Archives de catégorie : Cinema

Winter break, une pause régénérante

Quel joli film !… Je n’avais pas autant vibré à un film intimiste américain depuis Green Book. Un condensé d’humain comme on n’en trouve plus guère dans le grand barnum du cinéma américain qui a pourtant inventé Capra et « la vie est belle ».

Certains feront le lien avec « le cercle des Poètes disparus », mais je n’adhère pas à cette référence. Si le décor est bien celui d’une école comme son illustre prédécesseur, Winter Break est moins démonstratif. Le film est fait de petites touches de couleurs comme un tableau impressionniste. Et au fil du récit, des petits événements légers comme des émulsions de peinture construisent le tableau d’une histoire subtile, touchante et pleine de sens. Ce Noël des laissés-pour-compte au sein d’une école bourgeoise est d’une humanité incroyable. Ces délaissés vont oublier leurs différences pour trouver le plus petit commun dénominateur de leur condition humaine.

Avec des ingrédients aussi disparates, la mayonnaise n’était pas garantie. Mais au final, c’est un moment de douce complicité qui émerge entre le professeur bougon, l’étudiant mal dans sa peau, et la cuisinière inconsolable.

Pour incarner ce conte de fée moderne, Paul Giamatti est absolument étonnant de véracité en professeur misanthrope qui se cache derrière des citations latines pour cacher un vrai désarroi. Il mérite l’Oscar dix fois pour ce rôle plus subtil que son côté brut de fonderie ne le laisse à entendre. C’est un rôle tellement intériorisé que l’homme suscite la pitié. Et face à lui la tête à claques d’étudiant révèle une personnalité d’écorché vif, évoluant positivement au fil d’une expérience de vie.

Finalement, à l’image du Cercle des Poètes, le spectateur pourrait être amené à tirer du film une leçon de vie : ne jamais porter des jugements définitifs sur les autres; ne pas mettre les autres dans des boites, car ils risquent d’en sortir comme des polichinelles…. J’aime ce cinéma américain-là. Il pulvérise les images de sagesse, et non de violence. Cela fait du bien….

Second Tour : farce ou manifeste ?

Dupontel a un talent inimitable. Ses intrigues ont le pouvoir renouvelé de surprendre le spectateur. Ses scénarios partent couramment dans tous les sens à l’image de son récent « Adieu les cons ». Avec ce « Second Tour », la surprise est aussi au rendez-vous. Elle concerne un candidat bien placé pour une élection présidentielle. Un truc énorme !!!…

Il est difficile d’aller plus loin sans déflorer le scénario, mais voilà le spectateur balloté dans un récit incroyable qui semble être la griffe du réalisateur. Si on le prend pour ce qu’il est, à savoir une fable, ce film est plaisant, léger et plein d’humour. Il véhicule un message alternatif bon enfant, qui repose sur des convictions écologistes maintenant couramment partagées, pour lesquelles seule la vitesse d’exécution et l’implication personnelle de chacun diffèrent d’un candidat à l’autre. Les messages induits sur l’immigration heureuse sont plus sarcastiques et tombent dans l’anecdote ironique. Le film, si on prend ce parti, ne donne pas de leçons et dénonce juste avec le sourire, avec un Dupontel excellent dans un double rôle.

Hélas, certains iront au-delà de la fable, en y voyant un manifeste politique avec ses outrances ( la violence politique qui va jusqu’au meurtre ) et l’affrontement des modernes contre tous ceux qui ne veulent pas bouger et s’accrochent au pouvoir de l’argent. Une vision très manichéenne des problèmes et des acteurs qui ne permet guère la réconciliation autour des objectifs ( difficile, en effet, de composer avec des assassins et des enragés proches du « Trumpisme » ). Ce type de dénonciation aurait, en outre, peut-être du sens aux Etats Unis, mais en France, pays avec une longue tradition de modération, la chose paraît moins crédible.

