En corps, fievre de la peau

Je ne sais ce qui m’a fait passer à côté de ce film à sa sortie. Sans doute un titre un peu abscons, jeu de mot parfaitement compréhensible au regard de l’histoire, mais très ingrat pour attirer le chaland. Cela dit, je n’avais pas de vraies excuses car j’aime bien le réalisateur Cedric Klapisch et suis fidèle à ses dernières réalisations que je n’avais pas loupées. L’essentiel est de reconnaître ses torts, et de prendre le train en marche. Avec une note globale de 4,2 sur Allo Ciné, le film allèche le cinéphile récalcitrant. Bonne pioche !…

Le film est superbe.

Il mérite même une meilleure note que le vote populaire. On est proche de la perfection. Qu’est-ce qui provoque un tel emballement ? « En Corps » est un film habité, le récit d’une passion brûlante, celle de la danse, classique d’abord, puis après une chute, contemporaine, deux formes de danse qui se rapprochent par leur intensité et leur implication. Le récit est merveilleux de fluidité, dans le destin d’une jeune danseuse, incarnée par une jeune actrice Marion Barbeau en lévitation. Elle fait partager son amour de la danse de tout son corps, dont le regard n’est pas un des moindres instruments.

Pour pimenter le récit et lui donner l’humanité du quotidien, Klapisch place tout une palette de rôles secondaires, le père lunaire ( excellent Podalydes ), l’hôtesse humaniste ( Muriel Robin très percutante ), l’amoureux transi ( François Civil, très drôle ), le cuisinier fou ( Pio Marmaï ) et sa compagne déjantée ( Souheila Yacoub )… Un petit monde qui donne des couleurs à une vie de souffrance, de répétition, de don de soi. Ces danseurs qui nous entraînent dans leur imaginaire ( danses tribales assez envoûtantes ) et incarnent un groupe splendidement à l’unisson vivent des tourments personnels qui magnifient leur sacrifice. Tout pour atteindre le sublime et exulter ensemble de toutes les parcelles de leur peau. Cette passion transparaît dans chaque scène. C’est la force de ce film…

Il restera dans les annales comme un des meilleurs films sur l’univers de la danse. Bravo !