Tous les articles par Bernard

Capitalisme qui déraille…

Quand il m’arrive de musarder sur les réseaux sociaux, je suis surpris par les opinions tranchées d’une certaine jeunesse totalement désabusée qui considère que la mère de tous nos maux réside dans le capitalisme… Bigre ! Le capitalisme est selon eux responsable de la crise écologique, des tensions sociales, du mal-être général, du manque de solidarité… Bref, rien ne trouve grâce à leurs yeux dans l’organisation de notre société. Le fait qu’en trente ans, de très nombreux pays pauvres sont sortis de la disette pour commencer à s’aligner sur nos sociétés développées ne pèse guère dans la balance. Cette évolution se serait faite par paupérisation de nos sociétés occidentales, et à ce jeu des vases communicants, personne ne serait gagnant.

Le constat peut s’entendre, notamment dans ses aspects écologiques. La croissance à marche forcée de l’économie mondiale s’est faite assurément au travers d’une dégradation de notre environnement. La terre est incapable d’absorber les déchets d’une population mondiale qui continue à grossir dans l’indifférence des problématiques écologiques. Oui c’est un vrai problème… Continuer la lecture de Capitalisme qui déraille…

« Play » again your life…

Ce film m’a fait penser à une belle tranche de pain de mie grillée, le dimanche matin au réveil, avec une délicieuse odeur de café qui vous chatouille les naseaux. Autrement dit, il parle à votre instinct, et participe d’un bonheur instantané. Celui qui est enfoui très loin dans votre cortex et qui se réveille au contact de vieilles photos ou d’une réminiscence qui vous envahit parfois de manière impromptue.

C’est un film sur l’amitié, l’amitié forte, fusionnelle, celle qui se crée dans les années insouciantes de l’adolescence et des années d’étude. Celle qui repose sur les 400 coups, les coups d’éclat d’une vie de patachon, et les amours naissantes. Celle qui semble aussi naturelle à vivre que l’oxygène à respirer, avant que vie professionnelle, couple et enfants viennent perturber ce bel équilibre. Une histoire tellement intemporelle qu’elle parle à toutes les générations, et pas seulement à ceux qui sont nés dans les années 80. Continuer la lecture de « Play » again your life…

Une panthère qui nous relie à la nature

Ce livre est la plus belle des évasions. Presque une thérapie… Je l’ai lu dans une période professionnellement difficile, avec des insomnies en cascades où mon seul répit était Tesson et sa quête improbable de la panthère des neiges. Quelle belle aventure !… Comment mieux évacuer les tensions que de partir dans cette expédition tibétaine glacée pour guetter un animal presque disparu, et donc quasi mythique ? Comment mieux relativiser les tracas de l’existence que de voir un groupe d’humains partir très loin, endurer des conditions extrêmes, souffrir du froid et de la fatigue, et épuiser tout son temps à la pratique la plus futile qui soit : espérer voir quelques minutes un animal sauvage dans son environnement. Ce livre est le récit de cette traque, mais c’est bien plus encore. Difficile de le résumer en quelques mots; disons que c’est, entre autres, une fable philosophique sur le rapport homme-bête et une dénonciation de la tyrannie de l’homme sur son environnement. Continuer la lecture de Une panthère qui nous relie à la nature

Vincent Munier, Disney du monde réel

C’est un homme tout droit sorti de notre imaginaire. Merlin l’enchanteur venu nous faire découvrir les mystères de la forêt et de ses habitants. Il prononce quelques formules magiques du bout de son téléobjectif et nous voilà tout d’un coup associés à un ballet animalier à la Walt Disney.

Merlin est un homme des bois, des montagnes et de toutes les étendues sauvages loin de notre civilisation. Il est un lutin qui aime folâtrer là où d’autres ne vont pas. Il n’est plus alors un corps étranger au milieu de la mousse et des lichens de nos grands arbres. Il se dissout dans la forêt pour ne faire plus qu’un avec la faune.

