The « Fabelmans » : Ce film a un titre peu évocateur qui aurait mérité d’être explicité. « Anatomie d’une passion » me vient à l’esprit, tant il est vrai que ce film autobiographique du jeune Spielberg explique comment est né au cinéma l’un des plus grands réalisateurs de notre époque, aujourd’hui au soir de sa vie.
Une plongée dans les années 50 où le cinéma occupait tout l’espace des loisirs de la jeunesse, à côté du sport et de la conquête amoureuse. Un cinéma qui imprégnait la rétine du spectateur par la qualité de la mise en scène au point qu’un film comme « L’homme qui tua Liberty Valance » avait durablement marqué son époque. Spielberg fait allusion à ce film par deux fois, et avec un tel niveau de référence, je comprends la quête du jeune Spielberg à trouver le bon angle. Et sa jubilation à rencontrer en personne le vieux John Ford.
Le cinéma est toujours la plus belle évasion quand il provoque chez le spectateur une jubilation intérieure qui cause un sourire béat, une tendresse pour les personnages, une admiration sans bornes pour les interprètes, et une envie d’aller au-delà du générique de fin.
François Ozon ne m’a pas toujours fait vibrer avec notamment un « 8 femmes » un peu surcoté, alors que « Frantz », « Grâce à Dieu » et « Jeune et Jolie » étaient beaucoup plus excitants. Mais avec « Mon Crime », il réalise son film le plus charmeur, le plus enjoué, le plus savoureux dans sa façon subtile d’évoquer la condition féminine des années 30, alors que notre époque se déchire dans des débats abscons autour de la question.
Avec un titre basique, des paysages de montagnes et le pitch d’un homme d’affaires survolté atterrissant dans un pays de bout du monde, l’histoire semble écrite dès le départ. Encore une nouvelle ode à la vie d’ermite des montagnes et un rejet implicite des valeurs de notre société. Surprise, il y a un peu de cela, mais ce n’est pas la trame principale du récit. Le scénario s’engage dans une voie inattendue, presque contraire où il s’agit de ne pas gâter des talents au dépens du collectif, ce collectif qu’il est de bon ton, de nos jours, d’oublier en faveur du repli sur soi. Mais n’en disons pas plus, ce serait gâcher une histoire qui se laisse voir avec un réel plaisir.
Un nouvel Avatar, cela ne se refuse pas… Après le feu d’artifice visuel du premier opus, on se laisse embarquer sans trop de résistance dans cette suite, toujours orchestrée par Maître Cameron. Allons-nous connaître une franchise comparable à Star Wars ?
En tout cas, l’univers est bien campé, avec des personnages qui suscitent l’empathie et une frénésie d’images qui nous font frétiller comme des gardons. Cela scintille de tous cotés, et une fois de plus, le spectateur en prend plein les mirettes. Sauf quand les lunettes de la 3D rendent parfois troubles les sous-titres. Qu’on le sache, ce film est d’abord accessible aux « fluent » de la langue anglaise. Il est vrai que les dialogues pétris de bons sentiments « à l’américaine » sont faciles à saisir. Ce ne sont pas là des dialogues à la Woody Allen; le film est une ode un peu simpliste à la défense de la planète et de ses espèces en danger ( références explicites aux baleines chassées par des méchants exterminateurs qui n’ont – c’est à noter – pas les yeux bridés ).
Je suis un libéral, défenseur des idées que vous portez, et avant vous Monsieur Fillon.
J’ai récemment adhéré au Parti Républicain pour participer aux dernières élections et peser dans le scrutin. Mon candidat n’a hélas pas gagné, mais en bon démocrate, je suis sans états d’âme le président que le parti s’est donné. Vous avez donc mon plein soutien.
Dans le débat sur les retraites, je ne comprends pas les hésitations et les prudences de chaisières du LR. C’était une mesure qui figurait en top de liste du programme de M. Fillon, et après lui de Mme Pecresse. Toute autre attitude qu’un vote positif relèverait du déjugement et du calcul politique minable.
