« Jusqu’à la garde », voilà un titre magnifique! Un terme d’escrime qui signifie « jusqu’à la protection du poignet », quand l’épée s’enfonce totalement dans l’adversaire.
L’adversaire, il s’agit bien de cela. « L’autre », autrement dit, celui qu’on n’ose plus nommer pendant un divorce. Des divorces saignants, c’est monnaie courante. C’est ce à quoi s’attache ce film dans une composition quasi documentaire. La première scène – point de fioritures ! – se passe chez le juge pour apprécier le principe d’une garde partagée. Les avocats parlent et débobinent les arguments de chaque camp. On ne se parle plus directement. La tension est latente. Le spectateur est englué dans cette histoire lourde dont on devine, dès le départ, que cela finira mal.
Winston Churchill est vénéré dans son pays, considéré comme le plus illustre anglais dans toute l’histoire de l’Angleterre. Un homme politique sans équivalent qui a marqué le siècle de son génie, de son sens politique et de sa capacité à anticiper les événements. Surtout de sa formidable capacité à rester fidèle à lui-même, fut-ce au prix d’un isolement prolongé. On rit encore de ses citations savoureuses, tant il avait le sens de la répartie et de la formule à l’emporte-pièce. Une personnalité dont on rêverait pour gouverner nos pays aujourd’hui encore.
Oui, mais un tel destin est fragile. Il se construit sur quelques heures. Des heures tragiques où celui qui préside à l’avenir d’un pays se trouve confronté à une pression maximale. Des heures atroces qui révèlent la vraie personnalité d’un dirigeant. Des heures où se forgent un destin. Ce sont ces quelques heures dont parle le film « Les Heures sombres ». Les heures qui auront propulsé Churchill au firmament de la gouvernance politique. Continuer la lecture de « Les Heures sombres », forges d’un destin→
La bande dessinée ou le dessin animé est un art mineur, c’est bien connu… Un truc essentiellement pour les enfants. Jusqu’au jour où Pixar se décide à travailler dur sur un projet de film, en essayant d’élever son jeune public à sa qualité d’être-humain à part entière. Il en sort « Coco », un dessin animé, à nul autre pareil. C’est normal car c’est un pur chef d’oeuvre…
Quelle idée audacieuse de parler de la mort à un jeune public qui ne fait que commencer sa vie. Parler de la famille, des ancêtres, de la filiation, de l’arbre généalogique. Et des disparus qu’on honore le jour des morts. C’était casse-gueule, à n’en pas douter, car la mort fait peur. Elle ne se raconte pas…
« La promesse de l’Aube », mon roman préféré au cinéma… Quelle aubaine ! Le livre qui m’a fait vibrer, qui m’a ému, qui m’a emballé par son écriture soignée. Le livre incontournable de la littérature que j’ai vainement tenté de copier dans mon premier livre « le collectionneur amoureux ». Je suis un Gary(ste) convaincu, j’ai lu l’essentiel de son oeuvre, ses deux Goncourt bien sûr, mais aussi « l’éducation européenne », son premier livre et quelques autres. Le destin incroyable de ce petit Polak juif devenu Consul de France pour répondre aux rêves de sa mère, me fascine totalement. La vie de Gary est un roman fleuve. Le cinéma pouvait-il lui rendre justice ?
La réponse est oui. Je suis sorti les larmes aux yeux du film « La promesse de l’Aube ». Un film qui est fidèle au livre, mais qui, plus que cela, donne envie de le (re)lire. Car le film est bien sûr réducteur. Quelle histoire incroyable !… Continuer la lecture de Naissance d’une légende→
J’aime le cinéma qui prend des risques… Sortir un roman des années 20 de son anonymat (malgré le prix Goncourt qu’il a obtenu ) et raconter à sa suite une histoire totalement rurale des années de guerre14-18, on ne peut pas dire que Xavier Beauvois joue la facilité. Est-ce si étonnant de l’auteur des « Hommes et des dieux » ? Le pedigree de l’auteur et le sujet peu consensuel ont, en tout cas, suscité ma curiosité.
Ce film est très étonnant. Il est peu bavard, et l’action se traîne à un point qui peut relever d’un quelconque record du livre Guiness. La vie laborieuse, monotone et sans éclat des paysannes suppléant leurs hommes au front pendant les années de guerre remplit l’écran avec une sobriété qui confine à l’ascétisme. Continuer la lecture de « Les Gardiennes », comme les Glaneuses…→
Ce film m’a touché… C’est un superbe portrait de femme, authentique et puissant, porté par une jeune actrice incroyablement talentueuse. N’importe comment, un film de Gallienne ne peut pas être autre chose que profond, tant il est vrai que l’auteur des « Garçons et Guillaume, à table » sait merveilleusement capter les tréfonds de l’âme. Ce petit rien qui est le ressort de chacun.
