Green Book, du cinéma plaisir…

Subtil, poilant, remarquable, émouvant, cruel, étincelant, lumineux… Les adjectifs font une sacrée sarabande dans votre tête quand le générique de fin vous prive de l’heure de pur bonheur que vous a procurée Green Book. Ce film vous a pris par surprise dans son message de paix, et vous concédez avoir pris beaucoup de plaisir à déguster cette belle tranche d’humanité souriante…

L’histoire est, parait-il, d’après une histoire vraie. Vaut mieux car l’opposition flagrante des deux personnages aurait pu paraître comme le suprême coup tordu d’un réalisateur en quête de sensationnel. Il faut, en effet, de l’imagination délirante, pour envisager qu’un rital blanc mal dégrossi puisse jouer les chauffeurs à travers le Sud profond des Etats Unis pour un musicien classique noir, intello, homosexuel et confit dans son éducation et son raffinement. Et pas à n’importe quelle époque, en plus, puisque l’histoire se passe en 1962, soit à l’époque de Martin Luther King et des tensions raciales à travers tout le pays.

Cela paraît impensable, factice et irréel. Et pourtant, à tout moment, pendant ce récit étrange, vous adhérez à l’histoire avec le même ravissement que devant un conte de Noël sur une chaîne Disney. Les deux acteurs sont, il est vrai, tellement délicieux. Viggo Mortensen notamment est irrésistible dans le rôle d’un rustre à la goinfrerie débridée qui fait sauter tous ses préjugés comme des bouchons de champagne. Certaines scènes sont d’un humour ravageur. On rit souvent. D’un rire parfois jaune qui est une bombe anti-raciste à la puissance de quelques Hiroshima.

Bref, du cinéma bonheur qui, passé le choc de ce duo improbable, se révèle époustouflant pour propager des messages de tolérance et d’ouverture sur la différence. En particulier, la différence sociale qui crée de la distance et crée la non-communication si l’on n’y prend garde. C’était en 1962, mais on y trouve hélas toujours une forte résonance dans notre actualité !… 5 étoiles car ce film est un enchantement.