Archives de catégorie : Actualité

Goldfrapp, la pop planante

La musique a ce pouvoir magique de parfois vous traverser la peau pour vous atteindre en plein coeur. Vous vibrez de tous vos pores à un rythme ou à une mélodie pour en devenir accroc, shooté, sous emprise… C’est totalement délicieux. Cet assujettissement auditif amène des milliers de fans à débourser des fortunes pour assister au concert de leurs idoles. Ou à écouter en boucle leurs disques dans un extase débridé de leurs émotions. Nous avons tous un peu besoin de cela… C’est ainsi que des Celine Dion, et plus récemment Taylor Swift ont entraîné des foules d’aficionados dont l’amour tourne à la dévotion.

Devant le succès planétaire de ces artistes, leur talent peut être considéré comme une qualité objective. Sans doute, mais l’adhésion à une musicologie est une autre affaire. S’il est vraisemblable qu’écouter et réécouter des tubes contribue à ancrer un référentiel affectif qui accentue l’amour pour un interprète, comment expliquer qu’à la première audition, des chansons peuvent susciter l’enthousiasme ou vous laisser froid.

Bien sûr, certains tubes sont tellement puissants qu’ils emportent tout sur leur passage, comme une vague de tsunami. Ainsi « Billie Jean » de Mickael Jackson était tellement incontournable que je me souviens parfaitement du jour de 1983 où je l’ai entendu la première fois, dans une boite de nuit sur la côte de l’Aber Wrac’h dans le Nord de la Bretagne. J’ai eu l’impression, ce jour-là, de vivre une émotion musicale d’une telle intensité qu’elle est restée gravée dans mon inconscient. A jamais…

Mais quid des interprètes moins consensuels ? J’avoue avoir du mal à m’emballer pour Taylor Swift, même si je mets du mien pour comprendre ce qui provoque un tel raz-de-marée d’amour. Et je m’efforce d’écouter pour ne pas passer pour un boomer en dehors du coup.

Après tout, on peut admettre que les préférences musicales soient des affaires personnelles. Et s’il y a du nombre autour d’un interprète, point n’est besoin de vibrer par pur mimétisme si la voix, le timbre, le rythme, les paroles ne vous emportent pas. J’ai parfois honte de dire que j’échangerais volontiers trois albums de Celine Dion contre un de Gil Caplan. La voix de cette femme – très loin dans les charts de ventes de disques – et ses mélodies harmonieuses m’électrisent totalement.

Ce qui m’amène à raconter mon émotion permanente pour un groupe britannique d’électro-pop peu connu Goldfrapp, auteurs de nombreux albums et notamment du magnifique que je classe dans mon top five, si ce n’est à la première place : l’album « Felt Mountain » .

Une vraie splendeur !… Tout l’album est une réussite totale. Sur un registre planant, proche d’un autre groupe que j’adore, le groupe Portishead avec des clins d’oeil appuyé à l’univers d’Ennio Moricone. Bref, le genre de musique à écouter dans le noir après une journée de travail, ou dans la voiture alors que tout l’équipage est endormi. J’en raffole !… Cet album me tire presque toujours la larme à l’oeil. Pourtant cette musique ne passe sur aucun média, et le groupe ne semble connu que de quelques passionnés.

Quelle étrangeté que ces goûts musicaux… Il en faut certes pour tous les goûts. Mais tant qu’Allison Goldfrapp continuera à sortir des albums, je serai un homme heureux.

De l’or sur le plumard…

Je gère de l’argent, et donc suis fan de l’or. L’or est une valeur qui s’apprécie en elle-même, sans référence à une banque centrale, ni à des niveaux de taux. Elle est là depuis la nuit des temps, et sera encore là dans longtemps. Une valeur sûre et durable…

La course pour l’or est une activité humaine qui se poursuit invariablement, même quand des bitcoins essaient – sans succès – de faire diversion. Des Pharaons jusqu’à Albert Spaggiari, des pionniers du Klondike jusqu’aux arpenteurs contemporains avec leur poêle à frire, d’Harpagon à l’Oncle Picsou, du FMI jusqu’aux banques centrales, ils vénèrent tous le veau d’or, même s’ils s’en défendent. L’appât du gain, la valeur immuable du métal jaune, le caractère irrésistible de ce qui brille, et de ce qui fait briller les yeux des femmes, tels sont les moteurs collectifs de l’espèce humaine. Une matière première jouissive à exploiter pour un romancier.

