Quelle belle idée de rassembler Ryan Gosling, le ténébreux combattant de « Drive » et Russel Crowe, le valeureux général romain de « Gladiator » ! Deux gladiateurs des temps modernes réunis dans un film de détectives qui ne se prend pas au sérieux. « Nice Guys » joue le contre-emploi parfait, surtout pour Ryan qui est un détective impayable en alcoolique, trouillard, combinard et bas de plafond. Russel Crowe est plus conforme à sa légende, même s’il prend plus de coups qu’il n’en donne. Ces deux loosers vont s’associer sur une enquête très louche, autour de la mort violente d’une actrice de porno. A vrai dire, l’histoire est un peu secondaire et s’efface derrière le numéro de duelliste de ces deux grands acteurs dans un Los Angeles des années 70 parfaitement reconstitué. Certaines scènes sont hilarantes et on vibre aussi devant l’exubérance des années disco, en particulier dans une scène vraiment jouissive dans une boite de nuit. En prime, nous avons Continuer la lecture de « The Nice Guys » : deux idiots attachants
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Ma conception du bonheur…
« La journée avait été belle, de ces temps d’automne ensoleillés où l’air chargé d’ions vous insuffle une énergie stupéfiante. On goûtait à pleins poumons cette dernière resucée de l’été, si agréable pour l’épiderme. Le soleil jouait avec les ombres pour créer de délicieuses sensations de chaud-froid. Mais on sentait bien que c’était un combat d’arrière-garde. A chaque caresse du soleil répondait une brise dans laquelle perçaient les premières morsures du froid. Les éclaireurs de l’hiver étaient déjà là; ils marquaient en filigrane tout un paysage d’arbres et de feuilles flamboyantes d’où émergeaient des sommets saupoudrés de neige. A cette bataille entre la chaleur et le froid répondait là-haut un dialogue subtil entre les couleurs éclatantes d’automne et le grand blanc immaculé. Le corps des hommes, soumis à ces sollicitations contraires, n’avaient d’autres choix qu’exulter d’un bonheur brut, comme seule la montagne sait vous en dispenser. »
Extrait de « L’Or du Paradis », mon second roman ( Editions AO )
« Le ciel s’est subitement découvert avec une éclaircie lumineuse, comme seule la Bretagne sait vous en faire l’offrande. Je sors de la voiture pour humer un peu plus une forte odeur de terre, de pluie et de feuilles mouillées. L’odeur d’un automne brut et austère. L’automne d’une terre bretonne lessivée qui exhale des vapeurs de cette minéralité rugueuse propre au pays celte. Après le grain, la lumière des cieux a repris ses droits sur les ténèbres. De fines particules de matière s’éparpillent sous la clarté d’un rayon de soleil perçant à travers une masse de nuages teigneuse. L’air chargé d’une lourde humidité est tellement dense qu’il en est palpable. Il remplit pleinement les poumons, les rafraîchissant d’une caresse voluptueuse qui vous fait sentir en vie, comme rarement. »
Extrait du « Collectionneur Amoureux », mon premier roman ( Editions Baudelaire )
Un autre Bernard amoureux des mots
C’est un magicien des mots, un homme médiatique qui s’est mis au service de notre langue de la plus belle des façons. Bernard Pivot est mon maître… Malgré ses 81 ans, il garde toute sa verve. C’est un excellent conteur et un esthète de l’orthographe. Il faut l’entendre parler de l’Académie Française pour déplorer que des mots ne soient pas introduits dans le dictionnaire, comme le savoureux mot africain « girafer » qui veut dire « copier sur son voisin ».
Et la réforme de l’orthographe ? Quelle ineptie… Vous imaginez le mot « coït » perdre son tréma pourtant si imagé ? Ou le féroce rhinocéros sans le « h » qui lui donne toute sa force ? Ou encore le mot femme devenir « fame », ce qui privera tous les petits garçons de cet avertissement sans frais comme quoi avec les femmes, les choses sont loin d’être simples ?