Dans le cas de cette jeune femme, on le découvre lentement, car le personnage est mutique et fermé. Il s’en dégage une douleur secrète, un manque de confiance en soi, une pulsion destructrice… Gallienne nous promène de scènes en scènes, avec à chaque fois, une tension latente. Le spectateur Continuer la lecture de « Maryline », l’eau d’un puits profond…→
Le film est surtout un bain de jouvence pour replonger dans ses jeunes années. Qui ne se souvient pas de cette finale 1980 incroyable où le nom du vainqueur semblait l’enjeu d’une rivalité entre les dieux ? Apollon du côté de Borg, demi-Dieu viking vénéré des filles qui était d’un calme olympien. Dionysos du côté de McEnroe, roi de la folie et de la démesure qui promenait une réputation de sale gosse mal élevé, « superbrat » pour les English, soit « sale morveux ».
Je me souviens bien de ce match et de son indécision totale. Sans doute un des plus grands matchs de tennis de tous les temps. Fallait-il en faire un film, selon cette mode tyrannique du biopic qui veut remettre en image toutes les célébrités passées? Continuer la lecture de Borg/McEnroe : duel au sommet…→
C’était évident !… Le prix Goncourt 2013 de Pierre Lemaître était un tel enchantement qu’un film devait suivre. Oui, mais pas n’importe quel réalisateur. Le livre était dense, profondément humain et comportait sa part de subversion et de douce folie qu’il fallait préserver. Albert Dupontel semblait taillé pour un tel défi. Et force est de reconnaître qu’il s’en acquitte superbement…
Sa réalisation est riche, et en même temps concentrée sur l’essentiel du roman. La scène de guerre du début, d’une extraordinaire sauvagerie campe bien le récit dans son jus psychologique. De même, le songe du jeune mutilé dresse en quelques jolies images sépias les relations familiales tendues qui sont le ressort essentiel de toute l’action. Bravo Continuer la lecture de « Au revoir, là-haut » : simplement parfait…→
Une nouvelle franchise du cinéma d’action est née : Kingsman 2 confirme les promesses du 1 ! On n’avait plus vu cela depuis Jason Bourne… Honnêtement j’ai pris autant de plaisir à ce « Cercle d’Or » qu’au premier opus, même s’il n’y avait plus l’effet de surprise du ton décalé. Assurément la griffe de la marque !…
Kingsman 2 se renouvelle bien, tout en faisant des jolis clins d’oeil au premier numéro avec, en particulier une bagarre dans un bar qui rappelle quelque chose… Dans le même registre, il y a aussi l’exploitation identique du thème des addictions populaires : le téléphone mobile dans le premier, les drogues douces et dures dans le second. Kinsgman tisse sa trame en exploitant nos faiblesses, et le fait avec toujours ce petit ton de dérision qui rend le propos irrésistible. Continuer la lecture de Kingsman : nouvel opium du peuple…→
Nicolas Vanier, explorateur du grand Nord et amoureux fou de nature sauvage, a voulu démontrer que le sauvage n’était pas nécessairement lié au voyage lointain. Il est à nos portes, en Sologne en particulier où a été tourné ce film de fiction naturaliste.
« L’école buissonnière » est avant tout un carnet de cartes postales, magnifiques, magiques, splendides ( les mots manquent…) sur les animaux de la forêt : cerfs, biches, renards, lapins, oiseaux de toutes sortes. On se demande parfois comment les images ont été tournées. C’est très dépaysant pour les citadins que nous sommes, et le film mérite à ce titre le déplacement.
« Le sens de la Fête » : grand retour du tandem Toledano-Nakache, auteurs de comédies exceptionnelles ( « Intouchable » ), réussies ( « Nos Jours heureux » ) ou complètement ratées ( « Tellement proches » ). La patte artistique de ces deux auteurs est de jouer les équilibristes sur la crête de scénarios aux situations forcées, source de fous rires, tout en essayant de ne pas tomber dans l’excès et le grand n’importe quoi. Ils n’y arrivent pas toujours !… Je relisais sur Allo-Ciné ma critique de « Tellement proches » que j’ai noté en son temps 1,5 sur 5. Un film qui m’avait laissé froid par son délire, « comme si les poissons de votre aquarium s’étaient grimés et déguisés pour se mettre à danser au son du carnaval de Rio… ».
