Archives de catégorie : Cinema

« Avant Toi » : une anglaise perce l’écran…

Les films à l’eau de rose ou larmoyants font rarement dans la demi-mesure. Ce sont soit des navets insupportables, soit carrément des petits chefs d’oeuvre. L’exercice du tire-larmes est, il est vrai, très difficile. D’ailleurs je n’ai souvenir que de « L’Incompris » de Luigi Comencini ou du très récent « Une belle fin » de Uberto Pasolini comme films à succès dans ce registre. Imaginez seulement le script du film « Avant Toi » : une fille de banlieue anglaise, plouc et exubérante, est enrôlée au sein d’une famille très huppée de l’upper-class pour veiller sur un jeune homme neurasthénique, handicapé moteur du cou jusqu’aux orteils. La fille, après avoir tâtonné et essuyé le cynisme grinçant de son malade, va réussir à lui faire retrouver le sourire et un peu de joie de vivre. Mais, malgré cet intermède, le garçon ne pense qu’à mourir, mort qu’il décide de précipiter dans une clinique suisse favorisant les suicides assistés. Vous avez envie de fuir ? Je vous comprends. Continuer la lecture de « Avant Toi » : une anglaise perce l’écran…

« L’effet aquatique » : du cinéma plaisir…

Savoureux, drôle et décalé… Voilà les trois premiers adjectifs qui vous viennent à la vue de ce film intimiste que l’on n’ose appeler « d’auteur », pour ne pas nuire à sa carrière commerciale. Car si « l’effet aquatique » sort des sentiers balisés du box-office, ce n’est en rien un film cérébral et pontifiant, comme on pourrait le craindre. Ce film est avant tout une très jolie histoire d’amour. Avec comme décor, deux lieux excellemment bien trouvés. Tout d’abord une piscine municipale où le jeu des corps pourrait trouver à s’exprimer, s’il n’y avait pas cette retenue féminine face à la suspicion de voyeurisme. Et cette idée que la piscine n’est au demeurant pas faite pour cela !… Cela donne donc lieu à des scènes d’une grande sensualité où l’on s’autorise, sous l’eau, des coups d’oeil en coin, tout en se donnant l’air de barboter. Continuer la lecture de « L’effet aquatique » : du cinéma plaisir…

« L’Outsider » : l’affaire Kerviel dans un fauteuil…

L’histoire de Jerome Kerviel était trop belle, trop forte, trop exceptionnelle pour échapper à la mode actuelle des « histoires vraies ». En route donc pour le Grand Huit de la Finance ! Grand frisson garanti pour ce qui fut la plus fameuse histoire de trader fou. La plus grosse paume aussi pour un monde bancaire qui depuis le naufrage du Crédit Lyonnais, n’est pas avare de scandales en tout genre. Disons-le tout net, Christophe Barratier a réussi son coup. Du fait d’un jeune Arthur Dupont, parfait en Kerviel tantôt innocente victime, tantôt tête-à-claque arrogante à souhait. Du fait d’un sublime François-Xavier Demaison, d’autant plus convaincant en trader cynique qu’il a exercé ce métier dans une vie antérieure. Du fait enfin d’un choix de scénario descriptif et dépassionné, sans en rajouter dans le spectaculaire ( on est loin des délires du « Loup de Wall Street » ); Continuer la lecture de « L’Outsider » : l’affaire Kerviel dans un fauteuil…

« The Nice Guys » : deux idiots attachants

Quelle belle idée de rassembler Ryan Gosling, le ténébreux combattant de « Drive » et Russel Crowe, le valeureux général romain de « Gladiator » ! Deux gladiateurs des temps modernes réunis dans un film de détectives qui ne se prend pas au sérieux. « Nice Guys » joue le contre-emploi parfait, surtout pour Ryan qui est un détective impayable en alcoolique, trouillard, combinard et bas de plafond. Russel Crowe est plus conforme à sa légende, même s’il prend plus de coups qu’il n’en donne. Ces deux loosers vont s’associer sur une enquête très louche, autour de la mort violente d’une actrice de porno. A vrai dire, l’histoire est un peu secondaire et s’efface derrière le numéro de duelliste de ces deux grands acteurs dans un Los Angeles des années 70 parfaitement reconstitué. Certaines scènes sont hilarantes et on vibre aussi devant l’exubérance des années disco, en particulier dans une scène vraiment jouissive dans une boite de nuit. En prime, nous avons Continuer la lecture de « The Nice Guys » : deux idiots attachants

« Money Monster » : une dénonciation habile…

Voilà un film qui va faire un carton en France ! Un film anti-système qui égratigne le monde capitaliste dans sa version la plus financière, c’est assurément un gage de succès dans notre pays fâché avec son économie. Si même les Américains dénoncent le mal, c’est bien que les révoltes de notre vieil esprit révolutionnaire et anarchiste reposent sur des fondements, n’est-il pas ? Il est vrai aussi que ce film provient de Jodie Foster, la plus française des comédiennes d’Hollywood ( elle parle notre langue couramment ). Mais si la charge est brutale, elle est aussi pétrie d’intelligence, ce qui n’est pas forcément le cas d’un documentaire qui rassemble actuellement dans les salles, comme à la messe, tous ceux qui communient contre l’économie de marché. L’histoire est celle d’une prise d’otage sur un plateau de télé d’un de ces « gourous des marchés » qui donnent des conseils boursiers dans un mode désopilant ( imaginez Vincent Lagaffe en costume, parlant d’économie ! ) Tout le film se passe Continuer la lecture de « Money Monster » : une dénonciation habile…

