Le cinéma a son héraut ( et son héros )

unknown imagesBertrand Tavernier est un grand cinéaste. Réalisateur du merveilleux « la Vie et Rien d’autre » et du savoureux « Coup de Torchon », ce lyonnais passionné de cinéma depuis l’enfance est une encyclopédie vivante du 7ème Art. Il préside l’Institut Louis Lumière à Lyon, ce qui- en plus de sa filmographie superbe –  lui donne toute légitimité pour parler du cinéma français. Alors quand il lance un documentaire « Voyage à travers le cinéma français », les cinéphiles n’ont d’autres choix que de se précipiter pour communier avec lui autour de leur passion.

Bertrand Tavernier aborde le cinéma au travers de son expérience personnelle. Son premier film, vu à 6 ans, l’a marqué au point de lui imprimer durablement des images en mémoire. C’était un film de Jacques Becker. On commencera donc par Jacques Becker ! Et pendant trois heures et quinze minutes, nous voilà partis pour une immersion totale dans le meilleur de notre cinéma national. Tavernier nous raconte ses rencontres, ses émotions, ses coups de coeur et ses hommages à ceux qu’il considère comme ses maîtres : Becker, Carné, Renoir, Delannoy, Clouzot, Truffaut, Melville, Sautet, etc… Nous voyons des dizaines d’extraits de films, sélectionnés pour leur pureté visuelle ou pour leurs impressionnants jeux de caméra. C’est l’oeil de l’expert qui nous guide. Les images s’enchaînent et laissent le spectateur bouche bée. L’aisance d’une réalisation ne saute jamais autant aux yeux du profane que lorsqu’elle est soulignée par un spécialiste. Tavernier nous donne envie de revoir ces films, ou de les découvrir pour la majorité d’entre eux.

Tavernier fait aussi un long flash sur Jean Gabin dont il révèle la forte personnalité. Mais aussi sur Maurice Jaubert, un compositeur unique de musique de film.

Bien sûr, le documentaire ne prétend pas à l’exhaustivité. Les années 30 à 60 sont largement sur-représentées par rapport à l’époque actuelle. Et c’est tant mieux, car ce sont des films qu’on connait moins.

Bravo donc à Tavernier d’ouvrir ainsi à la caméra ses formidables souvenirs et anecdotes d’un homme qui a côtoyé les plus grands. Il nous fait joliment redécouvrir notre patrimoine national.