Le délire est un registre très compliqué en humour. Emmener les spectateurs dans un univers déjanté est un pari risqué car il y a de grandes chances que vous en laissiez quelques uns au bord de la route. Ou qu’ils restent hermétiques à votre façon de sortir des sentiers battus. Bref, la probabilité de susciter l’unanimité n’est pas acquise.
Il n’y a guère que Dany Boon dans son sketch du « Kway », ou Albert Dupontel dans quelques unes de ses réalisations ( notamment le brillant « Neuf mois ferme » ) qui y sont arrivés. Sans parler du mythique « Delicatessen » de Jean Pierre Jeunet.
Le titre « Bohemian Rhapsody » dans l’album des Queen « A Night at the Opera », sorti en 1975, est un morceau étrange. Un Opéra à lui tout seul, qui revendique une affiliation avec la musique classique, tout en étant d’une modernité incroyable. Ce morceau a mis Freedy Mercury sur orbite. Ce fut le début d’une trajectoire dans les étoiles d’un chanteur déjanté élu meilleur rocker du siècle. Avant Elvis…
Il y avait matière à faire le meilleur des biopics. D’autant que l’homme a été très secret toute sa vie, sur ses origines comme sur sa fin de vie, marquée par le sida.
On savait depuis Lucchino Visconti que Venise n’était pas uniquement la ville des amoureux, et pouvait être aussi la ville nostalgique des amours contrariées. Laurence Vivares, pour son premier roman, exploite cette même veine avec « le vie a parfois un goût de ristretto ». L’histoire de Lucie, honteusement plaquée par son compagnon, qui se réfugie seule dans la ville de l’amour pour oublier son chagrin et exorciser une relation qui la possède encore.
Intimiste, ce livre l’est assurément. C’est surtout un exercice délicat où une femme s’abandonne à l’influence de Venise, tout en luttant contre un passé proche qui lui fait mal. Un roman très léger où il ne se passe pas grand chose, sinon le cheminement psychologique de l’héroïne. Une femme dynamique Continuer la lecture de Mort (d’un amour) à Venise→
J’étais encore un mouflet, mais je me souviens très bien des heures passées devant la télé noire et blanc, dans l’attente d’images qui ne venaient pas. Du haut de mes 7 ans, je savais qu’on vivait un moment unique. Ah si nous avions eu les images de Damien Chazelle dans son film « First Man », quelle fête cela aurait été !…
Le côté magique dans « First Man », c’est justement l’impression de vivre un événement en direct. Surtout aussi de découvrir cette aventure de 1969 dans son jus. Comment a-t-il fait pour que cela ait un tel niveau d’authenticité, avec des écrans à l’ancienne qui montrent que tout était alors encore mécanique. Continuer la lecture de First Man, l’aventure spatiale dans un fauteuil→
Est-il possible de tomber amoureux d’une femme morte il y a 550 ans ? En dehors d’un voyage dans le passé, cela paraît bien improbable. C’est à un tel voyage que nous convie Jean-Christophe Rufin avec « Le Grand Coeur », récit romancé de la vie de Jacques Coeur, le grand argentier de Charles VII. Un récit qui, entre autre, fait la part belle à Agnès Sorel, maîtresse du Roi, mais aussi femme libre avant l’heure. Une femme dont on ne connaît qu’un portrait dans un tableau de Fouquet.
Jean Christophe Rufin a eu la fameuse idée de sortir des oubliettes de notre passé le financier Jacques Coeur, qui a eu un parcours exceptionnel pour son époque, le milieu du XVème siècle. Un entrepreneur pionnier qui a construit une très belle fortune par le jeu du négoce et des échanges de marchandises.
Pour mon incursion régulière dans le monde du polar, j’ai choisi « le Cri » de Nicolas Beuglet. Un roman perdu dans le froid norvégien, mais écrit par un Français, scénariste de télévision bien rodé à l’exercice de scénarios alambiqués.
Bingo !… Le roman commence sur les chapeaux de roue par un suicide bizarre dans un asile psychiatrique près d’Oslo qui entraîne l’enquête tenace d’une inspectrice un peu zombie, Sarah Gueringën. Une femme abandonnée par son compagnon qui va s’accrocher comme une sangsue à cette enquête étrange pour ne pas sombrer.
