« Otez-moi d’un doute », voilà assurément un très joli titre pour un film sur la paternité et les questionnements sur ses origines. Une très belle histoire, aussi, celle d’Erwan, démineur de profession, qui va être amené à désamorcer quelques bombes dans sa famille, avec la découverte que son père n’est pas son père, que sa fille enceinte va donner naissance à une gamine sans père, et que la femme qui lui plaît est peut-être sa demi-soeur….
Difficile de parler de ce film sans spoiler le spectateur, mais il est certain que les bombes intimes sont aussi dangereuses que les vraies car elles font vaciller le socle même de votre vie. Sujet puissant s’il en est… La force de la réalisatrice Carine Tardieu est d’aborder le sujet avec légèreté, et un humour affleurant qui font de cette comédie un très joli moment de cinéma ( dommage quand même, ces commentaires racoleurs sur l’affiche, comme si le public ne pouvait pas se faire son opinion tout seul, mais passons… ).
François Damiens et Cecile de France, nos deux belges, sont épatants, lui en homme troublé cherchant ses origines et elle en femme désillusionnée, écorchée par la vie. Le jeune Esteban fait lui-aussi une prestation remarquable en idiot fini, ce qui vaut quelques scènes savoureuses. Mais le scénario donne surtout de l’espace à deux acteurs vieillissants qui sont touchants et donnent à leur rôle une densité remarquable : Guy Marchand trop rare au cinéma, l’ex-crooner de tango, inoubliable dans « Coup de Torchon », souvent expansif, mais cette fois, tout en retenue; André Wilms, parfait en vieillard digne à la mémoire défaillante, sauf quand il s’agit d’évoquer sa vie de militant, qui se trouve revigoré par ce fils qui lui tombe du ciel. C’est rare de donner à des vieux acteurs d’aussi jolis rôles.
« Otez-moi d’un doute » est finalement une belle réflexion sur ce qui fait un père, l’amour très certainement, mais les gènes ne peuvent être écartés d’un revers de la main. Ils conditionnent beaucoup de choses, et le regard perdu de Erwan devant le coffre de la voiture de Didier en dit long sur la chose. Un sourire jaune…