Paris-Mantes, Oui-Oui chez les barjots…

C’est une course qui date de près de quatre-vingt dix ans, le Paris-Mantes à la marche, de nuit. En fait, il s’agit plus du Versailles-Mantes, car le circuit a été raccourci en 2013. Une épreuve mythique à laquelle je me suis joint, sans vraie préparation, du fait de mon appétence à arpenter les chemins de France.

Une grosse étape des Chemins de St Jacques, c’est 30 kilomètres de marche dans la journée. Alors, que penser de 54 kms, soit 75% de rab, sinon que c’est un peu dément de soumettre son corps à une telle épreuve ?… Autant le dire tout de suite, je ne suis pas allé au bout. J’ai calé au 39ème kilomètres, soit avec les deux kilomètres entrepris de nuit pour aller à la gare RER, une marche sur 41 kilomètres. Mon record personnel…

C’est assurément une expérience. 5000 personnes qui s’élancent par une nuit froide proche des zéro avec des tenues fluorescentes et des loupiotes au front, deux conditions impératives pour participer. C’est visuellement très beau que cette longue chenille humaine lumineuse cheminant au plus profond de la forêt de Marly. Des femmes et des hommes de tous horizons, majoritairement jeunes, avec de belles conditions physiques, car le rythme donné par le groupe est très soutenu. Au départ de Versailles, alors que je suis bon marcheur, ils sont des milliers à nous dépasser, des garçons tendus comme des arcs vers l’objectif, des filles qui cavalent d’un pas loin d’être menu, mais aussi des vieux remontés comme des horloges, des couples qui se donnent la main, des copines qui papotent, tout ce petit monde poursuivant un train d’enfer. Qui veut aller loin, ménage sa monture, pense-t-on au fond de soi pour se consoler, tout en découvrant que cette marche est avant tout une course. L’idée est d’arriver au bout de neuf heures de marche, si possible avec un meilleur score que l’année précédente.

Un univers assez lointain de mon horizon de marcheur hédoniste appréciant les paysages et peu hostiles aux haltes permettant la récupération. Des étapes, l’organisation en dispense trois, durant le parcours, avec des boissons, du pain d’épice et du chocolat. Mais, malgré les muscles qui crient souffrance et les courbatures qui se cramponnent, point question de s’attarder. Les camionnettes de la sécurité civile qui circulent, le bus ramasse-faibles qui patiente, et la dictature du collectif abrègent toute compassion pour soi-même. On est là pour en baver, pour ne pas dire plus…

Le froid est intense et la nuit pleine d’étoiles. Mais le chemin est monotone dans des kilomètres de chemins forestiers rectilignes. Et puis, c’est ensuite le bitume sur des petites routes sans grand charme. Ce parcours est déprimant, et les lignes droites où l’on aperçoit, quelque kilomètre devant, la longue file éclairée des marcheurs qui vous précèdent n’aident pas au moral.

Au bout de la trentaine de kilomètres, la fatigue est là, bien ancrée. Les muscles se font lourds, les mollets crient de douleur. Le pas est devenu celui d’un automate. Le seuil de l’endurance est dépassé et il y a encore 19 kms devant soi pour remporter cette victoire sur soi, et pouvoir pavaner le lendemain au bureau, tout en marchant en canard avec une semaine de récupération, comme le déclarent les habitués de l’épreuve. Qu’est-on venu faire dans cette galère ?

La finition est affaire de mental. Mais aussi de préparation… Une nourriture idoine avant l’épreuve semble un must. Quant à l’hydratation, elle est indispensable, alors que le froid fait que la soif ne se fait pas sentir. Ma gourde est restée pleine pourtant !… Erreurs de débutant. Au-delà de ce manque de préparation, mon mental n’est pas clairement celui de ce genre d’épreuves. Pourquoi mettre son corps à ses limites pour atteindre un objectif sans grand intérêt ? Rejoindre un pic argenté ou un col alpestre, cela vaut de mettre ses tripes sur la table. Mais la cité riante de Mantes la Jolie n’est pas de ces objectifs qui font rêver… Et j’ai trop de respect pour ma charpente de chair et d’os pour la mettre en danger, si bien que je suis, par exemple, toujours resté à l’écart de la mode des marathons, alors que j’aime courir.

Se mettre minable pour le plaisir de l’accomplissement personnel n’est pas dans mon ADN. La compétition non plus, à vrai dire… Pour autant, ce fut une belle expérience. Le collectif est toujours une belle aventure. Merci à Manu de m’avoir convié à l’épreuve avec ses potes. J’ai fait bonne figure sur les trois quarts de l’épreuve… C’est déjà bien…

Une affaire d’honneur

Un film d’atmosphère… Il est rare d’avoir des histoires arides qui vous plongent à ce point dans une ambiance lourde, sans grande échappatoire. Les duels pour l’honneur sont, il est vrai, des moments de forte intensité émotionnelle. Un monde d’hommes où chacun fait assaut de testosterone pour défendre l’expression d’un égo exacerbé. L’outrage subi est souvent un prétexte pour s’étalonner dans le maniement de l’épée.

