est perdue d’avance. Combattants pour l’honneur pour défendre jusqu’au bout une cause – juste ou injuste – ces hommes m’impressionnent. Ils trouvent une résonance très forte chez moi, et flattent mes instincts légitimistes. Ne pas se ranger derrière la masse, ne pas être une girouette qui tourne avec le vent, rester fidèle à un engagement, à une idée, à une lutte jusqu’au sacrifice ultime, il y a là un côté sublime. J’aime cette notion de « dernier carré » qui fait référence aux grognards de la Garde impériale.

Dans différents chapitres parfois inégaux, les deux historiens Buisson et Sévillia nous mènent dans plusieurs récits qui s’égrènent dans les siècles et les géographies. Curieusement, les histoires les plus évidentes comme la garde de Cambronne à Waterloo ou la légion étrangère à Camerone sont juste évoquées. Peut-être est-ce trop connu ou trop consensuel… Mais il y a des récits inattendus comme ce chef indien qui a porté la bannière confédérée bien au-delà de la chute de Lee ; ou encore cet autre chef indien qui a continué à défendre la cause de la France au Canada, après le retrait de celle-ci ; ou aussi ces derniers défenseurs du monde chrétien à l’est à Constantinople et Trebizonde.

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TROIS… dans l’Air du temps

« Sur terre, il y a deux endroits pour se planquer : les cimetières et les refuges ». Entendez-là les refuges pour animaux… Cette phrase de « Trois » fait le lien avec le précédent livre de Valérie Perrin « Changer l’eau des fleurs » qui m’avait passionné. « Trois » au titre moins accrocheur, m’a également moins alpagué. Ce livre très long m’a fait penser au Goncourt de Nicolas Mathieu « Leurs enfants après eux »… 

Un même titre fade, un même récit dense, fourmillant de détails de la vie quotidienne, une même narration qui se traîne, une même histoire d’enfants dans une petite ville de province qui se cherchent et s’ennuient. Sauf que Mathieu avait, en plus, un style éblouissant, ce qui n’est pas le cas de Valérie Perrin. Celle-ci ballote son lecteur dans plusieurs époques. Chaque chapitre donne l’indication de la date, ce qui est primordial pour la compréhension, le lecteur devant à chaque fois réajuster son cerveau à l’intrigue. Ces flash-back incessants ne sont pas apaisants; c’est un kaléidoscope d’écriture qui, très lentement, s’emboite pour former une histoire. Valérie n’est pas la compagne de Claude Lelouch pour rien !… 

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UN Bon parmi les brutes

Quand un grand bonhomme comme Joseph Kessel abandonne toute ambition littéraire pour s’improviser journaliste et écrire une biographie, il y a sans doute anguille sous roche. L’écrivain dont la propre vie est un vrai roman aurait-il trouvé une vie encore plus trépidante à raconter ? Improbable… Très improbable, mais pourtant vrai. La vie de son héros, Felix Kersten fut une aventure sublime. Pourtant elle est largement méconnue. L’homme n’a pas de nom de rue, il n’est guère honoré, son souvenir s’efface chez les jeunes générations. Même le Congrès juif mondial lui dénie le titre de « Juste parmi les Justes ». Kersten est un oublié de l’Histoire !… Dans sa grande sagesse, l’auteur du « Lion » entreprend de le réhabiliter dans ce merveilleux livre « les mains du miracle ». Un livre à lire pour rendre justice à un homme…

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La derniere charge de NAY

Quel plaisir de lire ce deuxième opus des Mémoires de la grande Catherine, après le premier qui m’avait beaucoup excité !… J’y avais retrouvé les combats politiques de ma jeunesse et la violence des joutes de l’époque. Ce second livre est plus contemporain. Il parle de politiques qui nous sont plus proches, Chirac, Jospin, Sarkozy, Seguin, Hollande, Macron… Récit incroyable ! Alors que la politique a tendance à ennuyer les Français, Catherine Nay  nous raconte la chose comme un roman. Des détails invraisemblables, des anecdotes, des passions humaines qui donnent à l’intrigue des ressorts quasi balzaciens, tout s’enchaîne aisément sous la plume très honnête d’une journaliste certes engagée, mais pas militante. Surtout, c’est la femme la mieux informée du monde politique ( une vraie mine d’or ) et on comprend beaucoup de choses au prisme de ses confidences.

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Les temeraires

Les Téméraires » est un gros pavé historique qui peut effrayer le lecteur de passage. Oui, mais il traite d’une partie de l’Histoire de France méconnue, le Duché de Bourgogne qui s’est heurté à la France pendant près d’un siècle, en prenant un moment le parti de l’Angleterre durant la Guerre de 100 ans. Nous avons tous entendu parler de Charles le Téméraire, adversaire de Louis XI, mais qui sait que la Bourgogne recouvrait alors une large partie de la Belgique et des Pays Bas pour faire un état semblable à ce qui avait prévalu du temps de Charlemagne ? 

