Second Tour : farce ou manifeste ?

Dupontel a un talent inimitable. Ses intrigues ont le pouvoir renouvelé de surprendre le spectateur. Ses scénarios partent couramment dans tous les sens à l’image de son récent « Adieu les cons ». Avec ce « Second Tour », la surprise est aussi au rendez-vous. Elle concerne un candidat bien placé pour une élection présidentielle. Un truc énorme !!!…

Il est difficile d’aller plus loin sans déflorer le scénario, mais voilà le spectateur balloté dans un récit incroyable qui semble être la griffe du réalisateur. Si on le prend pour ce qu’il est, à savoir une fable, ce film est plaisant, léger et plein d’humour. Il véhicule un message alternatif bon enfant, qui repose sur des convictions écologistes maintenant couramment partagées, pour lesquelles seule la vitesse d’exécution et l’implication personnelle de chacun diffèrent d’un candidat à l’autre. Les messages induits sur l’immigration heureuse sont plus sarcastiques et tombent dans l’anecdote ironique. Le film, si on prend ce parti, ne donne pas de leçons et dénonce juste avec le sourire, avec un Dupontel excellent dans un double rôle.

Hélas, certains iront au-delà de la fable, en y voyant un manifeste politique avec ses outrances ( la violence politique qui va jusqu’au meurtre ) et l’affrontement des modernes contre tous ceux qui ne veulent pas bouger et s’accrochent au pouvoir de l’argent. Une vision très manichéenne des problèmes et des acteurs qui ne permet guère la réconciliation autour des objectifs ( difficile, en effet, de composer avec des assassins et des enragés proches du « Trumpisme » ). Ce type de dénonciation aurait, en outre, peut-être du sens aux Etats Unis, mais en France, pays avec une longue tradition de modération, la chose paraît moins crédible.

Finalement, je préfère la première interprétation de ce film. Une farce énorme qui n’en prête pas moins à la réflexion et à un relativisme de circonstances face à toutes les positions tranchées trop suspectes. Et cela vaut dans les deux sens…