Un mot qui n’est pas doux à l’oreille. Mais il véhicule un concept fort chez quelques garçons, à savoir la volonté d’assurer sa descendance, de préférence mâle, pour perpétuer son nom.
« Viens qu’on donne libre cours à ma postéromanie galopante », peut donc être une autre façon de dire « allons mignonne folâtrer dans les draps »… Je préfère la version bucolique à la psychologique, mais l’objectif final peut être le même : concevoir un enfant, mais pas n’importe lequel, un gars, a boy, un couillu… Rétrograde et machiste, mais ça existe toujours bel et bien, surtout quand au nom à défendre est attaché un titre de noblesse.
Les téléphones portables sont devenus le coeur de nos vies. Les compagnons dont nous ne pouvons nous passer, les confidents, les carnets roses, les vrais dépositaires de nos petits et grands secrets. Alors, que se passe-t-il quand on décide de les ouvrir aux autres ? C’est le point de départ du Jeu. Un challenge entre amis qui va devenir un révélateur brutal de tout ce qu’on cherche à cacher.
Pour faire ce film, le réalisateur Fred Cavayé a peaufiné son scénario pendant des mois. Cela se voit. Il a travaillé sur ses 7 personnages avec la précision millimétrée d’un horloger suisse et les gestes mesurés d’un dynamiteur maniant des puissantes charges d’explosifs. Tout est terriblement précis. Les enchaînements sont d’une rigueur exemplaire, faisant passer le spectateur en quelques secondes du rire au larme, puis du sourire à l’émotion la plus forte. Une réalisation de cette qualité, c’est du caviar. Continuer la lecture de « Le Jeu » : le téléphone pleure…→
La France est malade de ses villes. De ses petites villes de Province notamment, qui meurent à petit feu. Nous connaissons tous des petites villes au centre-ville en déshérence. Des villes qui perdent petit à petit leur âme, pour devenir, sans caricaturer à l’excès, des villes fantômes, comme dans les westerns de notre enfance.
Beaucoup parlent de « désert médical ». Mais c’est bien de désert tout court, quand il s’agit de trouver un boucher, un boulanger, un garagiste….
C’est un des scandales de notre époque. Alors que nos grandes villes souffrent de sur-population avec des problèmes de logement et de transport inextricables, nos villes en régions perdent souvent des habitants. Continuer la lecture de « Le Puy en Velay », l’Occitane qui bouge…→
Le dépassement de soi est un sujet prisé du cinéma. Sportif le plus souvent. Rarement intellectuel. C’est un challenge que de présenter un accomplissement personnel au travers des études. Quoi de plus singulier et d’auto-centré que des études intensives ?
Thomas Lilti relève le défi avec ce film sur la première année de médecine au travers de l’histoire de Benjamin et d’Antoine, deux étudiants à la personnalité différente. Ce n’était pas gagné d’avance, mais le pari est réussi. Continuer la lecture de Une « Première Année » très assaisonnée→
« L’homme qui tua Liberty Valance », je ne peux pas revoir ce film sans connaître une profonde émotion. C’est mon film préféré, le film qui est pour moi le chef d’oeuvre absolu. Je peux le voir et le revoir, sans émousser les ressentis de la première fois. La dernière scène me laisse toujours la larme à l’oeil.
