Trop de polars nuit à la santé… C’est pourquoi je m’abstiens le plus souvent, préférant la grande littérature. Et puis, je ne suis pas très fan du trio Levy-Musso-Bussi qui squatte tous les linéaires avec leurs romans qui s’enchaînent comme des produits de consommation et sont dévorés comme des petits pains. Ils ont du talent, c’est certain, pour nous trousser des histoires, mais le suspense écoulé, que reste-t-il au lecteur ? Cela dit, si Bussi a quand même mes préférences, j’ai opté récemment pour le dernier Musso, « la vie secrète des écrivains » qu’on m’avait conseillé. Voilà un titre intrigant qui ne pouvait qu’éveiller ma curiosité.
Ce qui m’intéressait le plus, c’était le processus d’écriture d’un auteur à succès. Allait-on en savoir plus sur la genèse de ses best-sellers ?
Autant le dire tout de suite, mon impression générale reste mitigée. Ce livre m’a fait vibrer le temps de sa lecture, mais en me laissant au final une impression de creux. Désolé, Monsieur Musso, je ne suis pas un grand amateur de polars, et je ne doute pas que mon faible emballement vient de moi et de moi seul.
Reconnaissons, quand même, le merveilleux d’une imagination fertile qui vous conduit à créer, de toutes pièces, une île méditerranéenne près de la Côte d’Azur. Moi qui ne suis pas très au fait de la région, j’ai vraiment cru à l’existence d’une île peu connue répondant au nom de Beaumont. Quant à l’histoire, elle est brossée rapidement autour d’un écrivain maudit, Nathan Fawles qui s’est replié sur cette île pour vivre en misanthrope. Un jeune fan, Raphael Bataille, va essayer d’approcher le reclus, en se rendant tel Tintin sur l’île mystérieuse.
Au delà de ce canevas à la Hergé, Musso réussit brillamment à faire naître la tension, en ajoutant au scénario une femme morte dans des conditions rocambolesques. C’est parti… Nous voilà pris dans un Grand Huit émotionnel qui est l’attente minimale d’un lectorat captif vis à vis de son maître du suspense.
Fort bien… On en a pour son argent. Mais, pour ma part, je suis resté un peu incrédule face à un enchaînement d’événements improbables avec, par exemple, un appareil-photo qui parcourt le globe avant de révéler incidemment des photos d’anniversaire qui vont provoquer une intense agitation et différentes morts violentes. Une fois de plus, la mécanique est bien huilée. Mais la psychologie des personnages un peu sommaire, comme celle de transformer deux hommes sans histoire en cruels tortionnaires. My God, chez ces dieux du polar, le monde n’est vraiment pas beau…
Mais ne gâchons pas le plaisir des fans. C’est un roman qui se laisse déguster, malgré des ruptures de narration qui peuvent désarçonner un lecteur un peu traditionnel. Pour ce qui est des affres de l’écriture, j’ai trouvé heureusement quelques pages pleines de sel. Les conseils avisés d’un romancier qui cartonne. Et ma foi, cela a suffi à mon bonheur…