Une fête très déjantée…

« Le sens de la Fête » : grand retour du tandem Toledano-Nakache, auteurs de comédies exceptionnelles ( « Intouchable » ), réussies ( « Nos Jours heureux » ) ou complètement ratées ( « Tellement proches » ). La patte artistique de ces deux auteurs est de jouer les équilibristes sur la crête de scénarios aux situations forcées, source de fous rires, tout en essayant de ne pas tomber dans l’excès et le grand n’importe quoi. Ils n’y arrivent pas toujours !… Je relisais sur Allo-Ciné ma critique de « Tellement proches » que j’ai noté en son temps 1,5 sur 5. Un film qui m’avait laissé froid par son délire, « comme si les poissons de votre aquarium s’étaient grimés et déguisés pour se mettre à danser au son du carnaval de Rio… ».

Avec « Le Sens de la Fête », nous voilà à nouveau dans une histoire qui flirte avec cette fragile frontière

On a parfois peur, car nos auteurs ont chargé la barque très lourdement. Ce mariage est exceptionnel à plus d’un titre, et quelques scènes font sursauter par leur caractère factice, faites juste pour provoquer le rire. On n’y croit pas une seule seconde, ce qui m’a toujours gêné dans les comédies. Le rire provient de l’improbable, pas de l’irréaliste.

Mais, heureusement, le film s’en sort par le haut, grâce à cette scène magique et proprement délirante du ballon. Le rire vient alors, il est irrépressible, il emporte tout, et fait sauter toutes les digues, donnant au film une autre dimension à la Mel Brooks ou à la Peter Sellers. Le film se termine par une fin subtile jouant sur l’intime, soit l’inverse même de ce qu’a été ce mariage tonitruant.

Au final, on a passé un bon moment. Jean Pierre Bracri s’est, il est vrai, bien battu pour nous faire adhérer jusqu’au bout à son personnage de gars sensé et sensible, entouré par un groupe de déjantés de la pire espèce : le chanteur mégalo, l’amoureux de la grammaire, le marié égocentrique, la belle-mère délurée, le photographe parasite, le chef de rang pleutre et l’adjointe aboyeuse… Quelle brochette !… Mais je ne peux m’empêcher de penser que Gérard Oury faisait rire avec des gens ordinaires. Et il y arrivait très bien….