Isabelle Carré au firmament… Cette actrice talentueuse a déjà une riche filmographie. Quelques jolis rôles notamment « Se souvenir des belles choses » ou le récent « Délicieux », mais jamais elle ne m’avait autant frappé que dans « La dégustation ». Voilà assurément un rôle peu glamour, celle d’Hortense, une catho solitaire, sous la coupe de sa mère, et vivant de plus en plus mal son célibat. Elle désespère d’avoir un enfant et s’apprête à partir en Espagne pour se faire inséminer sous aide médicale. Sauf qu’elle rencontre dans son magasin de vente de vins, Jacques, un garçon bourru ( Bernard Campan ) qui lui donne un dernier espoir de rencontre. Elle s’accroche comme à une bouée à cet alcoolique qui se laisse lentement apprivoiser par la farouche volonté de cette fille intrépide. Isabelle Carré est absolument touchante dans le rôle. Son visage expressif laisse transparaître les élans du coeur avec une vérité si criante que le film n’est plus film. Nous sommes dans la vie, dans la lutte pour ne plus vivre seule, dans la quête de l’âme soeur, dans la volonté de retrouver les rails d’une vie normée.
Quelques scènes franchement drôles viennent désamorcer les tensions, notamment dans la « dégustation » de vins, demandée par la jeune énamourée pour se rapprocher de sa cible. Le réalisateur se permet aussi quelques grivoiseries osées pendant la partie de Scrabble entre mère et fille qui donne lieu à une révolte de la jeune catho pas si coincée. Les scènes avec les sans-abris, pétries d’humanité, et la volonté de s’en sortir d’un jeune beur plein de ressources, tout s’inscrit dans une vision optimiste de notre société, un feel-good-movie comme on dit dans notre nouveau franglais qui se refuse à trouver dans notre langue des raisons d’espérer. Cela donne de la douceur à un récit exempt de tout jugement de valeurs. C’est facile, mais bien fait.
Et quand Hortense regarde son Jacques avec les yeux de Chimène, le spectateur se laisse gentiment emporter…