Mais, c’est aussi, nous dit le réalisateur Vincent Perez, une occasion d’essayer d’oublier l’humiliation de la défaite de 1870, en montrant par son courage que cette défaite est d’abord l’affaire des autres. A l’actif du film, il y a une reconstitution historique très léchée, notamment dans le jeu des lumières, les bougies et les lampes à pétrole prêtant aux images un côté crépusculaire. La France rumine sa défaite dans un engagement forcené lors d’entraînements à l’épée dans des clubs souvent rattachés, comme ici, à un journal. On affûte ses armes et son corps, tout en claironnant par voie de presse son patriotisme. Les ingrédients du cataclysme de 1914 se construisent lentement, près de trente ans avant les faits.

Un monde bien sûr où les femmes n’ont pas voie au chapitre. Elles sont quantité négligeable, mais cela ne les empêche pas de copier leurs compagnons en croisant le fer dans des salons plus mondains. Le personnage de Doria Tillier s’efforce de faire bouger les frontières, avec un féminisme d’avant-garde et provocateur. Mais c’est d’abord une affaire d’hommes, l’honneur masculin étant infiniment plus précieux que l’honneur des femmes.

Comme le dit un galonné, l’honneur était d’abord un actif au service du roi, mais depuis quelques décennies il est devenu essentiellement attaché à la personne. Surtout dans un pays affecté par la déroute contre les Prussiens. Hélas, ces hommes se laissent ronger par leur fierté, et un duel en appelle un autre. Dans un pays déshonoré, c’est le seul moyen de tenter d’émerger. Ce qui donne lieu à quatre duels, à l’épée, au pistolet et au sabre qui sont tous superbement chorégraphiés, avec parfois une vraie sauvagerie dans l’assaut. C’est intense, et les films de cape et d’épée à la Jean Marais apparaissent, en comparaison, comme d’aimables jeux d’enfant.

La tension est là, et le jeu intériorisé de Roschdy Zem rajoute à la chose. Un vrai film d’ambiance….

Prenez-moi pour une conne…

Rencontré au Salon du Livre de Boulogne, l’auteur a réussi à me convaincre que son livre valait le détour. Déjà son titre provocateur m’avait fait de l’oeil au milieu de tous les livres présents. Le récit d’une bourgeoise dans la force de l’âge, abandonnée pour une plus jeune par son mari volage et qui se venge de manière machiavélique avait un côté particulièrement réjouissant. On aime tous bien les histoires de vengeance depuis Monte-Cristo. 

Mais tout ici est un peu retors, le lecteur prend le parti de la criminelle qui semble une petite souris entre les pattes de matous policiers plutôt coriaces. Cette femme tranquille se laisse convaincre lentement par l’idée d’un crime, alors qu’elle a une réputation de petit oiseau sans cervelle. Pourquoi ne pas profiter de cette image de sotte embéguinée pour commettre un crime parfait contre un ex-conjoint détestable et odieux ? 

Le défi est de taille… Car tout est nouveau. Il faut se préparer lentement à l’exercice et penser à tout. Le récit est un vrai manuel de toutes les ficelles policières pour coincer un coupable. Mais sous le couvert d’une image de femme sans imagination, tout est finalement possible. D’autant que l’idée à la base du meurtre est géniale. Un petit travail de chimiste pour constituer une bombe à retardement qui permet de se constituer un alibi de cristal. Sauf qu’une femme fraîchement et salement divorcée est une coupable naturelle dans un meurtre. La futée Orane de Lavallière saura-t-elle résister à la pression et aux pièges nombreux qu’on lui tend ? 

Pour raconter cette histoire, Guillaume Clicquot réussit brillamment à se mettre dans la peau d’une catho un peu coincée qui brise un plafond de verre. Son style est direct, imagé, avec quelques pensées pleines d’humour de la suspecte face aux policiers qui l’interrogent. L’humour est d’ailleurs à toutes les pages, notamment dans la prise de conscience par cette femme qu’elle a été conne, et que tout son entourage la perçoit comme telle. Ce qui est un bon stimulant pour se révolter, n’est-il pas ? Le récit est chaleureux et le scénario du crime parfait se révèle plein de chausse-trappes. On prend plaisir à la voir se défendre avec une finesse psychologique qui épate.

Bravo à Guillaume Clicquot pour ce livre original.

Mort d’un crooner

Quelle tristesse !… Je l’adorais. Guy Marchand était un homme protéiforme, un acteur de télévision, de cinéma, mais aussi un crooner à la voix veloutée qui vous emportait sur ses territoires de prédilection, le jazz, le tango, la guimauve de concours pour des soirées à l’ancienne. Il avait une étincelle dans le regard qui en faisait un séducteur redoutable. Il était notre Julio Iglesias à nous. En plus léger, plus rigolard, avec le détachement de celui qui ne se prend pas trop au sérieux. D’ailleurs, comment prendre au sérieux, l’auteur du « Destinee » qui était la bande annonce des « Sous-Doués en vacances »…

A côté de cela, il savait rendre hommage aux maîtres du temps passé, ces jazz-men qui avaient tracé la voie qu’il essayait d’emprunter avec modestie. C’est aussi l’interprète savoureux du « Moi je suis Tango » qui restera à jamais sa signature, celle d’un homme touche-à-tout qui se retrouvait aussi bien dans les mélodies sud-américaines que dans les grands refrains de Paname.

