Archives de catégorie : Cinema

Tarantino intime…

C’est connu, Quentin Tarantino est un grand cinéphile, un des plus passionnés en tout cas et dans ce film « Once upon a time in Hollywood », il tente de nous faire partager son amour du cinéma. C’est sans conteste son film le plus personnel. On retrouve, dans ce film, ce qui a fait vibrer le jeune Quentin-enfant quand il ressentait les palpitations du spectateur, devant des westerns notamment. Il y a des extraits de films, des bandes annonces, des scènes se passant dans une salle obscure et beaucoup de ce qu’on se représente des coulisses d’Hollywood.

Dans le même temps, Tarantino célèbre un temps où les images avaient du poids, où la lecture et la radio occupaient les esprits avec fraîcheur, très loin de la saturation et de l’overdose d’images de notre époque. Ce film est un manifeste nostalgique pour l’âge d’or du cinéma,et la période d’insouciance qui l’a accompagnée. Jusqu’à un certain jour d’août 1969 où le massacre de Sharon Tate et de quelques amis a fait perdre au milieu du cinéma la candeur des origines. Continuer la lecture de Tarantino intime…

Le petit monde élégant de Pagnol

La trilogie de Pagnol est universellement connue. Marius-Fanny-Cesar nous sont intimement familiers. Le plus souvent d’ailleurs sans véritablement connaître les films. Des films en noir et blanc des années 30, vous pensez bien, Madame, c’est un peu désuet… Alors, on pense à eux autrement, en jouant aux cartes par exemple avec cette savoureuse réplique dans le film Marius « tu me fends le coeur ! ». Raimu y est exceptionnel…

Dans cette chronique familiale marseillaise, chef d’oeuvre d’émotion du grand Marcel Pagnol, j’ai une tendresse particulière pour le dernier, « Cesar ». Le film tourné en 1936 visait à donner une suite, alors que les précédents opus avaient été de grands succès. Pagnol l’avait écrit en urgence.

Le talent est là Continuer la lecture de Le petit monde élégant de Pagnol

Yesterday : une vie sans les Beatles ?

Yesterday est un film qui exploite la veine des films musicaux, dans la poursuite de Bohemian Rhapsody ou du récent Elton John. Ici ce sont les Beatles que l’on honore. Mais en les faisant disparaître de l’Histoire, pour voir quel serait l’état du monde sans leur bénéfique influence.

Pourquoi pas après tout ? On est habitué à une part de science-fiction dans les scénarios d’aujourd’hui. Et puis, imaginer l’accueil que l’on ferait aux mélodies des « Fabulous Four » si on devait les redécouvrir, cela pouvait faire une histoire sympatoche… Continuer la lecture de Yesterday : une vie sans les Beatles ?

« Roxane », Cyrano au poulailler…

Faire son premier long métrage à 28 ans, c’est audacieux… Une audace pas vraiment partagée par les distributeurs qui réservent peu d’écrans à ce premier film. Pourtant le public aime, et c’est déjà une première revanche pour une jeune femme, Mélanie Auffret qui a mis dans l’exercice tout son coeur.

Certes la jeune réalisatrice surfe sur une vague sociétale très forte, le retour aux valeurs simples, au bien-manger, à l’exploitation extensive de la terre qui rémunère correctement ses artisans. Tout cela est très dans l’air du temps, mais Mélanie le fait avec beaucoup de tact et de finesse. Très loin du discours militant des écolos anti-consuméristes enragés.

Roxane est, au contraire, Continuer la lecture de « Roxane », Cyrano au poulailler…

Casse-pipes entre potes…

Chamboultout, voilà un joli titre !…

Un titre qui fait penser à ce jeu de fête foraine où l’on s’ingénie à faire chuter les têtes des personnages à coup de boules. Il y a un peu de cela dans le film autour d’une histoire bien ficelée d’un homme ( José Garcia ) ayant perdu la vue et tout sens de la retenue, à la suite d’un accident. Du coup, il assène des phrases assassines à tout son entourage, sans pudeur ni vernis social, la cécité l’ayant rendu totalement auto-centré sur lui-même.

