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LE GRAND MONDE : ETINCELANT !

Pierre Lemaître est l’Alexandre Dumas de notre époque. Découvrir un de ses nouveaux romans est à coup sûr se donner un plaisir de littérature. Il a un savoir-faire sans pareil pour brosser un décor et dépeindre des personnages complexes, avec toutes leurs subtilités. Ces personnages qui vivent devant nous sont plus réels que nature. Pas étonnant que les réalisateurs se battent pour en faire des films. Il y a un souffle épique dans ces récits.

L’intérêt principal à mes yeux est le contexte historique, toujours bien rendu. Ici la fin de la guerre, marquée notamment par le conflit colonial en Indochine. Un contexte peu souvent utilisé en littérature ( j’ai quand même en mémoire « un Américain bien tranquille » de Graham Green ). Ces dernières années de présence française sont passionnantes, par leur côté crépusculaire. L’insouciance et le fatalisme des colons, la pression montante des viets et les tentatives de recours à des sectes « indépendantes », tout cela constitue une toile de fond très colorée pour des aventures humaines.

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L’INCONDUITE D’UNE FEMME DEBRIDEE

Je suis passé plusieurs fois devant ce roman affiché parmi les meilleures ventes de la Fnac. Mais un rien m’interdisait de l’acheter, ce côté sulfureux, cette liberté de ton, ce caractère graveleux qui, à mes yeux, apparente ce genre de littérature à des livres à lire d’une seule main, à côté de la boite de Kleenex. Heureusement mon Kobo a levé mes dernières préventions, en m’autorisant un achat purement digital. Je ne l’ai pas regretté…

Emma Becker est une jeune femme affranchie des siècles d’assujettissement des femmes aux règles des bonnes moeurs et de la décence. A la douce dictature aussi de la retenue qui met beaucoup des désirs féminins sous un étouffoir. Cette femme a choisi de passer librement quelques mois dans un bordel, dans cette ville de Berlin qu’elle habite depuis quelques années ( expérience racontée dans un autre livre « la Maison », lecture too much pour moi ). Dans « l’inconduite », elle raconte sa vie d’après, de femme et de mère, vivant en couple, mais libertine et débridée autour des choses du sexe.

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TEMPETE POUR TOUS

Ce film aurait pu être un film pour midinettes de quinze ans, abonnées transies à « Cheval Magazine » et attendant leur prochaine séance d’équitation avec impatience. Dieu merci, il n’est pas que cela. Il parle aux non-initiés du monde du cheval avec chaleur et simplicité, en les faisant entrer dans les cercles du monde hippique sans l’exaltation démonstrative, commune à cette communauté. Une réussite de ce point de vue.

Bien sûr, le début est très caricatural, avec cette séance de mise-bas collective, canasson et humains dans la même stalle. On se demande quel homme accepterait que sa femme accouche accroupie dans une écurie, au milieu de la paille et du purin. De plus, compte tenu du cycle de vie différent entre humains et chevaux, la recherche d’une complicité née de cette naissance conjointe entre la jeune héroïne et son cheval ne mène pas à grand chose: c’est sur un autre cheval que la jeune cavalière va finalement se révéler…

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MASCARADE SOUS LE SOLEIL

Nicolas Bedos nous avertit en préambule de son film : la Côte d’Azur est une région triste… Le soleil attire les oisifs comme un aimant, en particulier les très riches, et avec eux une nuée de piques-assiettes qui essayent d’avoir une part du rêve éveillé que constitue leur étalage de richesses.

Avec un tel postulat, le spectateur sait ce qui l’attend : une débauche de cynisme, de combines, de personnages manipulateurs, et d’être faux, tous en adoration pour le veau d’or. Ce parti-pris peut gêner, mais une fois accepté, force est de reconnaître que le réalisateur nous rend une copie solide. Les personnages y sont plus vrais que nature, le gigolo Niney affreux comptable de ses sentiments, la provocante Marine Vacth retorse à souhait, la belle Laura Morante en quête de revanche…

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MANIFESTE DE FOI

« Reste un peu » est un film très audacieux. Parler de religion n’est, en effet, pas naturel au pays de la laïcité, qui plus est quand on prend le parti de la « religion opprimante », le christianisme, celle qu’on voudrait cachée et dont beaucoup de membres ne s’assument pas.

