Boite Noire, un film tripant

Le cinéma français s’émancipe… Il y a quelques années, personne n’aurait osé attaquer un film aussi ambitieux, et quand bien même, cela aurait été le cas, on l’aurait tourné en anglais et appelé « black box » pour faire plus sérieux… Ce film surprend donc, car il sort des rails balisés du film de chez nous, sans grands moyens. C’est un film « grand spectacle » à l’image du récent et excellent « Chant du Loup ».

Un krach d’avion est toujours un drame. Cela suscite plein de questions, pour savoir, pour comprendre, pour éviter que cela ne se reproduise. L’utilisateur occasionnel ou régulier d’avions de ligne veut se rassurer, tout en pensant à ces passagers infortunés qui ont vécu l’enfer. Aussi, approcher le problème sous l’angle du BEA, l’organisme de la sécurité aérienne qui audite les krachs, est une excellente idée. Il n’y a rien de plus fédérateur. Nous nous sommes toujours demandés ce que révèlent ces boites noires qui retranscrivent les derniers instants des pilotes.

Autant le dire tout de suite, Yann Gozlan a merveilleusement gagné son pari. Le film va crescendo, avec une tension croissante qui explose dans certaines scènes de pure angoisse, ou pour les plus blasés, de stress intense. Le scénario est bien ficelé, avec des périodes de doute où l’on s’interroge sur la santé mentale de l’enquêteur. Il faut dire que Pierre Niney confère à son rôle un côté fiévreux, buté, sombre, paranoïaque. Il est excellent, bien secondé par Lou de Laage en femme ambitieuse, plus vraie que nature. L’immersion dans les arcanes du BEA est complète, riche, instructive.

Boite Noire est l’exemple parfait du film de divertissement, sans autres ambitions que de nous sortir de notre confort. Et de nous instruire aussi par la même occasion sur ces organismes dont la mission est de nous protéger. Je remercie aussi le réalisateur d’avoir épargné notre industrie aérienne, en modifiant les noms des fabricants et des compagnies. C’est difficile de construire de telles histoire sans entacher la réputation de nos industriels. Une attaque d’autant plus injuste, en l’occurrence, que les derniers égarements techniques ont concerné essentiellement le concurrent américain. Le dénouement est assez heureux de ce point de vue….