« Reste un peu » est un film très audacieux. Parler de religion n’est, en effet, pas naturel au pays de la laïcité, qui plus est quand on prend le parti de la « religion opprimante », le christianisme, celle qu’on voudrait cachée et dont beaucoup de membres ne s’assument pas.
Gad Elmaleh fait preuve d’une grande sincérité dans son propos en parlant de « grâce » de « rencontre » de « cheminement », très loin du prosélytisme, en montrant simplement que la foi n’est pas un enfermement mental, mais une ouverture sur soi, sur la spiritualité, sur les autres aussi… Gad exprime simplement ses questionnements, sans rejeter les siens, et le choix d’associer ses parents au film est, de ce point de vue, un choix fort. La confrontation de deux univers qui se méconnaissent et cohabitent sans relations offre un cadre de réflexion stimulant, l’humour de Gad en sus. On sourit et on rit souvent.
Surtout le film parle des racines, de ce qui fait notre individualité et qui s’appuie sur des générations de croyance et d’appartenance à une communauté. L’homme qui s’affranchit de la chose, surtout pour embrasser la foi concurrente, en perte de vitesse qui plus est, est-il un paria ? Non, répond Gad, qui s’autorise à être ouvert sur l’autre, à accepter la découverte qui transcende, et à ne pas faire de rejet systématique. C’est un formidable message de tolérance, surtout vis à vis d’une religion qui, malgré son message d’amour, n’a plus la cote.
Pour le Chrétien que je suis, ce film est totalement revigorant. Tous les Chrétiens du film sont pleins d’une assurance lumineuse; ils rayonnent, au même titre que le beau regard de Gad dans certaines scènes. Ce film réhabilite une communauté qui a trop tendance, ces derniers temps, à raser les murs. Il dit simplement : Ayez confiance, votre foi est belle. Communier avec Dieu apporte de la sérénité en ces temps difficiles. Un peu de spiritualité dans un monde de brutes ne nuit point…