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Une degustation pleine de charme

Isabelle Carré au firmament… Cette actrice talentueuse a déjà une riche filmographie. Quelques jolis rôles notamment « Se souvenir des belles choses » ou le récent « Délicieux », mais jamais elle ne m’avait autant frappé que dans « La dégustation ». Voilà assurément un rôle peu glamour, celle d’Hortense, une catho solitaire, sous la coupe de sa mère, et vivant de plus en plus mal son célibat. Elle désespère d’avoir un enfant et s’apprête à partir en Espagne pour se faire inséminer sous aide médicale. Sauf qu’elle rencontre dans son magasin de vente de vins, Jacques, un garçon bourru ( Bernard Campan ) qui lui donne un dernier espoir de rencontre. Elle s’accroche comme à une bouée à cet alcoolique qui se laisse lentement apprivoiser par la farouche volonté de cette fille intrépide. Isabelle Carré est absolument touchante dans le rôle. Son visage expressif laisse transparaître les élans du coeur avec une vérité si criante que le film n’est plus film. Nous sommes dans la vie, dans la lutte pour ne plus vivre seule, dans la quête de l’âme soeur, dans la volonté de retrouver les rails d’une vie normée.

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L’AIR était tout en Feu

Après le passionnant « Eté des quatre rois », Camille Pascal s’attaque à un autre sujet historique, la Fronde en 1718 de grands seigneurs contre la régence de Philippe d’Orleans, alors que Louis XV était encore tout jeune. En fait, il s’agit surtout de l’agitation de deux bâtards de Louis XIV, reconnus par le vieux roi vieillissant comme « princes », sous l’influence de leur préceptrice, la dernière favorite, Madame de Maintenon : le duc du Maine ( bossu et boiteux ) et le duc de Toulouse ( le premier ayant épousé une authentique princesse, petite-fille du Grand Condé, la duchesse du Maine ). Des Princes qui se savaient peu légitimes dans un autre règne que celui de leur géniteur, et se sont mis à comploter avec l’Espagne en espérant inverser les ordres de succession, en cas de disparition prématurée du jeune Louis XV.

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ELVIS, un king reiNcarné

Dans la série « Biopic », nous n’avions pas eu encore « The King ». Une anomalie sans doute, tellement l’homme a marqué son époque. Mais qui pouvait donc bien prendre le rôle ? Un homme beau, au magnétisme animal, qui puisse communiquer la puissance sexuelle et vocale du plus gros vendeur de disques de tous les temps. Autant dire qu’un tel homme ne court pas les rues !…

Le choix d’Austin Butler a été audacieux et payant. Il faut dire que le jeune acteur a bossé dur pour rentrer dans la peau de son personnage. Au point qu’il a dû, après le tournage, se faire accompagner psychiquement parlant, tant le rôle l’avait vampirisé. Un tour de force !… C’est lui qui porte tout le film sur ses épaules. Il redonne vie à Elvis, il lui donne un corps et une âme, alors que ce dernier est pour beaucoup de nos contemporains comme une icône sur papier glacée. Et c’est passionnant…

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En corps, fievre de la peau

Je ne sais ce qui m’a fait passer à côté de ce film à sa sortie. Sans doute un titre un peu abscons, jeu de mot parfaitement compréhensible au regard de l’histoire, mais très ingrat pour attirer le chaland. Cela dit, je n’avais pas de vraies excuses car j’aime bien le réalisateur Cedric Klapisch et suis fidèle à ses dernières réalisations que je n’avais pas loupées. L’essentiel est de reconnaître ses torts, et de prendre le train en marche. Avec une note globale de 4,2 sur Allo Ciné, le film allèche le cinéphile récalcitrant. Bonne pioche !…

Le film est superbe.

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Vous reprendrez bien un peu de TOP GUN…

Quand on prend une place de cinéma avec Tom Cruise au générique, on sait que cela ne volera pas très haut ( eh bien si, cette fois ! ) et qu’il y aura de la baston et de l’adrénaline ( Oh oui !!! ). Top Gun, voilà bien du cinéma ricain à l’ancienne comme on l’aime, sans personnage de Marvel, ni super-pouvoirs, ni science-fiction de bazar. Pas besoin de cette débauche-là, nous reprenons un récit de 1986, époque où les personnages de cinéma restaient d’abord des hommes.

