Il y a des jours où l’on se félicite de son abonnement à Canal+. Des moments assez uniques où la chaîne cryptée retrouve l’esprit de ses origines. Quand Canal apportait autrefois un vent de fraîcheur et de nouveautés sur un PAF assoupi…
La série « Le Baron Noir » est un grand moment de télévision. Déjà une série sur la politique, telle qu’elle est pratiquée en France, c’est plutôt gonflé. Mais présenter les dessous de l’engagement politique sous tous ses aspects boutiquiers et combinards, c’est carrément de la dynamite…
Ce téléfilm est scotchant de réalisme avec un Kad Merad hallucinant qui y gagne ses galons de très grand acteur. Sans oublier Niels Arestrup, mitterrandien plus vrai que nature et Anna Mouglalis, redoutable en ambitieuse saisie par quelques cas de conscience.
Les deux scénaristes, Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon, sont soit des vieux routiers de la politique de base. Soit ils ont fait les poubelles des grands partis. En tout cas, le scénario sonne juste, à tout moment. L’histoire de cette ascension politique d’un « surdoué » de la combine est d’une vérité criante. Le spectateur rentre ahuri dans les coulisses de cette « pièce de théâtre permanente » dont il est en même temps le public et le mécène. Car la force de ce tandem de scénaristes est de jalonner leur histoire d’événements en lien avec la réalité. On gobe donc l’histoire avec avidité, stupéfait par l’absence de conscience de tous les protagonistes de l’histoire, sidéré aussi par le bal des égos d’un débat politique qui a perdu tout sens du concret. C’est l’écœurement qui domine. Mais la force du film tient aussi au fait que le personnage de Kad Merad a des côtés sympathiques et humains. Dans la noirceur de ces jeux de pouvoir apparaît parfois un éclair lumineux, comme un retour de flamme des motivations d’origine.
La lutte politique pervertit-elle nécessairement toute la pureté des débuts ? Un politique avec des principes peut-il triompher dans le marigot du débat bi-polaire droite/gauche ?
J’ai adoré ce film par la tension permanente qui s’en dégage. Mais il me conforte aussi totalement dans l’idée qu’il faut sortir de ce monde bi-polaire où l’on ne peut composer avec l’adversaire et servir ensemble les intérêts du pays. Mon engagement politique chez « Nous citoyens » est ma façon de répondre à l’impasse dans laquelle nous nous trouvons. Objectivement, au vu du réalisme de cette série, je n’ai vraiment plus envie de voter pour l’un ni l’autre des deux camps.
« Le baron noir » peut avoir un effet bénéfique s’il provoque chez les Français ce réveil des consciences que notre avenir à tous ne peut pas être abandonné à tels zigotos. Renvoyons chez eux ces mauvais acteurs et essayons de nous entendre ensemble sur les moyens de les remplacer au service de l’intérêt collectif. Un beau challenge en somme. Et là nous serons tous des acteurs… Des acteurs du changement…
N’ayant pas C+ je ne connais cette série que par ce que j’en entends ou lis, mais je pense que j’achèterai le DVD quand il sortira ! Quant au vote de l’année prochaine… tout à fait d’accord avec toi Bernard, même sans avoir vu « Baron Noir » on n’a envie de voter ni pour les uns, ni pour les autres ! On va certainement se tourner vers la solution alternative…