Archives de catégorie : Litterature

L’apôtre français du Sage d’Omaha

Le monde de la gestion financière est anglo-saxon. C’est en effet en Grande Bretagne et aux Etats Unis qu’est née dans les années 60-70 une nouvelle forme de religion qui a maintenant dans le monde entier, ses adorateurs et ses prosélytes : la gestion d’actions « Value »…

Il y a eu d’abord le rédacteur du « Nouveau Testament », Benjamin Graham, un économiste anglais qui a posé les bases académiques du stock-picking, autrement dit de « l’art » de bien savoir choisir une action pour gagner de l’argent en bourse. Puis est apparu le prophète, Warren Buffett, un américain plein de bon sens qui a inscrit en lettres d’or les règles pour gagner en bourse. Des règles qu’il s’est appliqué à lui-même car il est aujourd’hui la troisième fortune américaine. Aujourd’hui, le vieux Warren ( surnommé « le Sage d’Omaha » ) est un Dieu, copié, imité et revendiqué par tous dans la profession de la gestion, y compris par ceux qui ne pratiquent pas son concept de gestion « value ».

Mais, n’en déplaise aux très arrogants gérants US, le premier apôtre est français Continuer la lecture de L’apôtre français du Sage d’Omaha

Pour redonner le goût d’être Français…

« Le Testament Français », prix Goncourt 1995, est de ces livres qu’on sait d’avance qu’on les aimera. C’est difficile à décrire, une sorte de pressentiment devant la qualité de l’auteur, un Russe écrivant en français et ayant choisi de vivre en France. Un titre également évocateur et plein de promesses; et enfin, un prix Goncourt obtenu chez Mercure de France, maison d’édition peu habituée aux prix littéraires. Un signe imparable que le roman est bon…

Mais il faut être dans de bonnes dispositions pour découvrir « le Testament français ». Il m’a semblé que la période troublée que nous vivons, où la France se cherche et où les Français ne s’aiment plus guère, était un moment opportun. Une quête de ressourcement, peut-être aussi…

Dans ce livre largement autobiographique, Andreï Makine raconte sa grand-mère, Charlotte Continuer la lecture de Pour redonner le goût d’être Français…

« Outre-Terre » : un rêve de Napoleon…

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L’écriture est un moment de grâce quand on arrive à faire partager aux lecteurs, non seulement ses centres d’intérêts, ses passions mais aussi ses lubies, ses fantasmes, cette petite part de soi-même qui est quelque peu irrationnelle, comme un goût de folie intime. Avec « Outre-Terre », Jean Paul Kauffmann nous entraîne dans une quête improbable, celle du souvenir de la bataille d’Eylau qui a eu lieu en février 1807 dans les neiges de la Prusse Orientale. Une bataille qui a failli mal tourner pour l’aigle impérial, le sort de la bataille n’ayant tenu qu’à une charge de cavalerie épique de Murat et de ses grenadiers. Sans doute la plus belle charge de cavalerie de l’histoire de l’humanité, dans un désert glacé et brumeux qui aura vu les couleurs flamboyantes des hussards s’engluer dans le noir et blanc d’un horizon sans fin.

A l’occasion du bicentenaire de la bataille, Continuer la lecture de « Outre-Terre » : un rêve de Napoleon…

Lusitania : une tragédie oubliée…

Tout le monde connaît l’histoire du naufrage du Titanic. Assurément le plus connu des naufrages. Superbement mis en image par James Cameron en 1997, le Titanic a su faire vibrer les foules. Mais déjà, bien avant Leonardo di Caprio et Kate Winslet, cette histoire passionnante avait suscité de nombreux films. Quasi tous les dix ans ( des films sont sortis en 1943, 1953, 1958 et 1979, pour ne citer que ceux-là ). Les producteurs du monde entier savaient qu’ils avaient, dans le naufrage du plus grand paquebot du début du siècle, le scénario le plus romanesque qui soit. Cette passion pour le Titanic ne se dément pas, plus de 100 ans après les faits…

Comment comprendre, dans ce contexte, la relative indifférence autour d’une autre tragédie maritime de la même époque : le naufrage du Lusitania, un jour de mai 1915. Coulé par un sous-marin allemand U-Boot qui a envoyé par le fond le plus grand paquebot de l’époque, avec près de 1.200 de ses passagers ( un score bien proche des 1.500 personnes du Titanic ). Continuer la lecture de Lusitania : une tragédie oubliée…

Bussi, orfèvre du Polar ?

Ce qui est bien pendant les vacances, c’est qu’on fait des choses qu’on ne fait pas d’ordinaire. Comme lire un polar, vite fait, bien fait, sous le parasol au bord de la piscine. Laisser vagabonder son esprit dans des pages futiles qu’on oubliera, sitôt le bouquin refermé. Le polar de vacances est fait pour cela…

Sauf que Michel Bussi, c’est un peu plus que cela. C’est un mécanicien du polar, un maître incontesté de l’histoire captivante. Capturante, pourrait-on même dire… Ouvrir un de ses livres c’est comme prendre place dans une Formule 1 pour une course endiablée contre le temps. Plus rien ne comptera, sinon de finir la course. Franchir le drapeau à damier du mot « fin ».