Gad Elmaleh fait preuve d’une grande sincérité dans son propos en parlant de « grâce » de « rencontre » de « cheminement », très loin du prosélytisme, en montrant simplement que la foi n’est pas un enfermement mental, mais une ouverture sur soi, sur la spiritualité, sur les autres aussi… Gad exprime simplement ses questionnements, sans rejeter les siens, et le choix d’associer ses parents au film est, de ce point de vue, un choix fort. La confrontation de deux univers qui se méconnaissent et cohabitent sans relations offre un cadre de réflexion stimulant, l’humour de Gad en sus. On sourit et on rit souvent.

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AMOUREUX DU JAPON

Les ouvrages de la collection des dictionnaires amoureux ne se valent pas tous. L’exercice est, il est vrai, une gageure. Un dictionnaire, par essence, prétend à l’exhaustivité et à l’universalité. Alors qu’une déclaration d’amour est éminemment personnelle et subjective. Difficile dans ces conditions de trouver le juste tempo qui satisfera d’autres amoureux. Mais dans le cas du Japon, j’ai plongé avec enthousiasme. Ma passion du pays est telle que j’étais sûr d’y trouver le plus petit commun dénominateur des aficionados du pays du Soleil Levant. Bingo !!!… En l’espèce, « le dictionnaire amoureux du Japon » est une encyclopédie, forte de 1266 pages, qui rend compte amoureusement de toute la densité d’un pays.

L’auteur Richard Collasse est un ancien dirigeant de Chanel au Japon. Il parle couramment japonais, a épousé une japonaise et grenouille au Japon depuis plus de cinquante ans. C’était assurément le mieux qualifié pour raconter un pays, d’autant qu’il le connaît bien. Sa passion pour son pays d’accueil va loin. Il connaît sa culture, son histoire, mais aussi ses coutumes et traditions, et peut raconter mille anecdotes de son parcours personnel. D’une certaine façon, il est entré dans l’âme du pays.

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COULEURS DE L’INCENDIE

Les romans de Pierre Lemaitre sont une telle perfection romanesque qu’il n’était pas pensable que le cinéma ne se penchât pas à nouveau sur cette belle histoire de Monte-Cristo au féminin. La revanche est un si beau moteur des passions humaines. Déjà « Au revoir, là-haut » avait marqué les esprits avec cette flamboyante gueule-cassée de retour du front qui se venge de tous les planqués de l’arrière qui l’ont envoyé au casse-pipe. Il y avait là matière à un beau scénario, avec l’aide de l’auteur, très impliqué.

Clovis Cornillac, l’acteur, s’applique donc à mettre en images ce fabuleux récit de spoliation d’héritage dans les années 30, au détriment d’une faible femme trop confiante. Il le fait avec beaucoup d’intensité, et le renfort de bons acteurs, tous excellents dans leurs rôles, notamment Olivier Gourmet, en beau-frère couard et Jeremy Lopez en journaliste véreux. L’image est belle, les lieux majestueux à souhait, la reconstitution historique minutieuse, à part quelques détails mineurs comme ces plots anti-voitures devant l’Assemblée Nationale. Le spectateur se laisse happer par un récit fluide, à l’ancienne, où l’objectif est de rester fidèle à la trame du roman. Ça marche !…

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Enchanteuse Déjantée

Christelle Chollet a un positionnement assez rare : elle est humoriste, mais aussi chansonnière. Avec une belle voix, ce qui ne gâche rien… J’avais bien aimé son précédent spectacle ( expérience déjà racontée sur ce blog ), et la perspective de passer un moment de douce folie m’a fait prendre un nouveau ticket dans le théâtre de poche de la Tour Eiffel…

Cette fille a un vrai talent pour mettre le public dans sa poche. Elle crée une complicité instantanée, avec une gouaille de « titette » parisienne qu’elle n’est d’ailleurs pas. Surtout elle est totalement débridée, bien campée sur ses talons hauts, dans une tenue de scène où la femme de près de cinquante ans en montre vingt de moins. Cette volonté d’en mettre plein la vue, s’adresse aussi au public féminin, puisqu’elle est habilement secondée par deux beaux musiciens en tenue de « peaky blinders », autrement dit, costumes trois pièces, cravates et casquettes cockneys.

