Une vie ?… Vraiment ?

Quel manque de culture que de nommer ce film « une vie », avec le risque de confusion avec le chef d’oeuvre de Maupassant! Nos diffuseurs n’ont décidément plus d’originalité. Soit ils conservent le titre anglais abscon, soit ils traduisent bêtement, sans égards pour la culture locale. L’époque où « The deer hunter » devenait en français le mythique « Voyage au bout de l’enfer » est hélas bien révolue !… En plus, ce titre simpliste ne rend pas justice à un beau film qui célèbre un « Juste » dans l’histoire, Nicholas Winton, un peu tombé dans les oubliettes de nos mémoires.

Voilà, en tout cas, une injustice réparée, mais à l’image du titre un peu fade, cet hommage n’est guère appuyé. Le film est léger, tout en humilité, peut-être pour être conforme à la personnalité du héros. Cet homme ordinaire qui, dans une période troublée, s’est senti obligé de monter en première ligne pour sauver de jeunes vies. Des jeunes Juifs tchèques menacés par la grande machine à broyer nazie. Il n’en tirera aucune gloire, sinon la bonne conscience de l’honnête homme. Et si son histoire n’avait pas touché Robert Maxwell, magnat britannique de la presse, d’origine tchèque, peut-être n’aurait-il pas été honoré de son vivant.

La scène est touchante. Tout le film repose sur cette émission de télévision qui a dû être un sommet d’émotion avec tous ces survivants célébrant leur sauveteur. Anthony Hopkins est parfait. Il n’a pas besoin de forcer son talent pour jouer ce vieil homme maniaque qui a du mal à replonger dans ce fait de gloire de ses années de pré-guerre.

Il manque quand même au film un peu de souffle. La copie est trop parfaite, sans originalité et sans vitalité profonde. Qu’importe !… Ce film a le mérite d’exister. Il rappelle que l’émigration humanitaire est une grâce. De ce point de vue, le film est militant. Mais résumer la vie de cet homme à son action pendant quelques mois, me semble réducteur. Encore une fois, le titre est mal choisi….