Il est mort le grand homme… La France se prête pour l’occasion à ce qu’elle sait le mieux faire : la célébration post mortem… Les mêmes qui disaient pis que pendre de lui vivant, deviennent des louangeurs patentés si tôt son trépas annoncé. Ils défilent devant la dépouille ; ils pleurent l’homme public ; ils le décrètent – bien sûr ! – « meilleur président » depuis de Gaulle…
Je ne me prêterai pas à ce simulacre. J’ai de la tristesse pour la disparition de l’homme et toute ma compassion accompagne bien entendu sa famille. Mais je n’aurai pas de larmes de crocodiles pour déplorer sa disparition. Je n’ai jamais aimé l’homme, et sa mort ne change rien à l’affaire. Continuer la lecture de Chirac ou l’art de l’illusion…→
Les Indes Galantes à l’Opéra de Paris Bastille… Un enchantement !… Ce spectacle m’a saisi par sa capacité à entraîner le public derrière lui. La musique de Rameau est déjà très belle, mais avec des images contemporaines un peu folles, cela touche au sublime. Voici le dernier tableau du spectacle, très déroutant, mais en même temps presque évident dans sa dynamique visuelle.
C’est un monument de Paris un peu oublié. Un lieu marqué d’histoire. Très longtemps inaccessible… Jusqu’à peu, ce n’était qu’à l’occasion des Journées du Patrimoine qu’on pouvait visiter la Tour Saint Jacques. Mais là encore, à raison de visites d’une heure et par groupe de 15 personnes seulement, c’était dur de toucher le graal.
J’y suis arrivé cette année, suite à un réveil matinal. L’occasion de réaliser ironiquement devant la casemate du jardin que le site était maintenant accessible une grande partie de l’année. J’avais finalement attendu pour rien…
« Deux moi », le dernier film de Cedric Klapisch… Je n’ai pas adoré ce film. Question de génération, j’en suis certain, si j’en juge par les critiques majoritairement positives sur Allo Ciné. L’histoire est belle, pourtant, avec deux acteurs qui ont une présence. Mais le film est lent, très lent…
Il enfonce des portes ouvertes sur la nécessaire ouverture d’esprit sur autrui et la réconciliation avec soi-même pour aller au devant des autres. Comme si Continuer la lecture de Le psy expliqué aux nuls…→
La publicité a provoqué de l’émotion chez les internautes. Avec raison… Astérix et le merveilleux univers de Goscinny-Uderzo au service d’une grosse machine américaine de la bouffe à la chaîne… Quelle faute de goût !… Faut-il que les héritiers soient obsédés par le gain rapide pour dilapider ainsi l’héritage culturel ? Goscinny doit faire des sauts de carpe dans son cercueil…
Le banquet final de la BD qui se passe au McDo local, on croît rêver !… Je croyais que le synopsis de cette BD était la résistance à l’envahisseur romain ? Cet étranger qui veut imposer son mode de vie et dérouler son modèle, pour faire de notre Gaule un « Domaine de Dieux » consacré au veau d’or du sesterce triomphant. Continuer la lecture de Asterix vendu à la malbouffe…→
Franz-Olivier Giesbert est un malin. Il écrit chaque semaine de beaux éditoriaux, très profonds, dans le Point. Mais tout le monde ne lit pas ce magazine. Aussi, pour s’adresser au plus grand nombre, rien ne vaut un beau roman, romanesque et historique. « La Cuisinière d’Himmler » étonne déjà avec ce titre inattendu. C’est une histoire fictive, mais qui s’inscrit dans son siècle, avec de nombreux personnages historiques comme protagonistes du récit. L’occasion de revisiter l’Histoire de manière légère, en compagnie d’un personnage attachant, Rose, une femme d’origine arménienne dont on va suivre toute la vie au cours des 360 pages du roman. Et quelle vie !…
Je suis resté un peu sidéré après le générique de fin de « Fête de famille ». Incapable de dire si j’avais aimé ou pas. Encore sous le choc de la dureté des relations au sein de cette famille. « C’est du brutal » pour paraphraser les tontons flingueurs… Un film qui commence doucement comme du Tavernier d’un « Dimanche à la campagne » pour obliquer vers les règlements de compte d’un « Air de Famille », humour en moins…
Est-ce une nouvelle chronique douce-amère des hauts et des bas de la vie de famille ? Un film qui cherche l’adhésion du spectateur par un phénomène d’identification aux personnages ? Pas vraiment… Ou alors, c’est sérieusement se compliquer la tâche de commencer avec une fratrie composée d’une bipolaire sévèrement frappée et d’un looser pathétique en tout point horripilant. Ce film dégage, en tout cas, une tension croissante. Continuer la lecture de OK Corall familial…→
Une palme d’or consensuelle, voilà qui est rare !… Je crois que la dernière fois, c’était pour « la Vie d’Adèle » en 2013, si ma mémoire est bonne. Il est vrai que cette fois-ci, Cannes a touché juste avec « Parasite » comme Palme d’or. Ce film est non seulement déroutant, il est surtout inclassable… Cela part dans tous les sens ! Le spectateur se fait balloter par un scénario en montagnes russes qui est de ceux qui font aimer le cinéma.
