Formidable documentaire de France 3, « Disco, la révolution française » qui nous plonge dans les années Disco et cette frénésie de danse qui a agité toute la planète à la fin des années 70. Une période magnifique que j’ai eu la chance de vivre. Intensément… Ce documentaire a agi sur moi comme une madeleine de Proust. Un bain de jouvence au son de la basse et de batteries déchaînées… Quel plaisir !
Ce reportage est passionnant du début à la fin. Il explique comment un Français obscur, chanteur sans succès sur le point de tout arrêter, Patrick Hernandez, reprend une de ses vieilles chansons pour la re-rythmer et en faire un succès international, « Born to be alive ». C’est quasi le début d’une vague déferlante qui va tout bousculer au grand dam des rockers classiques, et qui va bientôt se concrétiser avec « La Fièvre du Samedi soir » et le succès planétaire des Bee Gees, groupe de rock en panne qui écrira, en une semaine, quatre tubes au rythme endiablé. L’album le plus vendu, « Saturday night fever » avant que Michael Jackson remette les pendules à l’heure quatre années plus tard.
Le parti-pris du reportage est de montrer l’apport précieux qu’a apporté la France à cette révolution. Et ce fut une surprise pour moi de voir que cette musique au rythme irrépressible a été, en large partie, lancée par des Européens. Des Allemands avec Donna Sommer et Boney M, mais aussi des Français avec Patrick Hernandez et Cerrone, bientôt secondés par le Suisse Patrick Juvet. La vieille Europe qui montre la voie au pays de l’oncle Sam, ce n’est pas si courant !….
Le disco a tout inondé, en faisant danser toute la planète dans des discothèques où les paillettes étaient de mises. Avec une soif de faire la fête, dans une débauche d’extravagance, d’énergie et de sexe. Une période sans freins avant que le Sida vienne bouleverser le jeu et cette belle liberté gagnée dans l’insouciance.
Ce que montre bien le reportage, c’est que le disco portait en lui les germes du rejet brutal dont il a été ensuite la victime. C’est le seul style musical qui a été détruit au début des années 80 pour connaître un purgatoire de près de dix années. En effet, le disco était moins une affaire d’interprètes que d’impresarios futés flairant la bonne affaire et lançant des groupes comme des produits de supermarché. Ainsi le groupe « Village People » qui a marqué, à jamais, la culture populaire, est une création de toutes pièces avec un casting pour former le groupe. Surprise, cette initiative est 100% française… Ainsi le groupe qui a sorti les homosexuels de leur ghetto, qui a dynamité l’Amérique puritaine et dont le tube « In the navy » a été adopté par la marine américaine comme son hymne ( avant un retour en arrière sous l’effet des ligues de vertu ), ce groupe a été lancé par deux Français…. Incroyable !
Le reportage fourmille de plein de détails qui montrent que la France a toujours été en première ligne de cette révolution. Il est vrai que nos compatriotes aiment bien monter sur les barricades. Surtout, et c’est réconfortant, il montre le réveil du disco avec Daft Punk, puis plus récemment avec les envoûtantes Juliette Armanet et Clara Luciani.
Le disco, il est de bon ton de le démonter, de critiquer son rythme de grosse caisse et ses interprètes aux destins parfois de météorites. Force est de constater, quand même, qu’il continue à rassembler tous les danseurs sur la piste. C’est un appel impérieux à se déhancher pour vibrer de tous les pores de la peau. Reconnaissons-le honnêtement, on n’a guère fait mieux depuis, pour faire la fête et se lâcher dans un grand oubli de son corps. J’ai donc beaucoup aimé cette réhabilitation.
En plus, j’ai exprimé de l’émotion, avec quasi des larmes aux yeux lors du générique de fin. Certes je regrettais là un peu de ma jeunesse évanouie. Mais le souvenir de ses rythmes et de la douce complicité collective qu’il provoquait, a supplanté tout le reste. Les années 80 ont assurément été une période bénie, avec une liberté totale qui restera sans doute un sommet dans l’histoire humaine. Vive le disco ! « Le Freak c’est chic »
PS : Difficile de donner son tube préféré, mais j’ai deux chansons qui provoquent des démangeaisons irrépressibles dans les jambes : « You should be dancing » des Bee Gees et surtout « Lady’s night » de Kool & the Gang ( parfait pour un rock-essuie glace comme au bon vieux temps ).