Mes deux polars sont donc des histoires d’ors. Deux histoires différentes, à vingt années d’écart, mais dans la même région, et avec les mêmes personnages. La quête de l’or dans des mines hypothétiques ou dans le magot d’un fuyard maudit, offre un canevas réjouissant pour broder une poursuite haletante qui emportera le lecteur loin dans les montagnes ou dans les neiges éternelles. Car si la course derrière les lingots permet de découvrir des paysages majestueux aux éclats éblouissants de naturel, les certitudes peuvent bien être amenées à s’effriter au long du parcours : Et si la vraie richesse sur cette basse-terre se trouvait ailleurs ?

Profitez de l’été pour vous faire une opinion… L’été est une période propice pour laisser vagabonder son esprit dans le plumard ouaté qui vous offre sa douceur sans le tic tac horripilant d’un réveil. Lisez mes deux ors, « L’Or du Paradis » le premier roman dans la chronologie ( années 30 ), puis « L’Or du Maudit » ( années 50 ), tous deux disponibles sur le site des Editions AO.

Ils vous feront voyager, et ce n’est pas une promesse en l’air.

Voyage dans l’Iran du Shah

Une pièce qui tient l’affiche depuis près de 350 représentations ne peut que susciter l’intérêt. Le bouche à oreille est, en outre, un puissant stimulant, surtout quand la pièce revient à Paris, après un périple dans nos provinces. Avec les trois acteurs d’origine, et trois petits nouveaux qui sont tellement impliqués qu’on les croit associés de la première heure.

Cette pièce est un vrai tour de force de mise en scène. Les plans s’enchaînent comme au cinéma, avec des jeux de scènes absolument géniaux. Il faut dire que l’histoire se passe sur deux temps : en Iran de 1974 à 1979, période de fin de règne du Shah, puis d’émergence d’une autre dictature, celle des Mollahs ; dans les Alpes enfin, à Avoriaz au tournant du siècle dans un chalet de villégiature…

Ils sont six sur scène, et passent d’un rôle à l’autre avec brio. C’est tellement vrai que j’ai cru jusqu’à la fin, qu’ils étaient sept. Six personnages pour raconter l’histoire d’une famille francophile qui vit mal les années de dictature d’un pays auquel elle est fondamentalement attachée. Cela parle persan, cela chante persan et l’humour se blottit dans quelques scènes intimes pour donner au récit une belle authenticité. Le tourbillon des scènes emporte le spectateur dans les destin de ces personnages, où les moindres circonstances font fi des contraintes liées au manque d’espace d’une scène de théâtre par des jeux de lumière ou des trouvailles scénaristiques qui donneraient le sourire même au plus blasés d’entre nous.

C’est au final une aventure extrêmement humaine à laquelle nous convie l’auteur Aïda Asgharzadeh. Elle conte avec chaleur l’émigration des siens, l’acclimatation au pays d’adoption, mais aussi la profonde tendresse qu’elle ressent pour tous les Iraniens d’ici et de là-bas. Tout cela est très loin des images agressives dont nous submergent les médias. Rien que pour cela, ces « Poupées persanes » méritent le détour. Elles ont provoqué, en tout cas, l’enthousiasme collectif du groupe de cinq que nous étions. Assurément, un très bon spectacle….

Les années Disco : remise en mémoire

Formidable documentaire de France 3, « Disco, la révolution française » qui nous plonge dans les années Disco et cette frénésie de danse qui a agité toute la planète à la fin des années 70. Une période magnifique que j’ai eu la chance de vivre. Intensément… Ce documentaire a agi sur moi comme une madeleine de Proust. Un bain de jouvence au son de la basse et de batteries déchaînées… Quel plaisir !