Merlin se promène sur la pointe des pieds, les sens en éveil, l’oeil à l’affût derrière ses jumelles. Il est muni d’un sésame que toute notre humanité pressée a laissé tomber depuis longtemps : la patience. Et son corollaire en forme de juste récompense, l’émerveillement.

Attention les yeux… Wokety Pokety Wokety Wok

Vigneaux, égérie du féminisme…

Elle est magnifique !… A l’aise sur scène, comme si elle y était née, Caroline Vigneaux est une étoile brillante du one-woman-show. « woman » insiste-t-elle avec énergie, car elle revendique et défend son sexe avec passion. C’est une femme assurément, jolie, ce qui ne gâche rien, mais une femme qui bouillonne intérieurement contre les affronts, les injustices et les avanies faites à la condition féminine. Son spectacle « Croque la pomme » est totalement orienté sur ce thème.

Fort bien, se disent les hommes, on va en prendre pour notre matricule. Est-ce la peine d’aller se faire assaisonner par une pasionaria féministe pratiquant l’outrance pour faire rire à nos dépens ? Eh bien non… Continuer la lecture de Vigneaux, égérie du féminisme…

« Surface », comme un caviar de polar…

Le site Babelio où je reproduis mes articles, me fait découvrir régulièrement de bons romans. La dernière découverte est une excellente pioche.

« Surface » est un polar écrit par un ancien policier qui en est à son quatrième opus. Un homme qui connaît la musique, et qui en est d’autant plus crédible dans la description du monde de la police. C’est déjà un point positif. Encore faut-il savoir raconter des histoires. Et là, en l’espèce, nous avons affaire à un orfèvre.

Dans un style concis, sans fioritures, Olivier Norek nous campe le décor avec beaucoup de talent. Il ne faut pas plus de quelques pages pour être totalement dans le bain. Après, vous n’avez pas envie d’en sortir. L’eau sera depuis longtemps froide que vous serez toujours absorbé dans le récit. Continuer la lecture de « Surface », comme un caviar de polar…

Amphigourique

Ah le joli mot que voilà !…  Ce mot se devine, avant d’en connaître le sens. Il est à l’image de sa définition. Compliqué, entortillé, torturé. En un mot, précieux…

Notre langue est bien précieuse justement d’être riche de ces adjectifs imagés. Ils s’oublient un peu, mais ce qu’ils recouvrent, est loin d’avoir disparu. L’amphigouri, autrement dit le galimatias confus et guère compréhensible qui est l’apanage des politiques ou de pseudo experts.

Alors face à un de ces maîtres obscurs de la rhétorique, vous pouvez toujours répondre : « je ne panne que dalle et j’en ai rien à foutre ». Ou attaquer l’opportun sur son propre terrain d’un superbe : « peu me chaut vos élucubrations amphigouriques »

Bonne Année à tous !…

Alors que ce blog vient de passer son quatrième anniversaire, je tiens à vous présenter tous mes voeux pour la nouvelle année. Puisse 2020 être pour vous l’année de tous les accomplissements, de tous les bonheurs et de toutes les réussites.

Nous avons eu beaucoup d’animation en 2019, avec toutes les tensions sociales dont notre pays est abonné. Une période stressante pour tous, pour les grévistes qui essayent d’être entendus, et pour les usagers perturbés dans leur quotidien. Pas sûr que cela ait été le scénario rêvé et l’aspiration au bonheur que nous nous sommes tous souhaité lors du dernier réveillon ! Continuer la lecture de Bonne Année à tous !…

Ennui au pays des « sans-dents »

Cela faisait longtemps que ce Goncourt 2018 trainait sur ma table de chevet, une lecture qui s’imposait, mais à laquelle j’avais du mal à me résoudre. Un titre tellement banal qu’il n’imprimait pas dans ma mémoire. Un récit de jeunes ados qui m’était totalement étranger. Un misérabilisme social qui était loin de me captiver… J’ai dû me forcer à cette lecture, notamment au début du roman.