Au cinéma, il était celui qu’on adorait voir jouer, avec sa désinvolture naturelle. Comment ne pas penser à « Coup de Torchon » où il est absolument génial en colon exubérant. Il a fait des grands films dans des petits rôles où il était absolument irremplaçable : « Mortelle randonnée », « Garde à vue », « Tendre Poulet », « L’Hotel de la plage »… Comment se passer de lui et de sa façon quasi unique de traverser la vie ? Et puis, il y a eu aussi les Nestor Burma qui ont été son bâton de maréchal. Une série qu’on aimerait davantage revoir sur les écrans…

Mais il était avant tout chanteur. On sent qu’il exultait dans les petites salles de jazz, seul devant un micro. Si vous ne le connaissiez guère, écoutez d’une traite « Moi je suis Tango », « Delirium », « le dernier bal des GI », « Mémoire d’un con » et « Mister Bing »… Vous partirez dans un nuage de nostalgie, avec une parfaite résurrection du passé et de ses bons moments.

L’hommage à Bing Crosby, un crooner américain qui était son modèle, a des paroles qui sonnent étrangement au jour de la disparition de Guy : « Dites, Monsieur Bing, Mister Crosby, vous qui êtes parti loin de la vie, au paradis des mélodies, dans les étoiles… Dites à Louis… Sans lui, le monde s’ennuie. Mister Crosby, dans les étoiles... »

Oui, sans lui aussi, le monde s’ennuie… Guy, tu nous manques déjà…

Winter break, une pause régénérante

Quel joli film !… Je n’avais pas autant vibré à un film intimiste américain depuis Green Book. Un condensé d’humain comme on n’en trouve plus guère dans le grand barnum du cinéma américain qui a pourtant inventé Capra et « la vie est belle ».

Certains feront le lien avec « le cercle des Poètes disparus », mais je n’adhère pas à cette référence. Si le décor est bien celui d’une école comme son illustre prédécesseur, Winter Break est moins démonstratif. Le film est fait de petites touches de couleurs comme un tableau impressionniste. Et au fil du récit, des petits événements légers comme des émulsions de peinture construisent le tableau d’une histoire subtile, touchante et pleine de sens. Ce Noël des laissés-pour-compte au sein d’une école bourgeoise est d’une humanité incroyable. Ces délaissés vont oublier leurs différences pour trouver le plus petit commun dénominateur de leur condition humaine.

Avec des ingrédients aussi disparates, la mayonnaise n’était pas garantie. Mais au final, c’est un moment de douce complicité qui émerge entre le professeur bougon, l’étudiant mal dans sa peau, et la cuisinière inconsolable.

Pour incarner ce conte de fée moderne, Paul Giamatti est absolument étonnant de véracité en professeur misanthrope qui se cache derrière des citations latines pour cacher un vrai désarroi. Il mérite l’Oscar dix fois pour ce rôle plus subtil que son côté brut de fonderie ne le laisse à entendre. C’est un rôle tellement intériorisé que l’homme suscite la pitié. Et face à lui la tête à claques d’étudiant révèle une personnalité d’écorché vif, évoluant positivement au fil d’une expérience de vie.

Finalement, à l’image du Cercle des Poètes, le spectateur pourrait être amené à tirer du film une leçon de vie : ne jamais porter des jugements définitifs sur les autres; ne pas mettre les autres dans des boites, car ils risquent d’en sortir comme des polichinelles…. J’aime ce cinéma américain-là. Il pulvérise les images de sagesse, et non de violence. Cela fait du bien….

La quête de l’or dans les congères

Mon dernier bébé : un troisième roman, « l’Or du Maudit », après « le Collectionneur Amoureux » et « l’Or du Paradis »… Ce nouveau polar fait écho au précédent avec un titre comparable. Normal ! C’est une forme de suite avec les mêmes personnages, les mêmes lieux, vingt ans après… Une nouvelle déclaration d’amour à une région, l’Oisans, qui est le berceau de mes souvenirs d’enfance.

« L’Or du Maudit » est un retour dans les années d’après-guerre, les années 50 où chacun pansait ses plaies après cinq années de folies meurtrières. Même dans une région de montagne, plutôt préservée par la violence des années de guerre, les conséquences du conflit mondial peuvent apparaître là où on ne les attend pas. Le commissaire Lambert qui jouit d’une retraite bien méritée, va replonger dans les tensions d’une enquête policière particulièrement ardue. Une expérience qui va lui faire découvrir l’essence rebelle et résistante d’une région qu’il a adoptée pour sa beauté et pour la force d’âme de ses habitants.