Une famille de pieds nickelés, chômeurs tendance « paresseux comme des loutres » trouve le moyen de vivre ( bien ) au crochet d’une riche famille un peu crédule. Tous ces « parasites » s’inventent des compétences diverses et variées pour servir chaque membre de la famille selon ses attentes. Pas vraiment de quête de nouveaux départs chez ces quatre zozos. C’est plutôt la vénération du veau d’or qui motive cette famille de joyeux arnaqueurs. Jusqu’au jour où ils se retrouvent tous dans la superbe propriété d’architecte de leurs nouveaux patrons, en l’absence de leurs occupants, pour fêter leur belle supercherie. Mais ils vont faire quelques découvertes surprenantes… Continuer la lecture de Quand Cannes se fait piéger…→
« L’Eté des Quatre rois » se dit un roman. Coquetterie de style de l’auteur, car il s’agit bien là d’une chronique historique. Une excellente même, si vous voulez mon avis, tant on a l’impression de lire un quotidien de l’époque relatant dans le détail les événements de l’actualité. L’actualité d’une quinzaine de jours de l’été 1830 qui ont constitué ce qu’on a appelé plus tard « la révolution de juillet ». Une période assez méconnue, cette révolution-là étant moins riche que celle de 1789 et donc un peu négligée dans les cours d’histoire. C’est pourtant le second coup de boutoir de la République contre la royauté, et le début d’une grande confusion chez les royalistes entre légitimistes et orléanistes, antagonisme qui subsiste toujours près de deux cents ans plus tard. Voilà donc une bonne occasion de replonger dans notre Histoire, d’autant que l’épisode des Gilets Jaunes a montré la propension de notre peuple à s’échauffer très vite. Comme en cette année 1830, révolution-éclair qui n’a pas duré plus d’un mois…
C’est connu, Quentin Tarantino est un grand cinéphile, un des plus passionnés en tout cas et dans ce film « Once upon a time in Hollywood », il tente de nous faire partager son amour du cinéma. C’est sans conteste son film le plus personnel. On retrouve, dans ce film, ce qui a fait vibrer le jeune Quentin-enfant quand il ressentait les palpitations du spectateur, devant des westerns notamment. Il y a des extraits de films, des bandes annonces, des scènes se passant dans une salle obscure et beaucoup de ce qu’on se représente des coulisses d’Hollywood.
Dans le même temps, Tarantino célèbre un temps où les images avaient du poids, où la lecture et la radio occupaient les esprits avec fraîcheur, très loin de la saturation et de l’overdose d’images de notre époque. Ce film est un manifeste nostalgique pour l’âge d’or du cinéma,et la période d’insouciance qui l’a accompagnée. Jusqu’à un certain jour d’août 1969 où le massacre de Sharon Tate et de quelques amis a fait perdre au milieu du cinéma la candeur des origines. Continuer la lecture de Tarantino intime…→
Julian Fellowes, né en 1949, est un touche-à-tout des médias. Le nouveau septuagénaire s’est essayé à beaucoup de choses, notamment le métier d’acteur, de scénariste et de romancier. Avant de remporter un beau succès avec Gosford Park dont on a fait un film, puis surtout de Downton Abbey qui fut un succès planétaire. Le scénariste chéri des plateaux n’a pas oublié d’écrire, et son roman « Passé imparfait » est son troisième livre. Un livre dans la veine de Downton Abbey, mais peut-être plus profond car sociologiquement très piquant.
L’histoire est savoureuse. Un sexagénaire célibataire, romancier à ses heures perdues, reçoit une invitation étrange à venir le voir d’un vieux copain de jeunesse, Damian, dont il s’était séparé violemment au point de le considérer comme un ennemi. Après toutes ces années, que lui voulait-il ? Continuer la lecture de Passé imparfait plus que parfait…→
Clement est l’ami de ma nièce. Un garçon qui est venu passer quelques jours en vacances auprès de la famille, au sens le plus large qui soit. Une présence qui n’est pas passée inaperçue…
Il a juste 17 ans, mais a déjà fait des choix de vie forts. Clément a les cheveux peroxydés; il est ouvertement efféminé et s’amuse avec sa copine à se vernir les ongles de pieds. Quelques gestes et postures traduisent une orientation sexuelle non conforme au choix majoritaire.
