Un James Bond, reflet parfait de notre époque !… Voilà ce qui me vient à l’esprit à la sortie de ce film qui m’a désarçonné. Que peut-on attendre d’une société qui a abattu une statue de Napoleon pour y mettre celle de Gisèle Halimi ?… De poursuivre, bien sûr, le travail de sape commencé dans l’optique de déboulonner toutes les anciennes idoles… Bond, le coureur de jupons, rentre dans le rang et devient un homme fidèle, au point de prendre une décision ultime pour rester fidèle à cet amour. Il aspire à une vie bien tranquille, et le numéro d’agent du MI6 qui lui était dévolu, est maintenant détenu par une femme noire. Suprême outrage : l’agent le plus British qui soit, offre ses services à la CIA… Un dynamitage dans les règles !…
Disons-le clairement, nous ne sommes plus dans l’espionnite souriante et insouciante qui a marqué nos jeunes années, un homme fort et « unbeatable » dont nous suivions les aventures avec jouissance, sans vraiment y croire…
C’était bon, comme une récréation ludique, où défilaient les plus belles femmes du monde ( ah la délicieuse Carey Lowell de « Permis de Tuer » ! ), éveillant la libido des jeunes ados, sous l’oeil bienveillant de leurs copines. Depuis l’arrivée de Daniel Craig, Bond s’est mis à souffrir, à avoir des sentiments, et à traverser la vie avec moins de désinvolture. « Casino Royal » avait été une belle régénération du mythe, et sans doute l’opus le plus réussi de toute la collection. Mais la désintégration des ennemis d’état ( les affreux Soviets notamment ) – les seuls à la hauteur de sa classe folle – ont fait tourner le mythe sur lui-même comme une toupie. Faute d’adversaires, 007 s’est recroquevillé pour devenir un homme presque comme les autres….
« Mourir peut attendre » est donc le dernier épisode de cette chute du piédestal. Ce n’est pas désagréable, se laisse regarder sans déplaisir, mais ce n’est plus du Bond. Il y a un peu de « Taken » dans le Bond version 2021. Pas sûr que ce soit une référence très gratifiante…