Sa femme, la délicieuse Alexandra Lamy tente bien de l’entourer de son affection, mais elle a un peu baissé les bras, en tombant dans ceux d’un amant de passage, ce qui lui fait bien mieux accepter l’épreuve. En plus, Continuer la lecture de Casse-pipes entre potes…

« Coeurs ennemis », prêt à porter du cinéma…

Pour une fois, le titre du film a été francisé… Et objectivement « Coeurs ennemis » est beaucoup plus parlant que « The aftermath ». Il serait temps que nos censeurs du cinéma arrêtent d’avoir honte de notre langue. Ou de considérer l’anglais comme plus sexy…

« Coeurs ennemis », donc, est un film séduisant sur le papier. Une histoire d’amour entre un jeune veuf allemand et une anglaise, femme d’un colonel des troupes d’occupation britanniques juste après la guerre dans une Allemagne dévastée, il y a là matière à ouvrir une page d’Histoire avec un joli jeu d’acteurs, partagé entre deux langues saxonnes. Et puis, il a la divine Keira Knightley au générique, une actrice au regard lumineux et à la présence aussi douce que son patronyme est aride.

Hélas, trois fois hélas, Continuer la lecture de « Coeurs ennemis », prêt à porter du cinéma…

« Nous finirons ensemble », Ou pas ?

« Les petits mouchoirs » avaient été un grand succès. Il était prévisible qu’il y ait une suite… Sauf qu’un film aussi intimiste ne pouvait prétendre nous surprendre une seconde fois, malgré le plaisir réel de retrouver des personnages attachants.

Guillaume Canet a dû être conscient de cette gageure en construisant « Nous finirons ensemble », si bien que le bon chroniqueur d’un groupe de potes qui avait excellé dans son premier tableau, a durci le trait de son nouveau croquis en prenant du fusain à gros trait. Finis l’humour et l’insouciance. Place aux états d’âme existentiels de la quarantaine finissante!… Comme si l’amitié de ces zozos devait être compensée par des mal-êtres en cascade pour rentrer dans le moule d’une société en crise. Choix discutable sur le fond, mais aussi sur la forme, car une certaine forme d’exaspération du spectateur naît de l’outrance des situations. Continuer la lecture de « Nous finirons ensemble », Ou pas ?

Belle leçon d’Histoire…

La liberté est notre bien le plus précieux, et les jeunes générations qui n’ont pas connu les années de plomb du communisme ne devraient pas l’oublier. Un Français sur cinq vote toujours pour les partisans de ce courant de pensée. Ils ont une belle occasion de prendre de la hauteur et de revisiter leur Histoire avec « Le Vent de la Liberté ».

Un film oppressant qui montre une société est-allemande sournoise où tout le monde s’épie. Une société où les jeunes sont contraints de réciter le catéchisme du régime. Une société où la méfiance envers l’autre prime sur toute autre relation humaine. Bref, le paradis socialiste à l’état pur qui donne envie de fuir. Continuer la lecture de Belle leçon d’Histoire…

Pas si blanche, la belle Lou…

Un titre malicieux, une affiche provocante, une actrice à la beauté d’ange. Tous les ingrédients pour faire un film épatant et dépoussiérer le conte de Disney… La réalisatrice Anne Fontaine avait de belles ambitions sur le papier, et je me réjouissais à la perspective d’un film joliment assaisonné.

Hélas, elle rate totalement son coup : son film est fade, ennuyeux et sans saveur. Il manque de texture à son scénario, et surtout de l’authenticité à son histoire. C’est un conte, au sens où l’on n’y croit guère. Et l’imaginaire ne fonctionne pas, car le récit est trop enraciné dans une réalité provinciale que les superbes paysages de Notre Dame de la Sallette n’arrivent pas à élever.

Quel dommage ! Continuer la lecture de Pas si blanche, la belle Lou…

« Mon inconnue », sucré et délicat…

Rafraîchissant, ludique et plein de charme… « Mon Inconnue » est de ces comédies qui vous font aimer le cinéma, pour décompresser après une semaine de boulot. C’est une belle évasion dans la fiction, voire la science-fiction, avec deux très beaux acteurs, le très touchant François Civil et la pétillante Joséphine Japy. Un couple qui donne envie de (re)devenir amoureux, et de vibrer à nouveau à cette quintessence des émotions humaines.