Trente cinq ans après, les héros sont fatigués ( Val Kimer à bout de souffle ), le temps a passé, sauf sur les traits de Tom Cruise, aussi « jeune premier » que dans la première édition. Comment fait-il ? Il déambule sa belle gueule d’aviateur fou avec toujours autant de charme et d’entrain. Et peut-être, un peu moins d’arrogance, car l’âge est aux States comme une maladie honteuse. Les jeunes coqs piaffant dans la basse-cour de l’école des pilotes sont sans pitié pour les « vieux machins ». C’est l’école de la testosterone, avec une fille, un black, un hispanique, et même un wasp horripilant d’arrogance. Toute la grande famille US est rassemblée. Ironie mise à part, le scénario est simpliste, mais laisse à l’histoire matière à se construire par des belles images de combat virtuel et de voltige à toute berzinc…

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La petite histoire des perdants

Dès qu’il est sorti, ce livre m’a parlé… Un livre racontant les soldats perdus, ces soldats qui livrent une dernière bataille, alors qu’ils savent qu’elle est perdue d’avance. Combattants pour l’honneur pour défendre jusqu’au bout une cause – juste ou injuste – ces hommes m’impressionnent. Ils trouvent une résonance très forte chez moi, et flattent mes instincts légitimistes. Ne pas se ranger derrière la masse, ne pas être une girouette qui tourne avec le vent, rester fidèle à un engagement, à une idée, à une lutte jusqu’au sacrifice ultime, il y a là un côté sublime. J’aime cette notion de « dernier carré » qui fait référence aux grognards de la Garde impériale.

Dans différents chapitres parfois inégaux, les deux historiens Buisson et Sévillia nous mènent dans plusieurs récits qui s’égrènent dans les siècles et les géographies. Curieusement, les histoires les plus évidentes comme la garde de Cambronne à Waterloo ou la légion étrangère à Camerone sont juste évoquées. Peut-être est-ce trop connu ou trop consensuel… Mais il y a des récits inattendus comme ce chef indien qui a porté la bannière confédérée bien au-delà de la chute de Lee ; ou encore cet autre chef indien qui a continué à défendre la cause de la France au Canada, après le retrait de celle-ci ; ou aussi ces derniers défenseurs du monde chrétien à l’est à Constantinople et Trebizonde.

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TROIS… dans l’Air du temps

« Sur terre, il y a deux endroits pour se planquer : les cimetières et les refuges ». Entendez-là les refuges pour animaux… Cette phrase de « Trois » fait le lien avec le précédent livre de Valérie Perrin « Changer l’eau des fleurs » qui m’avait passionné. « Trois » au titre moins accrocheur, m’a également moins alpagué. Ce livre très long m’a fait penser au Goncourt de Nicolas Mathieu « Leurs enfants après eux »… 

Un même titre fade, un même récit dense, fourmillant de détails de la vie quotidienne, une même narration qui se traîne, une même histoire d’enfants dans une petite ville de province qui se cherchent et s’ennuient. Sauf que Mathieu avait, en plus, un style éblouissant, ce qui n’est pas le cas de Valérie Perrin. Celle-ci ballote son lecteur dans plusieurs époques. Chaque chapitre donne l’indication de la date, ce qui est primordial pour la compréhension, le lecteur devant à chaque fois réajuster son cerveau à l’intrigue. Ces flash-back incessants ne sont pas apaisants; c’est un kaléidoscope d’écriture qui, très lentement, s’emboite pour former une histoire. Valérie n’est pas la compagne de Claude Lelouch pour rien !… 

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Le temps des secrets

Le temps des secrets, tout le monde connaît ce formidable livre de Marcel Pagnol où il a consigné ses premiers émois amoureux avec la sensibilité unique qui était la sienne. Nous sommes tous tombés amoureux d’une Isabelle Cassignol au point d’en perdre le sommeil et la raison. Pagnol avait su si bien décrire la palpitation d’un coeur de douze ans devant une jeune beauté arrogante et sûre d’elle-même.

Christophe Barratier s’est attaqué au roman pour en faire un joli film bien léché, s’inscrivant dans les mêmes lieux que les films d’Yves Robert des années 90 ( la gloire de mon père et le château de ma mère ). On s’inscrit dans les pas de grands succès du box office, avec des acteurs presque mimétiques, comme pour faire une suite. Ce manque d’authenticité se ressent au début, où l’absence d’accent des personnages et leurs costumes flambants neufs donnent une apparence un peu scolaire au récit. Le film se laisse regarder, mais il y manque l’étincelle du génie d’Yves Robert.

