Nicolas Beuglet, Harlan Coben français…

Pour mon incursion régulière dans le monde du polar, j’ai choisi « le Cri » de Nicolas Beuglet. Un roman perdu dans le froid norvégien, mais écrit par un Français, scénariste de télévision bien rodé à l’exercice de scénarios alambiqués.

Bingo !… Le roman commence sur les chapeaux de roue par un suicide bizarre dans un asile psychiatrique près d’Oslo qui entraîne l’enquête tenace d’une inspectrice un peu zombie, Sarah Gueringën. Une femme abandonnée par son compagnon qui va s’accrocher comme une sangsue à cette enquête étrange pour ne pas sombrer.

Dès les premières pages, le récit s’accélère et garde un rythme fou jusqu’au bout des 550 pages. Ce n’est pas une course de demi-fond, mais un sprint ininterrompu qui laisse le spectateur pantelant. L’auteur Nicolas Beuglet a réussi avec brio à copier le style des grands auteurs américains de polars pour ne plus laisser respirer son lecteur. Où va-t-il chercher tout cela ?

Le récit semble reposer sur une histoire vraie, même si j’imagine que le romancier a su broder sur le canevas original. Il faut une imagination de fou, aiguisée au delirium tremens et au shoot euphorisant pour imaginer une histoire pareille.

Imaginez un peu que ce pauvre suicidé est en fait mort de pure épouvante, après avoir subi des traitements en dehors de tout protocole médical depuis plus de quarante ans. Des travaux menés par la CIA pour sonder le coeur de l’âme humaine. Je n’en dis pas plus… Ce roman n’est en rien un livre d’horreur, même s’il flirte avec le fantastique, ou selon l’angle que l’on prend, la métaphysique la plus pure.

Quand on referme ce livre, on ne peut être qu’admiratif pour le travail d’écriture. J’avoue avoir été un peu sous le choc de quelques scènes pénibles, et que l’action sur-vitaminée permanente est un peu lassante. Nicolas Beuglet a écrit son livre comme un scénario de film. Il imagine les images à tout moment et nous entraîne dans son script comme dans un film de Tom Cruise. Mais l’écriture d’un roman n’est pas que cela. Le lecteur doit parfois un peu souffler, laisser reposer, s’attarder, avant de repartir à l’assaut de l’intrigue comme un sommet de l’Everest.

Le Cri est un polar qui vous stimule comme jamais. Mais la course à l’originalité et cette écriture coup de poing – constante des grands best-sellers mondiaux – me laisse un peu froid. Un de temps en temps, c’est bien, mais point trop n’en faut…