Un western ? Beaucoup n’iront pas plus loin… Le western est un genre mineur, proprement désuet pour beaucoup de spectateurs. Quand on ajoute que le film est en noir et blanc, la cause est entendue pour les jeunes générations. Elles préféreront passer leur chemin. En quoi, elles passeront à côté du film majuscule…
Quel chamboule-tout ! Le « Poulain » est une satire féroce de la vie politique, ou plutôt des cuisines de la vie politique où officient des directeurs de campagne sans foi ni loi dont le seul but semble être de manipuler l’opinion. C’est une comédie, certes, mais grinçante et sans nuances. Elle rend très mal à l’aise par l’image déplorable qu’elle donne de l’engagement politique : des candidats marionnettes, des entourages politiques qui se chamaillent, des responsables politiques qui trahissent comme ils respirent, tout un petit monde au vide intellectuel sidéral…
Le pire, c’est que beaucoup prendront la pastiche pour argent comptant. La politique a tellement mauvaise presse. Et puis après tout, peut-être que cela repose sur une part de vérité. D’ailleurs, la présence au générique de Gaspard Gantzer ex-petite main de Hollande qui joue son propre rôle, semble légitimer le propos. Affligeant !… Continuer la lecture de « Le Poulain », carburant du populisme…→
Les films d’époque en costumes, ce n’est pas un gage de succès, mais cela requiert une condition quasi indispensable : une langue châtiée et littéraire. « Mademoiselle de Joncquières », libre interprétation d’un récit de Diderot, est de ce point de vue une réussite totale. Quand vous mettez en plus ces paroles suaves dans la bouche de l’acteur du moment sachant le mieux leur rendre justice ( l’ineffable Edouard Baer ), vous avez là de quoi provoquer des oh ! et des ah ! chez tous les spectateurs blasés.
Ajoutez une Cecile de France au visage expressif suintant toute la palette des émotions humaines, et quelques seconds rôles bien trouvés. Tout est là pour faire un film pétillant d’intelligence qui rivalise – c’est le plus beau des compliments – avec la violence des sentiments de Choderlos de Laclos et de ses « Liaisons dangereuses ». Continuer la lecture de « Melle de Joncquières »: envoûtante !…→
Spotify continue à m’offrir des incursions dans la musique du passé. Avec parfois, des mélodies qui évoquent des madeleines de Proust musicales, comme des réminiscences auditives d’un passé paraissant lointain. En l’occurrence, ce n’est pas si loin puisqu’il s’agit de la fin des années 90 et du crooner Dany Brillant. Déjà, à l’époque, c’était un peu un ovni dans la variété française avec sa « Suzette ». Un chantre de l’amour délicieusement désuet.
J’avais alors pris la peine d’approfondir la question au delà de la chanson « Suzette » qui l’avait rendu célèbre. Avec notamment son très bel album « Nouveau Jour ». J’avais découvert un sacré faiseur de mélodies et un parolier subtil, qui était loin de mériter le caractère mièvre de chanteur à midinette qu’on lui prêtait souvent. Et puis quel entrain, quel optimisme !… Dany et ses chansonnettes ont souvent accompagné mes voyages en voiture, alors que mon équipage en totalité avait sombré dans les bras de Morphée. Continuer la lecture de Has been ou simplement décalé ?→
La grâce de Spotify est de vous permettre de découvrir des musiques d’ailleurs que vous n’auriez jamais écoutées. Le groupe tunisien Yuma en est un bon exemple. De la folk douce de deux voix aériennes qui chantent en arabe, il y a peu de chances que vous l’entendiez sur les radios. Et pourtant…
Yuma est une très jolie douceur sucrée qui vous plonge dans les étoiles, des « poussières d’étoiles » du nom de l’album. Des mélodies colorées avec parfois le côté râpeux de l’arabe qui donne une forte originalité au duo, un homme et une femme aux voix étonnantes. C’est très joliment tourné Continuer la lecture de Yuma : en arabe dans les étoiles…→
La pièce vient de sortir et ne profite d’aucun bouche à oreilles, en dehors de quelques commentaires sur Billetreduc. Tous très flatteurs, mais on sait l’indépendance des commentaires de première… Le synopsis semblait original : un homme faible, au chômage et sous l’emprise de sa compagne, se prépare à recevoir son ( redoutable ) beau-père. Il entreprend de raser son bouc dans cette perspective, mais une panne d’électricité l’empêche de terminer, et il en sort avec une petite moustache à la Adolf Hitler. Ce qui va provoquer une série de réactions en chaîne…
« La Moustache » est une pièce écrite par un duo, Sacha Judaszko et Fabrice Donnio, deux comédiens qui se sont donnés un rôle dans la pièce, respectivement celui du gardien d’immeuble envahissant et celui du copain parasite. Les deux compères se sont donnés un challenge : faire rire autour d’une représentation d’Hitler et faire du racisme un sujet de dérision. Exercice périlleux, s’il en est… Continuer la lecture de « La Moustache », théâtre de l’audace…→