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POUR moi ce sera (toujours) elle…

La campagne se termine… A-t-elle vraiment commencé un jour ? Nous entrons dans un nouveau quinquennat sans vrai débat de société. Le président sortant a annoncé qu’il se représentait au dernier moment, limitant le débat à quelques jours. La nécessaire respiration politique s’est limitée à quelques inspirations. Pendant ce temps, la candidate de droite portant un vrai projet alternatif s’est usée à échanger des noms d’oiseaux avec les extrêmes de droite et de gauche, dont le programme conduirait le pays au désastre. Il y a un vrai facteur sclérosant à débattre avec des populistes. On y perd sa foi, son entrain, sa virginité. Cela revient à se positionner sur des faux problèmes, pas sur ce qui importe.

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UN Bon parmi les brutes

Quand un grand bonhomme comme Joseph Kessel abandonne toute ambition littéraire pour s’improviser journaliste et écrire une biographie, il y a sans doute anguille sous roche. L’écrivain dont la propre vie est un vrai roman aurait-il trouvé une vie encore plus trépidante à raconter ? Improbable… Très improbable, mais pourtant vrai. La vie de son héros, Felix Kersten fut une aventure sublime. Pourtant elle est largement méconnue. L’homme n’a pas de nom de rue, il n’est guère honoré, son souvenir s’efface chez les jeunes générations. Même le Congrès juif mondial lui dénie le titre de « Juste parmi les Justes ». Kersten est un oublié de l’Histoire !… Dans sa grande sagesse, l’auteur du « Lion » entreprend de le réhabiliter dans ce merveilleux livre « les mains du miracle ». Un livre à lire pour rendre justice à un homme…

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Pecresse dans le texte

Extraits de l’interview du Figaro Magazine ( 11 Mars 2022 )

« La compétitivité de la France n’a cessé de se dégrader. Avec une dette qui s’est envolée et un déficit de la balance commerciale de 85 milliards d’Euros. C’est un drame français qui montre que nous avons perdu notre souveraineté en matière industrielle »

« Au lieu de réformer, on a eu cinq années de fuite en avant de la dépense publique et de la dette« 

« Une peine minimale d’un an de prison ferme sera instaurée pour tous ceux qui s’en prennent aux figures de l’autorité. Je n’accepte plus que ceux qui défendent la loi et l’ordre soient agressés »

« Ma France n’est pas communautarisée, elle a une identité, une culture et des valeurs républicaines »

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Belfast ou grandir sous tension

Quel joli film… Un film à la hauteur d’un enfant. Un récit décousu et puéril. Regarder des événements historiques par le regard d’un enfant est nécessairement réducteur. C’est de l’histoire en version rase-moquette, incomplète, partielle, subjective et superficielle. Mais cela peut provoquer parfois des étincelles de génie ( j’ai particulièrement en mémoire le mémorable « Tambour » de Volker Schlöndorff ).

Ici, Kenneth Branagh a des ambitions plus modestes. Il ne fait pas mystère qu’il est allé chercher dans ses souvenirs personnels, quand il avait neuf ans. Sa vision de Belfast est réduite à sa rue; les tensions communautaires entre protestants et catholiques sont violentes, mais constituent juste un décor; l’enfant lui ne regarde que la jolie petite blonde de sa classe, et les événements de Belfast qu’il mate de ses deux billes écarquillées, l’inquiètent d’abord car il voit que cela angoisse ses deux parents.

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Batailles pour un gland

L’orage est menaçant, le vent souffle fort, et la peur est générale. Soudain le grondement du ciel se fait entendre, avec un déluge de pluie. C’est la panique. Tous affrontent stoïquement les cataractes de pluie, certains se battent contre la montée des eaux et finissent par se noyer… Une catastrophe comme on en connaît parfois sur terre. Sauf que les victimes sont cette fois des petits animaux habitants d’un grand chêne et que la caméra s’est faite complice de l’infiniment petit.

« Le Chêne » est le récit de la vie sur chêne, une vie très loin des chaînes et de la presse. Mais c’est la Vie au superlatif, celle du substrat de notre planète que nous-autres bipèdes à tête pensante avons tendance à négliger, quand ce n’est pas détruire.

