Archives de catégorie : Cinema

« Mademoiselle », esthétique et déroutant…

Grâce à la Video on Demand ( VOD ), il est permis de rattraper ses erreurs. Visionner les films qu’on a loupés de manière impardonnable. « Mademoiselle » du coréen Park Chan-Wook est de ces films. Il est époustouflant…

« Mademoiselle », si vous voulez résumer le film en une phrase, c’est « le Limier saupoudré d’un nappage de sexe »… « Le Limier », film de Joseph L. Mankiewicz, sorti en 1972 est un de mes films préférés. Un chef d’oeuvre avec un scénario qui est une mécanique de précision. Le spectateur qui a la chance de découvrir le film pour la première fois, est totalement abusé. Un jouet entre les mains du maître, Mankiewicz, sans doute le plus grand réalisateur de tous les temps.

Comparer un film coréen au Limier est donc à mes yeux, le plus beau des compliments. Ce film est une histoire à tiroirs qui nous manipule délicieusement. Le royaume du faux semblant où Continuer la lecture de « Mademoiselle », esthétique et déroutant…

Dernier crû de Klapisch : un bon millésime

« Ce qui nous lie », le dernier Klapisch, est un film intimiste sur la transmission. Un film qui parle donc aux spectateurs car chacun y trouve nécessairement des résonances avec son histoire personnelle. Amour, éducation, caractère, patrimoine, héritage, tradition, voilà ce que nous donnent nos parents. Dans le cas de Jean, Juliette et Jeremy, il y a aussi une superbe exploitation viticole en Bourgogne, un cadeau des dieux qui plonge le spectateur dans une vie de labeur, au rythme des saisons.

Klapisch aime le vin; cela se sent. Son film est extrêmement sensuel, il joue de nos sens, en particulier au début quand les frères et soeur goûtent les raisins et jouent de leur pulpe pour apprécier leur maturité. La scène où le frère et la soeur foulent au pied les grappes dans des grandes cuves débordent aussi de vie. On sent presque les effluves des raisins en fermentation. Continuer la lecture de Dernier crû de Klapisch : un bon millésime

« L’amant double » : un suspens grinçant…

Marine Vacth m’impressionne… Cette jeune actrice a dans la qualité de son jeu l’étoffe d’une Elisabeth Huppert et, dans sa liberté de jeu, celle de la Miou Miou des Valseuses. Déjà dans « Jeune et Jolie », elle avait fait preuve d’une grande densité. Dans « L’Amant Double », elle ne s’épargne pas; son rôle est de ceux que de nombreuses autres actrices n’auraient pas osé…

Car « L’Amant double » est un film trouble, un film d’atmosphère totalement tourné sur ses deux personnages. Rien ne vient troubler ce face à face intime où rien ne sera épargné au spectateur. Même pas le gros plan d’un vagin lors d’une consultation gynécologique ! François Ozon – qui n’a jamais mieux porté son nom – nous emmène dans les méandres du cerveau et de la psychothérapie, en nous trempant régulièrement dans des scènes de sexe plutôt hot. Après tout, c’est Freud lui-même qui le dit : tout est sexuel… Mais, pour compliquer la chose, Continuer la lecture de « L’amant double » : un suspens grinçant…

HHhH, Himmlers Hirn heisst Heydrich

Le livre de Laurent Binet « HHhH » avait marqué les esprits, obtenant le prix Goncourt du premier roman en 2010. Il était prévisible qu’un film suive… Il est vrai qu’on ne peut trouver meilleur scénario que ce fait d’arme glorieux de 1942, quand deux résistants tchécoslovaques éliminèrent Reinhard Heydrich, bras droit d’Himmler ( « son cerveau » selon cet acronyme de titre ), et architecte de la solution finale des Juifs. Le plus haut gradé allemand abattu par la résistance…

L’exploit de Jan Kubis et de Joseph Gabcik est célébré comme il se doit à Prague où l’on visite la crypte où les deux résistants furent acculés par les Allemands. Pourquoi pas, en effet, faire un film pour leur rendre hommage ?

Hélas Continuer la lecture de HHhH, Himmlers Hirn heisst Heydrich

Une young lady glaçante

Le cinéma a quelque chose de magique, quand vous vous retrouvez dans une petite salle d’art et d’essai. 6 ou 7 spectateurs tout au plus. Deux copines ensemble et, pour le reste, des personnes seules disséminées dans la salle minuscule qui, pour le coup, en devient grande.

Vous ne les connaissez pas, mais pour autant vous ressentez comme une vibration avec ces rares spectateurs. Une communion intellectuelle. Un sentiment d’appartenance à une même communauté. La confrérie virtuelle des amateurs d’images prêts à passer deux heures devant un film iranien ou d’un film argentin dont personne n’a entendu parler. Les doux dingues qui s’éloignent du box office pour trouver les émotions d’un cinéma intimiste inconnu. Ils acceptent le risque d’être déçus, du moment que le film les plonge dans un autre monde.

