La presse étrangère regarde notre pays avec étonnement. Ces grenouilles sont décidément incorrigibles. Alors que le pays est le poids mort de l’Europe, avec une économie en net retrait par rapport à tous ses voisins, la politique en France semble prendre un malin plaisir à négliger les problèmes de fond. Il est un fait que nous sommes risibles. La politique n’est plus qu’une longue série de polémiques stériles où le seul objectif est de tuer l’adversaire. Dagues et couteaux sont sortis et on taillade et on égorge aussi bien qu’au temps de Cesar Borgia. Tout cela sous le regard blasé d’une population qui ne croit plus en rien.
L’affaire Fillon est de ce point de vue désarmante. Voilà un homme politique qui avait entrepris de nous tenir un discours de vérité. Ses interventions lors de la dernière primaire de la droite et du centre étaient d’une grande profondeur. Pour une fois,on ne nous parlait pas de la viande halal dans les cantines scolaires ou du coût prohibitif du permis de conduire. Non, les Français étaient pris pour des gens raisonnables et censés, susceptibles de comprendre les difficultés que le pays traverse, et les solutions pénibles pour en sortir. Le diagnostic était sombre et sans compromission, mais il y avait un espoir au bout du tunnel.
Faut-il croire qu’on a voulu le faire taire. Cette histoire de cornecul autour de l’emploi de Pénélope Fillon ( une pratique courante chez les politiques ) me semble vraiment téléguidée par les conservateurs, de droite ou de gauche, qui ont tout à perdre à ce que la France se ressaisisse. Ils perdraient leur influence sur les plus faibles pour imposer un modèle de société qui n’a jamais marché nulle part. Mais au hit parade de la popularité politique, les mesures sociales tous azimut gagnent haut la main, surtout auprès d’une jeunesse inquiète de son avenir. Alors le revenu universel est nécessairement une bonne idée, même si le RMI qui l’a précédé n’a jamais été financé : la nette accélération de nos déficits publics date du début des années 1990. La France insouciante continue à distribuer l’argent qu’elle n’a pas. Ce qui nous condamne tous à un horizon plus proche que lointain…
On constate, dans le même temps, qu’Emmanuel Macron, l’autre tenant des réformes ( même si ses positions méritent d’être explicitées sur ce point ) fait aussi l’objet d’attaques pour des notes de frais somptuaires lorsqu’il était à Bercy. La machine médiatique est en marche… Elle n’aura de cesse de casser, de broyer et de pulvériser tous les réformateurs. Nous sommes condamnés à la médiocrité et au pouvoir malsain de tous les censeurs de l’esprit qui prétendent gouverner nos âmes.
J’ai un espoir, malgré tout… Le vote pour Trump a été aux Etats Unis une révolte du peuple contre le pouvoir des médias. Peut-être, chez nous aussi, les populations excédées vont reprendre leur destin en mains. Et virer tous ces populistes qui veulent surtout ne rien changer. En tout cas, avec Fillon et Macron, nous avons des candidats qui sont mille fois meilleurs que Trump. La révolte pourra être positive, s’ils n’arrivent pas à les tuer d’ici là.
Nous avons vu hier soir le spectacle d’Anne Roumanoff, Aimons-nous les uns les autres. Voir le paysage politique au travers de sa lorgnette à la fois acérée et pleine de finesse, un vrai régal ! Au travers des portraits de femmes qu’elle brosse, Anne ne manque évidemment pas de croquer nos politiques, et c’est jubilatoire ! Ses mimiques et grimaces de brèves de comptoir quand elle évoque « l’affaire Fillon » sentent la résignation plutôt que la révolte… mais bon, il faut y croire, à la capacité du peuple français à se réveiller pour échapper à l’intoxication médiatique !