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POUR moi ce sera (toujours) elle…

La campagne se termine… A-t-elle vraiment commencé un jour ? Nous entrons dans un nouveau quinquennat sans vrai débat de société. Le président sortant a annoncé qu’il se représentait au dernier moment, limitant le débat à quelques jours. La nécessaire respiration politique s’est limitée à quelques inspirations. Pendant ce temps, la candidate de droite portant un vrai projet alternatif s’est usée à échanger des noms d’oiseaux avec les extrêmes de droite et de gauche, dont le programme conduirait le pays au désastre. Il y a un vrai facteur sclérosant à débattre avec des populistes. On y perd sa foi, son entrain, sa virginité. Cela revient à se positionner sur des faux problèmes, pas sur ce qui importe.

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UN Bon parmi les brutes

Quand un grand bonhomme comme Joseph Kessel abandonne toute ambition littéraire pour s’improviser journaliste et écrire une biographie, il y a sans doute anguille sous roche. L’écrivain dont la propre vie est un vrai roman aurait-il trouvé une vie encore plus trépidante à raconter ? Improbable… Très improbable, mais pourtant vrai. La vie de son héros, Felix Kersten fut une aventure sublime. Pourtant elle est largement méconnue. L’homme n’a pas de nom de rue, il n’est guère honoré, son souvenir s’efface chez les jeunes générations. Même le Congrès juif mondial lui dénie le titre de « Juste parmi les Justes ». Kersten est un oublié de l’Histoire !… Dans sa grande sagesse, l’auteur du « Lion » entreprend de le réhabiliter dans ce merveilleux livre « les mains du miracle ». Un livre à lire pour rendre justice à un homme…

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Pecresse dans le texte

Extraits de l’interview du Figaro Magazine ( 11 Mars 2022 )

« La compétitivité de la France n’a cessé de se dégrader. Avec une dette qui s’est envolée et un déficit de la balance commerciale de 85 milliards d’Euros. C’est un drame français qui montre que nous avons perdu notre souveraineté en matière industrielle »

« Au lieu de réformer, on a eu cinq années de fuite en avant de la dépense publique et de la dette« 

« Une peine minimale d’un an de prison ferme sera instaurée pour tous ceux qui s’en prennent aux figures de l’autorité. Je n’accepte plus que ceux qui défendent la loi et l’ordre soient agressés »

« Ma France n’est pas communautarisée, elle a une identité, une culture et des valeurs républicaines »

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Belfast ou grandir sous tension

Quel joli film… Un film à la hauteur d’un enfant. Un récit décousu et puéril. Regarder des événements historiques par le regard d’un enfant est nécessairement réducteur. C’est de l’histoire en version rase-moquette, incomplète, partielle, subjective et superficielle. Mais cela peut provoquer parfois des étincelles de génie ( j’ai particulièrement en mémoire le mémorable « Tambour » de Volker Schlöndorff ).

Ici, Kenneth Branagh a des ambitions plus modestes. Il ne fait pas mystère qu’il est allé chercher dans ses souvenirs personnels, quand il avait neuf ans. Sa vision de Belfast est réduite à sa rue; les tensions communautaires entre protestants et catholiques sont violentes, mais constituent juste un décor; l’enfant lui ne regarde que la jolie petite blonde de sa classe, et les événements de Belfast qu’il mate de ses deux billes écarquillées, l’inquiètent d’abord car il voit que cela angoisse ses deux parents.

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Batailles pour un gland

L’orage est menaçant, le vent souffle fort, et la peur est générale. Soudain le grondement du ciel se fait entendre, avec un déluge de pluie. C’est la panique. Tous affrontent stoïquement les cataractes de pluie, certains se battent contre la montée des eaux et finissent par se noyer… Une catastrophe comme on en connaît parfois sur terre. Sauf que les victimes sont cette fois des petits animaux habitants d’un grand chêne et que la caméra s’est faite complice de l’infiniment petit.

« Le Chêne » est le récit de la vie sur chêne, une vie très loin des chaînes et de la presse. Mais c’est la Vie au superlatif, celle du substrat de notre planète que nous-autres bipèdes à tête pensante avons tendance à négliger, quand ce n’est pas détruire.