Clément est un garçon très doux, bien élevé et paisible. Il s’assume pleinement… Mais ce n’est pas le cas de l’entourage qui se crispe, lui déniant son droit à la différence. Les générations les plus anciennes sont les plus perdues. Comment accepter de telles « simagrées » ?
Elle porte bien son nom. C’est la terre de France le plus à l’ouest. Celle qui profite de la dernière lumière du jour, avant de voir sombrer le soleil dans une immensité liquide. Le Finistère dans son expression ultime de bout du monde.
L’île d’Ouessant est un lieu qui attire. Elle exerce sur le visiteur une forme d’envoûtement. L’idée d’aller jusqu’au bout de la route, cap à l’ouest, tant que la terre nous porte. Mais l’île se mérite… Elle ne se donne pas au premier venu. Mieux vaut regarder la météo marine avant d’entreprendre le voyage. Pour l’avoir négligé, nous avons dû nous y prendre à deux fois. La première fois, lors d’une journée pourtant ensoleillée, notre ferry avait dû rebrousser chemin à deux cent mètres de l’arrivée, à cause d’une forte houle qui rendait l’accostage dangereux. Nous avions réalisé ce jour-là que le bras de mer entre Ouessant et le continent était comme le Cerbère des enfers. Parfois docile, parfois menaçant, il peut d’un coup de langue vous engloutir. Mieux vaut oublier son arrogance quand on s’approche d’Ouessant. D’ailleurs, les marins craintifs avaient coutume de dire : « qui voit Ouessant, voit son sang ». Continuer la lecture de Totalement à l’Ouest…→
La trilogie de Pagnol est universellement connue. Marius-Fanny-Cesar nous sont intimement familiers. Le plus souvent d’ailleurs sans véritablement connaître les films. Des films en noir et blanc des années 30, vous pensez bien, Madame, c’est un peu désuet… Alors, on pense à eux autrement, en jouant aux cartes par exemple avec cette savoureuse réplique dans le film Marius « tu me fends le coeur ! ». Raimu y est exceptionnel…
Dans cette chronique familiale marseillaise, chef d’oeuvre d’émotion du grand Marcel Pagnol, j’ai une tendresse particulière pour le dernier, « Cesar ». Le film tourné en 1936 visait à donner une suite, alors que les précédents opus avaient été de grands succès. Pagnol l’avait écrit en urgence.
Yesterday est un film qui exploite la veine des films musicaux, dans la poursuite de Bohemian Rhapsody ou du récent Elton John. Ici ce sont les Beatles que l’on honore. Mais en les faisant disparaître de l’Histoire, pour voir quel serait l’état du monde sans leur bénéfique influence.
Pourquoi pas après tout ? On est habitué à une part de science-fiction dans les scénarios d’aujourd’hui. Et puis, imaginer l’accueil que l’on ferait aux mélodies des « Fabulous Four » si on devait les redécouvrir, cela pouvait faire une histoire sympatoche… Continuer la lecture de Yesterday : une vie sans les Beatles ?→
Faire son premier long métrage à 28 ans, c’est audacieux… Une audace pas vraiment partagée par les distributeurs qui réservent peu d’écrans à ce premier film. Pourtant le public aime, et c’est déjà une première revanche pour une jeune femme, Mélanie Auffret qui a mis dans l’exercice tout son coeur.
Certes la jeune réalisatrice surfe sur une vague sociétale très forte, le retour aux valeurs simples, au bien-manger, à l’exploitation extensive de la terre qui rémunère correctement ses artisans. Tout cela est très dans l’air du temps, mais Mélanie le fait avec beaucoup de tact et de finesse. Très loin du discours militant des écolos anti-consuméristes enragés.
Cela faisait longtemps… Longtemps que j’avais envie d’aller voir. Non pas par voyeurisme ou par une curiosité malsaine. Mais pour perpétuer la mémoire d’un drame… Seulement ce lieu se mérite. Il est à l’écart des grandes routes dans ce Limousin rural que vous ne pensez pas naturellement à visiter. Il est pourtant à voir une fois dans une vie d’homme. Comme une obligation morale vis à vis des anciens et de notre histoire commune.
Oradour sur Glane est ce village martyr figé dans ce jour de juin 1944 qui aura vu 652 personnes – hommes, femmes, enfants – mourir dans des conditions atroces. Brûlés dans leur village qu’ils n’avaient pour la plupart jamais quittés. Continuer la lecture de Mémoire de nos pères…→