C’est une petite merveille d’écriture !… Un extrait de « la Violente Amour » de Robert Merle ( collection Fortune de France ). Le récit tout en finesse de ce qu’on qualifierait aujourd’hui de « proposition malhonnête » entre deux amants putatifs. Texte très amusant car il est à rebours des pratiques courantes qui veulent que ce soit toujours l’homme qui prenne l’initiative…
Le texte est dans son jus. Pas de fautes, ni d’erreurs de frappe. C’est du vieux français, avec des mots parfois inconnus qu’on devine plutôt que les comprendre. Mais la musicalité de la langue est merveilleuse. Les circonvolutions de la pensée sont traduites avec une acuité formidable; les jeux de posture de chaque sexe subtilement rendus; l’humour est affleurant… Je me délecte à cette lecture. Jamais la beauté de notre langue n’est jamais aussi magnifiée que dans les livres de Robert Merle. Mais faites votre propre jugement avec cet extrait : Continuer la lecture de La drague au XVIème siècle…→
En matière de polar, vous savez tout de suite quand vous en tenez un bon : vous ne pouvez plus le lâcher… Vous êtes entré dans l’histoire; vous adhérez aux personnages; vous prisez l’intrigue; vous goûtez au style; vous savourez le suspense… C’est du caviar !
Mais ajoutez un peu de sel avec une action qui se passe dans votre ville natale, Lyon, Lugdunum, la cité des Gaules et de Guignol, et vous voilà parti dans une lecture mariant palpitation et nostalgie.
Le livre a remporté un joli succès d’estime. Le prix du meilleur polar décerné par le cercle du Point. Avec comme personnage principal, un anti-héros ordinaire, un flic des Renseignements Généraux pendant l’occupation allemande. Un salopard, collaborateur zélé et antisémite farouche qui a juste quelques très rares éclairs d’humanité. « L’affaire Leon Sadorski » est un livre qui déménage… De la littérature qui n’épargne pas ses lecteurs par le récit minutieux des puanteurs de la Collaboration. Le roman a eu droit pourtant à une suite un an plus tard.
On ne peut parler de ce livre sans évoquer le remarquable travail d’historien de l’auteur, Roman Slocombe qui replace son action dans le contexte précis des années noires de l’occupation. Continuer la lecture de Quotidien putride de l’Occupation…→
Un nouveau roman de Delphine de Vigan, cela interpelle. Forcément… Après deux derniers romans étincelants, on reste en alerte. J’ai en mémoire « Rien ne s’oppose à la nuit », petit bijou d’analyse publique. Un roman très personnel. Mais ce petit dernier, « les Loyautés », semble différent. Un roman court, concis, qui s’éloigne visiblement de l’univers éditorial de l’auteur. Serait-ce un vrai récit inventé ?
Ce roman dénonce un mal public qui ronge notre société, à savoir l’indifférence. Un mal d’autant plus cruel quand il s’applique sur des adolescents perdus, en manque d’autorité parentale. Des ados qui essaient de donner le change et l’illusion de la normalité. Des ados pourtant sur la mauvaise pente si parents et éducateurs démissionnent de leurs responsabilités.
« Où passe l’aiguille » : le titre m’a troublé; je n’arrivais pas à m’en souvenir; je n’en voyais pas la signification; je ne le trouvais pas très accrocheur… Jusqu’à ce que je lise la dernière page qui m’a donné la clef. La clef d’un récit subtil, écrit par une jeune femme, Veronique Mougin, qui y a mis tout son coeur.
Je n’ai pas lu la 4eme de couverture avant de lire ce livre, et cela a été donc une expérience. Expérience précieuse car le passionné d’histoire que je suis, y a trouvé son miel avec l’évocation de cette famille hongroise juive connaissant en 1943-1944 le rejet par ses voisins, la soumission aux autorités, l’espoir vain d’une rémission, puis l’enfer des camps de concentration. Plus j’avançais dans l’histoire, Continuer la lecture de « Où passe l’aiguille », ode à la vie…→
Un Goncourt de 150 pages au petit format. Voilà le rêve du lecteur moderne, économe de son temps… Mais cet atout de principe est gommé par le choix du sujet, une analyse critique de la montée du nazisme. Un sujet qui n’est pas consensuel, et qui aura sans doute détourné de nombreux lecteurs n’ayant pas pu « rentrer dans l’histoire ». D’ailleurs, il vaut mieux parler en l’occurrence d’Histoire car ce livre n’est pas un roman, mais un récit. Un récit au vitriol, porté par un style court, fort, percutant. Des mots sulfuriques pour dénoncer le manque de courage et de clairvoyance de quelques caciques face à l’extension malfaisante de la pieuvre nazie. Fort bien !… Il se trouve que je suis un passionné de cette époque, au point de m’être souvent posé la question : « qu’aurais-je fait si j’avais vécu à ce moment là ? ». Une question à laquelle, à 55 ans, je n’ai pas encore trouvé de réponse. Enfin, j’entends, de réponse objective et honnête.