Ce livre s’inspire d’événements réels ayant marqué la région. Cela reste une histoire fictive qui n’a pas d’autres buts que de magnifier la force intime de l’Oisans. Une région oubliée qui a su se relever grâce à sa géographie d’exception et son potentiel considérable dans l’exploitation de l’or blanc. Une neige omniprésente qui coiffe toute la région au point parfois de l’étouffer. Un contexte de confinement qui se prête bien à une intrigue angoissante…

Les années 50 en montagne ont été une période de fort bouleversement. L’exode rural en accélération ; la montée concomitante des promesses de l’or blanc et d’une société de loisir ; des moyens de communication encore défaillants ; des hommes et femmes enracinés qui s’interrogent sur leur avenir. Un contexte troublé propice à broder une belle histoire d’amitié et de résilience face à l’adversité.

« L’Or du Maudit » est le fruit d’une longue maturation. Le point final m’a ému comme aucun de mes deux précédents ouvrages. La dernière pièce du puzzle de l’intrigue s’est emboitée comme par enchantement. Un sentiment d’apaisement s’est emparé de moi : j’avais réussi à raconter une histoire extraordinaire dans un paysage qui ne l’est pas moins. En plus, comme dans « l’Or du Paradis » sorti en 2014, les montagnards sortent gagnants de la bataille. Ce n’est que justice ! Ces gens sont des combattants du quotidien… Ils ont toute mon admiration.

Second Tour : farce ou manifeste ?

Dupontel a un talent inimitable. Ses intrigues ont le pouvoir renouvelé de surprendre le spectateur. Ses scénarios partent couramment dans tous les sens à l’image de son récent « Adieu les cons ». Avec ce « Second Tour », la surprise est aussi au rendez-vous. Elle concerne un candidat bien placé pour une élection présidentielle. Un truc énorme !!!…

Il est difficile d’aller plus loin sans déflorer le scénario, mais voilà le spectateur balloté dans un récit incroyable qui semble être la griffe du réalisateur. Si on le prend pour ce qu’il est, à savoir une fable, ce film est plaisant, léger et plein d’humour. Il véhicule un message alternatif bon enfant, qui repose sur des convictions écologistes maintenant couramment partagées, pour lesquelles seule la vitesse d’exécution et l’implication personnelle de chacun diffèrent d’un candidat à l’autre. Les messages induits sur l’immigration heureuse sont plus sarcastiques et tombent dans l’anecdote ironique. Le film, si on prend ce parti, ne donne pas de leçons et dénonce juste avec le sourire, avec un Dupontel excellent dans un double rôle.

Hélas, certains iront au-delà de la fable, en y voyant un manifeste politique avec ses outrances ( la violence politique qui va jusqu’au meurtre ) et l’affrontement des modernes contre tous ceux qui ne veulent pas bouger et s’accrochent au pouvoir de l’argent. Une vision très manichéenne des problèmes et des acteurs qui ne permet guère la réconciliation autour des objectifs ( difficile, en effet, de composer avec des assassins et des enragés proches du « Trumpisme » ). Ce type de dénonciation aurait, en outre, peut-être du sens aux Etats Unis, mais en France, pays avec une longue tradition de modération, la chose paraît moins crédible.

Finalement, je préfère la première interprétation de ce film. Une farce énorme qui n’en prête pas moins à la réflexion et à un relativisme de circonstances face à toutes les positions tranchées trop suspectes. Et cela vaut dans les deux sens…

Anatomie d’une chute (sans rires)

J’ai failli passer à côté de ce film. La sortie intempestive de Justine Triet la réalisatrice lors de la cérémonie de remise de la Palme d’Or à Cannes m’avait passablement énervé. Quand on détourne les micros qui se tournent vers vous pour un autre usage, c’est de l’abus de confiance. Surtout quand on mord la main qui vous a aidée au travers des nombreuses subventions publiques à la création artistique. Il est vrai que l’élégance se perd…

Cela dit, la critique étant bonne, le bouche à oreille positif, j’ai bravé mes réticences. Au final, c’est un bon film, avec une forte densité du scénario et un cheminement de l’histoire parfaitement travaillé. J’ai lu que ce scénario avait été trituré, maturé et repris des dizaines de fois. Le résultat est là, le spectateur se laisse happer par l’histoire, dans un environnement de montagnes qui dépayse. L’ajout de la langue anglaise, dans de larges parties du film, participe à une certaine forme d’enfermement du spectateur, comme un miroir de la lutte de cette Anglaise obligée de se défendre dans une langue qui n’est pas la sienne.

La tension va crescendo, malgré le côté apaisant de l’avocat. Le procès s’ouvre pour juger une femme de meurtre, sans qu’on ait appréhendé la personnalité de la victime, le mari. Tout tourne autour de ce procès, et de l’attaque frontale du procureur contre une étrangère déboussolée. Les jeux sont-ils faits ?