Ce reportage est passionnant du début à la fin. Il explique comment un Français obscur, chanteur sans succès sur le point de tout arrêter, Patrick Hernandez, reprend une de ses vieilles chansons pour la re-rythmer et en faire un succès international, « Born to be alive ». C’est quasi le début d’une vague déferlante qui va tout bousculer au grand dam des rockers classiques, et qui va bientôt se concrétiser avec « La Fièvre du Samedi soir » et le succès planétaire des Bee Gees, groupe de rock en panne qui écrira, en une semaine, quatre tubes au rythme endiablé. L’album le plus vendu, « Saturday night fever » avant que Michael Jackson remette les pendules à l’heure quatre années plus tard.

Le parti-pris du reportage est de montrer l’apport précieux qu’a apporté la France à cette révolution. Et ce fut une surprise pour moi de voir que cette musique au rythme irrépressible a été, en large partie, lancée par des Européens. Des Allemands avec Donna Sommer et Boney M, mais aussi des Français avec Patrick Hernandez et Cerrone, bientôt secondés par le Suisse Patrick Juvet. La vieille Europe qui montre la voie au pays de l’oncle Sam, ce n’est pas si courant !….

Le disco a tout inondé, en faisant danser toute la planète dans des discothèques où les paillettes étaient de mises. Avec une soif de faire la fête, dans une débauche d’extravagance, d’énergie et de sexe. Une période sans freins avant que le Sida vienne bouleverser le jeu et cette belle liberté gagnée dans l’insouciance.

Ce que montre bien le reportage, c’est que le disco portait en lui les germes du rejet brutal dont il a été ensuite la victime. C’est le seul style musical qui a été détruit au début des années 80 pour connaître un purgatoire de près de dix années. En effet, le disco était moins une affaire d’interprètes que d’impresarios futés flairant la bonne affaire et lançant des groupes comme des produits de supermarché. Ainsi le groupe « Village People » qui a marqué, à jamais, la culture populaire, est une création de toutes pièces avec un casting pour former le groupe. Surprise, cette initiative est 100% française… Ainsi le groupe qui a sorti les homosexuels de leur ghetto, qui a dynamité l’Amérique puritaine et dont le tube « In the navy » a été adopté par la marine américaine comme son hymne ( avant un retour en arrière sous l’effet des ligues de vertu ), ce groupe a été lancé par deux Français…. Incroyable !

Le reportage fourmille de plein de détails qui montrent que la France a toujours été en première ligne de cette révolution. Il est vrai que nos compatriotes aiment bien monter sur les barricades. Surtout, et c’est réconfortant, il montre le réveil du disco avec Daft Punk, puis plus récemment avec les envoûtantes Juliette Armanet et Clara Luciani.

Le disco, il est de bon ton de le démonter, de critiquer son rythme de grosse caisse et ses interprètes aux destins parfois de météorites. Force est de constater, quand même, qu’il continue à rassembler tous les danseurs sur la piste. C’est un appel impérieux à se déhancher pour vibrer de tous les pores de la peau. Reconnaissons-le honnêtement, on n’a guère fait mieux depuis, pour faire la fête et se lâcher dans un grand oubli de son corps. J’ai donc beaucoup aimé cette réhabilitation.

En plus, j’ai exprimé de l’émotion, avec quasi des larmes aux yeux lors du générique de fin. Certes je regrettais là un peu de ma jeunesse évanouie. Mais le souvenir de ses rythmes et de la douce complicité collective qu’il provoquait, a supplanté tout le reste. Les années 80 ont assurément été une période bénie, avec une liberté totale qui restera sans doute un sommet dans l’histoire humaine. Vive le disco ! « Le Freak c’est chic »

PS : Difficile de donner son tube préféré, mais j’ai deux chansons qui provoquent des démangeaisons irrépressibles dans les jambes : « You should be dancing » des Bee Gees et surtout « Lady’s night » de Kool & the Gang ( parfait pour un rock-essuie glace comme au bon vieux temps ).