Non assurément, la voie de la paresse n’est pas la voie royale, Continuer la lecture de Un autre Bernard amoureux des mots
brimborion
Il est pénible pour un mot de se voir toujours supplanté par un autre. Et ainsi de tomber dans l’oubli… Quand vous pensez à un objet de peu de valeur, vous dites le plus souvent « babiole ». Pourtant « brimborion » correspond aussi à la définition. Il est plus poétique et fait irrémédiablement penser à ces objets que vous laissez dans le vide-poche de l’entrée. Ce sont des brimborions, certes, mais de valeur, puisque vous les conservez précieusement…
Fête du Livre de Talloires : un rendez-vous réjouissant…
La fête du Livre de Talloires est toujours un événement festif pour les amateurs de livres. C’était ce week-end la 6ème édition avec un plateau prestigieux : Didier van Cauwelaert, Anne Goscinny, Yann Queffelec, Jean-Michel Ribes, Marie Nimier, Camille de Peretti, Bernard Pivot, Guillaume Musso, Michel Field, Guy Bedos, Alexandre Lacroix, Antoine de Meaux, etc… Ils étaient 25 auteurs, jeunes débutants ou vieux routiers des cafés littéraires, à avoir fait le déplacement. Il faut dire que les auteurs sont choyés pendant deux jours et la dédicace de leur livre se fait au bord du lac d’Annecy dans un lieu enchanteur. Comment ne pas vouloir joindre le plaisir à l’agréable ? Les auteurs sont maintenant nombreux à se passer le mot…
En plus, chaque auteur est sollicité Continuer la lecture de Fête du Livre de Talloires : un rendez-vous réjouissant…
« Les Plantagenêts » : encore mieux que la légende !
C’est un sacré pavé à lire… Mais cela vaut mieux que tous les « Games of Thrones » !
Un historien britannique nous raconte l’histoire de la dynastie Plantagenêt qui fut à la base de la création de l’Angleterre. Et quelle histoire !… Le Moyen Age est une période passionnante, d’une richesse infinie avec des destins à peine croyables. Notamment celui d’Alienor d’Aquitaine, mariée au Roi de France Louis VII, qui après avoir divorcé ( on parlait alors de répudiation ) va épouser, en secondes noces, le Roi d’Angleterre Henri II. Le premier roi Plantagenêt, qui s’appelait ainsi car son père Geoffroy aimait à porter une fleur jaune dans les cheveux, un genêt ( planta genista en latin ). Les deux époux sont réunis pour l’éternité à Fontevraud où l’on peut voir deux gisants magnifiques.
L’histoire est belle et elle se poursuit avec la même intensité pendant les plus de 700 pages du bouquin… On y découvre les croisades, Richard Coeur de Lion et la légende d’Arthur… Un Arthur qui Continuer la lecture de « Les Plantagenêts » : encore mieux que la légende !
Caillette
Le mot est ancien ( 16ème siècle ), mais il est toujours plein de vie. Une caillette qui est quasi toujours une « jeune caillette » est une personne du beau sexe, un peu frivole et insouciante, qui aime à jacasser à longueur de temps, souvent de manière puérile. Son babil creux et superficiel est assurément un peu saoulant. Mais comment ne pas l’aimer la caillette. C’est la futilité personnifiée…
« Money Monster » : une dénonciation habile…
Voilà un film qui va faire un carton en France ! Un film anti-système qui égratigne le monde capitaliste dans sa version la plus financière, c’est assurément un gage de succès dans notre pays fâché avec son économie. Si même les Américains dénoncent le mal, c’est bien que les révoltes de notre vieil esprit révolutionnaire et anarchiste reposent sur des fondements, n’est-il pas ? Il est vrai aussi que ce film provient de Jodie Foster, la plus française des comédiennes d’Hollywood ( elle parle notre langue couramment ). Mais si la charge est brutale, elle est aussi pétrie d’intelligence, ce qui n’est pas forcément le cas d’un documentaire qui rassemble actuellement dans les salles, comme à la messe, tous ceux qui communient contre l’économie de marché. L’histoire est celle d’une prise d’otage sur un plateau de télé d’un de ces « gourous des marchés » qui donnent des conseils boursiers dans un mode désopilant ( imaginez Vincent Lagaffe en costume, parlant d’économie ! ) Tout le film se passe Continuer la lecture de « Money Monster » : une dénonciation habile…