Non. La réalisatrice montre de la compassion pour cette femme, et va la sortir de ce mauvais pas par quelques révélations. Le personnage du mari s’éclaire petit à petit. Il n’est pas reluisant. Un homme mal dans sa peau, jaloux des succès de son épouse. et surtout dépressif. A-t-il mis fin à ses jours ? Le procès donne lieu à des considérations intéressantes sur la création et l’écriture. Une grâce ou une peine selon le cas. Enfin arrive le point culminant, la dispute enregistrée et donc reprise en flash-back, entre les époux qui est d’autant plus percutante qu’elle s’opère sans hausse de voix excessive. Les deux amants affutent leurs griefs à coups de lames de rasoir. La scène est impressionnante de virtuosité. La femme s’y montre plus convaincante et le sentiment se retourne. Le jugement arrive bientôt, conforme aux attentes. La femme retourne à sa vie d’avant, avec son fils, et son avocat plus que complice.

Au-delà de l’histoire bien léchée, le message du film n’est pas très clair. C’est un peu fade, à mes yeux. Heureusement, il y a cette formidable scène de la dispute qui suinte d’authenticité. Reste que les acteurs sont falots. L’homme est hélas sans nuances, ce qui le condamne très vite. Quant à la femme, peut-être est-ce du à sa qualité d’étrangère maitrisant mal la langue française, elle est sans chaleur et laisse le spectateur indifférent à son sort. Je suis sûr qu’un autre choix d’acteurs aurait pu davantage porter le film. En créant un phénomène d’identification d’un côté ou de l’autre qui manque ici cruellement… Au final, une bonne Palme d’Or, mais un film imparfait qui ne mérite pas de donner à sa réalisatrice la tribune politique qu’elle s’est indécemment arrogée.

Mémoire d’un taiseux

J’ai débusqué ce livre dans la petite librairie de Conques, en Aveyron. Une librairie de campagne dans un village de 90 âmes à l’année, cela mérite au moins un petit soutien… Cette déclaration d’amour d’un fils pour son père m’a fait de l’oeil, car ce genre d’écrit me parle. L’hommage à ses géniteurs est toujours en littérature un exercice subtil où un auteur met sur la table ses entrailles et un coeur palpitant. Je ne connaissais pas plus que cela Marc Dugain, mais la photo de couverture m’a fait penser à mon père. Alors, bien sûr, banco !!!…

J’ai été très dérouté par le récit. C’est superbement écrit, dans un style court, dense, tout en tension. L’histoire de cet homme est tellement pleine de péripéties qu’elle aurait pu être un roman. Un roman du siècle, avec un grand-père capitaine au long court ayant combattu aux côtés des Américains pendant la seconde guerre mondiale, un beau-père gueule cassée de la première guerre s’astreignant à une vie normale, une femme ambitieuse ayant fait carrière dans un grand groupe à une époque où la gente féminine était réduite aux fourneaux. Enfin, un père handicapé suite à une poliomyélite qui, à force de volonté, réussit à marcher, pour réussir sa vie d’ingénieur qui le conduira dans des destinations lointaines, jusqu’à être un peu espion au service de la France. Une vie trépidante au coeur du siècle qui fait penser un peu à « la promesse de l’aube » de Romain Gary, autre écrivain qui a su rendre grâce aux générations qui l’ont précédé.

Mais la référence s’arrête très vite. Car là où Gary déborde de vie, de sentiment et d’affect, Dugain raconte ses proches avec une distance qui est parfois totalement sidérante. Quand dans son récit, il en arrive à parler des enfants, de lui-même et de son frère, il parle à la troisième personne du singulier et ne donne jamais les prénoms, se contentant de parler de l’aîné et du cadet. Son père qu’il honore et dont il parle avec empathie dans les premières pages poignantes évoquant la maladie, apparaît au fil de l’histoire davantage comme un personnage de roman.

Ce détachement est troublant, même si l’auteur l’explique en avançant « avoir failli passer à côté de lui ». Il y a certainement beaucoup de pudeur de la part de Marc Dugain, comme s’il s’était attaché à cet exercice de mémoire uniquement pour lui-même et qu’il nous autorisait exceptionnellement à lire par dessus son épaule. En tout cas, cet hommage au père manque de chaleur. Cela m’a troublé…

J’ai eu une autre zone d’inconfort à cette lecture qui est, je le répète, d’une grande puissance. Dugain distille tout au long de ses pages des considérations politiques, certes intéressantes, mais qui ne semblent là que pour disculper ses proches de suspicions le plus souvent anachroniques. Par exemple, ses parents vont vivre en Nouvelle Calédonie et en Afrique et ils ont eu des domestiques, mais l’auteur s’ingénie à vanter leur progressisme, leur anticolonialisme et leur ouverture humaine de gens de gauche. Un courant de pensée qui refait souvent surface dans le récit, mais c’est là l’auteur, plus que son héros, qui exprime ses opinions face aux événements qui ont marqué la vie de son père.

Je respecte, pour ma part, toute forme d’opinion, mais ces digressions m’ont gêné car elles étaient souvent inopportunes. Ses parents exceptionnels n’avaient certes pas besoin d’un brevet de bien-pensance pour paraître très sympathiques au lecteur. Au lieu de cela, j’aurais préféré des élans du coeur plus généreux, des souvenirs intimes, des éclats de rire, des émotions fortes, bref tout ce qui fait le quotidien d’une famille quand on se met en tête de la mettre en scène. Marc Dugain le fait tout en retenue, comme ces hommes silencieux qui n’aiment pas se dévoiler. C’est beau, mais un peu froid. Et je n’attends pas d’un écrivain d’être un taiseux. 