Paris-Mantes, Oui-Oui chez les barjots…

C’est une course qui date de près de quatre-vingt dix ans, le Paris-Mantes à la marche, de nuit. En fait, il s’agit plus du Versailles-Mantes, car le circuit a été raccourci en 2013. Une épreuve mythique à laquelle je me suis joint, sans vraie préparation, du fait de mon appétence à arpenter les chemins de France.

Une grosse étape des Chemins de St Jacques, c’est 30 kilomètres de marche dans la journée. Alors, que penser de 54 kms, soit 75% de rab, sinon que c’est un peu dément de soumettre son corps à une telle épreuve ?… Autant le dire tout de suite, je ne suis pas allé au bout. J’ai calé au 39ème kilomètres, soit avec les deux kilomètres entrepris de nuit pour aller à la gare RER, une marche sur 41 kilomètres. Mon record personnel…

C’est assurément une expérience. 5000 personnes qui s’élancent par une nuit froide proche des zéro avec des tenues fluorescentes et des loupiotes au front, deux conditions impératives pour participer. C’est visuellement très beau que cette longue chenille humaine lumineuse cheminant au plus profond de la forêt de Marly. Des femmes et des hommes de tous horizons, majoritairement jeunes, avec de belles conditions physiques, car le rythme donné par le groupe est très soutenu. Au départ de Versailles, alors que je suis bon marcheur, ils sont des milliers à nous dépasser, des garçons tendus comme des arcs vers l’objectif, des filles qui cavalent d’un pas loin d’être menu, mais aussi des vieux remontés comme des horloges, des couples qui se donnent la main, des copines qui papotent, tout ce petit monde poursuivant un train d’enfer. Qui veut aller loin, ménage sa monture, pense-t-on au fond de soi pour se consoler, tout en découvrant que cette marche est avant tout une course. L’idée est d’arriver au bout de neuf heures de marche, si possible avec un meilleur score que l’année précédente.

Un univers assez lointain de mon horizon de marcheur hédoniste appréciant les paysages et peu hostiles aux haltes permettant la récupération. Des étapes, l’organisation en dispense trois, durant le parcours, avec des boissons, du pain d’épice et du chocolat. Mais, malgré les muscles qui crient souffrance et les courbatures qui se cramponnent, point question de s’attarder. Les camionnettes de la sécurité civile qui circulent, le bus ramasse-faibles qui patiente, et la dictature du collectif abrègent toute compassion pour soi-même. On est là pour en baver, pour ne pas dire plus…

Le froid est intense et la nuit pleine d’étoiles. Mais le chemin est monotone dans des kilomètres de chemins forestiers rectilignes. Et puis, c’est ensuite le bitume sur des petites routes sans grand charme. Ce parcours est déprimant, et les lignes droites où l’on aperçoit, quelque kilomètre devant, la longue file éclairée des marcheurs qui vous précèdent n’aident pas au moral.

Au bout de la trentaine de kilomètres, la fatigue est là, bien ancrée. Les muscles se font lourds, les mollets crient de douleur. Le pas est devenu celui d’un automate. Le seuil de l’endurance est dépassé et il y a encore 19 kms devant soi pour remporter cette victoire sur soi, et pouvoir pavaner le lendemain au bureau, tout en marchant en canard avec une semaine de récupération, comme le déclarent les habitués de l’épreuve. Qu’est-on venu faire dans cette galère ?

La finition est affaire de mental. Mais aussi de préparation… Une nourriture idoine avant l’épreuve semble un must. Quant à l’hydratation, elle est indispensable, alors que le froid fait que la soif ne se fait pas sentir. Ma gourde est restée pleine pourtant !… Erreurs de débutant. Au-delà de ce manque de préparation, mon mental n’est pas clairement celui de ce genre d’épreuves. Pourquoi mettre son corps à ses limites pour atteindre un objectif sans grand intérêt ? Rejoindre un pic argenté ou un col alpestre, cela vaut de mettre ses tripes sur la table. Mais la cité riante de Mantes la Jolie n’est pas de ces objectifs qui font rêver… Et j’ai trop de respect pour ma charpente de chair et d’os pour la mettre en danger, si bien que je suis, par exemple, toujours resté à l’écart de la mode des marathons, alors que j’aime courir.

