Aux filles dédaigneuses…

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
« Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle ! »

Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de Ronsard ne s’aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.

Je serais sous la terre, et, fantôme sans os,
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ;
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.

Pierre de Ronsard ( 1524 – 1585 )

 

Un poème joliment tourné d’un amant contrarié. Une merveille qui a traversé les siècles, malgré l’usage du vieux français.

Mais ressortir les vieux mots ne me fait pas peur. Surtout quand ils expriment une réalité intemporelle : la déception d’un amour non partagé…

Hélas, je ne connais pas par coeur ce chef d’oeuvre de la poésie. Ma mémoire s’est arrêté à la première strophe. Mais j’ai su m’en servir à bon escient dans mes jeunes années, remplaçant avec malice Ronsard par Bernard.

Oui, il faut bien se revancher des dédaigneuses qui vous ravagent le coeur…