« Dalton Trumbo » : quand la création est bridée…

A voir d’urgence par tous les cinéphiles et tous les démocrates !… « Dalton Trumbo » est un joyau. Il mêle un joli message de tolérance, couplé à de beaux moments de solidarité familiale, à une rétrospective des milieux du cinéma pendant les années noires du maccartisme. On y découvre surtout la forte personnalité de Dalton Trumbo, un scénariste qu’il était urgent de réhabiliter. Bryan Cranston incarne Dalton avec brio, tout à la fois révolté et sage face à la chasse aux sorcières communistes dont il est victime. Le contexte historique est parfaitement rendu, avec quelques images d’actualité qui sont saisissantes. Mais c’est surtout Continuer la lecture de « Dalton Trumbo » : quand la création est bridée…

« Le Livre de La Jungle » : retour en enfance…

Quand la techno permet toutes les folies, on s’autorise toutes les audaces… Attaquer le « Livre de la Jungle » en était une, car nous avons tous gravés dans notre inconscient les aventures de Mowgli. Celles du dessin animé bien sûr, car le livre de Rudyard Kipling est comparativement moins connu. Le risque était grand de casser un mythe, avec un film sortant trop des rails de l’histoire. De ce point de vue, pas d’erreur. On est en territoire connu. Tous les personnages sont là, et les scènes suivent, à peu de choses près, les péripéties du dessin animé ( sauf pour la scène des vautours qui est passée à l’as, ça m’a troublé !). La techno est là, parfaite dans sa maîtrise, et elle fait vivre Baghera, Akela, Baloo, Kaa, SherKahn, comme de vrais acteurs. On est émerveillé de revoir notre dessin animé préféré avec des « vrais »… Continuer la lecture de « Le Livre de La Jungle » : retour en enfance…

« Remember » : la mémoire de l’holocauste s’effiloche…

Voilà un scénario très fûté !… A l’heure où beaucoup de films ont un air de déjà vu, cette histoire de vengeance entre survivants de l’holocauste prend une saveur particulière. Le bras armé de ces représailles tardives est Zev, un vieillard de 90 ans ( Christopher Plummer, parfait ! ), chancelant et amnésique qui oublie, après chaque sieste, sa mission, Il doit relire les instructions que lui a donné un autre vieillard encore plus grabataire que lui, Max ( formidable Martin Landau ) pour se remettre à l’ouvrage. On se demande si cela ne relève pas du gag…Un tueur fragile comme du cristal qui se pisse dessus, soumis à une forte émotion; il ne comprend pas grand chose de ce qu’on lui raconte ; il réclame régulièrement sa femme, décédée depuis plusieurs mois. Le parfait anti-héros !… Seuls les enfants arrivent à communiquer avec lui, confirmant ce qu’on ressent bien : cet homme qui doit tuer un homme, est aussi faible qu’un enfant. Continuer la lecture de « Remember » : la mémoire de l’holocauste s’effiloche…

« Médecin de campagne » : très réaliste…

Riche idée que de parler des médecins de campagne qui tentent de cimenter des campagnes bien mal en point. Ce film, après le formidable « Hippocrate », était attendu. D’autant qu’avec un acteur 5 étoiles comme François Cluzet, on était sûr de tenir le bon bout du grand cinéma. Petite déception… Le film ne vaut pas Hippocrate, mais il ne passe pas, pour autant, à côté de son sujet. C’est une chronique douce-amère de la vie de ces forçats des temps modernes qui font preuve d’un engagement qui force le respect. François Cluzet est, une fois de plus, parfait dans le rôle. Quelques scènes sont touchantes, en particulier dans le rapport avec les patients. On sent que Continuer la lecture de « Médecin de campagne » : très réaliste…

« Spotlight » : dénonciation non aveugle…

J’hésitais au vu du sujet traité. L’Eglise catholique est une cible tellement facile dans cette période de tensions inter-religieuses !… Et puis il y a eu l’Oscar du « Meilleur Film », rendant la séance quasi incontournable. D’autant qu’une nouvelle affaire trouble secoue le clergé à Lyon, ma ville natale cette fois-ci… J’aurais pu m’en douter pour un film venant d’un pays extrêmement marqué par le fait religieux : « Spotlight » attaque l’institution qu’est l’Eglise catholique, avec modération. Les enquêteurs débobinent le fil de l’enquête Continuer la lecture de « Spotlight » : dénonciation non aveugle…

