« Live by night » : le canasson se rêve pur-sang

« Il y a des similitudes avec « Il était une fois en Amérique », nous dit Ben Affleck de son dernier film. C’est beau l’auto-satisfaction d’un réalisateur, mais n’est pas Sergio Leone qui veut. Et « Live by night » est très loin du chef d’oeuvre qu’il essaie de copier. Il ne suffit pas de travailler soigneusement le décor, les costumes et les vieilles bagnoles pour capter toute l’essence des films de gangsters. Ce qui compte d’abord, c’est le scénario.

Et là où Sergio Leone avait travaillé douze années sur son histoire, Ben Affleck nous égare entre Boston et Tampa, avec une grosse salade mixte d’Irlandais, de Ritals, de Cubains et de Ku Klux Klan. Quelle idée d’aller déplacer son récit en Floride, où le vieux Sud ne colle guère avec les images d’une Amérique sous le joug de la mafia sicilienne ? Le film n’est pas désagréable pour autant, avec un final assez enlevé où cela pétarade de partout.

Mais il y a trop de bons sentiments. Ben Affleck parle des années 20 avec ses scrupules d’homme de notre siècle. Aussi la conversion du gangster en père de famille tranquille sonne faux. Et tout le tintouin moral dans lequel baigne le film est aussi disgracieux qu’une verrue sur le nez d’une jolie femme. Sergio Leone avait été plus subtil dans « Il était une fois en Amérique ». Quand Noodles a la possibilité de se venger de Max qui l’a trahit, il s’abstient de le faire, moins sous l’effet d’un prêchi prêcha moraliste, que par simple dégoût pour ce que son ex-ami est devenu.

« Live by night » ne fera donc pas d’ombre au chef d’oeuvre de Sergio Leone ( un des meilleurs, sinon le meilleur, films de tous les temps ). Il reste beaucoup à faire à Affleck pour tisser des histoires grand format. Mais sa course de vieilles voitures, sorte de Bullitt des vieux tacots, montre malgré tout, une belle science de l’image. Ce n’est déjà pas si mal…