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Un « Novembre » sinistre

Il y a sept ans, nous passions nos journées devant les écrans pour essayer de comprendre, et de capter des images de ce qui se tramait. Pris dans le feu d’une action qui les dépassait, les journalistes nous délivraient des images pauvres, statiques, répétitives… Et pourtant, nous restions scotchés à nos écrans dans une grande catharsis collective pour tenter d’exorciser le mal. Cela faisait du bien de nous sentir ensemble, de sentir, au delà de nos différences, tout ce qui nous rapprochait. Nous savions que notre communauté était touchée au coeur et que tous ceux qui étaient au service de notre défense étaient totalement mobilisés. Mais qu’aurions-nous donné alors pour être dans le secret de leurs engagements !..

Ce film « Novembre » vise à répondre à nos questions. Nous lever le voile sur l’enquête, ces quelques jours intenses où le pays, pris en otage, bandait tous ses muscles pour sortir de l’étau. Reconnaissons-le, il le fait bien.

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Lettre ouverte au patron de Stellantis

J’ai lu avec intérêt vos analyses selon lesquelles l’Europe avait ouvert en grand ses portes aux automobiles chinoises et que ses normes environnementales sans nuances risquaient d’avoir des effets dramatiques sur l’emploi en Europe, et en France en particulier.

Avec tout le respect que je dois au redresseur des marques Peugeot et Citroën, je tiens quand même à vous exprimer mon étonnement et mon incompréhension vis-à-vis de votre propre politique au regard de la production en France.

En tant que consommateur, soutien inconditionnel du « made in France », je suis très en colère contre vos choix industriels.

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Chronique d’une liaison passagere

Je suis fan d’Emmanuel Mouret. Ses précédents films Mademoiselle de Joncquieres et Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait m’ont convaincu qu’il était un expert du chassé-croisé amoureux. Je me suis donc laissé embarquer dans sa Chronique avec béatitude.

Cela tombe bien, le film commence sur les chapeaux de roues avec deux inconnus qui se déclarent leur flamme. Sauf que c’est la chronique d’un adultère entre une femme entreprenante qui n’a pas froid aux yeux ( merveilleuse Sandrine Kiberlain ) et un homme marié, pataud, maladroit, peu sûr de lui qui se laisse emporter presque à contre-coeur dans l’aventure ( Vincent Macaigne, si peu sexy, mais parfait dans le rôle ). Ces deux-là ont décidé de laisser parler leurs épidermes, indépendamment des sentiments et des conventions sociales. Une exultation des corps qui cherche à s’affranchir des émotions du coeur.

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Le tigre et le president

Film léger comme un voile de filigrane. Il s’imprègne heureusement dans votre conscient le temps de la projection pour être aussitôt oublié à la sortie. L’objectif est louable, sortir de l’anonymat un président de la république, Paul Deschanel, qui est rentré dans l’histoire uniquement pour une mésaventure rocambolesque, la chute d’un train. Un homme peut-il se résumer à si peu de choses ?

Certainement pas… Les pages Wikipedia sur Paul Deschanel sont d’ailleurs passablement longues. Il valait sans doute beaucoup mieux que ce que la postérité a retenu de lui. C’était assurément un homme de consensus, député moultes fois plébiscité dans sa région l’Eure et Loir, un politicien modéré dans une époque qui ne l’était pas, un homme aux grandes ambitions dans le domaine des idées, tout cela force déjà le respect. Cet inconnu qui réussit à battre à la régulière le candidat naturel à la présidence, auréolé de la victoire qu’était Georges Clémenceau, mérite assurément l’attention.

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Une degustation pleine de charme

Isabelle Carré au firmament… Cette actrice talentueuse a déjà une riche filmographie. Quelques jolis rôles notamment « Se souvenir des belles choses » ou le récent « Délicieux », mais jamais elle ne m’avait autant frappé que dans « La dégustation ». Voilà assurément un rôle peu glamour, celle d’Hortense, une catho solitaire, sous la coupe de sa mère, et vivant de plus en plus mal son célibat. Elle désespère d’avoir un enfant et s’apprête à partir en Espagne pour se faire inséminer sous aide médicale. Sauf qu’elle rencontre dans son magasin de vente de vins, Jacques, un garçon bourru ( Bernard Campan ) qui lui donne un dernier espoir de rencontre. Elle s’accroche comme à une bouée à cet alcoolique qui se laisse lentement apprivoiser par la farouche volonté de cette fille intrépide. Isabelle Carré est absolument touchante dans le rôle. Son visage expressif laisse transparaître les élans du coeur avec une vérité si criante que le film n’est plus film. Nous sommes dans la vie, dans la lutte pour ne plus vivre seule, dans la quête de l’âme soeur, dans la volonté de retrouver les rails d’une vie normée.