Il est de ces personnages de roman que nous croyons connaître. Des héros de cape et d’épée que nous connaissons par les films des années 50-60 en noir et blanc, avec le plus souvent, André Hunnebelle à la réalisation et Jean Marais dans le premier rôle. Mais nous mélangeons tout entre le Bossu, le Capitan, le Capitaine Fracasse, Cartouche, Scaramouche… Avant d’être un film, le Capitaine Fracasse était un livre. Un livre de Théophile Gauthier, un écrivain connu pour ce seul roman qu’il mit une vingtaine d’années à écrire. Un roman pour la jeunesse, dit-on. Est-ce vraiment le cas ? Combien de jeunes l’ont réellement lu ?
Cela faisait longtemps que j’avais envie de le lire car le nom de Fracasse avait sa part d’aventure, ce petit goût d’authentique qui tient une place dans notre imaginaire, comme un lien vers l’enfance. Encore fallait-il avoir le courage de plonger dans une oeuvre de 700 pages plutôt dense ? Continuer la lecture de Le Capitaine Fracasse, cet inconnu→
C’est un fait bien étrange. Une chose qui interpellerait tout extra-terrestre découvrant notre planète. L’être humain achète ses yaourts et ses petits pois dans un supermarché. Il trouve là tout ce qui est mangeable. Mais il arrive que le bipède faisant ses courses s’arrête devant une tête de gondole pour ajouter à son caddie, au milieu de ses victuailles, une bande dessinée probablement non comestible : le dernier « Asterix ».
C’est un achat d’impulsion qu’on fait par fidélité à ses plaisirs d’enfant, même si les deux derniers albums n’ont guère été emballants. Les distributeurs l’ont bien compris qui placent l’album dans des lieux inattendus. On achète le dernier Asterix comme on cède à un besoin pressant. Continuer la lecture de Le dernier Asterix : vers une renaissance ?→
On me demande parfois quel écrivain m’a incité à écrire, quel est mon modèle en littérature. C’est difficile de faire un choix car nous sommes tous le fruit de nombreuses lectures depuis le plus jeune âge. Mais il y a un nom qui me vient souvent à l’esprit : Robert Merle.
A l’heure où l’on redécouvre la bataille de Dunkerque avec le beau film de Christopher Nolan, voilà un homme qui a justement combattu à Dunkerque. Il y a été fait prisonnier, et est resté trois ans prisonnier en Allemagne.
Une chance pour la littérature car cette longue inactivité lui a donné l’envie d’écrire. Et après la guerre, le professeur des écoles n’arrête pas d’écrire. Dès 1949, Continuer la lecture de Robert Merle ( 1908 – 2004 )→
Vous souvenez-vous d’avoir ri aux éclats à la lecture d’un livre ? Je parle d’un rire irrépressible qui vous secoue dans le lit au risque de réveiller votre conjoint… Un seul livre m’a accordé cette grâce : « le bâtard récalcitrant » de Tom Sharpe.
J’ai découvert ce livre, il y a déjà plusieurs années, sur les conseils de mon amie Brigitte G. C’est un excellent souvenir de lecture. Mais, après plusieurs années, est-ce que le livre se prête à une seconde fois ? Continuer la lecture de Tom Sharpe, Attila de l’humour anglais…→
« Le dernier des nôtres » : voilà un titre emballant. Si l’on ne m’avait pas offert ce livre pour Noël, il est bien possible que je l’aurais acheté de moi-même. Grand Prix du Roman de l’Académie Française, en plus. On est déjà dans le succès d’édition. Même si son auteur, la jolie blonde Adélaïde de Clermont-Tonnerre n’est pas une célébrité…
Ce roman réussit le tour de force de passionner le lecteur dès les deux premiers chapitres. Deux chapitres fort différents au demeurant. Le premier parle d’un coup de foudre, ressenti par un homme pour une femme rencontrée dans un restaurant. Werner Zilch, un beau gosse new-yorkais craque totalement pour Rebecca, une jeune femme inconnue qu’il va tout faire pour séduire. Ce qui donne lieu – sous la plume d’Adélaïde – à une série savoureuse de quatre règles élémentaires à respecter pour faire tomber une fille. Reconnaissons que le conseil fait sourire, tant il est inhabituel venant de la gente féminine. Continuer la lecture de Une blonde qui atteint sa cible…→
« L’homme qui voyait à travers les visages » : il y a quelques centaines d’années, ce livre aurait valu à son auteur le bûcher. Et on croise les doigts pour que nos amis musulmans ne lui fassent pas de misère. Mais quel livre !