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Recit d’une désindustrialisation en route

Vincent Lindon, en début de film, court sur son tapis de salle de sport. Il fait tout pour rester dans la course. Il court, il court au point de passer à côté de sa vie de famille. Une vie de professionnelle de fou que l’on ne souhaite à personne… « Un autre monde » raconte finalement sa sortie de route, alors même qu’il est un bon petit soldat au service de sa boite, filiale d’une boite américaine sans âme.

Voilà un récit poignant qui est très français dans sa trame, avec la dénonciation du sur-travail et des dérives du capitalisme. Une dénonciation très juste, au demeurant, dans le ton et dans la forme, mais qui rend un peu mal à l’aise au pays des 35 h et des vacances multiples. Ce film ne réconciliera pas, c’est sûr, les Français avec le monde de l’entreprise et de l’industrie. Une industrie qui n’existe quasiment plus chez nous, mais ça est une autre histoire qui mériterait un film à part entière.

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La derniere charge de NAY

Quel plaisir de lire ce deuxième opus des Mémoires de la grande Catherine, après le premier qui m’avait beaucoup excité !… J’y avais retrouvé les combats politiques de ma jeunesse et la violence des joutes de l’époque. Ce second livre est plus contemporain. Il parle de politiques qui nous sont plus proches, Chirac, Jospin, Sarkozy, Seguin, Hollande, Macron… Récit incroyable ! Alors que la politique a tendance à ennuyer les Français, Catherine Nay  nous raconte la chose comme un roman. Des détails invraisemblables, des anecdotes, des passions humaines qui donnent à l’intrigue des ressorts quasi balzaciens, tout s’enchaîne aisément sous la plume très honnête d’une journaliste certes engagée, mais pas militante. Surtout, c’est la femme la mieux informée du monde politique ( une vraie mine d’or ) et on comprend beaucoup de choses au prisme de ses confidences.

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West side story, le Retour

Non-nécessaire, mais admirable. Daté et désuet, mais très moderne dans son propos. Superflu et redondant, mais déjà indispensable… Les pensées ambivalentes s’entrechoquent à la sortie du nouveau West Side Story. C’est a priori une mission impossible de vouloir refaire un chef d’oeuvre. C’est comme suivre l’empreinte de géants, avec nos pieds de nabots contemporains. Sauf quand il y a Steven Spielberg aux manettes… Le magicien d’Hollywood a encore frappé. Son film est époustouflant…

Spielberg a été assez malin pour ne pas faire une version contemporaine de ce récit mythique. Il a préféré le laisser dans son jus, en recollant parfaitement à l’esprit des années 50. Il a ainsi calqué la poésie du modèle, tout en montrant que les combats pour l’identité et l’appartenance, sont toujours diablement d’actualité. Pour le spectateur Européen, c’est un vrai bonheur de relire les sous-titres des chansons de ce ballet de rues. Quelle puissance ! Et au vu des débats qui déchirent actuellement la société américaine, on comprend que Spielberg ait trouvé opportun d’astiquer l’éclat de ce film mythique. Les décors de rue et les couleurs vives des costumes sont un enchantement. Les jeunes comédiens sont épatants et d’une aisance folle devant la caméra. La chorégraphie est enfin envoutante et aérienne. Bref, Spielberg réussit le tour de force de quasi éclipser l’original. Le spectateur repart avec les mélodies des choeurs du film qui résonnent dans les têtes et dans les coeurs. Cela change du bruit force 8 et des boum boum des bandes annonces qui l’ont précédé. Merci Steven…

Les temeraires

Les Téméraires » est un gros pavé historique qui peut effrayer le lecteur de passage. Oui, mais il traite d’une partie de l’Histoire de France méconnue, le Duché de Bourgogne qui s’est heurté à la France pendant près d’un siècle, en prenant un moment le parti de l’Angleterre durant la Guerre de 100 ans. Nous avons tous entendu parler de Charles le Téméraire, adversaire de Louis XI, mais qui sait que la Bourgogne recouvrait alors une large partie de la Belgique et des Pays Bas pour faire un état semblable à ce qui avait prévalu du temps de Charlemagne ? 

