Dumas un peu trahi…

Quand on voyage hors de France, il y a trois livres qu’on retrouve dans les bibliothèques étrangères, les Misérables, le Comte de Monte-Cristo et les Trois Mousquetaires… Pas étonnant qu’il y ait autant d’adaptations cinématographiques de ces oeuvres, en particulier de ces trois mousquetaires qui sont un monument de notre roman national, une oeuvre d’une grande densité qu’aucun film n’arrive à reproduire dans sa plénitude. Et c’est sans parler des deux suites romanesques que nous a concoctées Alexandre Dumas qui devait écrire avec une fluidité et une assiduité sans pareil.

Lire les Mousquetaires, c’est à coup sûr arrêter l’horloge pour plonger dans la plus merveilleuse des histoires. Fallait-il refaire un nouveau film autour de cette merveilleuse histoire ?

Oui assurément, si les nouveaux spectateurs se sentent enclins après à lire ou relire le livre et ses deux suites. Mais pour ce film, je crois que l’exercice ne rend pas grâce au roman. L’histoire est merveilleuse. Pourquoi inventer des passages qui dénaturent le récit ? L’emprisonnement d’Athos et surtout le massacre dans l’église sont des rajouts qui n’apportent rien. Pire, ils insultent la mémoire d’Alexandre qui, pour être athé, n’aurait jamais commis le crime de situer des combats dans une cérémonie de mariage. Hélas l’esprit de « Game of Throne » est passé par là !…

Et puis, confondre les mousquetaires avec des cow-boys sales et hirsutes à la Sergio Leone me semble une faute de goût manifeste. Nos mousquetaires étaient trop fiers de leur cape de couleur, comme l’a opportunément rappelé Stéphane Bern dans son émission.

Bref, ce film est une disgrâce, même si je reconnais que la reconstitution historique d’un Paris populeux est bien faite. Quant aux acteurs, ils sont bons, même si Romain Duris semble avoir oublié le côté ecclésiaste du personnage d’Aramis. Ce serait mentir de dire qu’on ne passe pas un bon moment. Mais ce ne sont pas les Trois Mousquetaires qui m’ont donné sans doute le plus vif plaisir de lecture depuis que j’ai commencé avec le « Club des cinq ».

Un conseil : reprenez la lecture du chef d’oeuvre de Dumas, vous en sortirez enthousiaste…