Se mettre minable pour le plaisir de l’accomplissement personnel n’est pas dans mon ADN. La compétition non plus, à vrai dire… Pour autant, ce fut une belle expérience. Le collectif est toujours une belle aventure. Merci à Manu de m’avoir convié à l’épreuve avec ses potes. J’ai fait bonne figure sur les trois quarts de l’épreuve… C’est déjà bien…

Mort d’un crooner

Quelle tristesse !… Je l’adorais. Guy Marchand était un homme protéiforme, un acteur de télévision, de cinéma, mais aussi un crooner à la voix veloutée qui vous emportait sur ses territoires de prédilection, le jazz, le tango, la guimauve de concours pour des soirées à l’ancienne. Il avait une étincelle dans le regard qui en faisait un séducteur redoutable. Il était notre Julio Iglesias à nous. En plus léger, plus rigolard, avec le détachement de celui qui ne se prend pas trop au sérieux. D’ailleurs, comment prendre au sérieux, l’auteur du « Destinee » qui était la bande annonce des « Sous-Doués en vacances »…

A côté de cela, il savait rendre hommage aux maîtres du temps passé, ces jazz-men qui avaient tracé la voie qu’il essayait d’emprunter avec modestie. C’est aussi l’interprète savoureux du « Moi je suis Tango » qui restera à jamais sa signature, celle d’un homme touche-à-tout qui se retrouvait aussi bien dans les mélodies sud-américaines que dans les grands refrains de Paname.

Au cinéma, il était celui qu’on adorait voir jouer, avec sa désinvolture naturelle. Comment ne pas penser à « Coup de Torchon » où il est absolument génial en colon exubérant. Il a fait des grands films dans des petits rôles où il était absolument irremplaçable : « Mortelle randonnée », « Garde à vue », « Tendre Poulet », « L’Hotel de la plage »… Comment se passer de lui et de sa façon quasi unique de traverser la vie ? Et puis, il y a eu aussi les Nestor Burma qui ont été son bâton de maréchal. Une série qu’on aimerait davantage revoir sur les écrans…

Mais il était avant tout chanteur. On sent qu’il exultait dans les petites salles de jazz, seul devant un micro. Si vous ne le connaissiez guère, écoutez d’une traite « Moi je suis Tango », « Delirium », « le dernier bal des GI », « Mémoire d’un con » et « Mister Bing »… Vous partirez dans un nuage de nostalgie, avec une parfaite résurrection du passé et de ses bons moments.

L’hommage à Bing Crosby, un crooner américain qui était son modèle, a des paroles qui sonnent étrangement au jour de la disparition de Guy : « Dites, Monsieur Bing, Mister Crosby, vous qui êtes parti loin de la vie, au paradis des mélodies, dans les étoiles… Dites à Louis… Sans lui, le monde s’ennuie. Mister Crosby, dans les étoiles... »

Oui, sans lui aussi, le monde s’ennuie… Guy, tu nous manques déjà…

Fleury Michon, jambon espagnol

La France, pays avec une agriculture forte, a su développer des champions de l’agro-industrie. Fleury Michon en fait assurément partie. Société familiale avec une approche responsable, de bons produits, une part de marché élevée face au concurrent Herta, jusqu’à peu filiale du très capitaliste groupe suisse Nestlé, le roi du jambon blanc Fleury Michon était une marque qui avait tout pour elle. Certes, le jambon sous blister n’aura jamais les faveurs des écolos, des gastronomes, sans parler des véganes. Il n’empêche, ce jambon est bon, pratique, et rend des services appréciables au célibataire d’un soir ou pour compléter un petit déjeuner.