Pierre Lemaître est l’Alexandre Dumas de notre époque. Découvrir un de ses nouveaux romans est à coup sûr se donner un plaisir de littérature. Il a un savoir-faire sans pareil pour brosser un décor et dépeindre des personnages complexes, avec toutes leurs subtilités. Ces personnages qui vivent devant nous sont plus réels que nature. Pas étonnant que les réalisateurs se battent pour en faire des films. Il y a un souffle épique dans ces récits.
L’intérêt principal à mes yeux est le contexte historique, toujours bien rendu. Ici la fin de la guerre, marquée notamment par le conflit colonial en Indochine. Un contexte peu souvent utilisé en littérature ( j’ai quand même en mémoire « un Américain bien tranquille » de Graham Green ). Ces dernières années de présence française sont passionnantes, par leur côté crépusculaire. L’insouciance et le fatalisme des colons, la pression montante des viets et les tentatives de recours à des sectes « indépendantes », tout cela constitue une toile de fond très colorée pour des aventures humaines.
Je suis passé plusieurs fois devant ce roman affiché parmi les meilleures ventes de la Fnac. Mais un rien m’interdisait de l’acheter, ce côté sulfureux, cette liberté de ton, ce caractère graveleux qui, à mes yeux, apparente ce genre de littérature à des livres à lire d’une seule main, à côté de la boite de Kleenex. Heureusement mon Kobo a levé mes dernières préventions, en m’autorisant un achat purement digital. Je ne l’ai pas regretté…
Emma Becker est une jeune femme affranchie des siècles d’assujettissement des femmes aux règles des bonnes moeurs et de la décence. A la douce dictature aussi de la retenue qui met beaucoup des désirs féminins sous un étouffoir. Cette femme a choisi de passer librement quelques mois dans un bordel, dans cette ville de Berlin qu’elle habite depuis quelques années ( expérience racontée dans un autre livre « la Maison », lecture too much pour moi ). Dans « l’inconduite », elle raconte sa vie d’après, de femme et de mère, vivant en couple, mais libertine et débridée autour des choses du sexe.
Ce film aurait pu être un film pour midinettes de quinze ans, abonnées transies à « Cheval Magazine » et attendant leur prochaine séance d’équitation avec impatience. Dieu merci, il n’est pas que cela. Il parle aux non-initiés du monde du cheval avec chaleur et simplicité, en les faisant entrer dans les cercles du monde hippique sans l’exaltation démonstrative, commune à cette communauté. Une réussite de ce point de vue.
Bien sûr, le début est très caricatural, avec cette séance de mise-bas collective, canasson et humains dans la même stalle. On se demande quel homme accepterait que sa femme accouche accroupie dans une écurie, au milieu de la paille et du purin. De plus, compte tenu du cycle de vie différent entre humains et chevaux, la recherche d’une complicité née de cette naissance conjointe entre la jeune héroïne et son cheval ne mène pas à grand chose: c’est sur un autre cheval que la jeune cavalière va finalement se révéler…
Nicolas Bedos nous avertit en préambule de son film : la Côte d’Azur est une région triste… Le soleil attire les oisifs comme un aimant, en particulier les très riches, et avec eux une nuée de piques-assiettes qui essayent d’avoir une part du rêve éveillé que constitue leur étalage de richesses.
Avec un tel postulat, le spectateur sait ce qui l’attend : une débauche de cynisme, de combines, de personnages manipulateurs, et d’être faux, tous en adoration pour le veau d’or. Ce parti-pris peut gêner, mais une fois accepté, force est de reconnaître que le réalisateur nous rend une copie solide. Les personnages y sont plus vrais que nature, le gigolo Niney affreux comptable de ses sentiments, la provocante Marine Vacth retorse à souhait, la belle Laura Morante en quête de revanche…
« Reste un peu » est un film très audacieux. Parler de religion n’est, en effet, pas naturel au pays de la laïcité, qui plus est quand on prend le parti de la « religion opprimante », le christianisme, celle qu’on voudrait cachée et dont beaucoup de membres ne s’assument pas.