Le silence est déjà là avant que cela ne commence. Continuer la lecture de Une young lady glaçante

Retour compliqué à la maison…

Un nouveau film argentin qui traverse l’Atlantique, c’est souvent la promesse d’un bon moment de cinéma. Gagné ! Ce « citoyen d’honneur » est un film caustique qui constitue une belle réflexion sur la création littéraire. Un film assez surprenant car il n’est pas démonstratif et fait passer des messages avec une jolie économie de moyens.

Cet écrivain Prix Nobel rentrant pour la première fois dans le village reculé de son enfance, c’est le choc classique d’un monde rural plouc mais sincère de coeur, avec un citadin torturé ayant une haute estime de lui. Continuer la lecture de Retour compliqué à la maison…

« Miss Sloane » : une femme en fer armé

Passionnant ! Ce film est passionnant… Avec des moments de forte intensité. De ceux qui vous font aimer le cinéma. Et pourtant, l’histoire est complexe, il faut rentrer dans l’histoire, se plonger dans une réalité politique américaine différente de la nôtre ( privilégier peut-être, à cet égard, la version VF pour une meilleure compréhension ). Le métier de lobbyiste est peu connu chez nous, quoi qu’ils soient très présents, notamment auprès des instances européennes. Mais on comprend vite les enjeux, d’autant que cette femme se bat pour un projet consensuel de limitation des ventes d’armes ( limitation au demeurant réduite aux criminels et aux dérangés psychiatriques : une évidence chez nous, mais pas dans le pays du 2nd amendement, article de la constitution qui autorise le port d’armes ). Voilà le décor posé…

Tout le film repose sur le personnage d’Elisabeth Sloane, Continuer la lecture de « Miss Sloane » : une femme en fer armé

Des bigaros aux vifs éclats…

Notre cinéma semble un peu en panne quand il reprend des films récents, juste pour le principe de faire un remake plus moderne. Le précédent « Sac de billes » de Jacques Doillon datait pourtant de 1975; il n’était même pas en noir et blanc. Bizarre, bizarre.

Mais si l’objectif est de remettre au goût du jour un roman puissant que beaucoup de jeunes ne connaissent pas pour la plupart, alors ce film a toute sa légitimité. L’histoire est de celles qui marquent les esprits. L’histoire vraie de deux garçons que la guerre va faire grandir à toute vitesse. Ils sont juifs et essayent d’échapper à la pieuvre nazie. Ils vont vivre des moments très intenses… Continuer la lecture de Des bigaros aux vifs éclats…

Tout n’est pas rose à Manchester…

« Manchester by the sea » : le film est sorti depuis longtemps. Mais il tient toujours l’affiche, ce qui permet de rattraper un oubli. Il fait partie des films à voir !…

Autant le dire tout de suite, il vaut mieux être en forme et de bonne humeur pour aller voir ce film. Le film n’est pas gai. La faute au personnage principal – joué superbement par Casey Affleck – qui promène sa tristesse tout au long du film. Un homme touché par un drame et qui ne s’en relève pas…

Tout le film est Continuer la lecture de Tout n’est pas rose à Manchester…

« Silence » comme une évidence

Un Scorsese est comme un grand vin; on l’observe avec respect, en se demandant si ce sera un grand crû. L’appellation est contrôlée, l’origine noble, la déception quasi exclue… Mais quand même, on devine que ce « Silence » adapté du livre du Japonais Shusaku Endoo, est un défi pour un réalisateur, aussi grand soit-il. Et puis, pour parler du Christ et de foi, il faut une sacrée audace à une époque où les idoles s’appellent Kim Kardashian et Kanye West !…

Nul autre que Scorsese ne pouvait faire ce film. Dans toute son oeuvre, en premier lieu « Taxi Driver », il y a un filigrane de spiritualité. Mais là, Continuer la lecture de « Silence » comme une évidence

« La la Land » : l’ode à l’amour

Il était une fois un pays imaginaire où tout était beau. Les paysages y étaient magnifiques, avec des camaïeux de couleur qu’on retrouvait dans les robes des filles; Il y régnait la joie, la beauté et l’optimisme. Les couples y étaient heureux et très accordés; les ami(e)s étaient des modèles du genre; les inconnus dansaient sur les voitures; la complicité transcendait toutes les relations humaines… Ce pays magnifique qui s’appelait La la Land était, en fait, le pays de l’amour. Le pays qui apparaît à vous quand vous avez fait une belle rencontre. Le pays que vous voyez avec les lunettes roses du bonheur intérieur. Un territoire de la vie, hélas un peu trop évanescent, dont on voudrait retrouver la terre plus souvent.

