« Frantz » : doux comme la soie…

Quel joli film !… « Frantz » est tout à la fois la douceur, la paix et la sensibilité rassemblées dans un film. Un film intimiste au plus près de son époque qui raconte une très belle histoire de réconciliation entre Français et Allemands, encore sous le choc de la grande boucherie de 14-18. Adrien ( Pierre Niney plus vrai que nature en homme des années 20 ) vient, en effet, en Allemagne se recueillir sur la tombe d’un ami allemand. Il va y trouver Anna ( Paula Béer, étonnante de naturel ) sa fiancée éplorée, et des parents qui n’arrivent pas à se résoudre à la disparition de leur fils. Mais Adrien cache quelque chose, et l’attirance qu’éprouve Anna pour le Français va rendre les choses encore plus difficiles.

François Ozon réalise un petit chef d’oeuvre avec ce film, d’une image épurée, dans un noir et blanc limpide. La reconstitution des immédiates années d’après-guerre est superbe, tant dans la photo que dans les mentalités. Les acteurs sont épatants, avec notamment ce couple de vieux parents allemands qui semblent directement sortis de la naphtaline des années 1900. C’est aussi cette jeune actrice allemande au français très pur qui capte la lumière et retransmet les émotions du coeur quasi à livre ouvert. Le film dégage une bienveillance incroyable et le baiser final sur le quai de la gare est sans doute un des plus beaux baisers du cinéma.

On sort de la salle pacifiste et heureux, avec une folle envie de parler allemand. C’était pour ainsi dire écrit, puisque le film est librement adapté d’une oeuvre d’Ernst Lubitsch, le réalisateur par excellence du bonheur et de la joie de vivre. Mais Ozon a totalement réussi son coup. Avec la morale délicieuse que quelques petits mensonges font du bien, parfois… A voir, de toute urgence, pour remercier un de nos brillants réalisateurs pour l’audace d’un film d’époque !