Gad Elmaleh fait preuve d’une grande sincérité dans son propos en parlant de « grâce » de « rencontre » de « cheminement », très loin du prosélytisme, en montrant simplement que la foi n’est pas un enfermement mental, mais une ouverture sur soi, sur la spiritualité, sur les autres aussi… Gad exprime simplement ses questionnements, sans rejeter les siens, et le choix d’associer ses parents au film est, de ce point de vue, un choix fort. La confrontation de deux univers qui se méconnaissent et cohabitent sans relations offre un cadre de réflexion stimulant, l’humour de Gad en sus. On sourit et on rit souvent.
Les ouvrages de la collection des dictionnaires amoureux ne se valent pas tous. L’exercice est, il est vrai, une gageure. Un dictionnaire, par essence, prétend à l’exhaustivité et à l’universalité. Alors qu’une déclaration d’amour est éminemment personnelle et subjective. Difficile dans ces conditions de trouver le juste tempo qui satisfera d’autres amoureux. Mais dans le cas du Japon, j’ai plongé avec enthousiasme. Ma passion du pays est telle que j’étais sûr d’y trouver le plus petit commun dénominateur des aficionados du pays du Soleil Levant. Bingo !!!… En l’espèce, « le dictionnaire amoureux du Japon » est une encyclopédie, forte de 1266 pages, qui rend compte amoureusement de toute la densité d’un pays.
L’auteur Richard Collasse est un ancien dirigeant de Chanel au Japon. Il parle couramment japonais, a épousé une japonaise et grenouille au Japon depuis plus de cinquante ans. C’était assurément le mieux qualifié pour raconter un pays, d’autant qu’il le connaît bien. Sa passion pour son pays d’accueil va loin. Il connaît sa culture, son histoire, mais aussi ses coutumes et traditions, et peut raconter mille anecdotes de son parcours personnel. D’une certaine façon, il est entré dans l’âme du pays.
Les romans de Pierre Lemaitre sont une telle perfection romanesque qu’il n’était pas pensable que le cinéma ne se penchât pas à nouveau sur cette belle histoire de Monte-Cristo au féminin. La revanche est un si beau moteur des passions humaines. Déjà « Au revoir, là-haut » avait marqué les esprits avec cette flamboyante gueule-cassée de retour du front qui se venge de tous les planqués de l’arrière qui l’ont envoyé au casse-pipe. Il y avait là matière à un beau scénario, avec l’aide de l’auteur, très impliqué.
Clovis Cornillac, l’acteur, s’applique donc à mettre en images ce fabuleux récit de spoliation d’héritage dans les années 30, au détriment d’une faible femme trop confiante. Il le fait avec beaucoup d’intensité, et le renfort de bons acteurs, tous excellents dans leurs rôles, notamment Olivier Gourmet, en beau-frère couard et Jeremy Lopez en journaliste véreux. L’image est belle, les lieux majestueux à souhait, la reconstitution historique minutieuse, à part quelques détails mineurs comme ces plots anti-voitures devant l’Assemblée Nationale. Le spectateur se laisse happer par un récit fluide, à l’ancienne, où l’objectif est de rester fidèle à la trame du roman. Ça marche !…
Christelle Chollet a un positionnement assez rare : elle est humoriste, mais aussi chansonnière. Avec une belle voix, ce qui ne gâche rien… J’avais bien aimé son précédent spectacle ( expérience déjà racontée sur ce blog ), et la perspective de passer un moment de douce folie m’a fait prendre un nouveau ticket dans le théâtre de poche de la Tour Eiffel…
Cette fille a un vrai talent pour mettre le public dans sa poche. Elle crée une complicité instantanée, avec une gouaille de « titette » parisienne qu’elle n’est d’ailleurs pas. Surtout elle est totalement débridée, bien campée sur ses talons hauts, dans une tenue de scène où la femme de près de cinquante ans en montre vingt de moins. Cette volonté d’en mettre plein la vue, s’adresse aussi au public féminin, puisqu’elle est habilement secondée par deux beaux musiciens en tenue de « peaky blinders », autrement dit, costumes trois pièces, cravates et casquettes cockneys.