Fleury Michon, jambon espagnol

La France, pays avec une agriculture forte, a su développer des champions de l’agro-industrie. Fleury Michon en fait assurément partie. Société familiale avec une approche responsable, de bons produits, une part de marché élevée face au concurrent Herta, jusqu’à peu filiale du très capitaliste groupe suisse Nestlé, le roi du jambon blanc Fleury Michon était une marque qui avait tout pour elle. Certes, le jambon sous blister n’aura jamais les faveurs des écolos, des gastronomes, sans parler des véganes. Il n’empêche, ce jambon est bon, pratique, et rend des services appréciables au célibataire d’un soir ou pour compléter un petit déjeuner.

Hélas, l’explosion de l’inflation a provoqué une perte des valeurs de cette entreprise. Le jambon est, en effet, un produit très concurrentiel, et peu de choses différencient les produits d’une marque à l’autre. Face à la hausse des coûts, les producteurs sont sous la pression des distributeurs. La guerre est totale… Fleury Michon a perdu sa sérénité. Pour garder un peu de pricing power, ils n’ont pas trouvé mieux que de se fournir très largement auprès de l’Espagne. Les porcs français qui constituaient le coeur de l’offre, se sont vus supplantés par les porcs espagnols, élevés intensivement par une agro-industrie qui est prête à toutes les turpitudes pour gagner des parts de marché.

Ainsi Fleury Michon qui revendiquait son soutien à nos agriculteurs, a transformé son modèle en catimini, pour devenir inféodé à l’Espagne. La société a quand même l’honnêteté de l’afficher, puisque tous ses produits rappellent l’origine de la viande. Une transparence cependant sans conséquence puisque beaucoup de Français ne regardent plus que le prix, et rarement l’origine des produits.

Ce n’est pas mon cas, et je viens de le signifier à l’entreprise. Ma fidélité très ancienne à la marque est remise en question. Quand on voit tous ces agriculteurs qui abandonnent leur métier, on ne peut pas ne pas se sentir concerné. L’équilibre de nos campagnes en dépend.

Je n’ai jamais oublié ce slogan, jugé obsolète pour beaucoup : nos emplettes font nos emplois…

Pink Martini en shaker, please

Le Grand Rex, salle mythique…. Pour un retour dans ce lieu magnifique, le groupe Pink Martini en concert m’a semblé la parfaite adéquation. Un groupe indéfinissable de musique métissée pour une salle à nulle autre pareille !… Bonne pioche ! La soirée fut magnifique…

Une musique veloutée avec un groupe éminemment sympathique. Deux cantatrices plutôt que des chanteuses, tellement leurs voix montent dans les tours ; des hommes qui ne sont pas en reste quand il s’agit de prendre le relais, alors que les deux femmes redeviennent de simples choeurs ; des musiciens absolument épatants, avec des numéros ébouriffants de batterie, de tam tam ou de contrebasse.

Et des chansons ! Plein de chansons qui ont envouté le public de la grande salle de spectacle !… Notamment le fameux « je ne veux pas travailler » qui est une création du groupe, sur un poème d’Appolinaire, excusez du peu… Mais aussi beaucoup de reprises. C’est la signature du groupe qui a un vrai savoir-faire pour reprendre le meilleur du meilleur de notre vécu musical. Dans toutes les langues…

Les tubes s’égrènent en français, en anglais, en espagnol, en portugais… Un vrai camaïeu de mots, de langues, de rythmes. De la belle guimauve subtile et poétique. Jamais je ne me suis senti autant européen qu’à cette musique qui mixe avec bonheur toutes nos origines. Ce soir-là, ces langues diverses se répercutaient sur le toit du Grand Rex dont les étoiles scintillantes évoquaient irrésistiblement notre drapeau européen…

Avant de découvrir, en fin de concert, que ceux qui nous ont fait vibrer sont presque tous Américains !!!… Une délicieuse captation de notre héritage par des money-makers talentueux.

Oppenheimer, difficile réhabilitation

Les Américains sont sans complexe. Après avoir célébré leur héros, ils s’attaquent aux personnes plus sombres de la mythologie US. Oppenheimer en est une assurément. L’inventeur de la bombe A qui a transformé en confettis les villes d’Hiroshima et de Nagasaki n’est pas vraiment le personnage qu’on a envie d’aimer. Il n’est pas non plus rentré dans l’inconscient collectif au point que son patronyme fait davantage penser à une marque de spiritueux. Pourquoi alors magnifier pendant trois longues heures ce tueur de masse ? C’est avec ces préventions liminaires que l’amoureux fou du Japon que je suis, a abordé ce film ambitieux qui jouit d’une forte adhésion de la communauté cinéphile. Après tout, un film de Christopher Nolan, cela ne se manque pas, ne serait-ce que pour ne pas passer à côté d’une pépite comme le fut l’inénarrable « Inception ».