Hélas, l’explosion de l’inflation a provoqué une perte des valeurs de cette entreprise. Le jambon est, en effet, un produit très concurrentiel, et peu de choses différencient les produits d’une marque à l’autre. Face à la hausse des coûts, les producteurs sont sous la pression des distributeurs. La guerre est totale… Fleury Michon a perdu sa sérénité. Pour garder un peu de pricing power, ils n’ont pas trouvé mieux que de se fournir très largement auprès de l’Espagne. Les porcs français qui constituaient le coeur de l’offre, se sont vus supplantés par les porcs espagnols, élevés intensivement par une agro-industrie qui est prête à toutes les turpitudes pour gagner des parts de marché.

Ainsi Fleury Michon qui revendiquait son soutien à nos agriculteurs, a transformé son modèle en catimini, pour devenir inféodé à l’Espagne. La société a quand même l’honnêteté de l’afficher, puisque tous ses produits rappellent l’origine de la viande. Une transparence cependant sans conséquence puisque beaucoup de Français ne regardent plus que le prix, et rarement l’origine des produits.

Ce n’est pas mon cas, et je viens de le signifier à l’entreprise. Ma fidélité très ancienne à la marque est remise en question. Quand on voit tous ces agriculteurs qui abandonnent leur métier, on ne peut pas ne pas se sentir concerné. L’équilibre de nos campagnes en dépend.

Je n’ai jamais oublié ce slogan, jugé obsolète pour beaucoup : nos emplettes font nos emplois…

Pink Martini en shaker, please

Le Grand Rex, salle mythique…. Pour un retour dans ce lieu magnifique, le groupe Pink Martini en concert m’a semblé la parfaite adéquation. Un groupe indéfinissable de musique métissée pour une salle à nulle autre pareille !… Bonne pioche ! La soirée fut magnifique…

Une musique veloutée avec un groupe éminemment sympathique. Deux cantatrices plutôt que des chanteuses, tellement leurs voix montent dans les tours ; des hommes qui ne sont pas en reste quand il s’agit de prendre le relais, alors que les deux femmes redeviennent de simples choeurs ; des musiciens absolument épatants, avec des numéros ébouriffants de batterie, de tam tam ou de contrebasse.

Et des chansons ! Plein de chansons qui ont envouté le public de la grande salle de spectacle !… Notamment le fameux « je ne veux pas travailler » qui est une création du groupe, sur un poème d’Appolinaire, excusez du peu… Mais aussi beaucoup de reprises. C’est la signature du groupe qui a un vrai savoir-faire pour reprendre le meilleur du meilleur de notre vécu musical. Dans toutes les langues…

Les tubes s’égrènent en français, en anglais, en espagnol, en portugais… Un vrai camaïeu de mots, de langues, de rythmes. De la belle guimauve subtile et poétique. Jamais je ne me suis senti autant européen qu’à cette musique qui mixe avec bonheur toutes nos origines. Ce soir-là, ces langues diverses se répercutaient sur le toit du Grand Rex dont les étoiles scintillantes évoquaient irrésistiblement notre drapeau européen…

Avant de découvrir, en fin de concert, que ceux qui nous ont fait vibrer sont presque tous Américains !!!… Une délicieuse captation de notre héritage par des money-makers talentueux.

Enchanteuse Déjantée

Christelle Chollet a un positionnement assez rare : elle est humoriste, mais aussi chansonnière. Avec une belle voix, ce qui ne gâche rien… J’avais bien aimé son précédent spectacle ( expérience déjà racontée sur ce blog ), et la perspective de passer un moment de douce folie m’a fait prendre un nouveau ticket dans le théâtre de poche de la Tour Eiffel…

Cette fille a un vrai talent pour mettre le public dans sa poche. Elle crée une complicité instantanée, avec une gouaille de « titette » parisienne qu’elle n’est d’ailleurs pas. Surtout elle est totalement débridée, bien campée sur ses talons hauts, dans une tenue de scène où la femme de près de cinquante ans en montre vingt de moins. Cette volonté d’en mettre plein la vue, s’adresse aussi au public féminin, puisqu’elle est habilement secondée par deux beaux musiciens en tenue de « peaky blinders », autrement dit, costumes trois pièces, cravates et casquettes cockneys.

