Marine Vacth m’impressionne… Cette jeune actrice a dans la qualité de son jeu l’étoffe d’une Elisabeth Huppert et, dans sa liberté de jeu, celle de la Miou Miou des Valseuses. Déjà dans « Jeune et Jolie », elle avait fait preuve d’une grande densité. Dans « L’Amant Double », elle ne s’épargne pas; son rôle est de ceux que de nombreuses autres actrices n’auraient pas osé…
Car « L’Amant double » est un film trouble, un film d’atmosphère totalement tourné sur ses deux personnages. Rien ne vient troubler ce face à face intime où rien ne sera épargné au spectateur. Même pas le gros plan d’un vagin lors d’une consultation gynécologique ! François Ozon – qui n’a jamais mieux porté son nom – nous emmène dans les méandres du cerveau et de la psychothérapie, en nous trempant régulièrement dans des scènes de sexe plutôt hot. Après tout, c’est Freud lui-même qui le dit : tout est sexuel… Mais, pour compliquer la chose, Ozon introduit une autre composante, la gémellité qui permet d’ajouter une odeur de souffre sur ce film à suspens psychologique.
S’ensuit une histoire qui, à défaut d’être totalement crédible, monte crescendo dans le doute, puis un début d’horreur, le tout magnifié par le jeu excellent de la belle Marine et l’ambiguïté troublante de Jeremie Renier. Il serait exagéré de dire qu’on vibre comme dans un Hitchcock de la meilleure eau. Mais il y a un malaise croissant qui fait de ce film – au moins dans sa première vision – un objet intéressant. Le mal-être devant des images peut conduire le spectateur à une impatience d’être libéré par la découverte de la fin. Le retournement final est, en revanche, assez convenu. Le film, après avoir flirté avec le fantastique, rentre dans un moule plus réaliste.
Que restera-t-il de ce film ? Un sentiment d’exercice un peu creux, mais avec une grande qualité d’image et une direction d’acteur confondante. Une tentative de scénario alambiqué qui met ce film français dans le sillage du suspens made in America. La redécouverte, enfin, d’une actrice très belle qui sait capter les émotions sur son visage avec l’expérience d’une vedette installée. Cette fille ira loin, si elle apprend à sortir du cinéma d’Ozon pour s’ouvrir à d’autres rôles. Continuez Marine, je suis déjà fan !