Finalement, je préfère la première interprétation de ce film. Une farce énorme qui n’en prête pas moins à la réflexion et à un relativisme de circonstances face à toutes les positions tranchées trop suspectes. Et cela vaut dans les deux sens…

Anatomie d’une chute (sans rires)

J’ai failli passer à côté de ce film. La sortie intempestive de Justine Triet la réalisatrice lors de la cérémonie de remise de la Palme d’Or à Cannes m’avait passablement énervé. Quand on détourne les micros qui se tournent vers vous pour un autre usage, c’est de l’abus de confiance. Surtout quand on mord la main qui vous a aidée au travers des nombreuses subventions publiques à la création artistique. Il est vrai que l’élégance se perd…

Cela dit, la critique étant bonne, le bouche à oreille positif, j’ai bravé mes réticences. Au final, c’est un bon film, avec une forte densité du scénario et un cheminement de l’histoire parfaitement travaillé. J’ai lu que ce scénario avait été trituré, maturé et repris des dizaines de fois. Le résultat est là, le spectateur se laisse happer par l’histoire, dans un environnement de montagnes qui dépayse. L’ajout de la langue anglaise, dans de larges parties du film, participe à une certaine forme d’enfermement du spectateur, comme un miroir de la lutte de cette Anglaise obligée de se défendre dans une langue qui n’est pas la sienne.

La tension va crescendo, malgré le côté apaisant de l’avocat. Le procès s’ouvre pour juger une femme de meurtre, sans qu’on ait appréhendé la personnalité de la victime, le mari. Tout tourne autour de ce procès, et de l’attaque frontale du procureur contre une étrangère déboussolée. Les jeux sont-ils faits ?

Non. La réalisatrice montre de la compassion pour cette femme, et va la sortir de ce mauvais pas par quelques révélations. Le personnage du mari s’éclaire petit à petit. Il n’est pas reluisant. Un homme mal dans sa peau, jaloux des succès de son épouse. et surtout dépressif. A-t-il mis fin à ses jours ? Le procès donne lieu à des considérations intéressantes sur la création et l’écriture. Une grâce ou une peine selon le cas. Enfin arrive le point culminant, la dispute enregistrée et donc reprise en flash-back, entre les époux qui est d’autant plus percutante qu’elle s’opère sans hausse de voix excessive. Les deux amants affutent leurs griefs à coups de lames de rasoir. La scène est impressionnante de virtuosité. La femme s’y montre plus convaincante et le sentiment se retourne. Le jugement arrive bientôt, conforme aux attentes. La femme retourne à sa vie d’avant, avec son fils, et son avocat plus que complice.

Au-delà de l’histoire bien léchée, le message du film n’est pas très clair. C’est un peu fade, à mes yeux. Heureusement, il y a cette formidable scène de la dispute qui suinte d’authenticité. Reste que les acteurs sont falots. L’homme est hélas sans nuances, ce qui le condamne très vite. Quant à la femme, peut-être est-ce du à sa qualité d’étrangère maitrisant mal la langue française, elle est sans chaleur et laisse le spectateur indifférent à son sort. Je suis sûr qu’un autre choix d’acteurs aurait pu davantage porter le film. En créant un phénomène d’identification d’un côté ou de l’autre qui manque ici cruellement… Au final, une bonne Palme d’Or, mais un film imparfait qui ne mérite pas de donner à sa réalisatrice la tribune politique qu’elle s’est indécemment arrogée.

Oppenheimer, difficile réhabilitation

Les Américains sont sans complexe. Après avoir célébré leur héros, ils s’attaquent aux personnes plus sombres de la mythologie US. Oppenheimer en est une assurément. L’inventeur de la bombe A qui a transformé en confettis les villes d’Hiroshima et de Nagasaki n’est pas vraiment le personnage qu’on a envie d’aimer. Il n’est pas non plus rentré dans l’inconscient collectif au point que son patronyme fait davantage penser à une marque de spiritueux. Pourquoi alors magnifier pendant trois longues heures ce tueur de masse ? C’est avec ces préventions liminaires que l’amoureux fou du Japon que je suis, a abordé ce film ambitieux qui jouit d’une forte adhésion de la communauté cinéphile. Après tout, un film de Christopher Nolan, cela ne se manque pas, ne serait-ce que pour ne pas passer à côté d’une pépite comme le fut l’inénarrable « Inception ».

Le film est long, un peu bavard. Mais il est précis dans la montée de tension qui a présidé à la fabrication de la bombe. La responsabilité très lourde que des scientifiques de haut vol ont très vite senti tomber sur leurs épaules, s’immisce dans le succès technologique, au point de finir par le vampiriser. Cillian Murphy au regard bleu si expressif rend bien le désarroi d’un homme devenu pantin du pouvoir. Il ne saura pas orienter l’usage de la bombe, comme il l’entendait. Après le premier essai « terrifiquement » concluant, le bébé lui est enlevé, laissé entre les mains de militaires sans scrupules.

