Nyctalope

Voilà un mot pas facile à énoncer, car il peut prêter à confusion. Il a des sonorités grivoises, à faire rougir ou à provoquer des bredouillements de la gente féminine. Pauvre mot !… Faut-il que nos étymologistes soient bien vicieux pour plomber un mot pareillement.

Heureusement Pivot et sa dictée ont su le réhabiliter. Est nyctalope est celui qui peut voir dans le noir et dans l’obscurité. Une chatte est naturellement nyctalope. Et si une femme devait l’être, ce serait, après tout, une qualité.

C’est curieux, tout en l’écrivant, j’ai du mal à ne pas sourire. Preuve que ce mot me semble bien irrémédiablement condamné. Tchao, nyctalope, tu ne nous manqueras pas trop…

Un voyage complètement fou…

Les passions humaines sont parfois folles. Mais quand elles se conjuguent avec une froide détermination, cela peut conduire au sublime. Au dépassement de soi, poussé à l’extrême, qui suscite admiration et émerveillement, et en même temps, soulève des questions métaphysiques. Pourquoi se faire mal et se mettre en danger pour mener à bien un rêve impossible ? Il faut être, en effet, bien « frappé » pour envisager de rejoindre la Chine à pied, à partir de Marseille. C’est pourtant ce qu’a fait mon ami Philippe Valery d’août 1998 à octobre 2000. Il l’a raconté dans un livre qu’il m’a offert. Une lecture que j’ai différée pour être dans l’esprit de cette aventure quasi spirituelle. Le confinement dû au coronavirus m’a enfin offert la disponibilité et la maîtrise du temps pour être en phase avec le détachement des contingences propice à une telle lecture. Ce fut un grand et majestueux voyage… Continuer la lecture de Un voyage complètement fou…

La foi selon Kersauson

Extrait du livre d’Olivier de Kersauson « De l’urgent, du presque rien et du rien du tout » . C’est un ABCDaire synthétisant toutes les pensées du navigateur. Un homme libre, fin, subtil, d’une sincérité confondante qui en fait un vers luisant dans la masse grouillante de notre humanité.

Son article « Catholique » m’a parlé… Comme une évidence, un éclair de lucidité… Comme s’il prêtait des mots à mon propre sentiment d’appartenance. Merci à l’amiral  ( son surnom aux Grosses Têtes ) pour ce texte limpide que j’ai réduit pour les besoins de l’exercice, mais que je vous invite à trouver in extenso dans son très beau livre. Continuer la lecture de La foi selon Kersauson

Quand le bonheur se laisse désirer…

Découverte permise par le site Babelio, « Il faut savoir perdre de vue le rivage » est un roman en psychologie positive, écrit par une experte de la chose qui a décidé de se moquer d’elle-même. C’est le récit d’une prophète du bonheur en état de perdition affective. Un récit, paraît-il, largement autobiographique… Au siècle de l’introspection maximale et de la littérature foisonnante sur le concept du bonheur, l’idée fait sourire. Les donneurs de leçon ne seraient pas les mieux lotis ? Tiens, donc…

Dans un style au dialogues omniprésents, Sophie Machot nous convie à sa propre analyse psy, teintée d’humour, d’ironie et d’auto-dérision. C’est d’autant plus riche et ancré dans le réel que l’héroïne Rose n’est qu’un clone de l’auteur. Elle se débat comme une araignée prise dans sa propre toile. Continuer la lecture de Quand le bonheur se laisse désirer…

Houellebecq au mieux de sa (mé)forme…

Houellebecq est un affreux… Un affreux cynique et provocateur qui poursuit son aventure littéraire toujours sur la ligne de crête de la bienséance. Un affreux qu’on n’arrive pas à détester, tellement il a du talent.

« Serotonine » est la lente glissade d’un homme qui se coupe du monde pour s’enfoncer dans une profonde dépression. Une trajectoire acceptée, réalisée avec détachement et indifférence qui donne lieu à quelques développements fulgurants sur les maux de notre société. Comme un sociologue passif, Houellebecq nous rend compte de ce qui ne va pas, avec la sécheresse de celui qui ne croit plus en rien, et se met en mode survie. Autant dire qu’il ne faut pas être déprimé pour s’attaquer à cette lecture.

Mais derrière ce constat peu engageant, Continuer la lecture de Houellebecq au mieux de sa (mé)forme…

« Les Franglaises », la pop en VF

Spectacle primé aux Molières de 2015, « les Franglaises » n’avaient pas retenu mon attention depuis cette date. Erreur funeste ! Heureusement que le public a réservé à ce spectacle un accueil enthousiaste, lui permettant de tenir l’affiche 5 longues années, et d’inciter les « retardataires » ou les « assoupis » dont je suis, à prendre le train en marche.

Ce spectacle musical repose sur une idée basique : chanter les grands tubes internationaux de la pop en français, en respectant scrupuleusement le texte original. Ajouter une bande de jeunes comédiens-chanteurs déjantés. Verser une once de délire et deux doigts de folle gaîté. Secouer le shaker et savourer sans modération… Continuer la lecture de « Les Franglaises », la pop en VF

Puissant comme le malheur….

