Ce joli mot est toujours au pluriel. Rare et élégant, ce mot désigne des vêtements usagés qui conservent un certain éclat. Des guenilles de riche, en somme, témoins fidèles d’un temps glorieux qui n’est plus…
Claude Nougaro dans sa chanson « Armstrong » l’utilise avec ironie. Les oripeaux sont dans sa bouche les moyens futiles des hommes de se hausser du col. Dans la chanson, au delà des oripeaux, blancs ou noirs de peau se retrouvent frères dans leurs os ivoires…
Les oripeaux sont aussi la marque d’une aristocratie ruinée à qui il ne reste de richesse que sa particule. Le mot est alors charmant par sa forte dose de nostalgie…
Voilà un mot dont on comprend bien pourquoi il est tombé dans les oubliettes de notre usage. Il sent trop le souffre de la religion… Est peccamineux, tout ce qui concerne le pêché. « Une pensée péccamineuse » ne l’est plus, maintenant que toute référence religieuse est écartée. Cela devient « un rêve érotique ». Plus parlant et moins mystérieux…
Moi je l’aime bien ce « péccamineux ». Il est le vestige d’une époque où les hommes craignaient Dieu.
Voilà un mot encore tombé dans l’oubli, alors qu’il a le mérite d’être court pour exprimer une chose qu’on formule le plus souvent en deux mots : « une seconde fois » ou « à nouveau »… Il est curieux que notre monde n’ait pas préféré aller au plus court, comme il le fait habituellement.
Car comment plus joliment abréger une conversation que de dire devant un opportun. « Et je vous dirai derechef que vous avez tort et que vous êtes un fat ». Il préférera rompre le fer de peur d’avouer qu’il n’a rien compris.
Ah la belle expression désuète !… « Dès potron minet », ça ne s’entend plus guère, mais l’image est belle.
Potron minet, c’est le cul du chat. Quand le chat montre son cul, c’est qu’il se lève. Comme le jour… « Dès potron minet », c’est dès la levée du jour, autrement dit, au petit matin.
S’il vous plaît, ne laissez pas mourir le petit chat… Petit-déjeunez, courez, chantez, faites l’amour, du moment que c’est « dès potron minet »…
Quel adjectif étrange ! Et inusité… Cet adjectif qualifie le plus souvent des productions intellectuelles, littéraires notamment, quand il y a abondance. Hugo et Zola sont les auteurs d’une oeuvre ubéreuse. Le mot est neutre, contrairement à prolixe qui a une connotation un peu péjorative. Mes messages sur ce blog sont, je l’espère, pas trop ubéreux. Au risque d’être creux…
Voilà un mot qui fleure bon la lavande, l’aïoli et l’accent du midi. Un mot issu d’un personnage de la commedia dell’arte qui excellait dans l’art de cancaner. La pasquinade est une raillerie plutôt bienveillante, une bouffonnerie où l’on emporte tout avec l’aisance des mots. La faconde méridionale de « Mado la Niçoise » est le terreau fertile où s’épanouissent les Pasquinades. Joli mot à préserver, et ce d’autant plus qu’il n’est pas reconnu par le dictionnaire automatique de mon écran. Cela suffit à me le faire aimer…
La cimaise ayant chaponné Tout l’éternuer Se tuba fort d’épurative Quand la bixacée fut verdie : Pas un sexué pétrographique morio De moufette ou de verrat. Elle alla crocher fange Chez la fraction sa volcanique La processionnant de lui primer Quelque gramen pour succomber Jusqu’à la salanque nucléaire. Continuer la lecture de La Cigale et la Fourmi : version 2.0→
Quel joli mot… Il n’est plus guère utilisé, mais il cache des pratiques très courantes de notre époque, à savoir différer quelque échéance, ou gagner du temps… Des manoeuvres dilatoires permettent d’éviter un jugement qu’on devine négatif. Le terme est surtout juridique, mais il peut bien s’appliquer à la vie courante en entreprise.