Malgré son récit ingrat, ce film a fini par me séduire. Certaines scènes sont si puissantes qu’elles explosent dans le champ de la caméra comme des mini-bombes d’humanité bafouée. La scène avec Truman est réfrigérante, comme le procès en miniature que subit le créateur, trop suspect d’accointances communistes. Le groupe de savants ayant accouché de l’arme la plus destructrice de toute notre histoire humaine ne pouvait pas ne pas finir par se détester copieusement. Surtout que les espions rodent, et avec eux, la paranoïa portée à son paroxysme.

Certains passages du film marqueront à jamais les rétines. Comme l’essai lumineux et éminemment brutal de la bombinette en plein désert. La joie obscène des protagonistes est filmée avec une pointe de vitriol. C’est du grand art de scénariste… Le film excelle dans les effets de la suite, quand chacun prend conscience du monde horrible qu’il a contribué à créer. Un monde de peurs, de dissuasion pernicieuse, de paranoïa non plus humaine, mais à la tête même de nos sociétés.

Bref, au-delà de l’exercice de style parfaitement maîtrisé, « Oppenheimer » ne révèle pas le bon côté de l’humanité. En ce sens, je m’interroge toujours de savoir s’il était vraiment nécessaire de faire ce film.

Dumas un peu trahi…

Quand on voyage hors de France, il y a trois livres qu’on retrouve dans les bibliothèques étrangères, les Misérables, le Comte de Monte-Cristo et les Trois Mousquetaires… Pas étonnant qu’il y ait autant d’adaptations cinématographiques de ces oeuvres, en particulier de ces trois mousquetaires qui sont un monument de notre roman national, une oeuvre d’une grande densité qu’aucun film n’arrive à reproduire dans sa plénitude. Et c’est sans parler des deux suites romanesques que nous a concoctées Alexandre Dumas qui devait écrire avec une fluidité et une assiduité sans pareil.

Lire les Mousquetaires, c’est à coup sûr arrêter l’horloge pour plonger dans la plus merveilleuse des histoires. Fallait-il refaire un nouveau film autour de cette merveilleuse histoire ?

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La violence décortiquée

Notre société est gangrénée par la violence. Par le repli sur soi, le besoin de passer sa propre personne avant toutes les autres, fut-ce au prix d’un écrasement des autres. L’humanité est une valeur en baisse, le respect aussi, comme on le voit avec de multiples faits divers. Le cinéma peut-il agir de pommade sur les plaies de la société ?

La question reste ouverte, mais il est certain que « je verrai toujours vos visages » ( film un peu trahi par son titre abscon ) participe de cette ambition. Quelle puissance ! Un vrai coup de poing qui laisse le spectateur groggy. Cette confrontation entre victimes et agresseurs dans une prison où les derniers purgent leur peine, est un exercice brillant. Les dialogues sont précis, sonnent juste et ne sont jamais dans l’emphase. Pas de leçons dans ces moments d’échange, plutôt la volonté de comprendre, de se mettre à la place de l’autre et de réaliser le mal que l’on fait par son inconséquence et son égoïsme.

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Jeunesse d’un grand parmi les grands

The « Fabelmans » : Ce film a un titre peu évocateur qui aurait mérité d’être explicité. « Anatomie d’une passion » me vient à l’esprit, tant il est vrai que ce film autobiographique du jeune Spielberg explique comment est né au cinéma l’un des plus grands réalisateurs de notre époque, aujourd’hui au soir de sa vie.

Une plongée dans les années 50 où le cinéma occupait tout l’espace des loisirs de la jeunesse, à côté du sport et de la conquête amoureuse. Un cinéma qui imprégnait la rétine du spectateur par la qualité de la mise en scène au point qu’un film comme « L’homme qui tua Liberty Valance » avait durablement marqué son époque. Spielberg fait allusion à ce film par deux fois, et avec un tel niveau de référence, je comprends la quête du jeune Spielberg à trouver le bon angle. Et sa jubilation à rencontrer en personne le vieux John Ford.

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Un Crime joliment revendiqué

Le cinéma est toujours la plus belle évasion quand il provoque chez le spectateur une jubilation intérieure qui cause un sourire béat, une tendresse pour les personnages, une admiration sans bornes pour les interprètes, et une envie d’aller au-delà du générique de fin.

François Ozon ne m’a pas toujours fait vibrer avec notamment un « 8 femmes » un peu surcoté, alors que « Frantz », « Grâce à Dieu » et « Jeune et Jolie » étaient beaucoup plus excitants. Mais avec « Mon Crime », il réalise son film le plus charmeur, le plus enjoué, le plus savoureux dans sa façon subtile d’évoquer la condition féminine des années 30, alors que notre époque se déchire dans des débats abscons autour de la question.

