Prenez-moi pour une conne…

Rencontré au Salon du Livre de Boulogne, l’auteur a réussi à me convaincre que son livre valait le détour. Déjà son titre provocateur m’avait fait de l’oeil au milieu de tous les livres présents. Le récit d’une bourgeoise dans la force de l’âge, abandonnée pour une plus jeune par son mari volage et qui se venge de manière machiavélique avait un côté particulièrement réjouissant. On aime tous bien les histoires de vengeance depuis Monte-Cristo. 

Mais tout ici est un peu retors, le lecteur prend le parti de la criminelle qui semble une petite souris entre les pattes de matous policiers plutôt coriaces. Cette femme tranquille se laisse convaincre lentement par l’idée d’un crime, alors qu’elle a une réputation de petit oiseau sans cervelle. Pourquoi ne pas profiter de cette image de sotte embéguinée pour commettre un crime parfait contre un ex-conjoint détestable et odieux ? 

Le défi est de taille… Car tout est nouveau. Il faut se préparer lentement à l’exercice et penser à tout. Le récit est un vrai manuel de toutes les ficelles policières pour coincer un coupable. Mais sous le couvert d’une image de femme sans imagination, tout est finalement possible. D’autant que l’idée à la base du meurtre est géniale. Un petit travail de chimiste pour constituer une bombe à retardement qui permet de se constituer un alibi de cristal. Sauf qu’une femme fraîchement et salement divorcée est une coupable naturelle dans un meurtre. La futée Orane de Lavallière saura-t-elle résister à la pression et aux pièges nombreux qu’on lui tend ? 

Pour raconter cette histoire, Guillaume Clicquot réussit brillamment à se mettre dans la peau d’une catho un peu coincée qui brise un plafond de verre. Son style est direct, imagé, avec quelques pensées pleines d’humour de la suspecte face aux policiers qui l’interrogent. L’humour est d’ailleurs à toutes les pages, notamment dans la prise de conscience par cette femme qu’elle a été conne, et que tout son entourage la perçoit comme telle. Ce qui est un bon stimulant pour se révolter, n’est-il pas ? Le récit est chaleureux et le scénario du crime parfait se révèle plein de chausse-trappes. On prend plaisir à la voir se défendre avec une finesse psychologique qui épate.

Bravo à Guillaume Clicquot pour ce livre original.