Macron est entré en campagne… Son meeting de vendredi à Paris a rassemblé 15000 militants d’En Marche pour ce qui fut son premier grand meeting de combat.
Un beau discours dont les médias n’ont retenu que la fin, lorsque d’une voix éraillée, il a tenté d’électriser la foule. Un moment, il est vrai, un peu ridicule. Pourtant le meeting méritait meilleur traitement médiatique. Quel plaisir d’entendre un socialiste tenir un discours réaliste. Un discours qui respirait l’honnêteté, et pas la posture politique hypocrite du Hollande de 2012. La prochaine campagne va-t-elle enfin ouvrir le champs à un vrai débat ?
Macron a tenu 1 h 30 devant les caméras, en cabotinant un peu. Mais dans un style direct où il parlait comme à un groupe d’amis, en prenant à parti parfois tel ou tel de ses soutiens. Un discours moderne, même s’il n’échappait pas parfois à quelques envolées populistes, notamment dans son anecdote de la petite fille mosellane voulant être traductrice pour sa mère qui ne parlait qu’arabe. Ou quand il s’auto-proclame bêtement « candidat de la justice ». Mais l’homme est neuf. Il a encore à apprendre.
Certains passages de son discours sont des vrais surprises dans une bouche socialiste : « le travail n’est pas une souffrance », « il faut réduire le coût du travail pour les entreprises »… J’ai été séduit aussi par sa volonté de ré-instaurer la confiance dans les relations de l’Etat avec ses administrés, avec la réhabilitation du droit à l’erreur. Quant à son engagement sur l’Europe, il est assumé pleinement, avec même des accents d’enthousiasme. Macron, candidat social-démocrate est assurément une belle alternative au candidat Fillon. Avec lui, ce ne sera pas l’aventure.
Hélas, Emmanuel Macron est tellement préoccupé par sa volonté de ne pas heurter les Français que son programme semble soit trop respectueux ( pas de remise en cause des 35 heures ), soit trop idéaliste. Son postulat de la primauté du contrat sur la loi est superbe, mais il paraît un peu un doux rêve quand les syndicats sont à ce point politisés en France. Ses solutions ont marché, mais seulement en Allemagne, pays où le dialogue social a un sens. A l’inverse, l’idée d’une annulation des cotisations maladies sur les salaires, avec une compensation par la CSG mérite d’être approfondie pour redonner du pouvoir d’achat. Mais je doute qu’une hausse de 1,7% de la CSG soit suffisante.
Là où je ne me retrouve pas du tout dans le discours, c’est quand l’ex-ministre parle du triple « bouclier » pour protéger les Français. Les deux boucliers « sécurité » et « Europe » sont consensuels. Mais le bouclier social dérape avec cette notion d’assurance universelle pour maintenir la dignité de la personne dans les aléas de la vie professionnelle. Ce qui l’amène à proposer des droits au chômage pour les gens qui démissionnent. Une idée généreuse mais absolument pas praticable, sans dérives ni malversations. Et cette idée de sur-protéger les Français est certes populaire dans ces temps incertains, mais elle infantilise plus qu’elle ne protège. Surtout elle entretient mes compatriotes dans l’idée que l’Etat peut tout faire pour eux. Un Etat nounou en somme.
Comment lutter et se battre sur le plan mondial avec une telle mentalité ? Même si je ne cite pas du tout l’exemple américain en modèle, rappelons que le vote Trump est tout le contraire, soit l’expression d’un rejet par la population américaine d’un Etat qui interfère trop dans toutes les étapes de la vie.
Macron reste donc bien un socialiste, même s’il drague au centre. La mise sous tutelle de l’Etat ne peut être la panacée. Apprenons plutôt à nous faire confiance, à jouer les solidarités actives et à nous battre. L’esprit pionnier est le meilleur garant de nos futurs succès.
A mon tour, peut-être suis-je un peu idéaliste. Pas le même rêve. Mais un rêve quand même…