C’est un auteur hollandais qui nous raconte cette histoire dans sa langue, traduite en français. Il le fait avec une érudition remarquable, parfois un peu confuse, notamment dans sa première partie qui essaye d’enraciner la Bourgogne dans une histoire très ancienne. Il a tendance aussi à tirer un peu trop la couverture du récit vers le pays batave, mais force est de lui reconnaître qu’il a d’abord entrepris un gros travail de recherche sur ses origines nationales. L’histoire de la Bourgogne n’est pas que française… 

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Pour moi, ce sera elle

Les Primaires sont un drôle d’exercice. Un vote avant l’heure pour choisir son candidat ou sa candidate parmi tous les impétrants au poste de Président. Le job est le plus dur et le plus ingrat qui soit. Et pourtant, ils sont nombreux à le briguer. Envie d’en découdre vraiment ? Ou plutôt goût immodéré pour le pouvoir et tous ses attributs ?… J’ai été éberlué par les Chirac, Hollande ou Macron qui ont conquis le pouvoir de haute lutte pour ne pas en faire grand chose après. Gérer la chose publique, c’est assurément prendre des décisions fortes, jouer collectif, expliquer, convaincre, fixer des horizons. Vaste programme ! comme aurait dit le Général…

La France est un pays difficile à gouverner.

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Si on chantait

Ce film ne va pas révolutionner le genre, il est très convenu dans son histoire, et utilise les grosses ficelles pour susciter l’empathie. Je comprends qu’on puisse ne pas aimer cette débauche de bons sentiments. « Si on chantait » surfe sur la vague de l’émission-vedette « N’oubliez pas les paroles » qui a fait du chant un facteur de cohésion inter-générationnelle. Le film dégage une telle énergie qu’on ne peut s’empêcher de vibrer à cette histoire de pieds nickelés du chant qui essayent de se sortir du marasme d’une région en crise. Le chant comme exutoire des soucis du quotidien, comment ne pas adhérer à la chose ?

Quand, en plus, c’est fait par un artisan du cinéma qui humblement a voulu rendre hommage à sa région en crise et à la résilience de ses habitants, le spectateur aurait mauvaise grâce à contester l’authenticité du message. Il n’a donc pas d’autres choix que de se laisser porter par l’entrain de trois acteurs parfaitement en harmonie avec l’histoire, avec, en cadeau Bonux, la prestation étonnante d’un Clovis Cornillac en « looser » magnifique.

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UN duel pour l’Honneur

Le Dernier Duel a un grand mérite : placer son action au Moyen Age, en 1386 sous le règne de Charles VI dit le Fou, qui était encore tout jeune au moment des faits. Car l’histoire qui nous est racontée est une histoire vraie, une histoire de duel entre deux seigneurs dont l’un Jacques Le Gris a déshonoré la femme de l’autre, Jean de Carrouges. Un duel sauvage a lieu, au final, qui met un terme à un procès dégradant pour la jeune épouse, où celle-ci remet finalement son destin ( et sa vie ) aux aléas d’un combat singulier entre les deux protagonistes. Face au doute des Hommes, Dieu montrera la vérité !…

Le côté barbare des enjeux de ce duel est un beau baromètre de la violence d’une époque où les femmes ne pesaient rien, et les hommes n’avaient pas d’autre ambitions que de guerroyer et de détrousser des filles. Le film rend bien compte de l’époque, avec une belle photo qui imprègne la rétine assez durablement pour mettre le spectateur mal à l’aise. Tout vibrillonne de manière forte, des combats sanglants , des disputes autour de terres, des échanges tout en tension…

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Illusions Perdues de tout temps

« Il devait cesser d’espérer et continuer à vivre », telle est la dernière phrase du film ( du livre ? ) et elle résume bien le caractère désenchanté et le jeu de faux semblant matiné de cynisme dans lequel nous plonge cette superbe évocation du roman de Balzac. Ah que ce roman est contemporain dans sa dénonciation d’un monde vain, qui ne s’attache qu’à l’écume des choses !… J’ai vraiment exulté à certains passages tant ils semblaient adaptés à notre monde contemporain. Rien ne bouge à travers les époques, et notamment la puissance de l’argent, la vacuité des êtres, la vanité, l’égocentrisme, l’absence de morale, le plaisir de salir et de tuer par les mots. Un joli melting-pot de tout ce qui fait la laideur de l’âme humaine, et que Balzac, grand contempteur des travers de son siècle, dénonce avec une volupté exubérante.

