« Miss Sloane » : une femme en fer armé

Passionnant ! Ce film est passionnant… Avec des moments de forte intensité. De ceux qui vous font aimer le cinéma. Et pourtant, l’histoire est complexe, il faut rentrer dans l’histoire, se plonger dans une réalité politique américaine différente de la nôtre ( privilégier peut-être, à cet égard, la version VF pour une meilleure compréhension ). Le métier de lobbyiste est peu connu chez nous, quoi qu’ils soient très présents, notamment auprès des instances européennes. Mais on comprend vite les enjeux, d’autant que cette femme se bat pour un projet consensuel de limitation des ventes d’armes ( limitation au demeurant réduite aux criminels et aux dérangés psychiatriques : une évidence chez nous, mais pas dans le pays du 2nd amendement, article de la constitution qui autorise le port d’armes ). Voilà le décor posé…

Tout le film repose sur le personnage d’Elisabeth Sloane, la meilleure des lobbyistes qui s’engage dans ce combat, moins par conviction que pour le challenge à relever. Miss Sloane est une tueuse, femme sans affect qui recherche la victoire à tout prix. Un personnage de serpent à sang froid qui cloue le spectateur dans son fauteuil par sa dureté, ses répliques assassines et son esprit retors. C’est l’archétype de la business woman américaine, devenue une machine professionnelle sans âme et sans conscience au service d’un seul but, l’efficacité maximale. On regarde le spectacle un peu abasourdi, avec un étonnement croissant où perce parfois de l’admiration pour cette femme improbable, chevalier en armures des temps modernes. D’autant que le rôle est tenu par une Jessica Chastain impériale, rouquine glaciale qui réussit à donner à son personnage quelques éclairs furtifs d’humanité. Elle est simplement époustouflante !…

Un des meilleurs rôles féminins de ces dernières années, même s’il est aux antipodes de ce qui fait la féminité. A l’image de ces scènes où elle s’adonne à du sexe tarifé dans le seul but hygiénique de la chose… Comme tous les films américains où règne la tension, la fin est surprenante. Difficile d’en dire plus sans spoiler un scénario aussi retors que son personnage principal.

On quitte le cinéma excité, impressionné et aussi un peu scotché par les foires d’empoigne d’une démocratie américaine décidément unique. Et l’on se dit que de tels lobbyistes existent sûrement…. Plaise à Dieu de ne jamais les croiser dans la vie de tous les jours ! Car leur entourage doit passablement déguster. Un truc à danser tous les jours la samba sur une plaque chauffante….