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Lettre ouverte au patron de Stellantis

J’ai lu avec intérêt vos analyses selon lesquelles l’Europe avait ouvert en grand ses portes aux automobiles chinoises et que ses normes environnementales sans nuances risquaient d’avoir des effets dramatiques sur l’emploi en Europe, et en France en particulier.

Avec tout le respect que je dois au redresseur des marques Peugeot et Citroën, je tiens quand même à vous exprimer mon étonnement et mon incompréhension vis-à-vis de votre propre politique au regard de la production en France.

En tant que consommateur, soutien inconditionnel du « made in France », je suis très en colère contre vos choix industriels.

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France, très vieux pays…

Musarder sur les routes de France, c’est à coup sûr découvrir des pans entiers de notre Histoire. Les remparts de la vieille cité de Provins qui datent du XIIIème siècle, en sont une jolie illustration. Ces remparts sont joliment conservés dans la partie Ouest de la ville ; ils continuent à ceindre la petite cité médiévale offrant une protection contre d’improbables invasions de brigands, de hors-la-loi ou de pillards. Ce qui est unique, est l’absence de toutes constructions au delà des remparts. Le regard se porte loin sur des champs cultivés, donnant au défenseur de la ville sur son promontoire une position toujours stratégique. Provins est resté dans son jus…

Mais il est possible de remonter davantage dans le temps. Nous l’avons fait, au hasard d’une messe dominicale de Pentecôte dans l’église de Saint Ayoul, en plein centre de la vieille ville. Cette église qui date du XIème siècle fut bâtie sur la sépulture d’un Saint, retrouvée en 996. Un homme d’église pieux qui était mort 322 ans plus tôt sur les Iles de Lerins au large de Cannes. Comment ses restes sont-ils parvenus à Provins près de trois siècles plus tard ? Cela reste un mystère…. Voilà quand même une histoire étonnante de célébration à double détente, une église vieille de 900 ans, pour célébrer un Saint mort en 675. Qui dira que la France n’est pas un vieux pays bien enraciné dans son Histoire ?

Mais le plus étonnant…

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Quand la grande muette parle

L’affaire de la lettre des militaires dans Valeur Actuelle fait grand bruit. Une première lettre d’Officiers d’active et de militaires en retraite a provoqué des sanctions auprès des signataires. Et le magazine diffuse à nouveau un second appel, anonyme cette fois-ci, de militaires du rang pour que la France se ressaisisse.

De quoi s’agit-il ? Des militaires ne reconnaissent plus leur pays pour lequel ils se sont engagés, et pour lequel ils sont prêts à mourir, comme c’est hélas trop souvent le cas au Mali. Ils ont mal à la France, cette France qu’ils ont porté tout en haut de leur échelle de valeurs. Ils reprochent aux politiques de ne pas défendre nos valeurs, notre histoire, notre modèle de société… La France ne se ferait plus respecter, elle serait en permanence dans la repentance, elle se ferait bafouer, elle connaîtrait un grave délitement…

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Sexisme dans le sport

Canal + refait l’actualité avec un reportage coup-de-poing sur le sexisme dans le sport avec un titre provocateur : « Je ne suis pas une salope, je suis journaliste ». Un documentaire qui vaut le déplacement et mérite d’être vu en replay par tous les abonnés Canal. Le milieu du journalisme sportif en prend plein les gencives…

Je ne suis pas grand amateur de sports, et avoue être passé à côté de la vague médiatique soulevée par une journaliste de France Télévision, Clementine Sarlat. Cette femme, après être partie en province et avoir changé de vie, a jeté un pavé dans la mare en dénonçant les harcèlements sexuels et professionnels que subissent les journalistes femmes du monde du sport. Son témoignage avait marqué les esprits. Quelque temps après, sa collègue de Canal+ Marie Portolano ose reprendre le flambeau avec ce reportage-brûlot qui décortique la chose, images et preuves à l’appui. C’est saisissant !…