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Recit d’une désindustrialisation en route

Vincent Lindon, en début de film, court sur son tapis de salle de sport. Il fait tout pour rester dans la course. Il court, il court au point de passer à côté de sa vie de famille. Une vie de professionnelle de fou que l’on ne souhaite à personne… « Un autre monde » raconte finalement sa sortie de route, alors même qu’il est un bon petit soldat au service de sa boite, filiale d’une boite américaine sans âme.

Voilà un récit poignant qui est très français dans sa trame, avec la dénonciation du sur-travail et des dérives du capitalisme. Une dénonciation très juste, au demeurant, dans le ton et dans la forme, mais qui rend un peu mal à l’aise au pays des 35 h et des vacances multiples. Ce film ne réconciliera pas, c’est sûr, les Français avec le monde de l’entreprise et de l’industrie. Une industrie qui n’existe quasiment plus chez nous, mais ça est une autre histoire qui mériterait un film à part entière.

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La derniere charge de NAY

Quel plaisir de lire ce deuxième opus des Mémoires de la grande Catherine, après le premier qui m’avait beaucoup excité !… J’y avais retrouvé les combats politiques de ma jeunesse et la violence des joutes de l’époque. Ce second livre est plus contemporain. Il parle de politiques qui nous sont plus proches, Chirac, Jospin, Sarkozy, Seguin, Hollande, Macron… Récit incroyable ! Alors que la politique a tendance à ennuyer les Français, Catherine Nay  nous raconte la chose comme un roman. Des détails invraisemblables, des anecdotes, des passions humaines qui donnent à l’intrigue des ressorts quasi balzaciens, tout s’enchaîne aisément sous la plume très honnête d’une journaliste certes engagée, mais pas militante. Surtout, c’est la femme la mieux informée du monde politique ( une vraie mine d’or ) et on comprend beaucoup de choses au prisme de ses confidences.

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West side story, le Retour

Non-nécessaire, mais admirable. Daté et désuet, mais très moderne dans son propos. Superflu et redondant, mais déjà indispensable… Les pensées ambivalentes s’entrechoquent à la sortie du nouveau West Side Story. C’est a priori une mission impossible de vouloir refaire un chef d’oeuvre. C’est comme suivre l’empreinte de géants, avec nos pieds de nabots contemporains. Sauf quand il y a Steven Spielberg aux manettes… Le magicien d’Hollywood a encore frappé. Son film est époustouflant…

Spielberg a été assez malin pour ne pas faire une version contemporaine de ce récit mythique. Il a préféré le laisser dans son jus, en recollant parfaitement à l’esprit des années 50. Il a ainsi calqué la poésie du modèle, tout en montrant que les combats pour l’identité et l’appartenance, sont toujours diablement d’actualité. Pour le spectateur Européen, c’est un vrai bonheur de relire les sous-titres des chansons de ce ballet de rues. Quelle puissance ! Et au vu des débats qui déchirent actuellement la société américaine, on comprend que Spielberg ait trouvé opportun d’astiquer l’éclat de ce film mythique. Les décors de rue et les couleurs vives des costumes sont un enchantement. Les jeunes comédiens sont épatants et d’une aisance folle devant la caméra. La chorégraphie est enfin envoutante et aérienne. Bref, Spielberg réussit le tour de force de quasi éclipser l’original. Le spectateur repart avec les mélodies des choeurs du film qui résonnent dans les têtes et dans les coeurs. Cela change du bruit force 8 et des boum boum des bandes annonces qui l’ont précédé. Merci Steven…

Les temeraires

Les Téméraires » est un gros pavé historique qui peut effrayer le lecteur de passage. Oui, mais il traite d’une partie de l’Histoire de France méconnue, le Duché de Bourgogne qui s’est heurté à la France pendant près d’un siècle, en prenant un moment le parti de l’Angleterre durant la Guerre de 100 ans. Nous avons tous entendu parler de Charles le Téméraire, adversaire de Louis XI, mais qui sait que la Bourgogne recouvrait alors une large partie de la Belgique et des Pays Bas pour faire un état semblable à ce qui avait prévalu du temps de Charlemagne ? 

C’est un auteur hollandais qui nous raconte cette histoire dans sa langue, traduite en français. Il le fait avec une érudition remarquable, parfois un peu confuse, notamment dans sa première partie qui essaye d’enraciner la Bourgogne dans une histoire très ancienne. Il a tendance aussi à tirer un peu trop la couverture du récit vers le pays batave, mais force est de lui reconnaître qu’il a d’abord entrepris un gros travail de recherche sur ses origines nationales. L’histoire de la Bourgogne n’est pas que française… 

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