Son dernier livre « Le Temps est assassin » Continuer la lecture de Bussi, orfèvre du Polar ?

« Le Fleuve Guillotine » : Lyon ville martyre

J’ai découvert ce livre par hasard. Le résultat d’une rencontre à la journée du Livre de Talloires avec Antoine de Meaux. Un jeune écrivain qui a écrit un roman sur un siècle qui n’est pas le sien, c’est toujours intrigant. En plus, « le Fleuve Guillotine » parle des années sombres de la Révolution française, avec ces deux années charnières que furent 1792 et 1793. J’ai acheté le livre par curiosité…

Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que le principal personnage du livre est la ville de Lyon, ma bonne ville natale qui connut à l’été 1793 des événements tragiques avec le siège de la ville pendant pendant neuf semaines par les troupes jacobines de la Convention. Continuer la lecture de « Le Fleuve Guillotine » : Lyon ville martyre

Ma conception du bonheur…

« La journée avait été belle, de ces temps d’automne ensoleillés où l’air chargé d’ions vous insuffle une énergie stupéfiante. On goûtait à pleins poumons cette dernière resucée de l’été, si agréable pour l’épiderme. Le soleil jouait avec les ombres pour créer de délicieuses sensations de chaud-froid. Mais on sentait bien que c’était un combat d’arrière-garde. A chaque caresse du soleil répondait une brise dans laquelle perçaient les premières morsures du froid. Les éclaireurs de l’hiver étaient déjà là; ils marquaient en filigrane tout un paysage d’arbres et de feuilles flamboyantes d’où émergeaient des sommets saupoudrés de neige. A cette bataille entre la chaleur  et le froid répondait là-haut un dialogue subtil entre les couleurs éclatantes d’automne et le grand blanc immaculé. Le corps des hommes, soumis à ces sollicitations contraires, n’avaient d’autres choix qu’exulter d’un bonheur brut, comme seule la montagne sait vous en dispenser. »

Extrait de « L’Or du Paradis », mon second roman ( Editions AO )

« Le ciel s’est subitement découvert avec une éclaircie lumineuse, comme seule la Bretagne sait vous en faire l’offrande. Je sors de la voiture pour humer un peu plus une forte odeur de terre, de pluie et de feuilles mouillées. L’odeur d’un automne brut et austère. L’automne d’une terre bretonne lessivée qui exhale des vapeurs de cette minéralité rugueuse propre au pays celte. Après le grain, la lumière des cieux a repris ses droits sur les ténèbres. De fines particules de matière s’éparpillent sous la clarté d’un rayon de soleil perçant à travers une masse de nuages teigneuse. L’air chargé d’une lourde humidité est tellement dense qu’il en est palpable. Il remplit pleinement les poumons, les rafraîchissant d’une caresse voluptueuse qui vous fait sentir en vie, comme rarement. »

Extrait du « Collectionneur Amoureux », mon premier roman ( Editions Baudelaire )

 

Un autre Bernard amoureux des mots

C’est un magicien des mots, un homme médiatique qui s’est mis au service de notre langue de la plus belle des façons. Bernard Pivot est mon maître… Malgré ses 81 ans, il garde toute sa verve. C’est un excellent conteur et un esthète de l’orthographe. Il faut l’entendre parler de l’Académie Française pour déplorer que des mots ne soient pas introduits dans le dictionnaire, comme le savoureux mot africain « girafer » qui veut dire « copier sur son voisin ».

Et la réforme de l’orthographe ? Quelle ineptie… Vous imaginez le mot « coït » perdre son tréma pourtant si imagé ? Ou le féroce rhinocéros sans le « h » qui lui donne toute sa force ? Ou encore le mot femme devenir « fame », ce qui privera tous les petits garçons de cet avertissement sans frais comme quoi avec les femmes, les choses sont loin d’être simples ?

Non assurément, la voie de la paresse n’est pas la voie royale, Continuer la lecture de Un autre Bernard amoureux des mots

Fête du Livre de Talloires : un rendez-vous réjouissant…

La fête du Livre de Talloires est toujours un événement festif pour les amateurs de livres. C’était ce week-end la 6ème édition avec un plateau prestigieux : Didier van Cauwelaert, Anne Goscinny, Yann Queffelec, Jean-Michel Ribes, Marie Nimier, Camille de Peretti, Bernard Pivot, Guillaume Musso, Michel Field, Guy Bedos, Alexandre Lacroix, Antoine de Meaux, etc… Ils étaient 25 auteurs, jeunes débutants ou vieux routiers des cafés littéraires, à avoir fait le déplacement. Il faut dire que les auteurs sont choyés pendant deux jours et la dédicace de leur livre se fait au bord du lac d’Annecy dans un lieu enchanteur. Comment ne pas vouloir joindre le plaisir à l’agréable ? Les auteurs sont maintenant nombreux à se passer le mot…

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En plus, chaque auteur est sollicité Continuer la lecture de Fête du Livre de Talloires : un rendez-vous réjouissant…

« Les Plantagenêts » : encore mieux que la légende !