Lecture faite, je suis toujours sur la réserve, mais je suis content de l’avoir lu. C’est assurément une grande oeuvre. Une chronique du quotidien, pleine de détails insignifiants, qui donnent au texte une authenticité unique. le récit est linéaire, sans faits d’armes autres que deux vols de motos. Les personnages vivent sous nos yeux, comme dans un film de Ken Loach. Je m’attendais à tout moment à un drame; tout concourait à un dénouement violent. Continuer la lecture de Ennui au pays des « sans-dents »

Un Chanel plein d’allant

N° 5 de Chollet : le 5ème spectacle de Christelle Chollet, le second pour moi, puisque j’avais vu en octobre 2016 le précédent Comic Hall, déjà raconté sur ce blog.

Christelle Chollet a un talent fou. Cette fille est une bête de scène qui vous captive dès la première seconde pour vous emmener très loin avec elle dans le délire et la tension scénique. J’avais déjà follement aimé le précédent spectacle. Que vaut le nouveau où, sur l’affiche, elle parodie une publicité de Chanel ?

Le spectacle a lieu au Théâtre de la Tour Eiffel, une salle quasi inconnue, récemment rachetée par la comédienne avec son époux. Du coup, elle bénéficie d’un décor de scène magique, Continuer la lecture de Un Chanel plein d’allant

La mort sur un ton léger

Dans notre époque où le cinéma est un grand parc d’attraction où l’on vénère l’insouciance, pas facile de parler de la mort, et encore moins de la maladie. La dégradation du corps et de l’esprit est aux antipodes des valeurs contemporaines. Becker s’y était risqué avec « Deux jours à tuer », un film déjà poignant où Dupontel renversait la table, avant de se cacher loin du monde.

Les deux brillants auteurs du « Prénom », sans doute excités par le challenge, ont souhaité aborder le thème sous la forme d’une comédie. Avec l’idée astucieuse de départ d’une confusion dans les diagnostics pour arriver à un résultat bien trouvé : la maladie n’est plus un parcours désespérément solitaire, mais une aventure à deux où chacun s’oublie pour prendre soin de l’autre. C’est très subtil de troquer ainsi le misérabilisme pour l’empathie. Continuer la lecture de La mort sur un ton léger

agélaste

On en rencontre hélas trop souvent. Des tristes sires qui ne savent pas rire, ni sourire. Pour les agélastes, la vie n’est jamais drôle, et cela fait d’eux de tristes compagnons.

Pour les définir, on peut utiliser le mot « pisse-vinaigre » qui est joliment imagé comme souvent dans la langue française. Mais l’adjectif « agélaste » est encore plus direct. Avec le risque, cependant, de ne pas être compris de votre interlocuteur car « agélaste » fait partie de ces mots qui tombent en désuétude. Bien dommage…

Le mieux est donc de l’utiliser en injure, à la façon du capitaine Haddock : « va-donc, agélaste, triste face et bileux de la gueule. Va polluer l’air hors de mon périmètre de sustentation ! »…

Le Mans 66, concentré de testostérone…

La vitesse ne m’a jamais fait vibrer. Elle me fait plutôt peur, et je ne ressens aucune montée d’adrénaline à appuyer lourdement sur la pédale de droite. Je fuis les courses automobiles que je considère comme une débauche inutile de carburant et d’énergie pour attribuer le premier prix à un pilote qui est nécessairement le plus fou du circuit.