Le jeune et génial réalisateur français Damien Chazelle part à la découverte des terres du bonheur avec cette comédie musicale légère et aérienne qui remplit les salles du monde entier. Continuer la lecture de « La la Land » : l’ode à l’amour

« Live by night » : le canasson se rêve pur-sang

« Il y a des similitudes avec « Il était une fois en Amérique », nous dit Ben Affleck de son dernier film. C’est beau l’auto-satisfaction d’un réalisateur, mais n’est pas Sergio Leone qui veut. Et « Live by night » est très loin du chef d’oeuvre qu’il essaie de copier. Il ne suffit pas de travailler soigneusement le décor, les costumes et les vieilles bagnoles pour capter toute l’essence des films de gangsters. Ce qui compte d’abord, c’est le scénario.

Et là où Sergio Leone avait travaillé douze années sur son histoire, Ben Affleck nous égare entre Boston et Tampa, avec une grosse salade mixte d’Irlandais, de Ritals, de Cubains et de Ku Klux Klan. Quelle idée Continuer la lecture de « Live by night » : le canasson se rêve pur-sang

« Your Name » : douceur sucrée japonaise…

Depuis la découverte de Miyazaki, je suis fan des dessins animés japonais. Il s’en dégage toujours une poésie créatrice; c’est souvent beau, parfois très beau, en général très très beau… La palette de couleurs y est plus vraie que la réalité même.

Dans « Your Name », l’image est pareillement d’une beauté saisissante. Le paysage d’automne, les reflets de l’eau dans une rivière, les scintillements de météorites, tout est d’une harmonie subtile. On est subjugué de voir vivre une nature si proche, alors qu’elle est née sous le simple jeu de crayons. Le réel a été littéralement capturé par le croquis. Croquis qui ne s’arrête pas là, puisqu’il entreprend également de traduire les rêves en images. Avec le même bonheur… Sublime ! Continuer la lecture de « Your Name » : douceur sucrée japonaise…

« Dalida » : une vie à la Maupassant…

« Je fais de mon mieux pour être heureuse, mais la mort rode autour de moi ». La vie de Dalida résumée en une phrase… Lisa Azuelos nous raconte l’histoire de cette chanteuse qui a marqué son époque et dont les chansons continuent de flotter dans l’air. L’histoire peu banale d’une grande égyptienne venue en France pour faire un carton dans la chanson.

L’histoire d’une femme, avant d’être une vedette. Une femme malheureuse qui aura vu les trois hommes de sa vie se suicider. Dalida est un monument de la chanson. Pourquoi ne pas voir ce nouveau biopic ?… Continuer la lecture de « Dalida » : une vie à la Maupassant…

« Nocturnal Animals » : dérangeant…

« Nocturnal Animals » est un drôle d’animal. Ce film vous prend à la gorge dès la bande annonce ( assurément la palme de l’originalité ! ) et vous plonge dans une atmosphère particulière à la David Lynch, ce qui est un compliment. L’Ouest aride du Texas avec des personnages un peu déjantés. A la caméra, Tom Ford, le beau gosse de la mode, ex-patron du design de Gucci, qui a développé sa propre marque éponyme. C’est son deuxième film, et il faut bien lui reconnaître un certain talent dans ce second métier. Chaque scène semble très travaillée au niveau de l’image. La touche toute en sensibilité du maître. Mais c’est dans un style minimaliste, avec la caméra proche des personnages, comme pour capter leur essence.

A l’appui de cette belle technique, un casting quasi parfait, avec Continuer la lecture de « Nocturnal Animals » : dérangeant…

« Rogue One » : les étoiles à la sauce Disney…

Rogue One, c’est le film-surprise que l’on n’attendait pas. Un film qui ne s’ajoute pas à la numérologie classique des Star Wars, mais crée un raccord entre deux épisodes. On commence le diagramme à l’horizontale, ce qui promet à terme un schéma aussi complexe qu’un gêne humain quand la grande machine commerciale de Walt Disney aura délivré tous les films qu’attendent les fans. La machine à cash est en marche.

Reconnaissons que le groupe Disney a parfaitement compris les ressorts de fonctionnement des films de Lucas. Nous sommes parfaitement en territoire connu, et l’intensité est aussi forte que les 7 épisodes initiaux. Bref, c’est un grand succès… Continuer la lecture de « Rogue One » : les étoiles à la sauce Disney…

« Seul dans Berlin », seul contre le mal

Son réalisateur est un play boy suisse. Sa principale actrice est une anglaise shakespearienne. Son histoire est celle de deux courageux Allemands. Et le film se revendique franco-germano-britannique. Joli cocktail européen !… Il n’est pas gage de succès, pour autant, car le film n’aura pas tenu longtemps à l’affiche. D’ailleurs, je l’ai vu dans une petite salle de la rue Mouffetard, un cinéma à l’ancienne qui semble ne pas avoir changé depuis les années 50.

« Seul dans Berlin » est une histoire comme je les aime. Un drame solidement enraciné dans son époque, en l’occurence l’Allemagne des années de guerre, dans un pays totalement possédé par la pieuvre nazie. L’histoire d’un couple qui Continuer la lecture de « Seul dans Berlin », seul contre le mal