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Une autre statuE qui chute…

Un James Bond, reflet parfait de notre époque !… Voilà ce qui me vient à l’esprit à la sortie de ce film qui m’a désarçonné. Que peut-on attendre d’une société qui a abattu une statue de Napoleon pour y mettre celle de Gisèle Halimi ?… De poursuivre, bien sûr, le travail de sape commencé dans l’optique de déboulonner toutes les anciennes idoles… Bond, le coureur de jupons, rentre dans le rang et devient un homme fidèle, au point de prendre une décision ultime pour rester fidèle à cet amour. Il aspire à une vie bien tranquille, et le numéro d’agent du MI6 qui lui était dévolu, est maintenant détenu par une femme noire. Suprême outrage : l’agent le plus British qui soit, offre ses services à la CIA… Un dynamitage dans les règles !…

Disons-le clairement, nous ne sommes plus dans l’espionnite souriante et insouciante qui a marqué nos jeunes années, un homme fort et « unbeatable » dont nous suivions les aventures avec jouissance, sans vraiment y croire…

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Tralala, youpie !…

A quoi sert le cinéma, sinon nous procurer quelques moments furtifs de bonheur ? Des petits moments qui vous chatouillent tous les sens, et qui sont d’autant plus puissants qu’ils vous surprennent dans votre petite routine de spectateur blasé. Ah, ce que ce film fait du bien !… Je crois que je le reverrai avec plaisir, ne serait-ce que par le côté entraînant et hypnotique de quelques scènes. Ce « Tralala » est une petite musique, d’abord assez aride, qui n’emporte pas une adhésion immédiate. Mais elle se propage comme une mélopée pour vous entraîner dans une farandole improbable. C’est difficile de ne pas céder au charme des interprètes, Matthieu Almaric en tête, étonnant en hurluberlu hirsute, Josiane Balasko en mère portée sur la chansonnette mais aussi une révélation, Bertrand Belin à la voix rauque qui vous embarque….

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A nous les vieilles anglaises

Je ne sais pas si l’auteur l’a fait exprès dans le choix de son titre, mais cet « été anglais » m’a fait penser à une autre été, « un été 42 » d’Hermann Raucher dont on a fait un film avec une superbe musique de Michel Legrand. Dans les deux cas, le récit d’un jeune garçon découvrant les mystères féminins auprès d’une femme plus âgée, chose très désirée dans l’un, plus subite dans l’autre. Faut-il que la société ait fortement évolué pour qu’à cinquante ans d’écart, cette même histoire passe du rite initiatique plein de sentiments à une relation passant pour de l’abus et une certaine forme de défloration de l’enfance !

Cette évolution de la société est incontestable, prenons-en acte. L’auteur nous tricote donc l’histoire de Fabrice, 15 ans, jeune garçon partant en Angleterre pour améliorer son anglais. Une situation qui évoque immanquablement des réminiscences chez le lecteur. L’idée sympathique est de transposer l’action dans l’Angleterre des Beatles, dans une famille de la gentry, plus anglaise que cela, tu meurs.

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Boite Noire, un film tripant

Le cinéma français s’émancipe… Il y a quelques années, personne n’aurait osé attaquer un film aussi ambitieux, et quand bien même, cela aurait été le cas, on l’aurait tourné en anglais et appelé « black box » pour faire plus sérieux… Ce film surprend donc, car il sort des rails balisés du film de chez nous, sans grands moyens. C’est un film « grand spectacle » à l’image du récent et excellent « Chant du Loup ».

Un krach d’avion est toujours un drame. Cela suscite plein de questions, pour savoir, pour comprendre, pour éviter que cela ne se reproduise. L’utilisateur occasionnel ou régulier d’avions de ligne veut se rassurer, tout en pensant à ces passagers infortunés qui ont vécu l’enfer. Aussi, approcher le problème sous l’angle du BEA, l’organisme de la sécurité aérienne qui audite les krachs, est une excellente idée. Il n’y a rien de plus fédérateur. Nous nous sommes toujours demandés ce que révèlent ces boites noires qui retranscrivent les derniers instants des pilotes.

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