Le film est long, un peu bavard. Mais il est précis dans la montée de tension qui a présidé à la fabrication de la bombe. La responsabilité très lourde que des scientifiques de haut vol ont très vite senti tomber sur leurs épaules, s’immisce dans le succès technologique, au point de finir par le vampiriser. Cillian Murphy au regard bleu si expressif rend bien le désarroi d’un homme devenu pantin du pouvoir. Il ne saura pas orienter l’usage de la bombe, comme il l’entendait. Après le premier essai « terrifiquement » concluant, le bébé lui est enlevé, laissé entre les mains de militaires sans scrupules.

Malgré son récit ingrat, ce film a fini par me séduire. Certaines scènes sont si puissantes qu’elles explosent dans le champ de la caméra comme des mini-bombes d’humanité bafouée. La scène avec Truman est réfrigérante, comme le procès en miniature que subit le créateur, trop suspect d’accointances communistes. Le groupe de savants ayant accouché de l’arme la plus destructrice de toute notre histoire humaine ne pouvait pas ne pas finir par se détester copieusement. Surtout que les espions rodent, et avec eux, la paranoïa portée à son paroxysme.

Certains passages du film marqueront à jamais les rétines. Comme l’essai lumineux et éminemment brutal de la bombinette en plein désert. La joie obscène des protagonistes est filmée avec une pointe de vitriol. C’est du grand art de scénariste… Le film excelle dans les effets de la suite, quand chacun prend conscience du monde horrible qu’il a contribué à créer. Un monde de peurs, de dissuasion pernicieuse, de paranoïa non plus humaine, mais à la tête même de nos sociétés.

Bref, au-delà de l’exercice de style parfaitement maîtrisé, « Oppenheimer » ne révèle pas le bon côté de l’humanité. En ce sens, je m’interroge toujours de savoir s’il était vraiment nécessaire de faire ce film.

Le Chemin des Estives

D’où me vient cette passion pour la randonnée ? Après « Blanc » de Sylvain Tesson, me voici embarqué dans une nouvelle aventure, propice à l’apaisement de l’âme et de l’esprit, « le chemin des Estives » de Charles Wright. Un livre remarquable et lumineux !

Il est vrai que mon prochain départ sur les routes de St Jacques a pesé dans ce choix. Mais il y a une autre raison tout simple dans cette adhésion : le lavage de l’esprit qu’offre ce merveilleux livre, par petite lapée de lectures à haute teneur en réflexions et en spiritualité. Une spiritualité légère, non invasive, pleine de tact, d’humour et de profondeur. Ce livre vous embarque dans une folle aventure intérieure, à la suite de l’auteur et de son compagnon, partis dans presque 700 kms de randonnée, d’ouest en est, en plein massif central. Un parcours original, comme on peut le voir, qui les conduira d’Angoulême aux confins de l’Ardèche. Avec pour grande spécificité, un pari audacieux et puissant consistant à partir sans argent, ni victuailles pour vivre pendant un mois de la générosité d’autrui. Quel parcours initiatique !

Il faut une sacrée dose de foi dans l’homme pour user ainsi son corps sans certitude de manger, ni de se laver au terme de l’étape. C’est sans doute le stade ultime de la randonnée récréative et spirituelle qui attire de plus en plus de nos contemporains sur les chemins de pèlerinage de St Jacques. Autant le dire tout de suite, c’est un éblouissement total, un moment unique de grâce qui réveille les vieux ressorts rouillés et enfouis en nous du christianisme. Sans prosélytisme et avec la plus totale élégance. Ce livre est tout, sauf un manifeste religieux.

C’est au contraire la vie, l’insouciance, le crédo en la générosité de l’autre, l’abandon total aux faisceaux lumineux de sa bonne étoile. Le tout dans une nature forestière et rocailleuse, puissante et séductrice, dans la région la moins peuplée de France, souvent la moins connue… Le récit est celui de très belles rencontres avec des inconnus généreux qui partagent leur repas et se livrent le temps d’une soirée. Mais c’est celui aussi des rebuffades et des déconvenues auprès de personnes surprises dans leur confort et qui refusent d’ouvrir leur porte à l’étranger qui a faim. Quel stoïcisme il faut pour vivre une telle expérience !…

« Le Chemin des Estives » est bluffant tout au long de ses pages. Le lecteur connaît la même incertitude que ses deux héros sur la suite de l’aventure. C’est une randonnée qui se partage totalement… En plus, l’auteur Charles Wright y fait preuve d’une grande culture, avec de multiples références culturelles. L’ossature du récit repose sur les émotions de deux grands voyageurs du passé, Arthur Rimbaud, le poète en quête d’ailleurs, et le religieux Charles de Foucauld qui se frottera plus que tout autre à la différence. Assurément de beaux prédécesseurs dans la quête de soi.

