Tralala, youpie !…

A quoi sert le cinéma, sinon nous procurer quelques moments furtifs de bonheur ? Des petits moments qui vous chatouillent tous les sens, et qui sont d’autant plus puissants qu’ils vous surprennent dans votre petite routine de spectateur blasé. Ah, ce que ce film fait du bien !… Je crois que je le reverrai avec plaisir, ne serait-ce que par le côté entraînant et hypnotique de quelques scènes. Ce « Tralala » est une petite musique, d’abord assez aride, qui n’emporte pas une adhésion immédiate. Mais elle se propage comme une mélopée pour vous entraîner dans une farandole improbable. C’est difficile de ne pas céder au charme des interprètes, Matthieu Almaric en tête, étonnant en hurluberlu hirsute, Josiane Balasko en mère portée sur la chansonnette mais aussi une révélation, Bertrand Belin à la voix rauque qui vous embarque….

Le scénario est un prétexte, il ne compte pas. Ce film est inclassable, déroutant, hors norme, comme devait l’être le Boléro de Ravel lors de sa sortie. Lyrique, poétique, stimulant, symbolique, on ne sait pas trop quel adjectif lui attribuer. L’idée de placer l’action à Lourdes, pays des miracles, peut paraître grosse ficelle, mais se révèle être une idée géniale. Elle est très bien exploitée, avec des soeurs, des prêtres, des alleluia en fonds sonores. La piété réhabilitée par le cinéma commercial, quelle audace !… Enfin, les chansons sont amusantes, les rires fusaient dans la salle, les chorégraphies de groupe donnent un rythme chaloupé qui impacte la rétine, la photographie est enfin de toute beauté. Et puis surtout, il y a Mélanie Laurent. Elle y est absolument délicieuse. Une actrice qui dégage des émotions par la pureté de son jeu. Sa chanson de maharadjah au milieu des bondieuseries de boutiques laisse sans voix. Dans toutes ses apparitions, elle attire les regards comme un aimant. Son sourire à lui seul résume tout le film. On est là pour passer du bon temps, sourire béatement à une historiette sans autre ambition que de vous surprendre. Du cinéma léger, léger, léger, comme une bulle de savon. Cela monte, puis éclate, et vous avez un regard d’enfant. Oui, c’est ça, ce film nous fait redevenir enfant. Beaucoup n’aimeront pas cette régression. Moi j’ai adoré….