C’est un auteur hollandais qui nous raconte cette histoire dans sa langue, traduite en français. Il le fait avec une érudition remarquable, parfois un peu confuse, notamment dans sa première partie qui essaye d’enraciner la Bourgogne dans une histoire très ancienne. Il a tendance aussi à tirer un peu trop la couverture du récit vers le pays batave, mais force est de lui reconnaître qu’il a d’abord entrepris un gros travail de recherche sur ses origines nationales. L’histoire de la Bourgogne n’est pas que française… 

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A nous les vieilles anglaises

Je ne sais pas si l’auteur l’a fait exprès dans le choix de son titre, mais cet « été anglais » m’a fait penser à une autre été, « un été 42 » d’Hermann Raucher dont on a fait un film avec une superbe musique de Michel Legrand. Dans les deux cas, le récit d’un jeune garçon découvrant les mystères féminins auprès d’une femme plus âgée, chose très désirée dans l’un, plus subite dans l’autre. Faut-il que la société ait fortement évolué pour qu’à cinquante ans d’écart, cette même histoire passe du rite initiatique plein de sentiments à une relation passant pour de l’abus et une certaine forme de défloration de l’enfance !

Cette évolution de la société est incontestable, prenons-en acte. L’auteur nous tricote donc l’histoire de Fabrice, 15 ans, jeune garçon partant en Angleterre pour améliorer son anglais. Une situation qui évoque immanquablement des réminiscences chez le lecteur. L’idée sympathique est de transposer l’action dans l’Angleterre des Beatles, dans une famille de la gentry, plus anglaise que cela, tu meurs.

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La mort apprivoisee

Valerie Perrin, l’auteur de « Changer l’eau des fleurs » est la nouvelle compagne de Claude Lelouch. J’ai découvert la chose en toute fin de lecture de ce beau livre, et cela m’a paru lumineux. Ces deux-là se sont apparemment bien trouvés !… Leur narration est proche, leur style aussi riche dans la description de l’intime. Leurs retours en arrière similaires dans des flash-backs nourrissant la trame du récit. Ce livre est un mille-feuille, au sens qu’il superpose, par couches successives, des tranches de vie les unes sur les autres pour former une seule vie dans sa pleine dimension psychologique et affective, la vie de Violette.

Quelle science du récit ! Dès les premières lignes, le lecteur est captivé. Non pas par un scénario alambiqué, il ne se passe presque rien. Mais la sérénité qui se dégage du personnage emporte tout. Malgré une vie de chiotte, cette jeune femme prend la vie comme une offrande. Il se dégage d’elle un inaltérable optimisme. Contagieux aussi, car elle va fédérer autour d’elle toute une bande de laissés-pour-compte et d’écorchés de la vie. Et pourtant, cette femme est… garde-barrière à la SNCF, puis garde de cimetière !… 

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Maximes du vieux Sage

Qu’il est rafraîchissant de découvrir une personnalité accomplie qui a parfaitement réussi sa vie d’homme !… Olivier de Kersauson est un grand navigateur, un aventurier, un homme de la mer. Mais il est aussi un homme riche d’une érudition terrienne et maritime, un philosophe certes peu conceptuel, mais essentiellement pragmatique, un homme plein d’humour qui s’attache à « l’être » plutôt qu’au paraître, en bref, un homme qui est solide dans sa construction et qui projette sur l’existence le phare d’une intelligence de l’expérience.

Façonné par la mer qui lui a tout appris, le jeune Kersauson a aussi pris des partis audacieux dans sa jeunesse, en particulier celui de ne rien attendre des autres pour ne pas être déçu. Il a construit ainsi une personnalité chaleureuse, plus ouverte sur l’extérieur que ses choix primordiaux ne le laisseraient paraître. Il a suivi une éducation rigoureuse, et ne la rejette pas. Il sait tout ce qu’il lui doit.

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Le chant d’Achille

Il faut être un peu gonflé(e) pour se mettre devant une feuille blanche et décider de ré-écrire, en toute simplicité, « l’Iliade » d’Homère. C’est pourtant ce à quoi s’est attelée l’universitaire américaine Madeline Miller, avec cet ouvrage, « le Chant d’Achille » qui est plébiscité par les lecteurs de Babelio. Assurément, de quoi susciter la curiosité…

J’ai lu ce livre avec plaisir, mais avec l’esprit perverti par l’image de Brad Pitt en Achille bellâtre et bodybuildé. Une certaine forme de pollution cinématographique qui se révèle pénalisante pour entrer dans la personnalité que nous présente Madeline Miller assez différente de celle du film. L’auteur nous délivre un Achille, plus subtil, bagarreur certes, mais aussi homosexuel, amateur de chant, de lyre et de danse, qui ira jusqu’à se cacher en femme parmi un groupe de danseuses pour échapper à l’enrôlement pour la guerre de Troie.

L’Iliade que j’ai relue pour l’occasion, est, il est vrai, un récit plein de trous.

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cacher ses tresors

Stefan Zweig que j’ai entrepris de découvrir dans sa globalité, est un auteur prolixe qui sait nous amener parfois là où l’on ne l’attend pas. Ce « chandelier enterré » est un bon contre-pied littéraire, avec un récit pétri d’humanité judaïque qui se passe à une époque hautement improbable : la mise à sac de Rome par les Vandales en l’an 455, des barbares pas si dégénérés que cela, au demeurant, puisqu’ils étaient pétris de cette civilisation latine qui dominaient le monde depuis plusieurs siècles. D’ailleurs, les plus dégénérés étaient davantage ces Romains, un peuple à bout de souffle, qui décide d’abandonner sans combat sa ville aux envahisseurs, laissant la porte ouverte au pillage le plus orchestré qui n’ait jamais été : le déménagement en quelques semaines de toutes les richesses accumulées par des siècles de domination du monde. Voilà assurément une période intéressante de notre histoire…

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