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L’AIR était tout en Feu

Après le passionnant « Eté des quatre rois », Camille Pascal s’attaque à un autre sujet historique, la Fronde en 1718 de grands seigneurs contre la régence de Philippe d’Orleans, alors que Louis XV était encore tout jeune. En fait, il s’agit surtout de l’agitation de deux bâtards de Louis XIV, reconnus par le vieux roi vieillissant comme « princes », sous l’influence de leur préceptrice, la dernière favorite, Madame de Maintenon : le duc du Maine ( bossu et boiteux ) et le duc de Toulouse ( le premier ayant épousé une authentique princesse, petite-fille du Grand Condé, la duchesse du Maine ). Des Princes qui se savaient peu légitimes dans un autre règne que celui de leur géniteur, et se sont mis à comploter avec l’Espagne en espérant inverser les ordres de succession, en cas de disparition prématurée du jeune Louis XV.

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ELVIS, un king reiNcarné

Dans la série « Biopic », nous n’avions pas eu encore « The King ». Une anomalie sans doute, tellement l’homme a marqué son époque. Mais qui pouvait donc bien prendre le rôle ? Un homme beau, au magnétisme animal, qui puisse communiquer la puissance sexuelle et vocale du plus gros vendeur de disques de tous les temps. Autant dire qu’un tel homme ne court pas les rues !…

Le choix d’Austin Butler a été audacieux et payant. Il faut dire que le jeune acteur a bossé dur pour rentrer dans la peau de son personnage. Au point qu’il a dû, après le tournage, se faire accompagner psychiquement parlant, tant le rôle l’avait vampirisé. Un tour de force !… C’est lui qui porte tout le film sur ses épaules. Il redonne vie à Elvis, il lui donne un corps et une âme, alors que ce dernier est pour beaucoup de nos contemporains comme une icône sur papier glacée. Et c’est passionnant…

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En corps, fievre de la peau

Je ne sais ce qui m’a fait passer à côté de ce film à sa sortie. Sans doute un titre un peu abscons, jeu de mot parfaitement compréhensible au regard de l’histoire, mais très ingrat pour attirer le chaland. Cela dit, je n’avais pas de vraies excuses car j’aime bien le réalisateur Cedric Klapisch et suis fidèle à ses dernières réalisations que je n’avais pas loupées. L’essentiel est de reconnaître ses torts, et de prendre le train en marche. Avec une note globale de 4,2 sur Allo Ciné, le film allèche le cinéphile récalcitrant. Bonne pioche !…

Le film est superbe.

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Vous reprendrez bien un peu de TOP GUN…

Quand on prend une place de cinéma avec Tom Cruise au générique, on sait que cela ne volera pas très haut ( eh bien si, cette fois ! ) et qu’il y aura de la baston et de l’adrénaline ( Oh oui !!! ). Top Gun, voilà bien du cinéma ricain à l’ancienne comme on l’aime, sans personnage de Marvel, ni super-pouvoirs, ni science-fiction de bazar. Pas besoin de cette débauche-là, nous reprenons un récit de 1986, époque où les personnages de cinéma restaient d’abord des hommes.

Trente cinq ans après, les héros sont fatigués ( Val Kimer à bout de souffle ), le temps a passé, sauf sur les traits de Tom Cruise, aussi « jeune premier » que dans la première édition. Comment fait-il ? Il déambule sa belle gueule d’aviateur fou avec toujours autant de charme et d’entrain. Et peut-être, un peu moins d’arrogance, car l’âge est aux States comme une maladie honteuse. Les jeunes coqs piaffant dans la basse-cour de l’école des pilotes sont sans pitié pour les « vieux machins ». C’est l’école de la testosterone, avec une fille, un black, un hispanique, et même un wasp horripilant d’arrogance. Toute la grande famille US est rassemblée. Ironie mise à part, le scénario est simpliste, mais laisse à l’histoire matière à se construire par des belles images de combat virtuel et de voltige à toute berzinc…

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