« Tempête » : la pêche en eau trouble

« Tempête » : parce que c’est la Bretagne, un pays authentique par excellence. Parce que c’est une histoire de pêcheurs, ces gens que je connais un peu pour les fréquenter pendant mes vacances bretonnes. Ce sont des forçats de la mer, des taiseux, mais des gars au coeur pur. Des brutes de travail qui ne rechignent pas, parce qu’ils sont des durs et qu’il font ce qu’ils aiment. Des gens simplement attachants…

« Tempête » raconte l’histoire de l’un d’entre eux, Dominique Leborne; il joue son rôle, au même titre que ses deux enfants. Tous sont d’un naturel incroyable. Est-ce si facile de faire l’acteur ? Continuer la lecture de « Tempête » : la pêche en eau trouble

« The Revenant » : western de survie…

Qu’est-ce qui fait le succès d’un film ? Une belle histoire, des images choc, des acteurs connus, une belle couverture média, une gestion pointue de la sortie… Sur tous ces critères, « The Revenant » coche toutes les cases. Ce sera donc, à n’en pas douter, un succès au box office. Pour autant, est-ce un bon film ? La réponse est plus ouverte. Dans les « plus », la prestation hallucinante de Di Caprio qui nous transmet sa souffrance dans tous les pores de notre peau. La caméra est aussi parfaite, tantôt à hauteur d’homme dans les scènes de combat, tantôt plus aérienne pour montrer l’immensité désolée du paysage ( bravo à l’image, en particulier, dans la scène de chasse du début ). Jusqu’à quelle extrémité un homme diminué peut-il aller pour essayer de survivre ? Continuer la lecture de « The Revenant » : western de survie…

Carol-Adèle : on les aimes toutes les deux…

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Carol est un très joli film sur la rencontre de deux femmes dans les années 50. Un film qui parle d’amour, un amour difficile car s’opposant à la convention sociale de l’époque. Un film, du coup, tout en retenue avec deux personnages qui se dévorent des yeux, mais semblent hésiter à plonger dans les délices des amours saphiques. Cate Blanchett est d’une finesse incroyable et Rooney Mara est aussi très convaincante dans le rôle d’une jeune fille timide, prise par l’amour comme un lapin dans les phares d’une voiture. Le jeu des deux actrices permet de combler le caractère assez vide de l’histoire. Hélas pour moi, mon adhésion à ce film a été perturbée par le fait Continuer la lecture de Carol-Adèle : on les aimes toutes les deux…

« El Clan » : glacial à souhait…

Après le savoureux « les Nouveaux Sauvages », le cinéma argentin nous revient avec « El Clan ». J’aime l’idée que des films d’Amérique du Sud sans grandes vedettes puissent traverser l’Atlantique. En l’espèce, « El Clan » mérite assurément le détour. Une plongée dans l’Argentine des années immédiatement postérieures à la dictature, quand les barbouzes se sentaient encore libres de s’adonner à leur occupation favorite : l’enlèvement crapuleux avec rançon. Une activité que Puccio, ancien membre de la sécurité intérieure, pratique en famille, comme une activité respectable. Sauf que les enlèvements se terminent toujours Continuer la lecture de « El Clan » : glacial à souhait…

« Encore Heureux » : a far-fetched humour…

Sujet de concours : « Peut-on rire de tout ? Un produit peut-il placer l’immoralité en tête de gondole ? Vous avez une heure trente »… Benoît Graffin nous rend une copie bien dans l’air du temps avec ce film qui parle de crise, de chômage longue durée et de petites combines pour survivre. Sans le moindre misérabilisme, car le ton reste enjoué et léger, avec une Sandrine Kimberlain lumineuse qui lutte avec courage, et un Edouard Baer lunaire, déraciné, viscéralement optimiste… C’est brutal de réalisme, mais assez plaisant… Cependant le film oblique bientôt vers Continuer la lecture de « Encore Heureux » : a far-fetched humour…

Natalie Portman à contre-emploi…

J’y suis allé pour Natalie Portman. Une fille féminine et fluette qui semble sur le papier une erreur de casting. On la voit, en effet, plus dans les ballerines de Black Swan que dans des bottes avec éperons. Et puis, les westerns se font rares sur les écrans. Ils ont le goût des premières émotions audiovisuelles et de « la ( regrettée ) dernière séance » d’Eddy Mitchell. Mais ce western est loin des John Ford. Il serait plus dans la lignée des Sergio Leone et des Clint Eastwood, avec un Ouest authentique, violent, crade et brutal. Il n’y a pas de poésie Continuer la lecture de Natalie Portman à contre-emploi…

« The Danish Girl » : troublante…

Un film sur l’identité sexuelle et la difficulté d’être homme quand on se sent femme. Voilà un sujet un peu racoleur et très politiquement correct. Au vu de la réalisation conventionnelle, très soignée dans l’image, à la limite du maniérisme, on pouvait craindre un film sans âme, si ce n’est de soutenir lourdement la cause transexuelle. Mais rien de tout cela… Le film est d’abord l’histoire d’un couple heureux qui, à la suite d’un simple jeu de déguisement, va voir l’homme dériver lentement Continuer la lecture de « The Danish Girl » : troublante…