Un livre coup de poing qui se complaît dans un misérabilisme social d’une grande noirceur, tel m’a paru « Né d’aucune femme ». Les critiques dithyrambiques de Babelio avaient éveillé ma curiosité. Cette lecture a été éprouvante…

Tout au long du livre, j’ai pensé à un autre chef d’oeuvre contemporain « My absolute Darling » qui évoquait l’inceste avec complaisance. Ici c’est la vente d’une fille par son père et le viol d’une gamine de quatorze ans, racontés sans temps mort dans un style court, puissant et aussi déprimant que son récit. Certes, je sais que le bonheur ne se raconte pas et ne fait pas recette en littérature, mais je ne peux m’empêcher de me demander quel besoin de différenciation et d’innovation pousse nos auteurs à se repaître ainsi dans le sordide, pour emmener leurs lecteurs jusqu’aux frontières de leur tolérance émotionnelle. L’art se révèle-t-il nécessairement dans le malheur ? Vous avez trois heures pour rendre vos copies… Continuer la lecture de Puissant comme le malheur….

Jancovici, penseur de notre avenir…

C’est l’exposé le plus intelligent et le plus profond que j’ai vu depuis longtemps. Un talent incroyable pour rendre intelligibles des questions complexes qui nous concernent tous, autour de la problématique de l’énergie et du réchauffement climatique. Cette conférence à l’attention des étudiants de Science Po doit être visionnée par tous les Français.

C’est long, mais honnêtement, le temps passé à regarder cette vidéo ne sera pas du temps perdu…

Immarcescible

Ce mot, prisé des textes sacrés, a un goût d’éternité. Est immarcescible ce qui ne peut se faner, ce qui ne peut se flétrir… L’éternité botanique en somme. Nos petites plantes peuvent, après tout, aussi rêver de vie éternelle.

Dans les faits, le mot sera davantage utilisé en métaphore, pour donner à un amour, une amitié ou à toute autre passion humaine une dimension quasi éternelle. C’est joli et poétique, quoique le mot soit long, dur à l’oreille, et largement inconnu au delà des cercles de la sémantique. Il y a des mots qu’on a envie de sauver, celui-là retient l’attention, avant de tomber dans les oubliettes de notre mémoire…

Petit Rufin, bon bouquin quand même….

Rufin va devenir un des romanciers auquel je suis le plus fidèle… Ce n’est pas un choix conscient, mais plutôt le résultat d’une convergence d’intérêt avec cet auteur : le sens de la grande Histoire, une haute idée de la France, un goût de l’aventure et des voyages… Et dans ce dernier roman « Les trois femmes du Consul », un parfum d’exotisme avec un récit se déroulant dans cette Afrique que notre écrivain-diplomate connaît bien. Rufin nous dévoile sa connaissance des milieux expatriés et des communautés autochtones dans un Mozambique qui est, pour la plupart d’entre nous, un pays largement inconnu. Bingo ! Il nous donne presque envie de l’ajouter dans la liste de nos destinations de voyages…

Certes, les amateurs de polars vont sans doute faire la moue. L’enquêteur tâtonne pendant une large partie du récit, avant d’avoir une illumination et de faire une révélation à la Hercule Poirot au dernier chapitre. Continuer la lecture de Petit Rufin, bon bouquin quand même….

1917, la guerre dans les prés…

Un film attendu, bien marketé, primé aux Golden Globes, et au final, un film décevant, factice et peu crédible… Quelle déception !

Cette guerre de 14-18 a été une telle saignée qu’elle me fascine, plus que n’importe quel autre conflit, plus que n’importe quelle autre époque… J’ai un immense respect pour tous ces jeunes hommes qui ont vécu un enfer dans leur chair et dans leur âme, pendant quatre longues années. Quatre années infernales où l’horreur a été quotidienne. Une expérience qui est à mes yeux le comble de la souffrance. Une expérience qu’on aura toujours du mal à raconter avec nos mots, nos images, nos ressentis du moment. L’indicible ne se raconte pas; il est en dehors des mots. D’ailleurs beaucoup de poilus n’ont jamais raconté leur guerre. Continuer la lecture de 1917, la guerre dans les prés…

Capitalisme qui déraille…

Quand il m’arrive de musarder sur les réseaux sociaux, je suis surpris par les opinions tranchées d’une certaine jeunesse totalement désabusée qui considère que la mère de tous nos maux réside dans le capitalisme… Bigre ! Le capitalisme est selon eux responsable de la crise écologique, des tensions sociales, du mal-être général, du manque de solidarité… Bref, rien ne trouve grâce à leurs yeux dans l’organisation de notre société. Le fait qu’en trente ans, de très nombreux pays pauvres sont sortis de la disette pour commencer à s’aligner sur nos sociétés développées ne pèse guère dans la balance. Cette évolution se serait faite par paupérisation de nos sociétés occidentales, et à ce jeu des vases communicants, personne ne serait gagnant.