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Des choses simples, finalement pas tant que cela…

Avec un titre basique, des paysages de montagnes et le pitch d’un homme d’affaires survolté atterrissant dans un pays de bout du monde, l’histoire semble écrite dès le départ. Encore une nouvelle ode à la vie d’ermite des montagnes et un rejet implicite des valeurs de notre société. Surprise, il y a un peu de cela, mais ce n’est pas la trame principale du récit. Le scénario s’engage dans une voie inattendue, presque contraire où il s’agit de ne pas gâter des talents au dépens du collectif, ce collectif qu’il est de bon ton, de nos jours, d’oublier en faveur du repli sur soi. Mais n’en disons pas plus, ce serait gâcher une histoire qui se laisse voir avec un réel plaisir.

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La voie de l’eau nous submerge…

Un nouvel Avatar, cela ne se refuse pas… Après le feu d’artifice visuel du premier opus, on se laisse embarquer sans trop de résistance dans cette suite, toujours orchestrée par Maître Cameron. Allons-nous connaître une franchise comparable à Star Wars ?

En tout cas, l’univers est bien campé, avec des personnages qui suscitent l’empathie et une frénésie d’images qui nous font frétiller comme des gardons. Cela scintille de tous cotés, et une fois de plus, le spectateur en prend plein les mirettes. Sauf quand les lunettes de la 3D rendent parfois troubles les sous-titres. Qu’on le sache, ce film est d’abord accessible aux « fluent » de la langue anglaise. Il est vrai que les dialogues pétris de bons sentiments « à l’américaine » sont faciles à saisir. Ce ne sont pas là des dialogues à la Woody Allen; le film est une ode un peu simpliste à la défense de la planète et de ses espèces en danger ( références explicites aux baleines chassées par des méchants exterminateurs qui n’ont – c’est à noter – pas les yeux bridés ).

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TEMPETE POUR TOUS

Ce film aurait pu être un film pour midinettes de quinze ans, abonnées transies à « Cheval Magazine » et attendant leur prochaine séance d’équitation avec impatience. Dieu merci, il n’est pas que cela. Il parle aux non-initiés du monde du cheval avec chaleur et simplicité, en les faisant entrer dans les cercles du monde hippique sans l’exaltation démonstrative, commune à cette communauté. Une réussite de ce point de vue.

Bien sûr, le début est très caricatural, avec cette séance de mise-bas collective, canasson et humains dans la même stalle. On se demande quel homme accepterait que sa femme accouche accroupie dans une écurie, au milieu de la paille et du purin. De plus, compte tenu du cycle de vie différent entre humains et chevaux, la recherche d’une complicité née de cette naissance conjointe entre la jeune héroïne et son cheval ne mène pas à grand chose: c’est sur un autre cheval que la jeune cavalière va finalement se révéler…

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MASCARADE SOUS LE SOLEIL

Nicolas Bedos nous avertit en préambule de son film : la Côte d’Azur est une région triste… Le soleil attire les oisifs comme un aimant, en particulier les très riches, et avec eux une nuée de piques-assiettes qui essayent d’avoir une part du rêve éveillé que constitue leur étalage de richesses.

Avec un tel postulat, le spectateur sait ce qui l’attend : une débauche de cynisme, de combines, de personnages manipulateurs, et d’être faux, tous en adoration pour le veau d’or. Ce parti-pris peut gêner, mais une fois accepté, force est de reconnaître que le réalisateur nous rend une copie solide. Les personnages y sont plus vrais que nature, le gigolo Niney affreux comptable de ses sentiments, la provocante Marine Vacth retorse à souhait, la belle Laura Morante en quête de revanche…

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MANIFESTE DE FOI

« Reste un peu » est un film très audacieux. Parler de religion n’est, en effet, pas naturel au pays de la laïcité, qui plus est quand on prend le parti de la « religion opprimante », le christianisme, celle qu’on voudrait cachée et dont beaucoup de membres ne s’assument pas.

Gad Elmaleh fait preuve d’une grande sincérité dans son propos en parlant de « grâce » de « rencontre » de « cheminement », très loin du prosélytisme, en montrant simplement que la foi n’est pas un enfermement mental, mais une ouverture sur soi, sur la spiritualité, sur les autres aussi… Gad exprime simplement ses questionnements, sans rejeter les siens, et le choix d’associer ses parents au film est, de ce point de vue, un choix fort. La confrontation de deux univers qui se méconnaissent et cohabitent sans relations offre un cadre de réflexion stimulant, l’humour de Gad en sus. On sourit et on rit souvent.

