ELVIS, un king reiNcarné

Dans la série « Biopic », nous n’avions pas eu encore « The King ». Une anomalie sans doute, tellement l’homme a marqué son époque. Mais qui pouvait donc bien prendre le rôle ? Un homme beau, au magnétisme animal, qui puisse communiquer la puissance sexuelle et vocale du plus gros vendeur de disques de tous les temps. Autant dire qu’un tel homme ne court pas les rues !…

Le choix d’Austin Butler a été audacieux et payant. Il faut dire que le jeune acteur a bossé dur pour rentrer dans la peau de son personnage. Au point qu’il a dû, après le tournage, se faire accompagner psychiquement parlant, tant le rôle l’avait vampirisé. Un tour de force !… C’est lui qui porte tout le film sur ses épaules. Il redonne vie à Elvis, il lui donne un corps et une âme, alors que ce dernier est pour beaucoup de nos contemporains comme une icône sur papier glacée. Et c’est passionnant…

On découvre que le king était un homme sous influence, phagocyté par un impressario habile ( excellent Tom Hanks ) qui l’avait ligoté par un contrat léonin, au point de devenir un forçat de la scène. Peut-on imaginer tenir 5 années sur la même scène sans perdre le contrôle de sa vie ? Le film a donc le mérite de faire retomber sur terre une étoile d’Hollywood qui était devenue quelque peu déshumanisée. Un homme qui a dû lutter contre la pression morale d’une société qu’il secouait trop fort. Un homme qui a eu des vrais moments de révolte, souvent à la source du meilleur de lui-même. Un homme qui dans sa cage dorée où il tournait comme un hamster pour la galerie, a fini par s’abîmer. Pour rendre l’âme à seulement 42 ans et rejoindre le firmament de ces stars foudroyées par toutes formes d’excès. Dont un des moindres n’était pas le don de soi à outrance pour satisfaire des fans en transe.

Pour raconter cette histoire d’esclavage des temps modernes, le réalisateur essaie d’ancrer Elvis dans son passé, son histoire de petit blanc élevé parmi les « colored people » d’un quartier pauvre d’une petite ville du Mississippi. C’est touchant, mais le récit est haché, peu fluide et donne au premier quart du film un côté confus. Heureusement, le jeune Austin est tellement incarné qu’il ranime le récit jusqu’au dénouement final. Le fluide Elvis passe bien dans ses images, et on comprend mieux l’adoration qu’il suscitait.

Oui assurément, ce film lui rend un joli hommage, même si on aurait pu attendre un peu mieux autour de ce personnage hors norme qui a marqué l’histoire de la musique.