Sang froid, hors d’oeuvre avant la cote de boeuf

« Sang froid » fait partie d’une catégorie cinématographique bien identifiée, les films où le héros se bat seul contre une armée de méchants. Le film où l’on s’égare parfois, pour passer un moment hors du temps où le petit garçon ou la petite fille qui sommeille en nous, se retrouve pour dézinguer tous les ennemis, comme nous le faisions autrefois avec nos Playmobil. Une pure régression qui peut faire du bien !…

Liam Neeson s’est spécialisé dans ce type de films depuis Taken, au point de faire oublier qu’il a jadis été un vrai acteur. Mais soyons tolérant… « Sang froid » s’assume dans son registre, et se positionne même en caricature de lui-même, avec une communication qui joue l’humour « il tue tout le monde » et un inventaire de chaque victime durant le film avec une petite croix noire qui s’impose à l’écran comme dans un jeu vidéo. L’action se passe dans la montagne enneigée du Colorado, pays des tribus indiennes où Liam joue du chasse-neige, ce qui offre un dépaysement de bon aloi, et permet en outre de revendiquer une ( lointaine ) affiliation avec le chef d’oeuvre des frères Coen « Fargo ». Tous les ingrédients sont réunis pour une bonne baston…

Neeson fait le job, plus marmoréen que jamais; sa femme abandonne le combat dès le début ( on la comprend ), et des malfrats patibulaires s’alignent dans le viseur avec une belle régularité. Et puis, les engins de déneigement permettent quelques massacres pittoresques.

Tout cela est parfaitement creux mais jouissif. On sort de là, sans avoir fait avancer d’un pouce son humanité, mais avec un bel appétit pour se taper seul une cote de boeuf. Et bien saignante s’il vous plait…