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COULEURS DE L’INCENDIE

Les romans de Pierre Lemaitre sont une telle perfection romanesque qu’il n’était pas pensable que le cinéma ne se penchât pas à nouveau sur cette belle histoire de Monte-Cristo au féminin. La revanche est un si beau moteur des passions humaines. Déjà « Au revoir, là-haut » avait marqué les esprits avec cette flamboyante gueule-cassée de retour du front qui se venge de tous les planqués de l’arrière qui l’ont envoyé au casse-pipe. Il y avait là matière à un beau scénario, avec l’aide de l’auteur, très impliqué.

Clovis Cornillac, l’acteur, s’applique donc à mettre en images ce fabuleux récit de spoliation d’héritage dans les années 30, au détriment d’une faible femme trop confiante. Il le fait avec beaucoup d’intensité, et le renfort de bons acteurs, tous excellents dans leurs rôles, notamment Olivier Gourmet, en beau-frère couard et Jeremy Lopez en journaliste véreux. L’image est belle, les lieux majestueux à souhait, la reconstitution historique minutieuse, à part quelques détails mineurs comme ces plots anti-voitures devant l’Assemblée Nationale. Le spectateur se laisse happer par un récit fluide, à l’ancienne, où l’objectif est de rester fidèle à la trame du roman. Ça marche !…

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Un « Novembre » sinistre

Il y a sept ans, nous passions nos journées devant les écrans pour essayer de comprendre, et de capter des images de ce qui se tramait. Pris dans le feu d’une action qui les dépassait, les journalistes nous délivraient des images pauvres, statiques, répétitives… Et pourtant, nous restions scotchés à nos écrans dans une grande catharsis collective pour tenter d’exorciser le mal. Cela faisait du bien de nous sentir ensemble, de sentir, au delà de nos différences, tout ce qui nous rapprochait. Nous savions que notre communauté était touchée au coeur et que tous ceux qui étaient au service de notre défense étaient totalement mobilisés. Mais qu’aurions-nous donné alors pour être dans le secret de leurs engagements !..

Ce film « Novembre » vise à répondre à nos questions. Nous lever le voile sur l’enquête, ces quelques jours intenses où le pays, pris en otage, bandait tous ses muscles pour sortir de l’étau. Reconnaissons-le, il le fait bien.

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Chronique d’une liaison passagere

Je suis fan d’Emmanuel Mouret. Ses précédents films Mademoiselle de Joncquieres et Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait m’ont convaincu qu’il était un expert du chassé-croisé amoureux. Je me suis donc laissé embarquer dans sa Chronique avec béatitude.

Cela tombe bien, le film commence sur les chapeaux de roues avec deux inconnus qui se déclarent leur flamme. Sauf que c’est la chronique d’un adultère entre une femme entreprenante qui n’a pas froid aux yeux ( merveilleuse Sandrine Kiberlain ) et un homme marié, pataud, maladroit, peu sûr de lui qui se laisse emporter presque à contre-coeur dans l’aventure ( Vincent Macaigne, si peu sexy, mais parfait dans le rôle ). Ces deux-là ont décidé de laisser parler leurs épidermes, indépendamment des sentiments et des conventions sociales. Une exultation des corps qui cherche à s’affranchir des émotions du coeur.

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Le tigre et le president

Film léger comme un voile de filigrane. Il s’imprègne heureusement dans votre conscient le temps de la projection pour être aussitôt oublié à la sortie. L’objectif est louable, sortir de l’anonymat un président de la république, Paul Deschanel, qui est rentré dans l’histoire uniquement pour une mésaventure rocambolesque, la chute d’un train. Un homme peut-il se résumer à si peu de choses ?

Certainement pas… Les pages Wikipedia sur Paul Deschanel sont d’ailleurs passablement longues. Il valait sans doute beaucoup mieux que ce que la postérité a retenu de lui. C’était assurément un homme de consensus, député moultes fois plébiscité dans sa région l’Eure et Loir, un politicien modéré dans une époque qui ne l’était pas, un homme aux grandes ambitions dans le domaine des idées, tout cela force déjà le respect. Cet inconnu qui réussit à battre à la régulière le candidat naturel à la présidence, auréolé de la victoire qu’était Georges Clémenceau, mérite assurément l’attention.

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