Jeune fille courageuse…
S…, ma filleule,
Je t’ai toujours connue calme. Tu es une jeune fille modèle qui affiche, quasi depuis ta naissance, une maturité étonnante. Point de débordement chez toi, pas de caprice, peu d’éclat de voix. Tu n’aimes rien tant que de t’immerger parmi les adultes, écouter le monde des grands, polir lentement à leur contact une personnalité qui s’est depuis longtemps affranchie de l’enfance. Tu ne dis rien, tu ne revendiques rien. Tu grandis, certes, mais silencieusement. Tu observes tout de tes yeux pétillants, tu assimiles et tu avances avec une sourde détermination. Si l’enfance te paraît une perte de temps, tu n’as pas oublié d’apprendre. Apprendre à l’école n’est qu’une formalité. Mais apprendre sur les cours de tennis, voilà une activité mieux à même de te faire vibrer. Tu tapes dans la petite balle jaune avec énergie, pressée de monter dans les classements. Et battre les garçons aurait plutôt tendance à te faire sourire… Ton avenir est tracé avec un métier de kiné qui a depuis longtemps tes faveurs.
Alors que penser de cet intestin qui se rappelle à toi inopinément ? Continuer la lecture de Jeune fille courageuse…
Bonheur sur les chemins de France…
Rien n’est mieux que la marche à pied pour découvrir une région. Le cheminement tranquille du marcheur est, à mes yeux, le meilleur tempo pour s’imprégner de son environnement. A pied, vous ne laissez rien passer. Le moindre paysage se révèle à vous, en évoluant imperceptiblement au rythme de vos pas. Comme un diamant qui tournerait vers vous chacune de ses facettes pour donner une image d’ensemble pleine et entière. Ainsi les gentianes du bord de chemin participent aussi bien à la plénitude du moment que les superbes vues d’ensemble à partir d’un point haut. La mousse d’un arbre, le lit asséché d’une rivière, les ruines d’une vieille bâtisse en pierre, le chant d’un rossignol, le petit mur qui jalonne le sentier… Tout concourt à donner au marcheur un atout primordial, celui de communier avec cette nature dont nos vies sédentaires nous tiennent si éloignés.
Le Club Alpin Français m’a donné une belle occasion de ressourcement avec cinq jours de randonnée Continuer la lecture de Bonheur sur les chemins de France…
« Remember » : la mémoire de l’holocauste s’effiloche…
Voilà un scénario très fûté !… A l’heure où beaucoup de films ont un air de déjà vu, cette histoire de vengeance entre survivants de l’holocauste prend une saveur particulière. Le bras armé de ces représailles tardives est Zev, un vieillard de 90 ans ( Christopher Plummer, parfait ! ), chancelant et amnésique qui oublie, après chaque sieste, sa mission, Il doit relire les instructions que lui a donné un autre vieillard encore plus grabataire que lui, Max ( formidable Martin Landau ) pour se remettre à l’ouvrage. On se demande si cela ne relève pas du gag…Un tueur fragile comme du cristal qui se pisse dessus, soumis à une forte émotion; il ne comprend pas grand chose de ce qu’on lui raconte ; il réclame régulièrement sa femme, décédée depuis plusieurs mois. Le parfait anti-héros !… Seuls les enfants arrivent à communiquer avec lui, confirmant ce qu’on ressent bien : cet homme qui doit tuer un homme, est aussi faible qu’un enfant. Continuer la lecture de « Remember » : la mémoire de l’holocauste s’effiloche…
L’Huître de Ponge : un délice grammatical
« L’huître, de la grosseur d’un galet moyen, est d’une apparence plus rugueuse, d’une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C’est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l’ouvrir : il faut alors la tenir au creux d’un torchon, se servir d’un couteau ébréché et peu franc, s’y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s’y coupent, s’y cassent les ongles : c’est un travail grossier. Les coups qu’on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d’une sorte de halos.