Charles Wright réussit le carnet de voyage absolument parfait. Il nous fait partager son esprit avec humour et modestie, tout en nous élevant dans la réflexion sur nous-mêmes. Un partage qui va jusque dans sa passion pour les vaches qu’il nous transmet de manière inattendue. Il est vrai qu’elles ont été les principales spectatrices de ses exploits. Des supportrices improbables qui ont vu passer ces deux pieds nickelés avec bienveillance, sans les juger. Je partage leur nonchalance pour dire que ce livre est un grand livre.

Pollution de mon site : Avertissement

Depuis 2015 et l’ouverture de mon site, je me bats contre des hackers qui ont introduit des messages publicitaires au coeur des entrailles de mon site. Pas de danger pour le lecteur, mais c’est pénible de devoir supprimer le pop-up qui apparaît lors du premier clic sur l’onglet « Continuer la lecture » d’un article. Heureusement pour moi, cette pollution survient une seule fois, et dès sa suppression, on en est débarrassé pendant 24 h.

J’ai essayé par un prestataire extérieur de purger mon site de ces scories, mais le professionnel a fait choux blanc et m’a restitué l’argent que je lui avais envoyé. Comme quoi j’ai affaire à une attaque sophistiquée. Je m’étais donc résigné à la chose.

Hélas, le système s’est un peu perverti pour des consultations à partir d’un téléphone portable. En effet, il est demandé un processus d’identification, comme s’il s’agissait d’un moyen de défense contre des attaques internet. Cela peut déboucher sur une demande de paiement. Surtout ne répondez pas et n’entrez pas dans ce processus. Un clic sur La croix rouge suffit à accéder au site.

Pour éviter ces désagréments, je vais opter dorénavant sur des articles présentés en entier, sans lien « Continuer la lecture » destiné à rendre le site moins lourd. Cela rendra mon site moins convivial, mais plus plaisant et plus sûr pour mes lecteurs.

Désolé pour vous tous pour ces quelques contrariétés. En espérant que les hackers n’arriveront pas à éteindre votre curiosité à découvrir mon blog..

Kessel et Druon, les Partisans…

Quelle belle idée que ce livre, passionnant de bout en bout, qui célèbre la mémoire de deux monstres sacrés de notre littérature. Deux hommes, Joseph Kessel et Maurice Druon qui étaient apparentés – je l’ai découvert – oncle et neveu avec vingt ans d’écart, mais très proches l’un de l’autre jusqu’au décès du plus âgé. Deux hommes que la guerre a réunis dans une même lutte, dans le camp de la France libre, et qui les a conduits un jour du printemps 1943 à composer ensemble « le chant des partisans » qui est quasi un deuxième hymne national.

L’académicienne Dominique Bona raconte avec passion et beaucoup de bienveillance le destin hors-norme de ces deux apatrides d’origine russe qui deviendront Français pur sucre. Kessel l’aventurier globe-trotter, alter-mondialiste avant l’heure, auteur de romans souvent flambloyants d’exotisme, fidèle à ses origines juives et sensible à l’avenir d’Israel. Druon qui a adopté le nom de son beau-père et avec lui la religion catholique, esthète de la langue française qui a construit un parcours académique plus classique en magnifiant superbement l’Histoire de France jusqu’à devenir un ministre de la culture sous Pompidou.

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Dumas un peu trahi…

Quand on voyage hors de France, il y a trois livres qu’on retrouve dans les bibliothèques étrangères, les Misérables, le Comte de Monte-Cristo et les Trois Mousquetaires… Pas étonnant qu’il y ait autant d’adaptations cinématographiques de ces oeuvres, en particulier de ces trois mousquetaires qui sont un monument de notre roman national, une oeuvre d’une grande densité qu’aucun film n’arrive à reproduire dans sa plénitude. Et c’est sans parler des deux suites romanesques que nous a concoctées Alexandre Dumas qui devait écrire avec une fluidité et une assiduité sans pareil.

Lire les Mousquetaires, c’est à coup sûr arrêter l’horloge pour plonger dans la plus merveilleuse des histoires. Fallait-il refaire un nouveau film autour de cette merveilleuse histoire ?

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La violence décortiquée

Notre société est gangrénée par la violence. Par le repli sur soi, le besoin de passer sa propre personne avant toutes les autres, fut-ce au prix d’un écrasement des autres. L’humanité est une valeur en baisse, le respect aussi, comme on le voit avec de multiples faits divers. Le cinéma peut-il agir de pommade sur les plaies de la société ?

La question reste ouverte, mais il est certain que « je verrai toujours vos visages » ( film un peu trahi par son titre abscon ) participe de cette ambition. Quelle puissance ! Un vrai coup de poing qui laisse le spectateur groggy. Cette confrontation entre victimes et agresseurs dans une prison où les derniers purgent leur peine, est un exercice brillant. Les dialogues sont précis, sonnent juste et ne sont jamais dans l’emphase. Pas de leçons dans ces moments d’échange, plutôt la volonté de comprendre, de se mettre à la place de l’autre et de réaliser le mal que l’on fait par son inconséquence et son égoïsme.

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Blog de Bernard ; traits d'humeur sur l'actualité