Mais ce mépris de la vitesse ne m’exclut pas du monde de l’automobile. Les belles voitures, les carrosseries rutilantes, les chromes qui brillent, et tout ce qui fait d’une automobile l’expression du génie humain, tout cela me parle, me séduit, m’émoustille. L’automobile, comme aventure humaine, est un beau voyage. C’est ce à quoi nous convie le film Le Mans 66. Continuer la lecture de Le Mans 66, concentré de testostérone…

Feydeau au zénith

La Comédie Française est tellement courue qu’il faut s’y prendre plusieurs mois à l’avance pour réserver des places. C’est la scène des initiés, des habitués et des parisiens maîtres de leur temps. Heureusement, pour ceux qui sont plus bohèmes dans leurs sorties, la Comédie Française a négocié avec les cinémas Pathe-Gaumont une projection exceptionnelle pour profiter d’une pièce, confortablement installés dans des fauteuils de cinéma. Et quand il s’agit du chef d’oeuvre de Feydeau, « la Puce à l’oreille », cette séance de rattrapage est absolument royale…

Feydeau est un des rares auteurs dont je conserve toute la bibliographie dans ma bibliothèque. Toutes les pièces de ce prince du boulevard à portée de main. C’était, il est vrai, l’auteur préféré de mon père. Je me souviens Continuer la lecture de Feydeau au zénith

« J’accuse », beau et sobre à la fois…

J’accuse » est d’abord l’article de presse le plus courageux jamais écrit. Un prix Pulitzer avant l’heure de l’engagement sociétal, par un Emile Zola qui a gagné là ses galons d’honnête homme. Mais derrière ce fait d’arme qui a marqué à jamais l’histoire de la presse, il y avait l’activisme d’un homme obscur, Marie Georges Picquart, qui a eu le courage exceptionnel de s’opposer à sa hiérarchie pour défendre l’honneur d’un homme qu’il n’appréciait pourtant guère, son ancien élève Alfred Dreyfus.

Cette affaire Dreyfus qui a été le marqueur indélébile du passage du dernier siècle, méritait assurément d’être rappelée aux jeunes générations qui n’ont connu que l’affaire Benalla. On a beaucoup glosé sur l’opportunisme de Polanski à se couler, avec ce film, dans la peau d’un homme accusé sans preuves. Réducteur, très réducteur ! Continuer la lecture de « J’accuse », beau et sobre à la fois…

« La belle époque » qui vous emballe…

La Belle Epoque est d’abord un ton. Un ton décalé et en même temps enjôleur qui vous happe pour ne plus vous lâcher. La tension au sein de ce couple vous explose au visage, sans que jamais cela ne prenne un ton dramatique. Non, Nicolas Bedos reste léger pour évoquer le désamour, la perte d’envie de vivre et le refus d’évoluer dans une époque qui bouge vite. Les échanges sont vifs et enlevés, le personnage d’Auteuil est faible, il se laisse bouffer par sa propre vie, alors que celui de Fanny Ardant est une battante qui veut continuer à avoir le contrôle. Comment ne pas ressentir le vécu dans cette opposition de style ? Comment ne pas y voir les différences de comportement par rapport à l’âge et au temps qui passe ? Nicolas Bedos est étonnamment juste dans le constat.

Pour sortir de l’impasse, autrement que par la voie facile de la séparation, il imagine ce que la technologie d’aujourd’hui peut offrir : un retour aux sources. Continuer la lecture de « La belle époque » qui vous emballe…

Connemara, l’Irlande au superlatif

Le Connemara : Michel Sardou l’a magnifié sans réellement le connaître. On dit qu’il a écrit « les lacs du Connemara », sans n’y avoir jamais été. Fable ou réalité ?… Sa chanson n’en a pas moins connu un succès qui touche toutes les générations. Le secret de ce tube intemporel est simple. Sardou a su merveilleusement bien capter l’esprit des lieux.

Le Connemara est un quintessence d’Irlande. Une région déserte, rude et aride. Une myriade de lacs qui constelle de miroirs une lande brune dominée par de multiples collines. Des prés ceints de murs en pierre où paissent des moutons à tête noire et au lainage marqué de pointes de couleur. Des nuages toujours présents qui s’ingénient à se mirer dans les étendues d’eau pure pour donner du relief à une terre qui n’en manque déjà pas.

Le Connemara se vit comme une odyssée. Continuer la lecture de Connemara, l’Irlande au superlatif