Le constat peut s’entendre, notamment dans ses aspects écologiques. La croissance à marche forcée de l’économie mondiale s’est faite assurément au travers d’une dégradation de notre environnement. La terre est incapable d’absorber les déchets d’une population mondiale qui continue à grossir dans l’indifférence des problématiques écologiques. Oui c’est un vrai problème… Continuer la lecture de Capitalisme qui déraille…

« Play » again your life…

Ce film m’a fait penser à une belle tranche de pain de mie grillée, le dimanche matin au réveil, avec une délicieuse odeur de café qui vous chatouille les naseaux. Autrement dit, il parle à votre instinct, et participe d’un bonheur instantané. Celui qui est enfoui très loin dans votre cortex et qui se réveille au contact de vieilles photos ou d’une réminiscence qui vous envahit parfois de manière impromptue.

C’est un film sur l’amitié, l’amitié forte, fusionnelle, celle qui se crée dans les années insouciantes de l’adolescence et des années d’étude. Celle qui repose sur les 400 coups, les coups d’éclat d’une vie de patachon, et les amours naissantes. Celle qui semble aussi naturelle à vivre que l’oxygène à respirer, avant que vie professionnelle, couple et enfants viennent perturber ce bel équilibre. Une histoire tellement intemporelle qu’elle parle à toutes les générations, et pas seulement à ceux qui sont nés dans les années 80. Continuer la lecture de « Play » again your life…

Une panthère qui nous relie à la nature

Ce livre est la plus belle des évasions. Presque une thérapie… Je l’ai lu dans une période professionnellement difficile, avec des insomnies en cascades où mon seul répit était Tesson et sa quête improbable de la panthère des neiges. Quelle belle aventure !… Comment mieux évacuer les tensions que de partir dans cette expédition tibétaine glacée pour guetter un animal presque disparu, et donc quasi mythique ? Comment mieux relativiser les tracas de l’existence que de voir un groupe d’humains partir très loin, endurer des conditions extrêmes, souffrir du froid et de la fatigue, et épuiser tout son temps à la pratique la plus futile qui soit : espérer voir quelques minutes un animal sauvage dans son environnement. Ce livre est le récit de cette traque, mais c’est bien plus encore. Difficile de le résumer en quelques mots; disons que c’est, entre autres, une fable philosophique sur le rapport homme-bête et une dénonciation de la tyrannie de l’homme sur son environnement. Continuer la lecture de Une panthère qui nous relie à la nature

Vincent Munier, Disney du monde réel

C’est un homme tout droit sorti de notre imaginaire. Merlin l’enchanteur venu nous faire découvrir les mystères de la forêt et de ses habitants. Il prononce quelques formules magiques du bout de son téléobjectif et nous voilà tout d’un coup associés à un ballet animalier à la Walt Disney.

Merlin est un homme des bois, des montagnes et de toutes les étendues sauvages loin de notre civilisation. Il est un lutin qui aime folâtrer là où d’autres ne vont pas. Il n’est plus alors un corps étranger au milieu de la mousse et des lichens de nos grands arbres. Il se dissout dans la forêt pour ne faire plus qu’un avec la faune.

Merlin se promène sur la pointe des pieds, les sens en éveil, l’oeil à l’affût derrière ses jumelles. Il est muni d’un sésame que toute notre humanité pressée a laissé tomber depuis longtemps : la patience. Et son corollaire en forme de juste récompense, l’émerveillement.

Attention les yeux… Wokety Pokety Wokety Wok

Vigneaux, égérie du féminisme…

Elle est magnifique !… A l’aise sur scène, comme si elle y était née, Caroline Vigneaux est une étoile brillante du one-woman-show. « woman » insiste-t-elle avec énergie, car elle revendique et défend son sexe avec passion. C’est une femme assurément, jolie, ce qui ne gâche rien, mais une femme qui bouillonne intérieurement contre les affronts, les injustices et les avanies faites à la condition féminine. Son spectacle « Croque la pomme » est totalement orienté sur ce thème.

Fort bien, se disent les hommes, on va en prendre pour notre matricule. Est-ce la peine d’aller se faire assaisonner par une pasionaria féministe pratiquant l’outrance pour faire rire à nos dépens ? Eh bien non… Continuer la lecture de Vigneaux, égérie du féminisme…

« Surface », comme un caviar de polar…

Le site Babelio où je reproduis mes articles, me fait découvrir régulièrement de bons romans. La dernière découverte est une excellente pioche.

« Surface » est un polar écrit par un ancien policier qui en est à son quatrième opus. Un homme qui connaît la musique, et qui en est d’autant plus crédible dans la description du monde de la police. C’est déjà un point positif. Encore faut-il savoir raconter des histoires. Et là, en l’espèce, nous avons affaire à un orfèvre.

Dans un style concis, sans fioritures, Olivier Norek nous campe le décor avec beaucoup de talent. Il ne faut pas plus de quelques pages pour être totalement dans le bain. Après, vous n’avez pas envie d’en sortir. L’eau sera depuis longtemps froide que vous serez toujours absorbé dans le récit. Continuer la lecture de « Surface », comme un caviar de polar…

Blog de Bernard ; traits d'humeur sur l'actualité