C’est la troisième fois, en moins d’un an, que je parle d’Eric-Emmanuel Schmitt. Cela tourne à l’obsession. Mais, que voulez-vous, l’homme est tellement prolifique. Il écrit les bouquins à la chaîne, au point sans doute qu’il arrivera bientôt à égaler Victor Hugo dans sa riche bibliographie. D’ailleurs, dans ce livre, Schmitt nous donne la raison très étonnante pourquoi il écrit autant.
Quel livre étrange !… Un livre déroutant et en même temps passionnant. Surtout une vraie gageure d’écriture car l’histoire s’enchevêtre entre passé et présent à un point tel qu’on est à la limite de décrocher. L’auteur nous emmène dans une ronde insensée où les personnages tourbillonnent dans le manège du temps.
Car cette histoire est d’abord celle d’un retour vers le passé. Celle d’un homme, Franck Standish Burden, dit Wheeler, troisième du nom, cinquante années environ qui, sans raison, se retrouve projeté dans le passé, c’est à dire dans la Vienne de 1897. Une ville qu’il a appris à connaître et aimer grâce à l’enseignement d’un vieux professeur émérite. Wheeler va y découvrir Continuer la lecture de L’incroyable Histoire de Wheeler Burden…→
Le monde de la gestion financière est anglo-saxon. C’est en effet en Grande Bretagne et aux Etats Unis qu’est née dans les années 60-70 une nouvelle forme de religion qui a maintenant dans le monde entier, ses adorateurs et ses prosélytes : la gestion d’actions « Value »…
Il y a eu d’abord le rédacteur du « Nouveau Testament », Benjamin Graham, un économiste anglais qui a posé les bases académiques du stock-picking, autrement dit de « l’art » de bien savoir choisir une action pour gagner de l’argent en bourse. Puis est apparu le prophète, Warren Buffett, un américain plein de bon sens qui a inscrit en lettres d’or les règles pour gagner en bourse. Des règles qu’il s’est appliqué à lui-même car il est aujourd’hui la troisième fortune américaine. Aujourd’hui, le vieux Warren ( surnommé « le Sage d’Omaha » ) est un Dieu, copié, imité et revendiqué par tous dans la profession de la gestion, y compris par ceux qui ne pratiquent pas son concept de gestion « value ».
« Le Testament Français », prix Goncourt 1995, est de ces livres qu’on sait d’avance qu’on les aimera. C’est difficile à décrire, une sorte de pressentiment devant la qualité de l’auteur, un Russe écrivant en français et ayant choisi de vivre en France. Un titre également évocateur et plein de promesses; et enfin, un prix Goncourt obtenu chez Mercure de France, maison d’édition peu habituée aux prix littéraires. Un signe imparable que le roman est bon…
Mais il faut être dans de bonnes dispositions pour découvrir « le Testament français ». Il m’a semblé que la période troublée que nous vivons, où la France se cherche et où les Français ne s’aiment plus guère, était un moment opportun. Une quête de ressourcement, peut-être aussi…
L’écriture est un moment de grâce quand on arrive à faire partager aux lecteurs, non seulement ses centres d’intérêts, ses passions mais aussi ses lubies, ses fantasmes, cette petite part de soi-même qui est quelque peu irrationnelle, comme un goût de folie intime. Avec « Outre-Terre », Jean Paul Kauffmann nous entraîne dans une quête improbable, celle du souvenir de la bataille d’Eylau qui a eu lieu en février 1807 dans les neiges de la Prusse Orientale. Une bataille qui a failli mal tourner pour l’aigle impérial, le sort de la bataille n’ayant tenu qu’à une charge de cavalerie épique de Murat et de ses grenadiers. Sans doute la plus belle charge de cavalerie de l’histoire de l’humanité, dans un désert glacé et brumeux qui aura vu les couleurs flamboyantes des hussards s’engluer dans le noir et blanc d’un horizon sans fin.
Tout le monde connaît l’histoire du naufrage du Titanic. Assurément le plus connu des naufrages. Superbement mis en image par James Cameron en 1997, le Titanic a su faire vibrer les foules. Mais déjà, bien avant Leonardo di Caprio et Kate Winslet, cette histoire passionnante avait suscité de nombreux films. Quasi tous les dix ans ( des films sont sortis en 1943, 1953, 1958 et 1979, pour ne citer que ceux-là ). Les producteurs du monde entier savaient qu’ils avaient, dans le naufrage du plus grand paquebot du début du siècle, le scénario le plus romanesque qui soit. Cette passion pour le Titanic ne se dément pas, plus de 100 ans après les faits…
Comment comprendre, dans ce contexte, la relative indifférence autour d’une autre tragédie maritime de la même époque : le naufrage du Lusitania, un jour de mai 1915. Coulé par un sous-marin allemand U-Boot qui a envoyé par le fond le plus grand paquebot de l’époque, avec près de 1.200 de ses passagers ( un score bien proche des 1.500 personnes du Titanic ). Continuer la lecture de Lusitania : une tragédie oubliée…→