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Tombés dans l’oubli…

Contrairement aux nombreux chanteurs mis en selle par la Môme Piaf ( Yves Montand, Georges Moustaki, Charles Aznavour, etc… ), les Compagnons de la Chanson ne passent plus sur les ondes radio. Ce groupe de 9 voix harmonieuses parfaitement raccord a pourtant eu une carrière exceptionnelle de près de 40 ans. Ils ont rempli des salles de spectacle pendant des mois consécutifs. Un vrai succès national, bien lancé par la petite Edith Piaf qui ne sentait jamais aussi bien qu’entourée de ces neuf beaux messieurs…

Pourquoi sont-ils donc à ce point tombés dans l’oubli ? C’est un mystère… Les groupes choraux de l’époque ne sont plus en cour. C’est vrai aussi des Frères Jacques, des pros de la chanson à texte qui doublaient leurs chansons de gestuelles et mimiques sur scène comme des clowns de cirque. Des chanteurs passés de mode, dont les extravagances paraissent un peu surannées.

Mais les Compagnons étaient plus sobres.

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Kafka chez Fnac-Darty

Petite mésaventure d’un acheteur digital… 

Supposons que vous êtes un consommateur responsable qui ne veut pas passer par la pieuvre Amazon pour faire vos achats. Vous préférez opter pour un champion national qui paye ses impôts en France. Vous vous rengorgez de cet acte citoyen. Les GAFA ne passeront pas par vous… 

Vous achetez donc sur Fnac.com un bel aspirateur Dyson qui fait de l’oeil à toute la famille pour ses qualités remarquables. Tiens, tiens, la Fnac pratique des bons prix… Vous êtes heureux. Vous vous êtes adressé à l’enseigne qui cumule « le contrat de confiance » et la proximité d’un ex-groupement coopératif.

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Tir à vue contre Facebook & Consorts

Quand le journaliste demande à Tim Kendall, ancien responsable de la monétisation de Facebook et ex-directeur de Pinterest, ce qui l’inquiète le plus dans le développement exponentiel des réseaux sociaux, il soupire et réfléchit un bref instant avant de répondre. « A très court terme ? La guerre civile. »

Une réponse brutale qui prend un relief particulier, alors que Républicains et Démocrates sont aux Etats Unis à deux doigts de s’étriper, et que chez nous, les exactions d’Islamistes créent des tensions communautaires grandissantes. Comment deux pays aux racines démocratiques profondes ont-ils pu en arriver là ? La faute aux réseaux sociaux, nous dit ce reportage de Netflix, qui mérite à lui seul de s’abonner à la chaîne US ( ou faire comme moi, obtenir quelques heures les liens de connexions d’un abonné ). Sincèrement, cela vaut le déplacement… Jamais je n’avais vu des Américains issus du monde digital tirer, à ce point, à boulets rouges sur le monde qu’ils ont contribué à créer.

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L’Histoire qui fait pleurer…

Il y a bien longtemps que je n’avais autant vibré à une série télévisée ! J’ai même été ému aux larmes à certaine scènes intimistes qui transcendent la personnalité du grand Homme.

France 2 porte, en effet, très haut les couleurs du service public avec la fiction sur de Gaulle passée hier au soir ( « de Gaulle, l’éclat et le secret » ). Des images d’une grande puissance émotionnelle… J’en tremble encore… François Velle, le réalisateur, a su si bien saisir la texture du personnage, le personnage public que l’on connaît, mais aussi l’homme privé, tellement discret que la découverte n’en est que plus sublime.

Le réalisateur, flanqué de deux scénaristes qu’il faut remercier, a extrait de la vie foisonnante du Général quelques moments intenses. Il se concentre sur l’essentiel pour montrer l’homme de coeur dans ses rapports avec sa fille handicapée, le patriote dans ses rapports parfois houleux avec Churchill, le juste qui sous-pèse l’action des collabos lors de l’épuration, le démocrate qui refuse de rétablir une République qui n’avait, à ses yeux, jamais continué d’exister, l’homme de principe qui se retire du pouvoir après la guerre pour s’exclure des petits jeux politiciens, l’homme seul qui se tient à l’écart, en espérant trouver son heure dans un avenir incertain… Et puis, aussi celui qui montre indulgence et tendresse pour les femmes, toutes les femmes, porteuses de l’humanité et des futures lignées.

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