C’est un sacré pavé à lire… Mais cela vaut mieux que tous les « Games of Thrones » !

Un historien britannique nous raconte l’histoire de la dynastie Plantagenêt qui fut à la base de la création de l’Angleterre. Et quelle histoire !… Le Moyen Age est une période passionnante, d’une richesse infinie avec des destins à peine croyables. Notamment celui d’Alienor d’Aquitaine, mariée au Roi de France Louis VII, qui après avoir divorcé ( on parlait alors de répudiation ) va épouser, en secondes noces, le Roi d’Angleterre Henri II. Le premier roi Plantagenêt, qui s’appelait ainsi car son père Geoffroy aimait à porter une fleur jaune dans les cheveux, un genêt ( planta genista en latin ). Les deux époux sont réunis pour l’éternité à Fontevraud où l’on peut voir deux gisants magnifiques.

L’histoire est belle et elle se poursuit avec la même intensité pendant les plus de 700 pages du bouquin… On y découvre les croisades, Richard Coeur de Lion et la légende d’Arthur… Un Arthur qui Continuer la lecture de « Les Plantagenêts » : encore mieux que la légende !

L’Huître de Ponge : un délice grammatical

« L’huître, de la grosseur d’un galet moyen, est d’une apparence plus rugueuse, d’une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C’est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l’ouvrir : il faut alors la tenir au creux d’un torchon, se servir d’un couteau ébréché et peu franc, s’y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s’y coupent, s’y cassent les ongles : c’est un travail grossier. Les coups qu’on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d’une sorte de halos.
A l’intérieur l’on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d’en dessus s’affaissent sur les cieux d’en dessous, pour ne plus former qu’une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l’odeur et à la vue, frangé d’une dentelle noirâtre sur les bords.
Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d’où l’on trouve aussitôt à s’orner. »  Francis Ponge – « le parti pris des choses »

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Delphine: ta réalité me bluffe…

En 2011 une comète était passée dans le ciel de l’édition avec  « Rien ne s’oppose à la Nuit » ( Edition Jean Claude Lattes ). J’ai assisté à ce spectacle prodigieux en acquérant le livre. Ce fut une révélation !… J’ai été très touché par ce qui s’apparente au plus bel hommage qu’un enfant puisse faire à sa mère. Sans doute le livre le plus intimiste et le plus authentique jamais écrit. C’était splendide. Finement ciselé dans une écriture de dentelle, un travail qui forçait le respect par l’analyse psychologique qu’il révélait. Delphine de Vigan s’était fait mal à raconter sa famille. On imaginait à quel point cela avait pu être douloureux d’explorer le passé, en quête d’informations sur l’auteur de ses jours, une personne au destin tragique qui se révélait finalement plus méconnue qu’elle ne l’aurait souhaité. Le déballage était impudique, mais d’une puissance narrative bluffante. D’ailleurs, pour rester dans l’histoire au-delà du livre, Continuer la lecture de Delphine: ta réalité me bluffe…

Edouard, sublime as usual…

Connaissez-vous Edouard Tetreau ? Sans doute pas comme la majorité des Français. Mais ce financier de 45 ans est une célébrité dans le monde de la Finance de Marché. Un garçon étonnant… En mars 2000, il a prévu la chute des valeurs internet. En mai 2006, il a annoncé – avec un peu d’avance – une correction inévitable, suite aux égarements des sub-primes de la finance américaine. Mais surtout, son fait de gloire remonte en mars 2002 Continuer la lecture de Edouard, sublime as usual…

Ode au grand Schmitt ( 2 )

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Comment raconter « La Nuit de Feu » ? Ce livre est le récit autobiographique d’une expérience. Une expérience personnelle qui a façonné la personnalité de l’auteur, alors qu’il était jeune adulte. Une aventure forte, de celles pour lesquelles plus rien n’est comme avant…

Schmitt fait, en effet, dans ce livre le récit de sa rencontre avec Dieu. Pas moins que cela !… Il est vrai que Schmitt n’en est pas à son premier coup d’audace. Dans son livre « L’évangile selon Pilate », paru en 2000,  il racontait la vie de Jésus à la première personne du singulier. Mieux ne vaut pas se rater quand on prend un pari aussi radical. Il l’avait pourtant gagné haut la main…

Ce nouveau livre prend une tournure plus intime. Continuer la lecture de Ode au grand Schmitt ( 2 )