Le verbe le plus complexe de la langue française. On tourne autour comme une poule devant un couteau : il sied, il seyait, il siéra, qu’il siée… Bien complexe tout cela. Mieux vaut s’abstenir ou le caresser du regard comme un bijou rare et étrange qui sied bien à notre humeur. C’est avec de tels mots qu’on aime l’exactitude de métronome de la langue française.
C’est un mot un peu perdu, surtout au singulier qui désigne la parure et la toilette d’une femme. Autrefois, les reines étaient accompagnées de dames d’atour. Puis le pluriel a pris le dessus pour s’imposer dans un expression unique « les plus beaux atours ». Un joli mot pour faire compliment. Mais l’expression un peu surannée recèle une connotation légèrement ironique. La toilette d’une femme est, il est vrai, aujourd’hui moins sophistiquée qu’au temps de Proust. Puissent-elles quand même continuer à s’apprêter de leurs plus beaux atours…
Le mot fleure bon le temps ancien où la justesse primait sur les périphrases. Valétudinaire veut dire malade, souffreteux, en mauvaise santé. Une santé fragile qui ne se rétablira sans doute jamais. Le mot est tombé en désuétude, hélas, sans doute chassé par l’assurance nouvelle que les maladies se soignent. Mais ce faisant, c’est notre langue qui devient valétudinaire…
Voilà un mot qui n’est plus politiquement correct. Mais il est joliment imagé pour désigner , de manière un peu péjorative, les étrangers riches qui affichent leur argent avec ostentation. De l’argent qui ne peut être que malhonnête. Le mot vient de l’espagnol Rastacuero ( traîne-cuir ), ce qui donne une jolie consonance sud américaine à ce mot. On pense au Rastapopoulos de Tintin. Hélas, depuis que Brésil et Argentine sont dans la mouise, les Rastaquouères ne courent plus les rues.
Le mot est désuet. Mais ce qu’il caractérise, est drôlement d’actualité. La jactance est « l’art » d’être arrogant et de se mettre en avant. Un mal français si l’on en croit les jugements acerbes des étrangers sur notre compte. La jactance se marie avec la vanité et la vantardise. Et tous ceux qui en usent donnent l’impression qu’ils passent le plus clair de leur temps à s’applaudir. Cette population est tellement nombreuse qu’il y a de quoi réhabiliter ce joli mot, vous ne trouvez pas ?
Encore un mot tombé dans l’oubli… Pourtant il est bien utile pour déterminer tout ce qui brille, tout ce qui rayonne. La nitescence d’une femme en dit beaucoup plus sur son charme et son pouvoir de séduction que les qualificatifs les plus recherchés. Finalement la langue française est un sacré bel outil…
Ah la belle insulte que voilà !… Ce mot véhicule son poids de charme désuet, de mots doux à la capitaine Haddock et de réparties cinglantes dans les meilleures scènes de Molière. Un fesse-mathieu est un avare, un pingre, un grippe-sou. Le mot vient de St Mathieu, patron des changeurs qu’il fallait fesser pour qu’ils lâchent un peu d’argent.
Alors pour vos prochaines colères, retenez la bordée d’injures : « Va donc, Ostrogoth, Vandale, Bachibouzouk, Coléoptère, Anacoluthe, Paltoquet, Fesse-mathieu ! »… Vous serez bien armé(e) pour affronter les embouteillages parisiens…
C’est un magicien des mots, un homme médiatique qui s’est mis au service de notre langue de la plus belle des façons. Bernard Pivot est mon maître… Malgré ses 81 ans, il garde toute sa verve. C’est un excellent conteur et un esthète de l’orthographe. Il faut l’entendre parler de l’Académie Française pour déplorer que des mots ne soient pas introduits dans le dictionnaire, comme le savoureux mot africain « girafer » qui veut dire « copier sur son voisin ».
Et la réforme de l’orthographe ? Quelle ineptie… Vous imaginez le mot « coït » perdre son tréma pourtant si imagé ? Ou le féroce rhinocéros sans le « h » qui lui donne toute sa force ? Ou encore le mot femme devenir « fame », ce qui privera tous les petits garçons de cet avertissement sans frais comme quoi avec les femmes, les choses sont loin d’être simples ?