« Un beau soleil intérieur » : ce film vaut d’abord pour Juliette Binoche. Une actrice d’une sensibilité rare qui a une fâcheuse tendance à s’égarer dans des films d’auteurs très arides, peu ouverts au grand public. Quoi qu’amoureux du cinéma dans son universalité, je n’avais pas trouvé récemment de convergence entre son cinéma et le mien.
Quel plaisir donc de la retrouver ! Elle est lumineuse et sait passer du rire aux larmes avec un naturel confondant. « Un beau soleil intérieur » lui donne un bon rôle de composition, celui d’une femme seule, déboussolée, vivant mal sa solitude et désespérément en quête d’amour. Un rôle touchant qui traduit bien la détresse de nombreuses femmes célibataires ou divorcées, qui après un certain âge, peinent à trouver l’âme soeur. Ce combat au quotidien méritait bien un joli film…
Vox populi, vox dei ? Pas sûr… Ainsi les 4 étoiles du vote internaute pour « Seven Sisters » ne me semblent pas totalement méritées. Car les films d’anticipation, pour inventifs et imaginatifs, qu’ils soient, doivent s’appuyer sur une logique implacable, une cohérence du monde inventé jusque dans les moindres détails…
Point de cela, ici. Le contexte est flou, comme s’il avait fallu créer trop rapidement un nouveau monde autour d’une idée folle : faire jouer à une personne 7 personnages différents qui s’assimilent à une seule personne… Hélas, Continuer la lecture de Des soeurs gonflées aux anabolisants…→
Le catalogue des sorties de la semaine était riche; par fatigue et besoin de distraction simple, j’ai choisi le dernier Tom Cruise. Mauvaise pioche !…
Les films issus d’histoire réelle ne valent pas toujours une bonne fiction, surtout quand la mise en scène est plate et s’accroche aux événements avec la lourdeur d’un pachyderme. Il faut en effet bien vingt minutes pour camper l’histoire. Tom Cruise a beau se démener et sulfater son public d’un sourire ultra brite, il n’arrive jamais vraiment à faire décoller l’attention du spectateur. Et l’humour est à la cave, avec des blagues du genre du type qui creuse un trou dans son jardin pour enterrer un sac de billets, et qui trouve un vieux sac tout aussi rempli de billets verts. Continuer la lecture de Barry Seal, aviateur fou…→
« Otez-moi d’un doute », voilà assurément un très joli titre pour un film sur la paternité et les questionnements sur ses origines. Une très belle histoire, aussi, celle d’Erwan, démineur de profession, qui va être amené à désamorcer quelques bombes dans sa famille, avec la découverte que son père n’est pas son père, que sa fille enceinte va donner naissance à une gamine sans père, et que la femme qui lui plaît est peut-être sa demi-soeur….
Difficile de parler de ce film sans spoiler le spectateur, mais il est certain que les bombes intimes sont aussi dangereuses que les vraies car elles font vaciller le socle même de votre vie. Sujet puissant s’il en est… La force de la réalisatrice Carine Tardieu est d’aborder le sujet avec légèreté, et un humour affleurant qui font de cette comédie Continuer la lecture de Quand le doute prête à sourire…→
Encore un film d’espionnage ? Un énième film d’action qu’on aura oublié demain ? Une nouvelle manifestation de la tendance actuelle de mettre des femmes dans la castagne ? Charlize Theron à la place d’Angelina Jolie ? Bof !!!…
Pourtant, malgré ces a priori défavorables, « Atomic Blonde » m’a enchanté. Pour quatre raisons : 1- Charlize est beaucoup plus convaincante qu’Angelina Jolie, elle ne se ménage pas dans ce film et reste étonnamment belle malgré les coquards et les lèvres tuméfiées; 2- Le contexte historique de la chute du mur en 1989 est parfaitement rendu ( mes années de jeunesse en plus ); il rend d’autant plus ironique cette lutte à mort, alors que survient le dégel entre Est et Ouest; Continuer la lecture de « Atomic Blonde » sans Blondie…→
« Dunkerque », je craignais un peu ce film car pour l’amateur d’histoire que je suis, il me semblait difficile de restituer la confusion totale qu’a été cette retraite par la mer de deux armées aux abois. De ce point de vue, les plages nues du film, quasiment sans carcasses de véhicules, d’armes et de matériels divers, sont un peu sur-réalistes. Economies de moyens ?