Il y a sept ans, nous passions nos journées devant les écrans pour essayer de comprendre, et de capter des images de ce qui se tramait. Pris dans le feu d’une action qui les dépassait, les journalistes nous délivraient des images pauvres, statiques, répétitives… Et pourtant, nous restions scotchés à nos écrans dans une grande catharsis collective pour tenter d’exorciser le mal. Cela faisait du bien de nous sentir ensemble, de sentir, au delà de nos différences, tout ce qui nous rapprochait. Nous savions que notre communauté était touchée au coeur et que tous ceux qui étaient au service de notre défense étaient totalement mobilisés. Mais qu’aurions-nous donné alors pour être dans le secret de leurs engagements !..
Ce film « Novembre » vise à répondre à nos questions. Nous lever le voile sur l’enquête, ces quelques jours intenses où le pays, pris en otage, bandait tous ses muscles pour sortir de l’étau. Reconnaissons-le, il le fait bien.
J’ai lu avec intérêt vos analyses selon lesquelles l’Europe avait ouvert en grand ses portes aux automobiles chinoises et que ses normes environnementales sans nuances risquaient d’avoir des effets dramatiques sur l’emploi en Europe, et en France en particulier.
Avec tout le respect que je dois au redresseur des marques Peugeot et Citroën, je tiens quand même à vous exprimer mon étonnement et mon incompréhension vis-à-vis de votre propre politique au regard de la production en France.
En tant que consommateur, soutien inconditionnel du « made in France », je suis très en colère contre vos choix industriels.
Je suis fan d’Emmanuel Mouret. Ses précédents films Mademoiselle de Joncquieres et Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait m’ont convaincu qu’il était un expert du chassé-croisé amoureux. Je me suis donc laissé embarquer dans sa Chronique avec béatitude.
Cela tombe bien, le film commence sur les chapeaux de roues avec deux inconnus qui se déclarent leur flamme. Sauf que c’est la chronique d’un adultère entre une femme entreprenante qui n’a pas froid aux yeux ( merveilleuse Sandrine Kiberlain ) et un homme marié, pataud, maladroit, peu sûr de lui qui se laisse emporter presque à contre-coeur dans l’aventure ( Vincent Macaigne, si peu sexy, mais parfait dans le rôle ). Ces deux-là ont décidé de laisser parler leurs épidermes, indépendamment des sentiments et des conventions sociales. Une exultation des corps qui cherche à s’affranchir des émotions du coeur.
Film léger comme un voile de filigrane. Il s’imprègne heureusement dans votre conscient le temps de la projection pour être aussitôt oublié à la sortie. L’objectif est louable, sortir de l’anonymat un président de la république, Paul Deschanel, qui est rentré dans l’histoire uniquement pour une mésaventure rocambolesque, la chute d’un train. Un homme peut-il se résumer à si peu de choses ?
Certainement pas… Les pages Wikipedia sur Paul Deschanel sont d’ailleurs passablement longues. Il valait sans doute beaucoup mieux que ce que la postérité a retenu de lui. C’était assurément un homme de consensus, député moultes fois plébiscité dans sa région l’Eure et Loir, un politicien modéré dans une époque qui ne l’était pas, un homme aux grandes ambitions dans le domaine des idées, tout cela force déjà le respect. Cet inconnu qui réussit à battre à la régulière le candidat naturel à la présidence, auréolé de la victoire qu’était Georges Clémenceau, mérite assurément l’attention.