A l’intérieur l’on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d’en dessus s’affaissent sur les cieux d’en dessous, pour ne plus former qu’une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l’odeur et à la vue, frangé d’une dentelle noirâtre sur les bords.
Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d’où l’on trouve aussitôt à s’orner. » Francis Ponge – « le parti pris des choses »
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Les 25 Bosses de Fontainebleau : mythique !
C’est un grand classique des Randonneurs de l’Ile de France : les fameuses 25 Bosses de Fontainebleau. Un parcours exigeant de près de 17 kms, en cercle, pour gravir, à la suite, 25 rochers qui dominent la vaste forêt de Fontainebleau. Dépaysement assuré !… Vous êtes près de Paris, mais déjà loin, entouré par de la forêt à perte de vue. C’est assez magique… D’autant que le sentier serpente entre les rochers et prend un malin plaisir à adopter toutes les difficultés du terrain. On passe dans des défilés surplombés de vastes roches; on se fait tout petit pour passer dans un interstice rocheux ; on gravit les rochers avec les mains et les genoux ; on tourne et virevolte entre de grosses pierres ; on se met à croupetons pour franchir un passage. Avant de s’arrimer au sommet où Continuer la lecture de Les 25 Bosses de Fontainebleau : mythique !
« Médecin de campagne » : très réaliste…
Riche idée que de parler des médecins de campagne qui tentent de cimenter des campagnes bien mal en point. Ce film, après le formidable « Hippocrate », était attendu. D’autant qu’avec un acteur 5 étoiles comme François Cluzet, on était sûr de tenir le bon bout du grand cinéma. Petite déception… Le film ne vaut pas Hippocrate, mais il ne passe pas, pour autant, à côté de son sujet. C’est une chronique douce-amère de la vie de ces forçats des temps modernes qui font preuve d’un engagement qui force le respect. François Cluzet est, une fois de plus, parfait dans le rôle. Quelques scènes sont touchantes, en particulier dans le rapport avec les patients. On sent que Continuer la lecture de « Médecin de campagne » : très réaliste…
Invalides : Vroom, vroom…
Bugatti Vision Grand Turismo
Attention les yeux !!!… Napoleon doit rager de ne pouvoir ouvrir son tombeau pour voir cela. Les Invalides accueillent pour quelques jours les voitures les plus fabuleuses du moment. Des concept-cars de 2015 et quelques-uns plus anciens de véhicules tous plus emballants les uns que les autres. Continuer la lecture de Invalides : Vroom, vroom…
« Encore Heureux » : a far-fetched humour…
Sujet de concours : « Peut-on rire de tout ? Un produit peut-il placer l’immoralité en tête de gondole ? Vous avez une heure trente »… Benoît Graffin nous rend une copie bien dans l’air du temps avec ce film qui parle de crise, de chômage longue durée et de petites combines pour survivre. Sans le moindre misérabilisme, car le ton reste enjoué et léger, avec une Sandrine Kimberlain lumineuse qui lutte avec courage, et un Edouard Baer lunaire, déraciné, viscéralement optimiste… C’est brutal de réalisme, mais assez plaisant… Cependant le film oblique bientôt vers Continuer la lecture de « Encore Heureux » : a far-fetched humour…
Natalie Portman à contre-emploi…
J’y suis allé pour Natalie Portman. Une fille féminine et fluette qui semble sur le papier une erreur de casting. On la voit, en effet, plus dans les ballerines de Black Swan que dans des bottes avec éperons. Et puis, les westerns se font rares sur les écrans. Ils ont le goût des premières émotions audiovisuelles et de « la ( regrettée ) dernière séance » d’Eddy Mitchell. Mais ce western est loin des John Ford. Il serait plus dans la lignée des Sergio Leone et des Clint Eastwood, avec un Ouest authentique, violent, crade et brutal. Il n’y a pas de poésie Continuer la lecture de Natalie Portman à contre-emploi…