Toute la comédie baigne dans un halo d’ondes positives et le spectateur se laisse happer sans retenue dans cette histoire croquignoslesque de reconquête de l’être-aimé après un switch dans un autre temps. Continuer la lecture de « Mon inconnue », sucré et délicat…

Stan & Ollie, de la nostalgie en apesanteur

Laurel & Hardy, un couple mythique de comiques qui a fait rire des nations entières. Un duo hélas oublié des jeunes générations et le spectateur prend un coup de vieux en découvrant que ce film sorti le jour-même n’est à l’affiche que d’une salle toute petite dans le très cinéphile quartier Montparnasse. Salle au trois quarts vide au demeurant. Ce comique-là est-il devenu à ce point désuet ?…

Ce nouveau biopic ne joue pas la facilité, en plus, en présentant le célèbre duo dans ses dernières années, soit le milieu des annes 50 quand il était déjà dépassé, largué, old-fashioned. Continuer la lecture de Stan & Ollie, de la nostalgie en apesanteur

Sang froid, hors d’oeuvre avant la cote de boeuf

« Sang froid » fait partie d’une catégorie cinématographique bien identifiée, les films où le héros se bat seul contre une armée de méchants. Le film où l’on s’égare parfois, pour passer un moment hors du temps où le petit garçon ou la petite fille qui sommeille en nous, se retrouve pour dézinguer tous les ennemis, comme nous le faisions autrefois avec nos Playmobil. Une pure régression qui peut faire du bien !…

Liam Neeson s’est spécialisé dans ce type de films depuis Taken, au point de faire oublier qu’il a jadis été un vrai acteur. Continuer la lecture de Sang froid, hors d’oeuvre avant la cote de boeuf

« Grâce à Dieu », le film est honnête !…

Emouvant au point que les larmes me sont venues aux yeux devant le personnage d’Emmanuel. Une victime en révolte qui tourne comme un fauve en cage. Une des victimes de ce prêtre pédophile lyonnais qui a sévi plusieurs décennies sans susciter de réactions appropriées de l’église. Alors quelques-unes de ses victimes ont fini par se réunir en association pour l’attaquer en justice et dénoncer l’inqualifiable, à savoir le mal incarné chez un prêtre censé apporter le bien et communiquer la parole de l’évangile.

François Ozon s’attaque à un sujet douloureux avec « Grâce à Dieu ». Continuer la lecture de « Grâce à Dieu », le film est honnête !…

« Le chant du loup » des profondeurs…

Il y a bien longtemps que le cinéma français n’avait été aussi ambitieux. Un film sur les sous-marins lance-missile d’engins nucléaires dans un contexte de conflit international, voilà assurément de quoi faire oublier les bluettes sentimentales et les comédies poussives qui sont le plus souvent portées à notre ordinaire de spectateur…

« Le Chant du Loup » est un film sous adrénaline, au scénario électrisé par de la haute tension, le tout délicieusement servi par de grands acteurs au sommet de leur forme. Un vrai régal, au point qu’on aurait pu entendre une mouche voler dans la salle pendant le premier quart d’heure. Continuer la lecture de « Le chant du loup » des profondeurs…

« Une intime ( et démonstrative ) conviction »

J’ai toujours aimé les films de procès d’assises. Il s’en dégage toujours de fortes tensions liées au choc de la partie civile et de la défense. Nulle part ailleurs que dans ces films, on ressent le caractère très humain, par conséquent fragile et aléatoire, de la justice. Son fléau penche alternativement à droite ou à gauche sous l’effet du pouvoir de conviction du procureur ou de l’avocat de la défense. L’éloquence au service d’une cause…

Dans « une intime conviction », on connaît déjà le verdict. C’est l’affaire Viguier qui a défrayé la chronique. Comment aborder une histoire vraie, sans prendre parti, sans céder au voyeurisme collectif ? Continuer la lecture de « Une intime ( et démonstrative ) conviction »

Green Book, du cinéma plaisir…

Subtil, poilant, remarquable, émouvant, cruel, étincelant, lumineux… Les adjectifs font une sacrée sarabande dans votre tête quand le générique de fin vous prive de l’heure de pur bonheur que vous a procurée Green Book. Ce film vous a pris par surprise dans son message de paix, et vous concédez avoir pris beaucoup de plaisir à déguster cette belle tranche d’humanité souriante…

L’histoire est, parait-il, d’après une histoire vraie. Vaut mieux car l’opposition flagrante des deux personnages aurait pu paraître comme le suprême coup tordu d’un réalisateur en quête de sensationnel. Continuer la lecture de Green Book, du cinéma plaisir…

Asako I&II, délices du Japon…

Voilà un titre amusant. Et un peu machiste… Car une femme avec deux amours semble, pour les Japonais, ne pas être une seule personne, mais deux en une, la version 1 et la version 2. Une vision de la femme qui n’est à vrai dire guère étonnante dans cette société conservatrice.

Cela dit, cela n’enlève rien à ce joli film qui est l’histoire d’un coup de foudre force 8 sur l’échelle de Richter avec de nombreuses répliques, comme ces fichus tremblements de terre qui dévastent régulièrement le pays. Continuer la lecture de Asako I&II, délices du Japon…